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1968 : une révolution puissance X – Chapitre 3

1968 : une révolution puissance X - Chapitre 3



De toute évidence, on approchait de l’échéance. Dans la chambre de Philippe, les attouchements étaient de plus en plus torrides. L’excitation à vif, les chairs presque intégralement à nu, presque puisque Sandrine, pour assurer la préservation de sa virginité, impose que l’on garde les sous-vêtements. Donc, l’ultime pudeur d’un soutien-gorge et d’une petite culotte pour elle ; la queue muselée dans un boxer pour lui et leurs deux corps confondus dans la même enivrante lutte lubrique ; membres entremêlés, les bassins tanguaient, les sexes s’astiquaient frénétiquement Jusqu’à ce que Philippe lâche prise et éjacule dans son slip. La giclée imbibait les tissus, émaciait leur résistance, les radiations se propageaient dans la chatte, déjà bien travaillée par les frictions, aux avant-postes, le clitoris répercutait la jouissance, un écho délectable, mais quand même bien moins puissant qu’un orgasme.

 

 Sandrine ainsi branlée, de moins en moins inébranlable ; sa volonté ne pouvait que capituler aux conditions du con : donnons une bonne fois pour toute congé au pucelage !!! Oui, la comédie avait assez durée.

 

 Dernier acte avant l’introduction : se démettre des sous-vêtements.

 

 La scène suivante, toujours dans la chambre de Philippe. Trois jours seulement avant le don de l’hymen, elle dégrafa enfin son soutien-gorge. Le jeune étalon, accueillit l’apparition des deux affables mamelles comme un quasi miracle. Sandrine se tenait debout devant lui, livrée nue à l’exception de sa petite culotte. Il resta tétanisé. Elle l’encouragea du regard Un premier contact, confus, sous l’emprise d’une appréhension, la crainte de profaner un tel calice. Elle frissonna. Il s’enhardit. Bientôt, il n’eut pas assez de doigts pour escalader les pentes si douces de ces sommités à la blancheur immaculée. Évidemment, le pelotage tentaculaire se concentrait sur les mamelons ; les boutons de chair particulièrement sensibles, ainsi enrobés puis pressés, se dressèrent. Philippe, comme un compositeur, aux anges, provocateur d’une manifestation des sens qui, pour sa plus grande joie, tournait à l’insurrection : les joues de la pucelle en feu et dans les yeux l’incandescence d’une vérité viscérale et cette harmonie des braises était synchrone avec le corail des lèvres entrouvertes sur de profonds soupirs d’aise ; le son de la félicité coïncidait ainsi avec l’harmonie des couleurs, le déploiement d’une gamme empourprée, de plus en plus crue Il se jeta sur elle Il éjacula encore plus vite que d’habitude.

 

 Elle ne doutait plus. Philippe, tel un preux chevalier, avait relevé le défi d’une longue abstinence, torture nécessaire pour éprouver l’unicité de leur passion. Il était digne d’elle. Maintenant la récompense ! Mais à l’heure du don, la barre du nirvana était placée si haute ! La première fois fut laborieuse et les deux suivantes objectivement décevantes.

 

 Mercredi 5 juin 1968. Enfin ! Nos personnages sur le lit allongés, mutuellement dévêtus, entièrement nus, exceptés les ultimes abris génitaux, slip Zimmerli bleu ciel et petite culotte de soie pastel ajourée de dentelles, clôtures choisies de part et d’autre avec un soin extrême, un raffinement nullement superfétatoire, cette éloquence proclamant, au contraire l’imminence de l’accouplement. Les parties vouées à se confondre se tiennent pour l’instant sur le flanc, face à face. La joute a commencé, baisers sur baisers, les mains à l’aventure, à fleur de peau, sur des lignes infinies et toujours entre les sexes cette frontière de tissus, maintenant ridicule. Philippe dans ses élans d’audaces a précisé encore ses caresses, désormais, il ne se prive plus de joindre la bouche aux gestes et régulièrement ses lèvres aspirent les tétons de l’aimée. Le voici justement qui prend langue avec un mamelon bientôt luisant de salive et puis l’autre, et puis l’un et puis l’autre Encouragé par les gémissements de la femelle, la main gauche du garçon englobe avec plus d’assurance les globes, comme pour mieux les gober. Cercle délicieusement vicieux puisque sous l’effet de la succion, Sandrine accentue sa cambrure. En toute logique, il enchaîne, enlace fiévreusement la taille si fine, les mains du mâle s’invitent au creux des reins, elles dérapent à la naissance de la croupe, puis divaguent sur la plénitude de ce cul et puisque Sandrine n’émet aucune objection, il s’autorise à agripper carrément, à pleines mains, la splendide rotondité, l’amplitude de la prise facilite le placage, stimule les compressions pelviennes, les grognements se font plus bestiaux à mesure qu’il aplatit l’entièreté de sa raideur contre la chatte de la jeune fille qui, déjà très amollie, sur-réagit, se liquéfie, et, avide, baille son impatience de céder le passage à une telle inflexibilité.

