Introduction
Je n’ai jamais été vraiment très dominante que ce soit dans mon quotidien ou dans ma vie sexuelle. Mais soyons clairs, ne blessons pas mon orgueil, je ne dis pas que je subis la vie. Je suis une battante, j’ai dû apprendre à faire mes preuves sans retour, au point de désormais être constamment à la recherche de reconnaissance. Mais écraser les autres pour avoir la vague impression que mon propre statut s’en voyait remonté n’a jamais été quelque chose de naturel pour moi. Je n’y prends aucun plaisir et surtout, je n’y ai aucune prédisposition.
J’ai sûrement du charme, assurément même je vivrais assez mal le fait de ne pouvoir compter que sur ma jeunesse et mon corps pour plaire. Mais je n’ai pas ce charisme dont transpirent les dominants et les manipulateurs, ces petites remarques à peine calculées, mais toujours marquantes. Si l’on devait me comparer, je dirais que s’ils sont hommes de l’ombre, tirant leurs ficelles sans jamais révéler leurs vrais visages ou intentions, je me rapproche plus de la bête dictatrice soviétique. Présenter un visage affable, et régner par une terreur quasi constante imposer l’amour et la crainte plutôt que d’essayer de gagner le respect. Ce sont mes seules armes.
Mais je m’égare.
Le thème de mon histoire a pris le pas sur mes idées, je ne me suis même pas présentée. Est-ce vraiment nécessaire d’ailleurs ? Vous pourriez fantasmer, imaginer une Bimbo blonde derrière ce récit, m’identifier à votre fantasme, votre âme sur qui se refuse à vous voire votre sur qui se refuse à vous. Mais l’orgueil semble être le fil conducteur de ma démarche, alors à l’instar de mes homologues soviets, je tiens à imposer mon portrait dans mon uvre.
Je m’appelle Hajar, la vingtaine, supposément Marocaine il y a un franc écart entre ce qu’on me dit que je suis et ce que je sais être. Replaçons le contexte et ouvrons un peu nos curs au lieu de feindre l’autocritique depuis maintenant trois paragraphes. L’histoire qui suit a eu lieu peu de temps après mes 19 ans moment charnière de ma courte vie. Sans rentrer dans les détails, les six dernières années de ma vie avaient été un véritable enfer. Une vie chouette en apparence : des parents relativement aisés, une petite amie de rêve, un certain succès auprès des deux sexes, une réussite scolaire qui n’était plus à prouver. Mais comme tous les paradis, cette vie était pavée de traumatismes tus, ignorés ou simplement enterrés. Seules échappatoires à ce gouffre, je gavais mon cerbère d’alcool, de cocaïne et de sexe pour fuir sa vigilance.
Inutile de préciser que, qu’ils soient consommés par paires ou tous ensemble, ces trois vices font rarement bon ménage. Les empiler pour sortir des profondeurs m’avait semblé être la meilleure des idées, mais au final, leur poids n’avait fait qu’enfoncer le sol sous mes pieds. Mais, plus on chute, moins on voit le soleil, et plus on plonge dans l’obscurité, moins on se sent paradoxalement souffrir. La cocaïne devint alors mon moteur, ma force vitale, ma confiance en moi et ma raison d’exister jusqu’à ce qu’elle tente de me rayer de ce monde.
Déprimée, mais pas stupide au point de revouloir frôler la mort, je me mis en tête de me sevrer. Déprimée et tout de même un peu stupide, je me mis aussitôt en tête de trouver un remplacement à cette drogue, un fix, idéalement temporaire. Quelque chose qui me permettrait de mieux respirer plutôt que de boucher mes sinus. Mais quelles alternatives avais-je ? D’autres drogues dures ? L’envie m’était passée. Des drogues douces alors ! Elles me servaient déjà d’anxiolytiques. Alcool et luxure faisaient déjà partie de mon quotidien, mais ce même mode de vie avait un coût. Un prix qui s’était d’autant plus ressentir depuis qu’une certaine distance s’était imposée entre moi et mes chers géniteurs. Allez savoir pourquoi.
Aucune histoire n’est bonne sans quelques daddy issus de toute façon.
Quoi qu’il en soit, l’argent était tout désigné pour devenir mon prochain vice.
Après tout, qui n’aime pas sentir le poids de sa fortune, apprécier le doux frottis des billets contre sa peau, admirer les entrailles chamarrées de son portefeuille ? L’argent ne ferait pas mon bonheur, non, je le savais mais je ne comptais pas me créer un paradis artificiel d’amour vénal, non, j’allais me faire inviter dans celui des autres. Enfin… Soyons honnêtes. Je ne pensais pas ainsi sur l’instant. J’avais besoin de sexe, besoin d’argent, et aucune envie d’errer à travers Belleville comme tant de marcheuses de mon âge. La gravité de cette décision aurait eu raison de mon ascenseur social.
J’allais plutôt exacerber un de mes pêchés mignons, me faire entretenir, couver, rincer, gâter, en bref, jouer les michetonneuses. Me faire inviter a toujours été assez… Ironiquement sexuel. Mes hôtes me dégoûtaient en essayant d’attiser mon intérêt via l’argent, mais voir un de ces courtisans passer à la caisse pour mon cul me faisait l’aimer mon cul bien entendu. Si j’ai fait de mon corps une armure, leurs attentions étaient un vernis qui la faisait étinceler. Il m’arrivait de passer ma nuit à me faire cajoler et à voler la bourse de l’un pour finalement vider celles d’un autre, simplement animée par le plaisir de m’être fait aimer l’espace d’une soirée.
Gourmandise devint avidité, et avidité devint excès. Des bêtes verres en boîte, j’obtins vêtements de marque, parfums, bijoux et sorties chics. J’étais née dans ce monde, on m’en avait sortie de force, et j’y retournais pour tout voler j’en pleurais sans savoir si c’était de rire.
Adrien fut ma première porte, et je l’enfonçai sans ménagement.