C’est bien une immortelle, je suis formelle. Du premier cercle et dont l’énergie indique qu’elle est de la lignée de Zeus. Mais comment une mongole peut-elle être de cette lignée, si loin de la Grèce et du bassin méditerranéen ? Une fraction de seconde, j’envisage de me faire connaître. Je me ravise, mon instinct me souffle de ne pas le faire. A t-elle perçue mon énergie ? Non Mes facultés sont en mode « veille ». Je ne dégage aucune énergie particulière, chose que j’ai apprise lors de mon séjour sur Éden. Et Maître Wong, allez savoir pourquoi m’a conseillé d’être par défaut en ce mode. Dans ce « mode » je capte tout, mais tant que je n’utilise pas mes facultés, je n’émet rien.
« La vie d’un immortel n’est pas un long fleuve tranquille m’avait dit Kostia. Récemment, en parlant d’autres immortels corrompus, il avait rajouté « le ver est dans le fruit ». Antinea elle même m’a expliqué que certains immortels avaient une conception de la morale et de leur rôle assez peu honorable. Et ma mésaventure avec le diable m’a rendu prudente. Donc pour l’instant, je fais le mort et je vais essayer d’en apprendre plus.
Très aimablement, Ayala contrôle une fois de plus mes autorisations. Elle en fait autant avec Kemal quoique connaissant bien ce dernier. Altynaï n’est pas contrôlée. Manifestement cette jeune femme connaît tout le monde et occupe un poste suffisamment haut placé pour avoir toutes les autorisations de fait
Ayala s’est retirée après avoir accepté un trait de vodka, et nous souhaite bonne nuit. Nous allons nous coucher. Sagement. Non, sans rien faire de plus. Les hommes sont vidés. Kemal ronfle dans un lit, Altynaï et moi nous partageons le même lit, papotant à voix basse un petit moment.
— C’est quoi au juste ta fonction ? Dis-je à l’adresse d’Altynaï.
— Je suis là pour assurer ta protection ma chérie, répond-elle simplement.
Ma protection Ma petite, si tu savais à quel point je n’ai pas besoin de ta protection ! Mais je suis fatiguée. Je m’endors dans ses bras.
Le lendemain matin, Stefan conduisant le gros quatre-quatre nous emmène aux chantier de fouille. Première surprise, Ayala est arrivée à cheval et nous attend à l’entrée d’une cavité ouverte dans la muraille rocheuse. Deuxième surprise, ce n’est pas un chantier de fouille classique puisque les sépultures sont dans une grotte. Et troisième, un ruisseau sort de la grotte Nous enfilons des tenues de spéléo étonnamment légères à mon goût, combinaisons étanches, casques, frontales. Mikhail a démarré un groupe électrogène et nous nous enfonçons dans la montagne.
— Mais il fait doux ici ? Dis-je surprise
— C’est de l’eau thermale me dit Youri, elle sort ici à vingt cinq degrés. Il y en a plusieurs du même genre sur tout le flanc de la montagne, certaines bien plus chaudes que celle-ci. C’est en les explorant que nous sommes tombés sur les sépultures.
Les sépultures Ce sont des niches, taillées dans le roc, plus ou moins grandes, contenant un corps, parfois deux. Il y en a des dizaines, dont très peu ont été examinées. Le travail restant est gigantesque. La première que l’on me montre contient les restes d’une femme. Quelques objets sont posés dans un coin, des objets personnels de la défunte ? Des bijoux sont encore autour de son cou et des ses poignets. Et a coté d’elle, un sabre, un arc, des flèches et les restes d’une armure d’écailles Tout a été soigneusement photographié et répertorié.
— Nous pensons que c’était une femme guerrière de rang moyen. Ton avis sur la datation ? Me demande Kemal.
— Début quatorzième siècle je pense, dis-je prudemment.
— Idem pour nous, me lance Stefan. Bien Christine, Kemal avait raison, tu t’y connais.
— Vous m’avez fait passer un test ? Dis-je vexée.
Eh oui, c’était un test. Sympa. Grrr. Mais je ne peux leur en vouloir. Ils se demandaient manifestement si j’étais autre chose que la « petite copine de ce veinard de Kemal » ! Et je l’ai réussi. Dorénavant, ils vont me faire confiance. Kemal me résume alors leurs découvertes.
