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Alice & Megan – Chapitre 5

Alice & Megan - Chapitre 5



— MEGAN –

— Attends, t’as fait quoi ? Articula Zack, entre deux fous-rires.

— Comment j’aurais pu deviner que son pote allait se pointer ? Me défendis-je.

— Tant que c’était pas son mec. Bon, et qu’est-ce qu’il s’est passé ensuite ?

— Il avait l’air plus choqué qu’en colère, en fait. Il l’a prise par le bras et il s’est barré avec elle, je l’ai pas revue depuis.

Et c’était vrai. Depuis l’intervention de ce mec, je n’avais pas revue Alice, ni eu aucune nouvelle. Je ne m’en préoccupais pas assez pour aller en chercher moi-même, mais tout de même. Qu’est-ce que ce foutu John avait bien pu faire de ma blondinette ?

— Mais… Comment il vous a trouvé ? Demanda mon ami.

— Cette andouille lui a dit qu’elle devait aller rendre un devoir de Sciences.

— Et alors ?

— Elle ne suit pas de cours de Sciences.

Zack repartit dans un nouveau fou-rire, et je ne pus m’empêcher de sourire à mon tour. Alice ne savait pas mentir, et d’un côté, ça la rendait encore plus marrante et mignonne.

— Bon et tu vas faire quoi maintenant ?

— J’en sais rien, mec. Cette blonde c’est juste pour passer le temps.

— Rien d’autre, t’es sure ? Demanda-t-il.

— J’ai dépassé tout ça, Zack.

— Si tu le dis. Bon t’as finis de te préparer ? On va être à la bourre chez Melvin, la.

J’ajustais une dernière fois mon débardeur rouge ainsi que mon leggings noir troué et enfilais mes bottes à talons. Je n’avais pas su quoi faire de mes cheveux et les avaient laissé détachés; ils tombaient sur mes épaules et jusque dans le bas de mon dos. Je me retournais face à Zack, les bras sur les hanches, attendant son avis. Assis sur l’un des poufs de mon salon et déjà totalement perché, mon meilleur ami me regarda de bas en haut avant de me lâcher un simple

"Ça fera l’affaire". Je passais devant lui, feignant l’indifférence, et laissais tomber la brosse à cheveux que j’avais dans la main entre ses jambes. Il sursauta et se plia en deux.

— Ça va je déconnais, t’es canon, dit-il recroquevillé en se tenant les bourses.

Pour toutes réponses je lui adressait un sourire, fière de moi, et lui fis signe qu’il était temps d’y aller.

Les soirée de Melvin faisait parties des meilleures organisée à la fac. C’était un mec de vingt-quatre ans, étudiant en fac de médecine, totalement financé par papa et maman. Ces derniers n’étaient d’ailleurs que très rarement chez eux, ce qui laissait tout son temps à leur fils pour ruiner la maison en leur absences. En ce qui me concerne, j’y allait principalement pour faire plaisir à Zack et pour l’alcool. Je n’étais pas particulièrement sociale et n’aimait pas trop me mélanger. Nous arrivâmes devant la grande maison qui accueillait la soirée, déjà bien remplie par une population d’étudiants totalement saouls. Après tout, il était déjà presque minuit. Après avoir réussis à nous frayer un chemin jusqu’à la cuisine, qui était la pièce la moins surpeuplée de la maison, Zack nous ramena une bouteille et c’est, assis sur le plan de travail, que la soirée commença pour nous. Certains étudiants en art que nous connaissions vinrent ce joindre à nous et je perdis la notion du temps jusqu’à ce que j’aperçoive en face de moi une crinière rousse. Et merde. Mathilde. La névrosée que j’avais eu la mauvaise idée de draguer dans un bar dernièrement venait d’arriver et ne me quittait pas du regard. J’avais volontairement oublié de répondre à ses trois derniers message et je savais déjà qu’elle allait me prendre la tête. La voyant s’avancer vers moi, je finissais mon verre de Whisky cul sec.

— Salut ma belle, lâcha-t-elle avec une haleine tellement imbibé d’alcool que la tête me tourna.

— Salut Mathilde.

— C’est pas très gentil de ne pas m’avoir rappelé, dit-elle avec une moue boudeuse.

— Je sais, j’ai été occupée. Des tas de choses à faire.

— Et ces choses, elles étaient plus importantes que mon cul ? Par ce que je me souviens d’une époque où c’était lui, ta priorité.

La pauvre fille ne tenait même pas debout, elle vacillait à chacune de ses paroles. Mathilde avait toujours eu le feu aux fesses mais je la sentais encore plus déterminée ce soir que d’habitude. Je remarquais que notre groupe d’amis s’était légèrement décalé pour nous donner de l’intimité.