 

 Plus de tergiversation. Sandrine fixe avec détermination Philippe. Sa décision est prise. Une décision pleine de confusion. Elle mordille ses lèvres et trahit ainsi son appréhension. Elle se coule sur le dos, prend appuie sur ses pieds et ses frêles épaules, plie les genoux, le galbe des cuisses, la souplesse des muscles ensorcelle l’embarras, déjoue la maladresse d’un geste enrobé d’une affectation cérémonieuse, terriblement féminine, alors que ses doigts fins se saisissent de l’élastique de la petite culotte. Par la grâce d’un cambrement, la pesanteur est suspendue : la croupe s’est soulevée, la soie affranchit le charnu, libère la vulve, expose la pudeur. Et file sur les cuisses

 

 La culotte est déjà au sol. Elle serre d’abord les jambes, réflexe instinctif qu’elle surmonte. Elle écarte pour s’offrir.

 Philippe sidéré par la divine composition : en guise de cadre enchanteur, une toison de fins poils blonds, au cur de la clairière le bombement si subtil des lèvres symétriquement encloses, pureté du dessin, les nymphes sont quasi invisibles telle une parfaite illustration de la virginité, et dans l’ajustement, le passage des délices, la fente étroite, verticalité transcendante, garante de l’insondable secret à percer.

 

 Il s’extirpe de sa stupeur, fiévreusement, libère sa bite qui jaillit hors du slip. Sandrine entraperçoit la barre, intègre les dimensions impressionnantes, mais déjà, il est sur elle, entreprend de la monter, du moins essaie. Il pèse, écrase, avant de prendre appui sur ses coudes, déjà moins encombrant, soudé au bassin de la désirée, remuant pour s’enfiler

 

 Pas trop inquiète d’avoir mal. Là n’est pas le problème. Pas si douillette que ça. Elle veut y passer. Le danger est ailleurs.

 « Philippe, tu Il ne faut pas que tu alors Tu te retireras avant ? »

 

 Elle a surtout peur d’être engrossée. Car bien sûr, Philippe n’a pas de préservatif. Pourtant, il n’est pas pris au dépourvu. Il espère cet avènement depuis si longtemps. Il aurait dû être équipé.

 Pendant plusieurs mois, il avait hésité à franchir le seuil de la pharmacie, située dans la Grande rue d’un bourg aux artères bien trop étriquées pour espérer échapper à la prolifération des ragots. Le pharmacien connait tout le monde y compris ses parents. Comment formuler la demande discrètement, sans se ridiculiser ? Existe-il plusieurs marques ? plusieurs tailles ?

 Quelques jours plutôt, bien décidé à se conduire en homme, il avait osé. Il était dans l’officine. Il attendait son tour derrière un vieux monsieur à chapeau, quand, malédiction, Ginette Palustide, la femme du buraliste, est entrée. La présence de cette commère était de très mauvais augure. La mégère, dans son dos, tendait l’oreille alors que pharmacien, s’adressait à lui avec familiarité, comme à un enfant :

 « Alors mon garçon, comment vont tes parents. Tu n’oublieras pas de leur passer le bonjour. »

 

 Philippe se décomposa. Il extrapolait déjà les remarques intolérantes. Quoi ! Des capotes pour copuler, pour s’adonner à des rapports illégitimes, entres mineurs [NDLR : en 1968, la majorité était fixée à 21 ans. Il faudra encore attendre six avant qu’elle soit abaissée à 18 ans], le regard du pharmacien devenait trop intimidant, celui de la vieille carne, derrière lui, trop inquisiteur.