— Plusieurs choses nous intriguent ici. Tout d’abord, les tombes de femmes sont majoritaires. Quand on trouve le squelette d’un homme, il est toujours en compagnie d’une femme. Curieux, non ? Ensuite toutes les femmes sont accompagnées de divers objets dont toujours des armes, essentiellement épées mongoles et arcs à double courbure. Mais ce n’est pas le cas des hommes à croire que seules les femmes allaient au combat ! Et dans une section de la grotte, se trouve une zone que nous avons appelé « la grotte des anges » car seuls des restes d’enfants, garçons et filles ont été ensevelis. Mais ce qui nous a étonné le plus, c’est les causes des décès. Vladimir, tu continues?
— Les enfants sont décédés de causes diverses mais ordinaires, reprend le légiste. J’ai pu constater essentiellement des maladies ou des accidents pour presque tous. Idem pour les hommes, décédés à des ages très divers pour des causes très diverses aussi. Mais pour les femmes, c’est une énigme. Elles sont presque toutes décédées dans la force de l’age, entre vingt et trente ans d’après l’état des squelettes, et pour la plupart de mort violente. C’est des cranes fendus, des décapitations, parfois une blessure fatale au torse. Pas un décès par maladie, et pas une seule femme âgée. On ne comprend pas. A moins que ces dernières ne soient inhumées dans une partie non explorée.
Je n’ai pas la réponse les quelques sépultures qu’ils m’ont montré datent d’une période entre le treizième et le quinzième siècle. Mon regard tombe sur Ayala. Elle nous suit, toujours silencieuse, seulement attentive à nos investigations.
— Qu’en dis votre peuple ? Lui dis-je soudain.
— Qui pourrait le dire, répond-elle. Nous n’étions pas là pour le voir
Les hommes reprennent leurs investigations sous le regard intéressé d’Ayala et d’Altynaï. Kemal m’appelle, me montre une stèle gravée de caractères, déposée prés du corps.
— Tu peux traduire ce qu’il y a écrit ? Me dit-il. Nous, on cale dessus.
— Je ne sais pas, je vais voir.
Non, je ne peux pas. C’est des caractères proche de l’arabe. Des mots se forment à leur lecture, mais ils n’évoquent rien. Je ne connais pas cette langue, même si quelques mots me disent vaguement quelque chose. Je suis embarrassée Et puis une idée me vient.
— Est-ce que je pourrai voir un peu les objets de cette sépulture ?
— Oui bien sur
J’ai repensé au collier que m’a présenté Kemal le jour de notre rencontre. Il avait « enregistré » des mots, des images, il m’a « parlé ». Les uns après les autres, je prend en main l’épée, puis l’arc, effleure l’armure d’écailles. Et ce que j’espérais arrive. Des images se font dans mon esprit, des mots s’inscrivent dans ma tète. C’est peu mais suffisant. Je me remet devant la stèle, elle me parle à son tour. Je me met à lire à voix haute les caractères inscrits dans la pierre. Les hommes me regardent avec intérêt, Ayala avec étonnement. Altynaï avec admiration…
— C’est une invocation, dis-je, une prière envers une puissance supérieure. En substance, çà dit « Tengri, ciel bleu éternel, accueille en ton sein cette fille de Begtse, notre sur guerrière Orazaiym fille de Dana pour que son esprit rejoigne celui des anciennes dans les vertes steppes de ton royaume céleste».
Le petit groupe semble pétrifié. Est-ce que j’en ai trop fait ? Ayala intervient alors.
— Tu as parlé dans ma langue, me dit-elle avec étonnement. Comment la connais-tu ?
— Je peux déchiffrer le Scythe tel qu’il était écrit il y a mille trois cent ans, dis-je. Ce qui est écrit ici y ressemble fortement.
Je suis emmerdée. J’en ai vraiment trop fait. Je mens effrontément. Mais cet énorme mensonge passe
— Extraordinaire ! Lance Kemal. Beau travail Christine ! Donc cette femme s’appelait Orazaiym, et le fait que cette langue ait des racines scythes est tout bonnement fantastique !
