Thaïlande, à quelques kilomètres à l’Ouest de Khaem Son.
— Je suis ravi de te revoir Christine, me dit Monsieur Wong. Quelle transformation en si peu de temps ! Mon père m’a tout dit de ton évolution. Et je le sens bien maintenant, l’élève a rejoint le maître ?
— Ne dites pas çà Monsieur Wong, dis-je embarrassée. Je suis loin d’être au niveau des fondateurs. Je ne maîtrise absolument pas ces nouvelles facultés. Mais je ne suis pas venue pour çà.
Nous sommes tranquillement installés sur la terrasse de la petite maison de monsieur Wong. May s’est assise à coté de moi, la tète posée sur mon épaule. Elle est adorable cette katoï, une de ces « femmes à bite » qui font fantasmer les occidentaux. Il me tarde de me retrouver en privé avec elle. Mais je ne suis pas venue pour çà
— Alors dans ce cas quel est le but de ta visite? Reprend monsieur Wong.
— J’ai fait un rêve étrange Monsieur, dis-je. Un rêve d’une telle acuité que je me demande s’il ne s’agit pas d’un rêve prémonitoire… comme il m’est déjà arrivé une fois.
— Raconte moi çà
— Eh bien j’étais dans une sorte d’arène, portant une armure ressemblant à celle que portait les hoplites dans la Grèce antique. J’avais un bouclier et une épée, et j’affrontais un guerrier vêtu pareillement. Sauf que je ne savais pas du tout me battre avec çà et au premier assaut il m’a transpercé de son arme Brrr ! J’en ai encore des frissons quand j’y repense !
— C’est que tu n’as pas l’habitude, reprend-il en souriant. Quand tu auras été blessée aussi souvent que moi, tu n’y feras plus attention ! Mais encore ?
— Eh bien mon adversaire était une femme. Et il n’y avait presque que des femmes dans les gradins. Mais surtout elle portait un bouclier ou figurait votre emblème.
Cette fois, Wong est surpris. Et Zeus sait qu’il en faut beaucoup pour déstabiliser le dieu de la guerre ! Il s’est redressé dans son fauteuil et réfléchit un petit moment.
— Je vois Continue.
— En fait çà s’arrête là. C’est très bref Mais je ne sais pas pourquoi, j’ai éprouvé une envie irrésistible de venir vous raconter ceci. C’est idiot quand j’y pense
— Peut-être pas Tu pourrais me décrire ce bouclier ? Avait-il la forme d’une demi-lune ?
— Mais oui ! Ça vous dit quelque chose ?
— Suis-moi.
Je crois vous avoir déjà parlé naguère de cette salle d’entraînement au sein de sa maison. C’est là qu’il m’a initiée aux arts martiaux. Les murs sont garnis d’un nombre invraisemblable d’armes blanches de tous types.
— Dis moi Christine, est-ce que cette épée te dis quelque chose ? Et ce bouclier ?
— Mince ! Dis-je étonnée. C’est bien une épée comme celle-là, ainsi que ce bouclier, à la décoration prés ! D’où sortent ces armes ?
— Elles étaient utilisées par les guerriers Scythes et Sarmates dans l’antiquité, entre l’an mille avant notre ère et disons les troisièmes et quatrième siècles de notre ère.
— Pourquoi diable ais-je eu cette vision de quelque chose qui n’existe plus de nos jours ?
Wong ne répond pas tout de suite. Pour la première fois depuis longtemps, j’ai le sentiment qu’il me cache quelque chose et cherche une réponse. Il décroche l’épée du mur.
— Sais-tu monter à cheval ? Me demande t-il soudainement.
— Euh oui, dis-je surprise, depuis mon séjour sur Éden, puis chez le cheikh Hussein.
— Bien. Je vais t’apprendre les techniques de combat avec cette épée, ainsi que le combat à la lance que tu vois à coté. Et enfin, le tir à l’arc, cet arc très particulier ici présent. Ce sont des armes scythes de la même époque.
— Mais pourquoi ?
— Parce que mon intuition me dit que tu vas en avoir besoin
— Qu’est-ce que vous voulez dire ? Dis-je interloquée.
Il me prend les mains et me regarde droit dans les yeux en souriant.
— Je ne peux t’en dire plus Christine. Déjà, tu sais que l’avenir n’est pas figé. Et Ares sait beaucoup de choses, je sais beaucoup de choses qu’ignorent les fondateurs mais que je ne peux révéler parce que ce sont des secrets qui ne m’appartiennent pas. Tu les connaîtras si le destin le décide, mais ce ne sera pas par moi. Tu dois me faire confiance
Je n’en ai pas su davantage Et je fais confiance à Monsieur Wong. Il a toujours été parfaitement loyal avec moi. En quelques heures, je deviens une experte dans le maniement de ces armes anciennes. Mais à quoi ce talent va t-il me servir ???
