Je m’appelle Raphaël. Mon nom importe peu, je suis surtout connu comme "fils de". Le bac à peine obtenu je suis déjà en route pour aller m’installer dans ma nouvelle école, une école de management très sélect sur les bords du Lac Léman, dans l’objectif de reprendre un jour "l’entreprise familiale" (le mot empire immobilier convient mieux). Je vais y retrouver une dizaine d’autres garçons et autant de "filles de" de mon âge venant de toute l’Europe. Ça n’est pas un établissement connu, il reste discret et ne se fait connaître que de ceux pouvant y envoyer leur progéniture. Je ne sais pas vraiment à quoi m’attendre, dans tous les cas mon avenir est déjà tracé, peut-être qu’étudier avec des gens de mon milieu me permettra de me faire de meilleurs contacts pour plus tard. Les cours commencent lundi mais même si mes affaires sont déjà installées dans ma chambre d’internat, j’ai jugé bon de prendre le week-end pour me familiariser avec les locaux et les alentours.
Le téléphone sonne, c’est Paul le bras droit de mon père, celui qui nous a conseillé de m’inscrire ici, sur les conseils de je-ne-sais-qui qui y avait mis sa fille l’an passé et qui ne regrette pas :
— Raphaël, tu es à Genève ?, commence-t-il
— Il me reste un bon quart d’heure de route, répondis-je
— Adeline s’est proposée pour te faire visiter un peu les alentours et de te présenter les enseignants dans la semaine, je t’envoie son numéro pour que tu l’appelles, c’est la fille de Monsieur Bronte celui qui…
— Nous a conseillé l’école, dis-je en le coupant, je sais, ça marche
— Ok, remercie-la bien, ça n’est pas n’importe qui, elle prend de son temps pour t’aider à t’intégrer dans ton environnement, reprend-il
— Comme tout le monde que je vais côtoyer, ça n’est pas n’importe qui, mais c’est super sympa de sa part. Merci beaucoup de m’avoir prévenu Paul !
Après avoir raccroché avec Paul j’appelle Adeline (je tiens à préciser à vous qui me lisez que le téléphone au volant est mal, mais pour ma défense j’utilise le kit mains-libres)
— Oui Allo ? dit une voix féminine
— Oui Adeline ? C’est Raphaël
— Aaaah Raphaël, où es-tu ? me demande-t-elle
— Je suis en train de rentrer dans Genève
— Très bien, je suis place de Neuve, on peut se retrouver là-bas, je suis brune, je porte un short en jean, un débardeur gris et un châle d’été rose, me précise-t-elle
— Très bien je suis là dans quelques minutes, merci de prendre le temps et…
— C’est rien !, m’interrompt-elle, c’est le devoir des deuxièmes années d’intégrer les nouveaux, on va en discuter autour d’un verre ?
— Très bonne idée
Nous nous installons à la terrasse du Café du Centre, un serveur nous accoste :
— Je vous écoute, nous lance-t-il
— Un Spritz, demande Adeline
— Un coca pour moi, je conduis, ajoutais-je
Le serveur partit préparer nos commandes.
— Et bien, raisonnable ? C’est encore les vacances tu sais, plaisante-t-elle
— C’est ça moque toi, lui répondis-je faussement vexé
— Il va falloir apprendre à te lâcher dans cette école si tu veux profiter un peu, me confie-t-elle
— Oh tu sais je viens plus dans le but d’avoir un diplôme que pour les soirées étudiantes, avouais-je
— Tu es encore bien naïf ce n’est pas une école comme les autres, les relations sociales y ont une place importante, insiste-t-elle, n’oublie pas que tes camarades seront des dirigeants de société en puissance que tu côtoieras plus tard. Le mieux tu t’entends avec eux aujourd’hui, le meilleur ce sera pour les affaires demain, vois ça comme ça.
