Elle n’avait pas vraiment compris ce qu’il se passait. Annika et elle venaient d’être "prêtées" à un homme qu’elles ne connaissaient pas pour le mois qui suivait. Elle se souvient avoir eu peur. Elle qui ne se gênait pas de défier Charles du regard, elle n’osait même pas croiser celui du Bélial. Celui-ci l’impressionnait tellement qu’elle n’osait même pas le regarder, ni même de prononcer un mot. Ce dût être la femme de briser ce silence qui régnait dans la voiture.
"- Vous me semblez fort craintive, je me trompe
— Euh oui …
— Détendez-vous, nous n’allons pas vous faire de mal.
— Je bien, madame
— Pas de ça avec moi, s’il te plaît. Vous pouvez m’appeler Ariane."
Le sourire sincère qu’affichait Ariane rassura un peu Tina.
"- Nous sommes désolés pour cette entrée en matière un peu brutale, mais nous ne voulions pas semer le doute auprès de cet homme qui se prétend être votre maître. Nous pouvons vous assurer que cela ne se reproduira plus. Sauf si vous en avez envie, bien sûr. N’empêche que ça a quand même dû vous changer de la petite chose que ce Charles traîne sur lui "
Tina et Annika se regardaient. Elles ne savaient pas quoi dire.
"- Rassurez-vous. Vous êtes désormais sous notre sécurité. Vous n’avez plus rien à craindre.
— Que voulez-vous de nous ?
— Nous savons que Charles vous a privé de liberté contre votre gré et vous a fait subir des atrocités pour son simple plaisir. Sauf que nous avons un sérieux compte à régler avec lui. De ce fait, nous voulons vous offrir votre liberté en échange d’un travail pour nous."
Tina regarda Annika. Liberté. Ce mot résonne encore dans sa tête aujourd’hui. Bien qu’en très mauvaise posture, elle ne s’était jamais résignée à vouloir reprendre le dessus sur ce sale type. Mais elle ne s’attendait certainement pas à recevoir une aide venant de l’extérieur. Annika, elle, avait perdu toute cette notion. Passée trop longtemps dans cette vie maudite, elle avait du mal à comprendre ce qu’il se passait. Elle ne dit rien et, préférant se blottir contre Tina et la laisser faire.
"- Où voulez-vous en venir ? Vous voulez nous libérer ?
— Exactement. Mais attention, nous voulons que vous réalisiez ce travail. Mais je pense que celui-ci devrait vous plaire et qu’il ne sera pas difficile de vous convaincre. Sachant ce que vous avez vécu, nous avons trouvé très intéressant de vous offrir l’occasion de prendre votre revanche."
Ariane se tourna vers le Bélial. Il lui fit un signe de tête et reprit.
"- Pour être clair avec vous, ma partenaire et moi-même sommes à la tête d’un réseau d’un des plus grands et des plus respectés réseaux de prostitution transgenre d’Europe. Il ne comporte que des prostituées volontaires et prestant leurs services de leur plein gré.
Seulement, cela fait plusieurs mois que mes filles sont constamment perturbées par un morpion Au début, mes filles venaient me rapporter qu’elles étaient régulièrement humiliées par un inconnu sous prétexte qu’elles n’étaient pas "normales". Je leur ai demandé de ne pas y prêter attention jusqu’au jour où l’une d’entre-elles est venue me voir en pleurs. Elle venait de se faire violer par cet inconnu.
En trois semaines, cinq de mes filles ont subi le même sort. J’ai ordonné à mes hommes de mener leur enquête, de le retrouver et de me le ramener afin que je m’occupe personnellement de son cas. Ce sont des ragots de clubs qui nous ont fait prendre connaissance de votre existence et de votre quotidien auprès de lui."
Tina commençait à comprendre. Le Bélial et Ariane était visiblement de leur côté. Elle comprenait également que le travail qu’ils proposaient allait effectivement lui plaire. Annika elle, s’était relevée. Elle aussi commençait à comprendre qu’elle allait enfin pouvoir sortir de cette vie misérable. Encore apeurée par le Bélial, elle se tourna vers Ariane.
