Lorsque je suis entré au lycée, habitant loin, je me suis retrouvé en internat. Trois par chambre, on était loin de ces récits qu?on entend encore sur des dortoirs immenses sans intimité et qui restent dans l?imagination des gens lorsqu?on évoque le mot de pensionnat.
Evidemment, garçons et filles étaient séparés, chacun occupant un bâtiment différent. On pouvait à peine se parler d?une fenêtre à l?autre au prix de furieuses contorsions.
Par contre, dans la salle d?étude, nous étions joyeusement mélangés et si l?on était surveillé par un pion, on pouvait vivre quelques expériences qui nous déniaisaient et nous donnaient envie de découvrir plus. Témoin cette histoire que j?ai vécue et qui m?a ouvert les chemins de l?érotisme.
J?avais dix-huit ans et très peu d?expérience dans ce domaine, hormis quelques baisers et attouchements dans des salles de cinéma avec deux ou trois copines furtives, internes elles aussi. Au prix du film, ça nous mettait les sensations à un coût exorbitant. Heureusement, du côté d?Aix en Provence, ce n?est pas la nature qui manque, le lycée étant à l?extérieur de la ville et proche de la forêt. On allait batifoler dans les bois, essayant d?entraîner nos compagnes vers d?improbables aventures plus poussées. Ca ne marchait jamais !
Lors de cette année de première, est arrivée dans la classe une nouvelle interne. Elle s?appelait Antoinette (déjà, le prénom nous la fit remarquer). Elle était de type slave, blonde aux cheveux mi-long, grande et plutôt charpentée pour sa taille, mais vraiment mignonne. Et surtout, sa poitrine, dont je n?ai jamais connu la taille, ce détail ne m?intéressant pas, mais qui était toujours libre sous ses vêtements. Plus d?un rêvait d?elle éveillé. Et comme elle était interne, nous n?étions plus que deux dans la classe à pouvoir profiter de sa présence le soir en étude. Et c?est là que j?ai connu l?érotisme.
Un soir, elle était assise juste devant nous. Christian et moi nous étions assis côte à côte pour nous aider dans les devoirs. C?était au moi de mai, le jour durait plus longtemps et surtout la température nous permettait des tenues plus légères. Antoinette était vêtue d?un jean?s et d?une chemise bleue à carreaux, je m?en souviens encore (c?était notre période baba cool). A son habitude, elle n?avait aucun soutien-gorge et sa poitrine se balançait au rythme de ses mouvements. C?était plutôt visible et agréable. Et la voilà qui se retourne vers nous à un moment donné pour nous demander quelque chose. Christian et moi sommes restés un instant sans répondre : comme elle était penchée vers nous, elle offrait une superbe vue sur sa jolie poitrine, directement proposée à nos regards par l?échancrure de la chemise. Au début, elle ne s?est aperçue de rien, ça c?est sûr. Par contre, nous avons vite eu énormément de questions à lui poser en retour, tellement intéressés pas ses grandes connaissances en mathématiques (en fait, elle était largement plus nulle que nous dans cette matière, mais…). Sans vergogne, nous profitions du spectacle, bien que personnellement, je devais avoir changé de couleur quatre ou cinq fois depuis le début, passant de l?excitation de la découverte à une peur panique de me faire prendre. Et je n?était pas le seul !