— Ne nous emballons pas, intervient Stefan. Avant de l’affirmer, il nous faut beaucoup plus d’éléments dans ce sens. Je propose que l’on soumette à Christine tout ce qu’on a trouvé comme écrits et qu’elle en tire le maximum. Christine, tu prend un bloc et tu notes tout ce que tu déchiffres avec les références.
— D’accord. Juste une question : Tengri je connais, c’est « le créateur », le dieu suprême du panthéon Mongol. Mais « Begtse », çà ne me dit rien ?
— Begtse est le dieu tutélaire des Tamalzaïs, reprend Stefan. D’après la légende, c’est lui qui a fait d’une peuplade pacifique et ordinaire un peuple de guerriers appelé les Mongols.
J’interroge Ayala du regard. Elle approuve silencieusement de la tète. Elle s’est redressée fièrement. Une immortelle, une descendante de femmes guerrières. L’est-elle encore elle même aujourd’hui ?
Je ne vais pas vous saouler davantage, mais ces détails son importants pour la suite. La journée se poursuit comme un chantier archéologique normal sur lequel il est inutile de s’attarder, et il est tard lorsque le quatre-quatre prend le chemin qui va nous ramener à notre logis. A un moment nous passons un pont au dessus d’une rivière à fort débit lorsque quelque chose au loin attire mon attention.
— Qu’est-ce qui se passe là bas ? Regardez, il y a des cavaliers qui galopent le long de la rive Oh putain ! Youri ! Arrête-toi !!!
— Quoi ? Qu’est-ce que ?
Youri a sauté sur les freins, immobilise le véhicule. Je bondis à l’extérieur, dégringole vers la rive.
— Regardez ! Là ! Une tète ! Quelqu’un est en train de se faire emporter !!!
A cet endroit la rivière franchit un ressaut de deux ou trois mètres et plonge dans une sorte de vaste piscine aux eaux plus calme. Les flots y ont jeté la personne qui se débat pour y surnager.
— Merde ! Il ne sait pas nager !!! dis-je en retirant rapidement mon blouson fourré.
— Qu’est-ce que tu fais ? s’alarme Kemal. Non arrête Christine ! l’eau est glacée ! Tu vas
— Fais pas chier ! Dis-je en me jetant dans l’eau glacée.
Non je ne risque rien. Ça fait longtemps que je ne crains plus les températures extrêmes ! Une pensée reconnaissante à Poséidon qui a développé mes talents de nageuse, et je rejoins en quelques mouvements la femme à deux doigts de couler. Une femme. Elle crie, se débat, tente presque de résister. Je la ramène en quelques brasses énergiques au bord ou plusieurs bras aident à la hisser sur la rive, pendant que la femme continue à hurler d’un ton suppliant. Je ne comprend pas. Elle montre la rivière.
— Qu’est ce qu’elle dit ? Dis-je haletante.
— Elle dit « ma fille, ma fille !», me réponds Altynaï
— Hein ? Quoi ??? une autre personne ? Ou çà ? Putain de merde ! Vous avez vu quelque chose ?
— Non, rien !
— Alors c’est qu’elle y est encore ! Dis-je en me replongeant dans les flots.
Mes compagnons ont crié en vain. Je ne vois rien ! Le soir tombe, la lumière presque inexistante, l’eau est laiteuse. Si la fille n’est pas à la surface, c’est qu’elle est au fond ! Une idée, une idée, vite Le dauphin ! Je me suis déjà transformée en dauphin. L’écholocation, voilà la solution ! J’active mon « sonar » Elle est là ! Au fond ! Elle a coulé à pic ! Quelques mouvements de bras rapides, je la remonte, retourne au bord, on nous aide à sortir de l’eau.
— Elle ne respire plus ! S’exclame Vladimir.
— Laissez moi faire ! Dis-je.
Sur le coup, j’oublie que Vladimir est médecin ! Et béni soit ma formation de pompier volontaire ! Bouche-à-bouche rapide dans les règles de l’art. Et j’ai du pot, après quelques insufflations, la jeune fille hoquette et vomit toute l’eau qui a rempli ses poumons. Elle est sauvée. On me jette une couverture sur les épaules. Des Tamalzaïs dont Ayala, hommes et femmes sont accourus. J’essaie de me relever. Je titube. j’ai le vertige On doit me soutenir.
— Ça ne va pas Christine ? S’inquiète Kemal.