— Oui je comprends, acquiesçais-je
— Mais ne vois pas ça non plus que comme une opportunité de te faire des contacts, profite un peu aussi, fais-toi des amis, amuse-toi, l’un nempêche pas l’autre, me dit-elle avec un clin d’il malicieux, je me suis bien amusée l’année dernière et ça va continuer cette année encore, crois-moi…
— Comment ça se passe pour toi maintenant du coup ? Tu auras encore cours à l’école ? demandais-je
— Alors après la rentrée j’ai deux semaines à l’école, déjà pour vous aider à vous intégrer, vous les nouveaux, et ensuite pour assister à diverses conférences pour préparer notre premier stage de trois mois que l’on fera après ces deux semaines, m’explique-t-elle
— Ok, j’ai hâte de commencer
— Tu ne regretteras pas de t’y être inscrit, ajouta-t-elle, tu veux que je te la fasse visiter ?
— Avec plaisir !
Après avoir payé et laissé un pourboire, je l’emmène jusqu’à ma voiture, elle s’assoie et retire son châle qu’elle pose au creux de son ventre sous ses bras croisés. Adeline était une belle brune suisse à la peau d’un teint assez clair, ses cheveux longs tombaient sur ses épaules. Elle avait de légères taches de rousseur sur le visage qu’elle n’essayait pas de camoufler et qui lui donnait un certain charme. Ses yeux noirs contrastaient avec sa peau et renforçaient l’éclat de son visage. Quant à ses formes elle possédait une assez belle poitrine, normal pour une fille d’une vingtaine d’années. D’une allure athlétique Adeline avait dû faire fondre pas mal de ses camarades l’an passé. Elle semblait avoir conscience de sa beauté mais elle n’avait pas l’air d’en jouer.
— Voilà c’est ici !, me montre-t-elle du doigt
L’école était un grand bâtiment moderne assez sobre perché sur le flanc de la montagne et donnant une vue imprenable sur le lac Léman via une gigantesque verrière. L’entrée est faite de marbre mais reste assez simple, nous saluons la secrétaire et pénétrons dans le bâtiment.
— Comme une école classique tu as des salles de cours à l’étage, la cantine par là-bas, m’explique-t-elle
Le bâtiment débouche sur un grand jardin désigné par Adeline comme la cour. Ensuite elle m’emmène vers les chambres où je vais vivre pour un moment.
— Alors c’est un peu spécial, continue-t-elle, ici pas de distinction de sexe, de nationalité ou d’âge pour les chambres, tout le monde est au même étage et possède sa salle de bains, sa chambre, sa télé.
Adeline toque à la porte d’une chambre. Un garçon ouvre la porte, il est grand et musclé, avait les cheveux courts et la peau très foncée. Adeline lui demande :
— Où est Christy ?
Il montre du doigt la salle de bains. Christy en sortie en train de se brosser les cheveux. Adeline la prend dans ses bras :
— Christy, je te présente Raphaël il est français et rentre en première année
Christy s’approche de moi et se met à me prendre dans ses bras :
— Enchantée ! Je m’appelle Christy, se présente-t-elle, je suis écossaise et je suis en deuxième année avec ta marraine, et voici Ricardo, il est espagnol et sera un de tes camarades à partir de lundi !
Elle est vêtue d’une jupe à carreaux et d’un blazer noir assorti à ses cheveux noirs torsadés plus courts que ceux d’Adeline. Elle a aussi les yeux plus clairs qu’elle et arbore un large sourire.
— Marraine ?? fais-je dubitatif
— Oui, reprends Adeline, les deuxièmes années qui sont en relation avec de futurs élèves peuvent les parrainer pour leur faire découvrir l’école, les autres ne pourront pas choisir leur filleul
— Ah j’ignorais que ça fonctionnait comme ça
— Maintenant je t’emmène à ta chambre, me dit-elle
Elle me tend la clef de la chambre 1018, nous faisons ensemble tour de la chambre. Luxueuse mais simple à l’image du reste du bâtiment. Elle m’explique que si je veux il y a aussi une salle de sport, une piscine, un spa et d’autres choses du genre au sous-sol. Elle finit en me donnant le numéro de sa chambre et en me souhaitant la bienvenue dans ce qui a été qualifié par les élèves comme l’École des Plaisirs et que je n’ai pas encore fini de découvrir.