Est-ce l?intuition féminine ou bien nos regards troubles et nos bafouillements stupides, toujours est-il qu?elle a fini par comprendre de quoi il retournait. Christian et moi nous sommes vus morts en un instant. C?était sans compter sur Antoinette qui s?est révélée bien plus coquine que l?on aurait pu le penser. Non seulement elle n?a rien dit et a continué à se retourner régulièrement pour nous poser des questions mais à un moment, elle a demandé au pion l?autorisation de venir s?asseoir près de nous pour travailler : elle est venue s?installer entre nous deux ! D?abord, de mon côté, j?ai plutôt été déçu, car je ne voyais plus rien de sa jolie poitrine bien qu?elle fut plus proche. Ce n?est que lorsque elle nous a demandé à voix basse de la caresser que nous avons compris sa manoeuvre. Nous étions tous les trois en section artistique, ce qui explique sans doute les très jolis camaïeux de rouges dont nos trois visages se sont couverts. Quelle frousse en vérité ! La peur de se lancer dans des manoeuvres hardies mais qui devaient rester discrètes ; la peur de se faire prendre et certainement jeter comme des malpropres (que nous étions) avec convocations des parents à la clef… Bref ! Ca a été dur (dans tous les sens du terme). Ce qu?il s?est passé pour Christian, je n?en sais rien. De mon côté (à gauche d?Antoinette), ma main a dû mettre un temps vraiment très long à parcourir les vingt centimètres qui la séparait du contact licencieux. Antoinette a fini par tourner son visage vers moi et j?ai compris à son regard interrogatif qu?elle attendait. Lorsque j?ai posé la main sur son sein, mon coeur sortait de ma poitrine, j?avais chaud et mon camaïeu de rouge s?améliorait de seconde en seconde. Je n?ai jamais compris comment le pion se s?est aperçu de rien, il suffisait de voir nos visages pour comprendre qu?il se passait quelque chose. Et je n?ose croire qu?il ne nous aurait pas dénoncés.
Quel contact ! Outre une érection à soulever la table, j?ai découvert la sensation agréable de l?interdit, de la peur de se faire prendre, de la complicité d?Antoinette (complicité qui continue de m?émouvoir aujourd?hui encore, malgré le nombre des années). Je caressais ce sein comme si ça ne m?était jamais arrivé. Et à la réflexion, ça ne m?était jamais arrivé comme ça ! Ce sein lourd dans ma main et qui me semblait mou, le téton tendu sous le tissu… Nous sommes restés ainsi jusqu?à ce qu?arrive l?heure du repas, soit au moins trente minutes. Antoinette s?est fait caresser la poitrine pendant tout ce temps, ces deux bras sur le bureau, nous libérant l?accès à ses seins et assurant une certaine protection visuelle.
Mais ce n?était pas terminé. Inutile de dire que le repas a été expédié aussi vite que nous le permettait le règlement, pour nous retrouver tous les trois dans un coin isolé et sombre du lycée. Rapidement, nous avons convenu qu?il n?était pas question d?aller plus loin dans les rapports. Mais nous nous sommes approchés le plus possible des copains d?internat que l?on pouvait entendre tout près et nous avons recommencé notre manège, car ce qui nous intéressait, c?était le risque de se faire prendre. Cette fois-ci, par contre, nous avons pu glisser la main sous la chemise dont les quatre premiers boutons avaient sauté. Antoinette gémissait doucement sous l?effet conjugué de nos mains. J?avais retrouvé ma place à gauche, on ne change pas les habitudes ! La douceur de la peau sous mes doigts me paraissait irréelle et la chaleur du sein me procurait des sensations totalement inconnues jusqu?alors. Je crois que pour ma part, ça a été le plus beau moment d?érotisme de cette période, y compris même après avoir fait l?amour pour la première fois avec Antoinette justement.
Les éclats de voix nous parvenaient quelques fois très proche et nous faisaient frémir. Je sentais nettement le corps d?Antoinette se raidir sous l?effet de la peur, puis se détendre doucement pour se laisser aller aux caresses. A un moment, une fille est passée près de nous. Elle ne nous a même pas vu, sans doute peu habituée à la pénombre dans laquelle nous nous tenions. On aurait eu l?ait fin, Antoinette à moitié débraillée et nos mains vagabondant sur sa poitrine. Heureusement que l?heure de monter dans nos chambre est arrivée, car je ne sais pas pour Christian, mais pour ma part, j?avais quand même une furieuse envie d?aller un peu plus loin.
Dans notre lit, nous nous sommes masturbés. Encore une chose nouvelle pour moi. C?est moi qui ai joui le premier. Le copain d?à côté ne s?est aperçu de rien, il dormait. Ca devenait déjà une manie de faire les choses en douce avec le risque de se faire prendre. Ca ne m?a pas quitté.
D?ailleurs, Antoinette et moi avons fait l?amour dans des conditions similaires, mais c?est une autre histoire…
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