— Je ne me sens pas très bien, dis-je comme assommée.
— Il faut les réchauffer au plus vite, crie Ayala. Amenez les dans ce bâtiment là-bas. C’est les thermes du village.
Ayala m’a regardée avec un drôle d’air Pourquoi ?
Je suis sonnée, presque K.O. Je me laisse entraîner par les femmes dans le bâtiment. Il semble multicentenaire et abrite une grande piscine ancienne, taillée dans le roc, alimentée par une source chaude. Un autre local communicant par une ouverture masquée par un rideau donne sur un autre bassin plus petit. C’est à peine si j’entends les femmes refuser l’entrée à mes compagnons car elle est « réservée aux femmes » et qu’ils peuvent attendre du coté des hommes le temps que je récupère. Seule Altynaï est invitée à me suivre. Mais mon trouble n’est pas celui auquel pensent mes compagnons. Ce n’est pas le froid, ce n’est pas l’eau glacée. Je suis submergée par la signature énergétiques de ces femmes. Je la connais bien depuis que j’ai fait connaissance de Christelle D aux « filles perdues ».
Elles dégagent l’énergie caractéristique des héros. TOUTES. Ces femmes sont des héroïnes d’origine olympienne.
— Déshabillez-vous, nous lance t-on, vite, vite !
La mère et sa fille claquent des dents. Je me force à en faire autant. Des mains m’assistent pour me débarrasser de mes vêtements raidis par le froid. De la glace s’est formée dans nos cheveux.
— Donne nous tes vêtements, me dit Ayala, on va les mettre à sécher. Et plonge toi dans l’eau, vite.
Je me plonge nue dans une eau qui doit être à prés de trente cinq degrés. Un délice ! A coté de moi, la jeune fille grimace de douleur : l’eau tiède fait l’effet d’une brûlure sur sa peau glacée. Sa mère s’est également immergée. Toutes deux se sont également intégralement dénudées. Elle vient vers moi, les yeux humides, me prend les mains, y pose son front
— Vous avez sauvé ma fille, me dit-elle. Notre vie vous appartient désormais ! Merci, merci, merci
— Vous savez, je n’ai pas vraiment réfléchi, dis-je embarrassée.
Je reprend lentement mes esprits. Je regarde autour de moi. La piscine fait une vingtaine de mètres de long. Plusieurs autres femmes prenaient leur bain et s’approchent avec curiosité. Que s’est-il passé ? Ta fille a failli se noyer ? Mais enfin, elle sait que c’est dangereux d’aller galoper sur la glace en cette saison ! C’est cette femme qui l’a sauvé ? Ah bon, qui est-ce ? Une… Française? C’est où la France ?
— Je te laisse récupérer, me dit Altynaï. Je vais rassurer nos camarades, je vois que tu es en de bonnes mains. On va rentrer au chalet. J’ai vu avec elles, les Tamalzaïs vont te ramener dès que tu seras réchauffée.
— Merci.
Les femmes se sont regroupées autour de moi. Je comprend ce qu’elles disent. Elles s’étonnent du volume de ma poitrine ! Je suis presque gênée d’arborer mon « C+ » alors que ces eurasiennes font un « B » plus modeste. Je les détaille à mon tour. Elles sont relativement grandes et ce qui m’étonne, c’est qu’elles ont toutes autour de vingt cinq ans, à part quelques gamines nettement plus jeunes. Ce sont des eurasiennes avec une touche mongole, toutes très jolies. Leurs cheveux sont attachés en queue de cheval ou en couettes, différence notable avec les mongoles qui les nattent. Comme Ayala, quelques unes sont blondes. Et une fois de plus je constate que TOUTES sont des héroïnes
Enfin presque ! Car la jeune fille que j’ai sauvé ne l’est pas, pas plus que les fillettes qui viennent m’examiner avec intérêt. L’absence de poils sous mes bras et de ma toison pubienne les laisse perplexe. Mes piercings aux tétons et au nombril les intriguent ! Ça doit faire mal ? Non, juste un peu quand on les pose, pas plus que quand on vous a percé les oreilles. Tenez, j’en ai même un sur la langue : nnnnn Mais non, çà ne pique pas ! Elles sont bizarres les françaises ? Je me met à rire de bon cur devant les questions noyées d’innocence des fillettes, çà fait du bien après toute cette décharge d’adrénaline ! Et puis Ayala se penche vers moi.