 

 « Mais dis-moi, Philippe, qu’est ce qui t’amène ?

 – Je voudrai une boîte d’aspirine, Monsieur. »

 

 Et maintenant, il est trop tard. Et, face à cette irrésolution, l’impuissance de Sandrine. La contraception en juin 1968 ? Vous n’êtes pas sérieux ! Certes, la pilule a été légalisée au forceps l’année précédente, mais la révolution sexuelle n’a toujours pas franchi les grilles du Parlement. Les députés résistent et les décrets d’application ne seront pas promulgués avant plusieurs années. Conséquence : beaucoup de pharmacies ne prennent pas le risque de commercialiser ce que les bienpensants dénoncent comme un poison pour l’ordre moral. Et puis, paraîtrait que ça rend les femmes stériles ! De toute façon, la pilule est quasiment inaccessible au mineur. Sans une autorisation parentale, pas de délivrance pour les moins de 21 ans. Allez expliquer à papa que vous avez l’intention de coucher avec un garçon. Non ma fille, tu ne te conduiras pas comme une putain, tu ne saliras pas la réputation de la famille, je te protégerai du déshonneur, je remplirai ma mission : t’amener vierge au mariage.

 

 « Philippe, tu Tu te retireras avant ? »

 Philippe est un garçon responsable. Elle lui fait confiance. Mais reconnaissez que les conditions ne sont pas optimales. Loin de là. Tant d’inexpériences de part et d’autre.

 

 Le puceau n’a qu’une très vague idée de ce qu’il doit transpercer. La quéquette à l’aveuglette s’échine à pousser, mais trop haut, trop bas, rate à chaque fois l’immanquable vestibule. Dans un autre contexte, les frottements seraient stimulants, mais ces préliminaires ne sont pas volontaires. Le jeune mâle s’agite, s’impatiente. Pourtant, Sandrine est son allier, elle ne demande qu’à perdre son pucelage. La preuve, elle écarte intégralement les cuisses et cul culbuté, reins cambrés, tend au mieux son con à la pénétration. Mais rien à faire, la queue patine toujours le long de la fente Ainsi franchement offerte, visage séraphique et posture obscène, avec ses seins à la suréminente rondeur, tétons pointés vers la félicité, elle est incroyablement bandante. Trop bandante ! Il est trop excité ! Dérapages de plus en plus incontrôlés Il grogne Presse frénétiquement l’engin sur le vagin Et jouit. La giclée se dilapide sur la fente. Le foutre frustrant se répand sans rien ensemencer. La queue a totalement manqué à ses obligations. Encastrée entre les lèvres, elle embrasse le con au lieu de le baiser. Médiocre compensation à l’incartade, le gland cracheur de foutre s’acoquine avec le repli de peau clitoridien. Sandrine ne s’est pas faite tirer mais, bonne fille, elle tire au maximum parti de l’infertile limage. Elle enserre avec ses cuisses les reins du puceau pour, au moins, prolonger la sensation et mieux engluer leurs sexes.

 

 Il finit de se vider les couilles, affalée sur elle :

 « Je m’excuse, je suis désolé »

 

 Il pèse, l’étouffe presque :

 « Je suis tellement désolé »

 

 Maintenant il tente de se dégager, d’échapper à l’échec, à la honte d’une promesse virile non honorée.

 Mais pas question de le laisser fuir, de relâcher l’emprise, elle sait que ce n’est que partie remise :

 « Ce n’est pas grave Philippe, ce n’est pas grave du tout. »

 

 Il est si touchant. Un enfant perdu à la lisière bourbeuse de l’âge adulte. Le couple reste enlacé, enchâssé l’un sur l’autre. La sueur et le stupre les encollent.