— On s’était mises d’accord Math, toi et moi c’est fini.

— Sauf qu’on na jamais eu de vraie rupture chérie, ni de baise d’adieu, chuchota-t-elle en passant ses bras autour de mon cou.

— Eh bah ce n’est pas pour ce soir non plus. Tu devrais arrêter de boire, je vais t’appeler un taxi.

— Non ! Protesta-t-elle. Meg… J’ai envie de toi. Prends-moi, là, sur le bar devant tout le monde, dit-elle en cherchant à m’embrasser dans le cou.

De toute évidence, elle était plus que déterminée et s’accrochait à moi avec une force que je ne lui connaissais pas. Du regard, je cherchais quelqu’un pour me venir en aide.

— Zack ? Soupirais-je en appelant mon ami.

Il se retourna et vis Mathilde pendu à mon cou comme une noyée, il posa ensuite son verre avant de passer derrière elle pour l’écarter doucement de moi.

— Bah alors Math, on a un peu abusé? Aller viens, on va te trouver de jolies toilettes pour que tu vomisses en toute intimité, plaisanta-il.

— Non, lâche-moi, râla-t-elle. Je veux rester avec Megan.

— T’as vue dans quel état tu es ? Tu vas plutôt aller faire un gros dodo, hein.

— Je t’ai dit de me lâcher ! Hurla Mathilde.

Soudainement folle de rage, elle se retourna et gifla violemment mon meilleur ami avant de courir dans ma direction. Sans me laisser le temps de réagir, elle se jeta sur mes lèvres et m’embrassa. Surprise, je ne réagis pas tout de suite et ne rouvrit les yeux qu’en entendant le bruit du verre brisé sur le sol. Alice était dans l’embrasure de la porte qui donnait sur le salon, les yeux écarquillés et la bouche ouverte. Elle portait une robe d’été bleue, maintenant tachée de bière. A peine quelques secondes après que je l’ai remarqué, elle disparue à travers la foule.

— Et merde, dis-je en m’écartant de Mathilde.

— C’est qui cette pouf ? Demanda-t-elle.

— Personne, répondis-je en me resservant un verre que je finis cul-sec une fois encore.

La folle furieuse rousse laissa passer un instant puis haussa les épaules avant de chercher à se coller à moi une seconde fois.

— Bordel Mathilde, fous-moi la paix ! Quand est-ce que tu vas comprendre que je ne veux plus de toi ? T’étais déjà une emmerdeuse à l’époque, si j’ai largué tes p’tites fesses y’a des mois c’est pas pour t’avoir dans les pattes aujourd’hui. Va te faire sauter par je-ne-sait-quel connard et oublie-moi.

Sur ces mots, je quittais la cuisine, passait dans le salon sans pour autant trouver Alice et allait m’enfermer dans la salle de bain. J’avais conscience d’avoir été cruelle avec Mathilde mais son comportement m’avais mise dans un état de rage sans pareil. Sans pour autant trop oser me l’avouer j’étais surtout folle furieuse qu’Alice ait assisté à cela. Il fallait que je me calme, que je me ressaisies. Je me passais un coup d’eau sur le visage, effectuais rapidement quelques raccords maquillage et sortait une cigarette de mon paquet avant de ressortir de la salle de bain.

Quelques heures s’écoulèrent, Zack, notre petite bande d’amis et moi nous étions installés au fond du jardin pour discuter d’un film récemment sortit au cinéma. Mon meilleur ami avait fini par nous abandonner pour tenter sa chance avec une poupée gothique qui ne lui laisserait probablement aucunes chances et je ne lavais pas revu depuis. Une demi-heure après, une envie pressante se fit sentir, sûrement due aux quelques pintes de bières que j’avais descendue et je regagnais l’intérieur de la maison à la recherche d’une salle de bain disponible. C’est en ressortant des toilettes que je tombais sur un Zack essoufflé, en pleine tachycardie.

— Qu’est ce qui t’arrive, tu t’es pris un râteau ? C’est pas le premier pourtant mon pote, plaisantais-je.

— Non, enfin oui, elle m’a recalé, j’étais trop sensible pour elle je crois…

— Et elle est ou Morticia Adams ? Pouffais-je.

— Sûrement partie sacrifier un poulet. Bon écoute-moi, ça fait dix minutes que je te cherche, c’est à propos de ta blondasse.

— Alice ?

— Ouais, je crois qu’elle des problèmes.

Je fronçais les yeux, totalement larguée. Zack me prit par le poignet et, se frayant un chemin à travers la foule, me tira jusque dans l’entrée. J’aperçus Alice, en bas des escaliers, un verre à la main, en pleine discussion avec un sportif de la fac réputé pour ses nombreuses conquêtes. Ma blondinette avait les yeux à demi ouverts et tanguais d’un pied sur l’autre complètement saoul. Je soupirais et m’approchais d’eux, face à Alice, tournant le dos au joueur de foot, et suivie par mon meilleur ami.