— Christine, notre chamane voudrait te dire quelques mots pour te remercier.
— Oh ? Je… j’arrive
Par réflexe je me lève, sort de l’eau et me retrouve face à une femme plus âgée, une exception au milieu de toutes les autres. Elle affiche une quarantaine d’année, mais cela ne veut rien dire. C’est une immortelle. Du premier cercle, pas loin d’atteindre le second. Elle est accompagnée de deux autres femmes plus jeune, des immortelles également Putain ! A part mes séjours sur Mikro Kea, je n’ai jamais vu autant d’Olympiennes en même temps.
La chamane est vêtue d’un manteau rouge vif, ressemblant assez aux tenues traditionnelles mongoles, avec une sorte de boléro par dessus et elle porte une coiffe bordée de chapelets de perles. Une fraction de seconde, je la vois détailler mon anatomie avec un sourire ou la curiosité se mêle à l’admiration. Je rougis violemment, et par réflexe, croise mes bras sur ma poitrine.
— Euh, bonjour madame Veuillez excuser ma tenue, je
La femme sourit un peu plus, amusée par ma naïveté. Elle enlève sa coiffe et la donne à ses suivantes.
— Je vois que tu parles notre langue. Je m’appelle Nastya. Me permet-tu de partager ton bain ?
— Euh oui, bien sur madame…
Je me sens complètement stupide ! Comme si j’avais à lui permettre ou interdire quoi que ce soit. Mais je suis touchée par le tact dont elle fait preuve. Elle retire boléro et manteau, tombe une sorte de pantalon et se glisse dans l’eau à mes cotés. C’est une très belle femme, de longs cheveux châtain clair avec des reflets roux, des yeux peu bridés et une poitrine très ferme proche de la mienne. Ses jambes sont fines et musclées et une pilosité discrète dissimule sa chatte. Elle détonne auprès des autres femmes. Il émane d’elle une sorte de majesté, de noblesse que n’ont pas les autres.
— Je voulais te remercier en personne, me dit-elle. Ce que tu as fait est extraordinairement courageux. Tu as sauvé mes surs d’une mort presque certaine. Pourquoi as-tu fait cela ?
— Je n’ai pas réfléchi, dis-je en haussant les épaules. j’ai vu une personne en détresse, j’ai agi sans penser. En France, je suis pompier volontaire. Notre devise c’est « sauver ou périr ». Et j’ai eu de la chance.
— Tu as droit à toute notre gratitude. Nous te sommes redevable. Tu vois la jeune fille que tu as sauvée ? Elle est devenue femme il y a quelques jours. Elle a saigné pour la première fois. Demain, elle sera solennellement accueillie parmi les femmes de mon peuple. C’est grâce à toi. Elle a failli ne jamais connaître ce moment.
— J’en suis heureuse Madame.
Nastya se met à rire.
— Détend toi mon amie. Parle moi de toi. Quel est ton nom ? Que fais-tu dans la vie ? Comment es-tu arrivée ici ? Raconte moi, je veux tout savoir.
Alors je raconte ma vie « officielle », comment j’ai fait la connaissance de mon grand-oncle, comment j’ai hérité de ses biens, comment je me suis découverte une passion pour l’histoire, pour l’antique, pour les peuples.
— Tu es mariée ?
— Non, je suis en couple, mais pas mariée.
— Je ressens une hésitation dans ta voix. Pourquoi ?
— Non, c’est juste que je suis avec une femme.
— Et c’est çà qui te gène, ce qu’on pourrait penser de toi ? Chez notre peuple ce serait banal. Beaucoup de mes surs sont en couple avec une autre femme. N’as-tu rien remarqué ne serait-ce qu’ici ?