 

 Il répète comme pour se mortifier :

 « Je suis désolé. »

 

 Que sa virilité est mal placée. Mais rien de grave, la rigueur anatomique viendra bientôt compenser cette mollesse passagère de l’esprit. La semence visqueuse qui tapisse copieusement la vulve atteste d’une fertilité quasi inépuisable, prête, au moindre prétexte, à se reproduire. D’ailleurs, la jeune fille est traversée par une inquiétude : puis-je ainsi tomber enceinte ? Sans pénétration ? La moule toute barbouillée de sperme une explication nécessaire et suffisante au prodige de l’immaculée conception ? Jamais papa n’avalera un tel miracle. Elle sourit. Philippe attrape cette lumière, enserre son ange le plus tendrement du monde :

 « Sandrine, que je t’aime. »

 

 Ces mots dégoulinants de tendresse papillonnent dans le ventre de la jeune fille, annoncent la montée d’une crue. Elle lâche un soupir d’aise en se lovant à cette déclaration d’amour, son âme vote l’adhérence des peaux passionnées, son mont de vénus l’élection de la turgescence. De part et d’autre, une fervente aspiration à l’invasion respective. Ils sont absolument sur la même longueur d’onde, celle de l’échange des fluides. Conducteurs aphrodisiaques, les humeurs corporelles lubrifient l’érection retrouvée. Cette poisse est une chance et la pollution des chairs une ivresse pour tous les sens. Car la chimie du frottement libère aussi des remugles, émanations âcres, vaguement écurantes, émulsions libidineuses entêtantes, liqueur de la licence sexuelle, autant de réactions en chaîne olfactives et tactiles alors que Sandrine ne cesse d’ondoyer doucement, d’onduler du bassin, de bercer son amour. Et c’est ainsi que de tout son être elle tangue, entraînant à sa suite Philippe vers la vigueur.

 

 Que d’histoires pour si peu. Il est de nouveau monté sur elle. En position de saillie. Passive, elle attend la défloration. Le membre tâtonne encore et enfin, la tête chercheuse, s’enfile entre les nymphes. Bute contre l’hymen. Philippe hésite. Sandrine le conforte du regard, un vas-y, yeux dans les yeux, et son bassin se joint même à l’incitation, le vagin s’avance vers l’échéance, presque la devance. Alors, il pousse sa bite. La membrane qui se déchire ? Rien de plus qu’un craquement d’allumette. Une douleur fugitive. Plus une perte qu’une brisure.

 

 Et puis l’expectative alors que le jeune mâle s’active. Ignorante de ce qu’elle est en droit d’attendre. Ici, l’acte de copulation se découvre sans rien résoudre. Philippe s’enfonce lentement. Le fourreau lubrifié ne s’offusque pas de la taille de l’engin. De toute façon, extrêmement respectueux, il retient son élan. Elle lui en est reconnaissante ; redevable d’un vague échauffement. Mais pas de vagues.

 

 Au-dessus d’elle, les bras tendus, les mains à plat sur le drap, il lime révérencieusement. Par peur de l’étouffer sous sa masse, il réduit le contact au strict minimum, transforme la copulation en un exercice purement physique. On pourrait croire qu’il fait des pompes. Alors qu’il est censé la baiser jusqu’à l’os ! Mais Sandrine est sa fée, la fragilité incarnée, une préciosité absolue qu’il ne faut surtout pas chahuter. La bite lambine, un va et vient tout en retenu, évasif, presque fuyant entre les parois étroites. Avec, en prime, cette crainte d’éjaculer trop vite, de ne pas arriver à s’extirper à temps.

 

 Pour elle aussi l’indétermination est totale. Incertaine, étonnée de s’ouvrir si facilement à un aussi gros engin, de ne pas avoir mal, elle découvre, elle attend la suite. Les impressions sont mitigées : l’envie de la sentir plus profond, de se faire complètement remplir et en même temps la peur de se faire engrosser. En tout cas, les parois détrempées se dilatent aisément sous la poussée de la pine. Qu’elle est dur ! on dirait même qu’elle gonfle constamment, mais sans pour autant envahir la matrice.

 

 Pourquoi ne s’enfile-il pas jusqu’aux couilles ? Au lieu de tout lui mettre, il rebrousse à chaque fois chemin. Beaucoup trop prévenant pour débrider le con. Bien sûr, elle ne réclame pas. Elle ignore ses besoins.