"- Vous voulez qu’on le tue, c’est ça ?
— Le tuer ? Non, ce serait beaucoup trop simple et beaucoup trop rapide. Nous voulons lui réserver un sort bien plus intéressant pour vous et enrichissant pour nous. Nous avons eu l’idée d’étendre notre marché à un nouveau type de service et nous aimerions beaucoup que Charles soit la première de nos sissy à être livrée sur le marché.
— Une sissy ? Qu’est-ce que c’est ?
— Vous ne savez pas ce que ça veut dire ?
— Euh non
— C’est très simple. Nous voulons le féminiser et le soumettre aux services d’hommes aimant montrer leur puissante masculinité dont Charles ne pourra plus se prétendre. Votre travail si vous l’acceptez sera de l’amener vers cette soumission, qu’il accepte, de le féminiser et le rendre dépendant au sexe masculin."
Elle regarda Tina et commença à afficher un sourire. Le premier que son amie vit depuis qu’elle l’avait rejoint dans son enfer. Ce sourire en disait long sur ses intentions. Tina réalisait que sa vengeance allait être encore meilleure que ce qu’elle pensait. Non seulement elle avait l’occasion de faire payer à Charles ces mois maudits, mais elle allait en plus inverser les rôles. Elle avait néanmoins quelques doutes sur la réussite de ce travail.
"- D’accord, mais vous pensez vraiment que l’on puisse réussir à lui faire retourner le cerveau ?
— Ne vous en faites pas, vous ne serez pas seule. Nous avons cinq filles qui se feront une joie de vous aider, sans compter les nombreux contacts que nous avons.
— Dans ce cas, ce serait idiot de refuser.
— Parfait ! Je pense que nous allons très bien nous entendre !"
"- Ma chérie !
— Oh ! Ariane, je ne t’avais pas entendu arriver !
— Normal, tu avais l’air tellement songeuse.
— Oui, j’étais en train de me remémorer d’anciennes histoires
— Arrête d’y penser ! Regarde-toi. Tu es belle, désirable, tu as un travail plus que respectable et tu vas te marier ! Et en plus tu n’auras plus à te préoccuper de cette salope.
— Oui, c’est vrai ! Adrien n’est pas là ?
— Tu le connais, il aime la discrétion. Il sera là quand il n’y aura plus personne. Et la marchandise ? Je ne l’ai pas croisée
— Ça ne risque pas. À l’heure qu’il est, elle est certainement toujours en train d’accueillir sa remplaçante Tiens qu’est-ce que je disais !"
Elle tourne l’écran d’ordinateur et montre une vidéo surveillance provenant de la cour arrière. On y voit Candice à quatre pattes s’occuper de l’intimité d’une belle blonde assise sur une pile de palette en bois qui la tient fermement par les cheveux. C’est une femme menue vêtue d’une robe et d’une veste blanche. Ariane s’étonne à la vue de cette femme
"- Sa remplaçante est Annika ?
— Oui, il faut la comprendre. Elle n’a jamais vraiment eu de travail après ce tout ce qu’il s’est passé. Je profite du départ de Candice pour l’engager.
— Je comprends et puis elle sera plus proche de toi.
— Elle a besoin de moi comme j’ai besoin d’elle.
— Vous êtes mignonnes toutes les deux !"
Tina sourit au compliment. Tout ce temps passé à ses côtés face à un homme qu’il leur faisait vivre l’enfer. Elle n’aurait probablement pas tenu si Annika n’avait pas été là. Tina serait prête à tout pour elle, ne pourrait jamais imaginer la vie sans elle. Leur histoire est marquée à l’indélébile jusqu’à la fin. Jamais personne ne pourra comprendre Annika autant que Tina et vice versa. Elle aura toujours besoin de sa présence auprès d’elle