Chapitre 1 : pénible randonnée
Dès l’aube, nous entamons ce que nous espérons être notre chemin de croix vers le secours et le retour à notre vie d’avant. Le soleil des tropiques étant de la partie pour la journée, nous choisissons pour cette fois d’emprunter la jungle, pour rester à l’abri des impitoyables rayons UV sous les frondaisons, et d’arpenter la plage sous un ciel plus couvert. Malgré la faiblesse de nos récipients rudimentaires, nous n’allons pas manquer d’eau, l’habituel orage nocturne ayant détrempé l’île et les feuilles environnantes servant parfois d’entonnoir naturel où l’eau de pluie s’est déposée. La chaleur est bien évidemment au rendez-vous, l’humidité ambiante rendant l’atmosphère étouffante si l’on effectue un trop grand effort. Aussi nous choisissons de marcher lentement, de toute façon avec le nombre d’arbres et de buissons à contourner, nous n’avons pas vraiment le choix. Ni elle ni moi ne disposons de boussole, et pour éviter de nous perdre bêtement, je marque régulièrement avec un éclat de galet l’écorce des arbres que nous dépassons en guise de fil d’Ariane. Le cheminement se fait en silence, elle a le visage fermé, non pas qu’elle soit concentrée mais je suppose que comme moi elle souffre de la faim et de la chaleur.
Pour la première fois depuis le crash, je prends la peine de la détailler de haut en bas. Malgré près de deux semaines en pleine nature, en se rinçant uniquement sous la pluie, elle est quand même très agréable à regarder. La teinture auburn de ses longs cheveux commence à passer, sous le climat tropical. Elle s’est fait un chignon rudimentaire, mais habituellement ses cheveux descendent jusqu’aux épaules. Sous les cernes et les joues qui commencent à se creuser, on peut vite deviner qu’elle est très mignonne, impression rehaussée par ses beaux yeux sombres. Les courbes de son corps aussi sont très appréciables, mais ce n’est maintenant que je le remarque vraiment, avec les vêtements trempés qui collent à sa peau. Bien sûr je l’ai déjà vu se baigner ou se laver sous la pluie en soutien-gorge et culotte, mais sur le moment, m’escrimant à resserrer le cordage de lianes de ma cabane ou à ramasser des coquillages, je n’y avais même pas fait attention. Je le regrette d’ailleurs, maintenant que je pose mes yeux sur ses cuisses fuselées et désormais bien bronzées, couvertes de débris végétaux. Mais elle a le visage marqué, et pour la première fois sur l’île, vraiment déterminé. Il s’agit de trouver une issue, quelque chose, pour foutre le camp.
Près de deux heures après avoir vaguement navigué dans l’épaisse jungle, à marquer les écorces, nous envisageons de faire demi-tour lorsque de nouveau, nous entendons le ressac des vagues. En continuant nous droit, nous finissons par arriver sur la plage, toujours face à l’océan à perte de vue. Je dessine un rapide schéma sur le sable et nous estimons que « notre » île tient plus de la bande rectangulaire qu’une forme ronde. Epuisés, nous décidons d’en rester là pour aujourd’hui. Je vois bien qu’elle est déçue. Ses lèvres sont serrées, mais le rouge qui commence à envahir ses yeux indique l’effondrement du faible espoir que nous caressions ce matin. Elle me dit qu’elle part chercher des noix de coco ou des larves de racines que nous cuirons plus tard. Je ne cherche pas à la retenir, même si j’aimerais bien la serrer dans mes bras pour la réconforter. Elle a besoin d’être seule, même si moi aussi j’ai la gorge un peu serrée. Je vais m’asseoir sous les premières frondaisons pour être à l’ombre, en retirant mes chaussures et en essorant vainement mes chaussettes détrempées. Quelques étirements histoire de, et je cherche machinalement du regard quelque crabe de plage qui pourrait améliorer le menu. Je chasse de la main les débris végétaux accumulés sur mes vêtements, lorsqu’en passant ma paume entre mes cuisses, ça fait tilt. Je sais où trouver des protéines. Le sperme. Un vague article accrocheur de ma page d’accueil Internet me revient en mémoire, sur les bienfaits du sperme et autres faits scientifiques mais plus rigolos que réellement intéressants. Le sperme humain contient certaines matières nutritives, et un apport de ces dernières ne me ferait pas de mal après ces deux semaines de franche survie.
L’idée ne me rebute même pas, non seulement parce que je crève la dalle, mais également parce que j’ai déjà eu l’occasion de goûter à mon propre sperme, et que je n’en ai ressenti aucun dégoût. L’une de mes partenaires aimait m’embrasser vigoureusement après m’avoir sucé, ou il m’arrivait de prodiguer un cunnilingus à une fille après avoir précédemment joui en elle. Bref, ça n’allait pas me tuer, bien au contraire. J’hésitais deux secondes, puis me relevais et filais prestement plus profondément dans la jungle. Si elle se mettait à m’appeler, je pouvais toujours prétexter une envie pressante. Je restais debout derrière un large tronc, invisible depuis la lisière. Baissant prestement la braguette, je sortis mon sexe, et me retrouvais presque comme un con avec l’engin au repos en main. Ça n’était pourtant pas ma première masturbation, mais ça allait être la première sur cette île de malheur ! Je passais en revue mentalement quelques fantasmes habituels, mais une image s’imposa à moi : ma compagnonne d’infortune. Ses cuisses bronzées et son ventre plat, sa silhouette sortant de l’eau en sous-vêtements. J’avais trouvé le bon filon : mon sexe commença à prendre de la vigueur.
Je commençais mes mouvements de va-et-vient, en ouvrant les yeux par intermittence pour tout de même vérifier qu’elle ne revenait pas dans ma direction. Je me remémorais son visage, ses yeux bruns et ses petites lèvres pincées, le soutien-gorge blanc et la culotte noire qu’elle portait quand elle se plongeait dans l’océan. En cet instant je me voyais poser les mains sur ses fesses, les presser, passer sur sa poitrine. Elle se serait alors dévêtue, je l’imaginais (utopie maintenant !) parfaitement épilée, au petit clitoris dressé sur ses grandes lèvres, et ses tétons pourraient être pointés de plaisirelle s’agenouillerait devant moi, passerait ses lèvres sur mon gland pour l’embrasser, sortirait sa langue
Je ne pus imaginer plus et éjaculais d’un coup, en plaçant heureusement ma main en cuillère devant pour recueillir mon liquide. Reprenant mes esprits, je jetais un coup d’il à l’amas blanc au creux de ma paume. L’appel de l’estomac eut rapidement le dessus sur l’enchanteresse vision qui occupait mon esprit un instant auparavant, et je portais ma main à ma bouche. Je léchais ma semence, sans même faire réellement attention au goût. Avalant le tout, je m’apprêtais à remettre mon sexe dans mon pantalon lorsque je constatais les quelques gouttes blanches traînant sur mon gland. Je les récoltais d’un coup de doigt, m’offrant par la même occasion une décharge de sensation. J’ai toujours été sensible ici Puis je réajustais mes vêtements et retournai sur la plage. Elle avait été moins fructueuse que moi dans sa recherche de nourriture, aussi je lui proposai d’aller chercher des coquillages dans les rochers à moitié immergé. La faible dose de sperme que j’avais ingurgité ne justifiait pas un repas complet, néanmoins le placebo faisait son effet, je me sentais revigoré. Et je souris en regardant avec appréciation le t-shirt mouillé plaqué au corps de ma camarade d’infortune.