— Ma foi, j’ai vu pas mal de choses, mais je
Je m’interrompt. Effectivement, je n’avais rien vu. Les gamines et les adolescentes se sont repliées dans l’autre pièce ou se trouve le petit bassin et on entend leurs rires et leurs cris à travers le rideau. Les premiers instants de curiosité passés, elles ont repris leurs jeux et les femmes leurs ablutions. Sauf que certaines vont largement au-delà de la simple assistance de toilettage. Quelque chose quelque part a donné le signal d’un déferlement de tendresse et d’amour qui remplit toute la salle. Elles se frottent mutuellement avec tendresse, échangent des mamours, des caresses. Je vois des mains disparaître sous l’eau quelque part entre les jambes de leurs voisines. Je vois des femmes chavirer, dodeliner de la tète les yeux mi-clos, s’abandonnant aux attouchements de leurs compagnes. Et toutes ont l’air de trouver çà normal. Un peu plus loin, une autre tète les seins d’une autre femme pendant que cette dernière lui caresse doucement la tète. Deux autres s’embrassent suavement. Et je réalise qu’étant des héroïnes, elles ont comme les immortels des sensations exacerbées, y compris coté sexe.
Je ne peux m’empêcher de frissonner. Mon bas-ventre me lance des signaux impérieux. L’érotisme qui se dégage de ces couples se formant et se séparant me met dans tous mes états.
— Tu aimes faire l’amour avec une femme ? Me demande la chamane.
— Putain oui, j’adore çà. Oh ! Pardon
Elle fait un signe à Ayala. Celle-ci s’assoit à coté de moi, pose sa main sur ma cuisse. Je frémis. Sa main remonte sur mon ventre, vers mes seins. Ma respiration se fait plus forte. Je chavire déjà. Alors j’’approche mon visage du sien et l’embrasse délicatement, avec hésitation. Ayala m’enfourche, s’assoit sur mes jambes, me chevauche. Nous nous embrassons un long moment en nous caressant. Dans un coin du local, deux femmes sont en soixante neuf, chacune pénétrant l’intimité de l’autre avec sa langue. Merde, j’en peux plus !
Je fais signe à Ayala de se lever et pose mes lèvres avec passion sur sa chatte. Ayala laisse échapper un petit cri de surprise et de plaisir. S’attendait-elle à ce que je sois aussi entreprenante ? Mais maintenant je fouille passionnément son vagin avec ma langue et je la sens trembler sous mes caresses. Elle caresse mes cheveux, je suis au paradis ! Elle ne tarde pas à jouir et je bois avec passion tous les fluides qu’elle laisse échapper. Je vois dans son regard une expression de gratitude. Elle me fait lever, appelle une autre femme.
Elles m’étendent au bord de la piscine, ma tète appuyée sur le torse de l’autre femme. A son tour Ayala insinue sa tète entre mes cuisses, fourre sa langue dans ma chatte. C’est une experte, putain c’est trop bon ! l’autre femme a saisi mes seins, fait rouler mes tétons entre ses doigts, se penche pour m’embrasser, je me noie dans ses cheveux Ma jouissance est sonore, brutale, fait tourner les tètes vers moi. J’entends des petits rires. Manifestement les femmes n’ont pas l’habitude d’une manifestation de plaisir aussi bruyante !
Pendant un long moment je me livre sans retenue à mes envies, m’abandonnant aux caresses des femmes. Je passe de l’une à l’autre, échangent ici une caresse, là un baiser, prenant possession d’un sein chaud, d’une bouche gourmande, d’une chatte savoureuse. Et ces femmes veulent me goûter, toutes, et ne s’en privent pas. Et je ne me prive de rien.
Nastya me regarde en souriant pendant que je reprends mes esprits.
— Tu es surprenante Christine, une vraie Tamalzaï Comme je te le disais, demain sera un jour de fête. Nous ferait-tu l’honneur d’être présente pour cet événement ?
— Ce serait avec grand plaisir Madame.
Un moment plus tard, je prend congé de mes nouvelles amies. Ayala me ramène dans une voiture. Mes vêtements ne sont pas secs, aussi les femmes m’ont-elles offert une de leurs tenues, pantalon, long manteau, bottes en cuir, boléro et coiffe fourrée. Aussi quand je retrouve mes compagnons, je suis accueillie par des sifflets admiratifs (et une bouteille de vodka, çà va être torride). Je suis dans tous mes états. L’expérience que je viens de vivre dans cette piscine ne m’a pas suffi. Je mouille abondement. Il y a le feu
— Putain les gars, j’espère que vous êtes chauds. Il faut que vous me baisiez d’urgence !!!
Épisode à suivre.