— Hé, ça va ? Demandais-je.

— Ah t’es là. T’as fini de la baiser ? J’espère que t’as pensé à moi, articula-t-elle.

— Attend, t’es jalouse ?

— Moi, jalouse ? Tu m’as déjà eu au lit pourtant…

— Ah par ce que vous… Intervint le joueur de foot.

— La ferme, le coupais-je sans quitter Alice des yeux.

Don Juan sembla vexé et prêt à me répondre mais la présence de Zack, qui ne le lâchais pas du regard, le détendis.

— Soit pas une gaaarçe. C’est mon ami, il s’appelle Mathis.

— Mathieu, rectifia lintéressé.

— D’accord. On va commencer par poser ce verre, dis-je en lui prenant des mains pour le poser plus loin. Je vais te ramener, t’es pas en état de rester ici.

— Tout doux ma jolie, intervint le sportif. Pourquoi tu la laisses pas profiter de la fête ? J’étais sur le point de lui faire visiter ma chambre, tu peux te joindre à nous si tu veux.

— Appelle moi encore une fois « ma jolie » et je te pète un genou, c’est bien clair ? Fis-je en m’interposant entre deux. Quant à Alice, elle s’en va maintenant. Avec moi.

— Ouais c’est ça, aller viens ma belle, lança-t-il à Alice en me poussant contre la rampe d’escalier, on na pas besoin de ta copine.

Avant même que je ne puisse réagir, Zack avait balancé son poing dans la figue de Mathieu et déclenché une mêlée générale. Mon ami me fit un signe de tête, m’incitant à partir et à emmener Alice que j’attrapais par le bras et tirait vers moi. Je la forçais à se baisser en appuyant sur sa tête et, un bras dans son dos, je la guidais à travers la bagarre pour sortir de cette maison.

— Ou on va ?! Me cria-t-elle.

— Je te sors de là, on verra après ! Monte dans la voiture, répondis-je en arrivant près de mon pick-up.

Une fois à l’intérieur de l’habitacle, Alice, essoufflée, peinait à reprendre son souffle et semblait en proie à une crise de panique.

— C’était quoi, ça ?! Putain il est où ton mec quand on a besoin de lui ? M’énervais-je.

— Je… J’en sais rien, on s’est disputé.

Je laissais passer un instant et soupirais. Bordel, décidément ma vie était bien plus simple quand je ne la connaissais pas. Voilà que je m’inquiétais pour elle.

— Bon, reste là, faut que j’aille chercher Zack.

— Non! Ne me laisse pas, reste avec moi, gémit-elle en prenant ma main dans les siennes.

A cet instant, je n’aurais pas su vous dire ce qui me fit changer d’avis. Peut-être était-ce ses grands yeux implorants. Ou alors la douceur et la chaleur de ses mains. Ou encore son parfums fruité qui me chatouillait les narines. Le tout étant que je n’avais plus aucune envie de descendre de la voiture. Zack saurait se débrouiller, je le connaissait suffisamment pour savoir qu’il allait sûrement finir par squatter un canapé, ou draguer la première venue pour profiter de sa voiture ou carrément de son lit. Alice était là, tremblante, terrorisée, et la seule chose que je souhaitais était de l’emmener loin de tout ça, de cette soirée où elle n’avait pas sa place, et de la mettre en sécurité.

— D’accord, dis-je alors doucement avant de démarrer la voiture.

Environs une demi-heure plus tard, Alice était assise dans mon canapé lit, une jaquette de disque à la main et un café dans l’autre. J’avais proposé de la ramener chez ses parents ou chez son copain mais elle avait refusée, soi-disant qu’elle ne souhaitait pas avoir à faire à Chad et encore moins à ses parents dans son état. Dos au mur, je l’avais ramenée chez moi, ce qui, d’un côté, me soulageait. J’étais ravie de savoir que je pourrais la garder à l’il jusqu’à demain. Son corps avait maintenant évacué presque tout l’alcool qu’elle avait bu et ici, au moins, je la savais en sécurité. Merde. « Megan, tu te ramollie ma pauvre. » Me dis-je.

— C’est l’original ? Me demanda Alice en me montrant la pochette d’un album.

— Mmh, j’étais à leur concert l’année dernière, dis-je en m’assaillant près d’elle sur le lit.

— Ça devait être géniale. Tu y étais avec Zack ?

— Zack, Elodie, Christain, Evan et Mathilde.

Ma blondinette baissa la tête, en pleine réflexion.

— Mathilde, c’est cette fille rousse ?