 

 Philippe ne va pas résister longtemps. Sa déesse est vouée à l’ensemencement. Même immobile, elle entraîne le mâle en rut dans le mouvement vertigineusement impudique de son devenir femelle. Ses joues rougies par le désordre du sexe, ses yeux bouleversant de dualité, la pureté d’un éclat si trouble, si équivoque, n’oublions pas ses lèvres pulpeuses entrouvertes sur des petits gémissements, des réclames pour la saillie, et aussi, bien sûr, les seins, autres miraculeux attributs du tumulte vaginal, les mamelles lourdes qui se soulèvent en épousant le rythme du coulissement de la bite, toute cette agitation n’est qu’un luxuriant appel à l’animalité. S’il écoutait ses pulsions, il la culbuterait complétement, arrimerait la taille fine, agripperait la croupe opulente, et bourrerait le con comme une bête. Mais Philippe est civilisé. Il respecte tellement Sandrine. Il la baise avec le plus grand des égards. Il se frustre jusqu’au bout, jusqu’à l’ultime moment, quand la jute monte et que juste avant la giclée, à contre cur, pour ne pas se vider dedans, il doit extirper sa bite du vagin merveilleusement hospitalier. Il se détourne pour qu’elle n’assiste pas au triste spectacle : les doigts remplacent la gangue chaude. Bien morne compensation. Mais deux secondes suffisent et il macule le drap et il gâche le foutre.

 

 Après, c’est la gêne. Il a un peu honte et elle aussi se demande si elle n’est pas, aussi, peut-être, un peu coupable. De quoi ? En fait, elle ne sait pas quoi penser. L’acte de baise, médiocre, serait une faute ? Sa mère lui a suffisamment rabâchée que ces « choses-là » était sale. Désemparée, elle rentre à la maison.

 

 A peine arrivée et Mère la convoque au salon. Sandrine fait profil bas, esquive plus ou moins habillement les questions. Elle prétexte un besoin urgent pour s’échapper.

 

 Puisqu’elle est sale, filer vite se laver.

 

 L’eau chaude détend, apaise. Les complexes ? La honte ? Progressivement surmontés. Sous la douche, Sandrine prend conscience qu’elle n’a pas été souillée, qu’imprimée en elle, ce n’est pas une tache, mais un besoin à assouvir. Son clitoris est si sensible, les lèvres de son con si dociles sous les doigts. Bien sûr, elle ne se branle pas. Ça ne se fait pas. Mais, si elle nomme toujours cette frustration pureté de l’amour, elle a changé. Elle a expérimenté le sexe. Qu’importe le goût d’inachevé, elle est devenue une femme. Elle a gagné en assurance.

 

 Après la douche, elle reste nue dans la salle de bain. Maintenant, elle accepte beaucoup mieux son corps. Donc les messages qu’il envoie. Oui, elle est en manque de Philippe. Pas que de sa queue. Même si, sa raideur est la plus belle preuve d’amour qui soit. Ô oui, ça lui plait comme Philippe est dur pour elle. Il apprendra à maîtriser la puissance de son désir, elle en est persuadée. Appelons-ça l’instinct féminin.

 

 Elle prend son temps devant la glace et bien sûr, elle imagine un tout autre regard. Philippe ! Philippe ! Philippe ! En frémissant, elle cambre son postérieur. Elle adore comme l’idiot la matte constamment en douce. Elle dandine de la croupe, chose qu’elle n’avait jamais faite. Même seule. C’est dire si elle était coincée. Conditionnée. Depuis la naissance formatée, depuis l’adolescence déformée par le bourrage de crâne des parents, de l’école, de la société, au point de s’autoflageller, de combattre et mépriser une chaleur pourtant naturelle dans son ventre. Ça, c’était avant. Avant de connaître bibliquement Philippe. Maintenant, brûlante de souffler sur les braises, elle s’autorise, en tortillant son adorable petit cul, à aguicher le miroir. Certes, elle rougit, elle devrait avoir honte, mais c’est juste pour imaginer l’effet produit sur son Homme. Même si jamais on n’avouera à son amoureux qu’on se sent salope et qu’on meurt d’envie de se faire baiser comme une chienne. De part et d’autre, l’hypocrisie doit régner

 

  Finies les rêvasseries. Retour à la rude réalité.

 « Sandrine ! »

 La voix a claqué comme un fouet. Il faut obéir. Vite ! Mais la jeune femme sait maintenant qu’elle joue un rôle.

 

 La voici, parfaitement propre sur elle, dans son uniforme d’innocence et de pureté, devant Mère qui s’impatientait au salon.

 

 Après un long silence suspicieux, l’attaque en règle.

 Mitraillage de question :

 « Où tu étais ? avec qui ? tu faisais quoi ? »

 

 Sandrine n’échappera pas à l’inquisition.

 Tête baissée, elle maintiendra le mensonge des révisions avec Sophie. Pour l’instant l’alibi tient. Mais dans une semaine, c’est les vacances. Et l’instinct de la mère est en alerte maximum. Sa fille est devenue coquette et donc aussi, sans doute, sournoise.

 

 Bien décidée à serrer la vis :

 « Tu ne te maquilles pas au moins ?

 – Mais non, maman !

 – Tu as intérêt ! Je ne veux pas que ma fille s’exhibe comme une catin. »

 

 Quel dommage que l’on ne puisse pas verrouiller la chose gloutonne tapie entre les cuisses de cette petite bécasse, on éviterait tellement de soucis ! Il suffirait de coudre la faille sournoise, le besoin perfide qui transforme une si gentille fillette en une femme facile à abuser, à salir, à déshonorer.

 

 Ils baiseront encore deux fois Avant le coup de fil à Marianne et l’invitation à Saint-Raf. Début juillet, quelques jours loin des parents ? Bonne idée. Un peu de dépaysement. S’éloigner de Philippe ? Aucune importance, elle ne doute pas de leur amour.

 

 En attendant, le mois de juin s’éternise.

 Elle reste des heures, enfermée, dans sa chambre, écoute en cachette les disques que Philippe lui a offert. Elle transgresse l’interdit des parents qui détestent cette musique de dévergondés Les Beatles, Neil Young, Simon and Garfunkel, les Moody blues Night in white satin, en boucle Sa chanson préférée

Night in white satin, never reaching the end

 Elle intègre l’insatisfaction à une forme d’aboutissement

 Letters I’ve written, never meaning to send

 Elle n’a aucune comparaison

 Cause I love you

 N’a jamais entendu prononcer le mot orgasme

 Yes, I love you

 Le sexe ? Franchement pas de quoi en faire un plat ! C’est médiocre, et alors ? Il n’y a vraiment pas que ça dans la vie ! L’essentiel, c’est l’amour

 Ô how I love you

 Elle trouvera le bonheur quand même. Oui, l’amour est ailleurs. Même si elle ne sait pas où chercher

 Just what you want to be, you will be in the end

 

 Et Philippe n’aidait pas à leur épanouissement sexuel.

 Il avait des excuses.

 

 La deuxième séance de baise, vraiment en coup de vent. Il n’avait pas bien compris comment elle s’était échappée des griffes de sa mère. Explications confuses. Mais elle était là. Essoufflée. Plus bandante que jamais. Elle se désapa très vite et se jeta sous le drap. Et donc, il se jeta sur elle. Il n’y avait rien d’autre à faire. Il fallait faire vite, vite expédier l’affaire. A la différence que, cette fois, il s’enfila sans trop de difficulté. Une chatte divine. Mon Dieu qu’elle était chaude et bonne à limer. Trop belle, trop bonne. Dix va et vient seulement et, déjà, ça va juter. Ça jute Trop rapidement Merde ! Vite sortir la queue. Quelque chose d’un chien honteux quand il se vide les couilles sur le drap.

 Mais déjà, elle repartait :

 « Ma mère va me tuer. »

 

 Et la troisième fois, Sandrine n’était pas du tout en forme. En fait, si elle s’était écoutée, elle aurait tout simplement dit non, pas aujourd’hui. Libido à zéro. Mais, ils se voyaient si rarement et Philippe en avait tellement envie.

 

 Elle semblait tendue. Pour la mettre en condition, un maximum de câlineries. Elle ignorait qu’il avait trouvé un subterfuge pour être moins impatient : il se branlait avant. Bien vidé, plus facile de faire durer, de maîtriser la montée du jus. Mais elle ne réagissait pas du tout comme il faut, pas en chatte en chaleur. Il s’est même demandé si elle ne s’ennuyait pas In fine, elle a pris assez clairement l’initiative.

 

 Pas vraiment d’érotisme dans la mise à poil. Elle se débarrassait de ses fringues comme d’une corvée.