— Euh, ouais.

-Elle te plait ? Demanda-t-elle après une longue hésitation.

— C’est une ex, répondis-je en prenant une gorgée dans sa tasse, sans trop savoir si j’arrangeais mon cas ou non.

— Ça veut dire qu’elle te plaisait… Chuchota-t-elle.

Face à sa petite moue déçue, je posais le mug sur la table basse et ramenais Alice sur mes genoux, une main sous ses fesses. Elle se laissa faire, telle une poupée.

— Qu’elle me plaisait, qu’elle ne me plaît plus et certainement pas comme tu me plais toi.

Nos bouches à quelques centimètres l’une de l’autre, je pouvais sentir son souffle chaud sur mes lèvres. J’avançais un peu pour l’embrasser et finit par rencontrer ses lèvres. Les miennes descendirent vite dans son cou tandis que mes mains passaient sous sa jupe pour caresser ses fesses. J’aimais la douceur de sa peau, son odeur… Je ne pus m’empêcher de remonter mes mains pour caresser ses sains mais Alice, bien qu’excitée, recula. Je capitulais et tapotait sur sa cuisse pour lui faire comprendre de descendre de sur moi, avant de partir en direction de la salle de bain. Une part de moi ne pouvait s’empêcher de penser que je faisais fausse route avec Alice. Après tout, elle était avec un homme et n’avait jamais été avec une femme. Elle faisait probablement partie de ces filles qui veulent faire un maximum d’expérience à la fac et ça ne me dérangeait pas. Au contraire, cela m’évitait de m’encombrer à nouveau d’une folle psychotique comme Mathilde. Après tout, je m’étais juré de ne jamais me remettre avec quelqu’un. Peut-être que l’univers m’envoyait un message. « Tu te souviens comme tu en as bavé après Jeff ? Tu veux vraiment te caser avec une bisexuelle qui ne s’assume pas ? » Me rappela ma conscience. Et elle avait plus que raison. J’avais appris à mes dépends que la meilleure façon de ne pas se faire briser le cur, est de prétendre que vous n’en avez pas. J’avais déjà donné dans les déceptions sentimentales. C’était décidé ! J’allais remettre Alice sur pieds, la foutre dehors et m’envoyer le premier homme qui croiserait mon chemin. Histoire de me remettre les idées en place. J’ouvrais la porte de la salle de bain et tombait nez à nez avec Zack, qui s’apprêtait à frapper.

— C’est pas vrai… Soupirais-je.

— Merci, ça fait plaisir. Je suppose que ce n’est pas moi que tu attendais ?

— Pas vraiment, à moins que Dieu n’ai clairement un sens de l’humour particulier.

— Hein ? De quoi tu parles ?

— De rien. Comment t’es arrivé jusqu’ici ?

— Mon adorable gothique à tenu à me raccompagner, dit-il tout fier.

— Écoute, je suis contente que t’ai rien, et que ta copine n’ai pas profité du trajet pour t’offrir en sacrifice à je-ne-sais-quel-démon comme une putain de chèvre mais tu peux pas rester, dis-je en le contournant.

— Ah oui, Alice est là, c’est elle qui m’a ouvert. Vous vous faite une soirée brout’gazon ?

— Non je la mets dehors, et toi aussi en fait, dis-je en arrivant près du lit ou était Alice.

— Il y a un problème ? Demanda-t-elle.

— Aucun. Mais t’es sobre, Zach est entier et moi j’ai une vie. C’est pas l’armée du salut ici, qui plus est, c’est qu’un dix-neuf mètre carré cet appart, et il ne va bientôt plus y avoir suffisamment d’oxygène pour nous trois.

Trois coups contre la porte se firent entendre. Mon voisin était vraiment un putain d’emmerdeur. Il avait tenté de rentrer chez moi pendant des mois, jusqu’au jour où il avait clairement compris que rien ne se passerait entre lui et moi. A partir de ce moment, tous les prétextes étaient devenus bons pour venir frapper à ma porte à toute heure du jour et de la nuit, me prendre la tête. Je me dirigeais vers l’entrée, agacée par les coups qui avaient repris de plus belle.

— Je vous avais entendu la première fois Monsieur Moreau ! Hurlais-je en ouvrant.

Je me raidis en voyant qui se tenait là, sur le perron. Ce n’était pas mon porc de voisin. A vrai dire, c’était probablement la dernière personne que je m’attendais à voir. Perplexe, je me demandais comment il avait pu trouver mon adresse, ni même ce qu’il faisait là. J’hésitais un instant… Peut-être valait-il mieux lui claquer la porte au nez ? Avant que je ne puisse réagir, Alice s’avança vers la porte et devint toute blanche à son tour.

— Mais… Chad ?

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