 Elle se planque sous les draps. Il l’a rejoint. Il entame les caresses. Bon Dieu, mais qu’elle est belle ! Un corps à se damner qui reste de marbre. Il veut entrer dans le vif du sujet et tente de glisser la main vers la chatte. Elle esquive. Il n’y comprend rien. Change de cible. Vise les seins. D’habitude, elle réagit au quart de tour quand on lui pelote les nichons, mais là, rien. Alors le truc imparable, lui sucer les tétons, elle adore. Mauvaise pioche, elle s’agace. Il capte la grimace de déplaisir, alors il arrête, alors elle écarte bien grand les cuisses, histoire d’y passer vite fait et de passer à autre chose.

 

 Il la monte et se met à l’ouvrage. Il s’enfile sans difficulté, mais le fourreau résiste, la pine est beaucoup moins aspirée que d’habitude. Un connard aurait forcé, aurait sans doute défoncé. Mais lui, hyper prévenant, retient les coups de boutoir. Cette fois ci, la retenue est à porter, à 100 %, à son crédit.

 

 Il lui mit dix centimètres, pas plus, et eut l’élégance de ne pas faire durer des heures. Il sentait qu’elle n’était pas vraiment là. N’empêche toujours aussi bandante, même en poupée inerte. Trop excitante pour qu’il puisse résister des siècles. C’était un mauvais jour pour elle, mais elle faisait quand même tout gicler.

 

 Comme un parfum de malaise après. Mais impossible à formuler. De toute façon, absolument pas le temps de s’attarder. Mère s’était juste absentée une heure.

 

 L’acte surinvesti, si longtemps sacralisé, s’avéra donc concrètement frustrant. Sandrine savait qu’elle avait sa part de responsabilité. Il en aurait même fallu de peu pour qu’elle prenne en charge tout le poids de l’insatisfaction. Mais elle eut l’esprit ailleurs.

 

 D’abord deux jours de crampes prémenstruelles et l’humeur exécrable qui va avec. Consignée à la maison. Mère tyrannique. Insupportables. Interminables journées. Et puis, presque comme un soulagement, l’écoulement. Les règles. La question de baiser avec Philippe était réglée pour quelques jours. Non pas que les menstrues, le flot de sang lubrifiant le vagin, ne s’accompagnent pas d’envies libidineuses. Mais le tabou était intégral. Elle surmonta aisément le manque en le travestissant en une pulsion avilissante donc facile à repousser, une tentation dégradante au regard de la complicité intellectuelle, si rare et si précieuse, qui cimentait leur union. Cette connivence d’esprit exceptionnelle qu’aucune bassesse charnelle ne saurait abimer, l’essentiel était là. Oui, c’était ça, uniquement ça, l’amour !

 

 Pour le reste, ils avaient la vie devant eux. Même si désormais, Sandrine était à court de prétextes pour rejoindre son amoureux. Pire qu’en résidence surveillée. Comme en prison ! Mère, c’est sûr, se doutait de quelque chose.

 

 Alors quand Marianne, la cousine qu’elle n’a plus vue depuis deux ans, propose le changement d’air, Sandrine accepte. Le plus étonnant c’est que les parents la laisser partir.

 

 « Papa ne voudra jamais.

 – T’inquiètes, je m’occupe de tout. »

 

 Pas de doute, Marianne sait y faire. Quand elle veut quelque chose, elle l’obtient. Par exemple, si elle a l’envie de se faire baiser comme une chienne, pas de problème. Elle a l’il pour choisir un bel étalon performant. Et si l’occasion se présente, pourquoi pas deux ? Sandrine ne saute pas sur l’occasion ? Et bien Marianne, elle, se fera doublement sauter. Une jeune femme libérée. Tout le contraire de Sandrine.

 

 Huit jours plus tard, donc. La villa de Saint-Raf. Sandrine retranchée dans la cuisine qui, stupéfaite et outrée, se bouche les oreilles pour ne plus entendre l’abjecte pornographie : Marianne, juste à côté, dans le salon, en train de se faire très sérieusement tringler par deux mecs. Ça fait une demi-heure que la cousine reçoit grave. Et de toute évidence, elle n’est pas encore rassasiée, en veut encore Elle le gueule, elle le vagit : 

 

 « ENCORE, ENCORE, ENCORE, ENCORE, ENCORE »

 

 Comment en est-on arrivé là ? Un samedi soir, en juillet 1968, sur la terre

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