Je passe la nuit dans les bras de May. Je suis allongée sur elle. Sa queue est profondément enfoncée en moi. Nous baisons lentement, paresseusement, laissant venir le plaisir sans le brusquer ni le chercher à tout prix. Elle est douce et chaude, je devrai prendre mon pied mais le cur n’y est pas.
— May, je sens ton père perturbé. Il semble en proie à un dilemme. Pourquoi ? Sais-tu quelque chose ?
— Non Christine, je te le jure. Mais je l’ai déjà vu comme çà. Je crois qu’il a peur
— Lui ? Peur ? Mais de quoi ?
— Je l’ignore. Je crois qu’il a peur pour toi, de ce qui pourrait arriver… ou de quelque chose que tu pourrais provoquer…
May n’a pas su m’en dire plus. Elle est instinctive, mais est loin de connaître les secrets de son « père ». Je la crois. Et je n’ai rien tiré de plus de la part de Wong. Quel est le sens de tout ceci ? C’est ce que je me demande encore plus tard une fois rentrée dans les Alpes de haute Provence.
Je me suis retirée quelques jours dans mon chalet au dessus de La Javie. J’avais envie d’un peu de solitude et de calme. Et puis je suis en train d’écrire un livre sur des monuments grecs antiques dans lequel je compte corriger quelques erreurs historiques grâce à mes nouveaux talents et aux révélations que m’ont faites les uns et les autres immortels. C’est du boulot.
Il a neigé aujourd’hui. Il y a bien trente centimètres dans les champs. Les routes sont assez glissantes. On est en milieu d’après-midi. Et il va encore neiger. J’ai eu un peu de mal à monter au chalet avec ma petite voiture. Je me suis mise à l’aise, tranquille, décontractée, juste un déshabillé en satin ivoire et pas de sous-vêtement. J’écris à ma table de travail sous le regard placide de mon chat. C’est drôle, il n’a jamais été perturbé par mes changements d’aspect. Il a toujours su que j’étais la même personne.
J’entends une voiture Je n’attend personne. Alex ? Non, en ce moment il est au Chili à faire la tournée des producteurs de vin locaux. Coup d’il par le fenestron. C’est un homme avec des lunettes d’intello, assez costaud presque imposant, la cinquantaine, coiffé d’une chapka, et engoncé dans un pardessus fourré et porteur d’une mallette en métal.
— Monsieur ? Vous désirez ?
— Euh Bonjour mademoiselle. Excusez moi, je cherche la maison du professeur Jacques Gautier ? Vous le connaissez ?
— Oui C’est ici. Entrez s’il vous plaît, dis-je interloquée.
Je le débarrasse de son manteau et de sa chapka. Il semble assez intimidé en me voyant. Oups J’avoue qu’avec mon déshabillé tout juste fermé par une ceinture et le décolleté plongeant qui en découle, je dois lui faire un drôle d’effet ! Mais il se contient et à la limite je m’amuse de son embarras, d’autant qu’il est très séduisant avec sa barbe courte poivre et sel. Il me fait penser à Sean Connery dans Indiana Jones ! Waw Mais j’ai l’impression de le connaître ?
— Monsieur Gautier n’est pas ici ? Demande t-il perplexe.
— Le professeur est décédé il y a environ dix-huit mois.
— Oh
Son visage s’est attristé. Je l’invite à s’asseoir, lui propose un café. Oui, merci
— Voyez vous mademoiselle, je connaissais bien le professeur. Il a été mon prof d’histoire au lycée. Il m’a transmis la passion de l’antique, de l’histoire. Je suis devenu archéologue en partie grâce à lui. Quel coup Je ne m’attendais pas à
Un de mes anciens élèves du temps ou j’étais Jacques Gautier ???
— Pardon ; c’est quoi votre nom ?
— Oh ! Excusez moi, j’aurai du commencer par là ! Kemal A… Et et vous ?
— Christine Gautier. Je suis sa petite nièce.
Tu parles que je le connais ! C’était un gamin fluet, bâti comme une allumette, mais un des meilleurs élèves que j’ai connu. Il est d’origine turque. L’homme qu’il est devenu est abattu Il me résume la suite de son histoire, ses études, sa participation à différents chantiers de fouille dans le monde entier. Il est venu passer les fêtes de fin d’année auprès de sa famille et avant de repartir a voulu saluer son ancien professeur.
— Çà me fait de la peine Je voulais le remercier et lui présenter quelques objets très intéressants issus de mon chantier de fouille actuel au Kazakhstan. Je suis sous contrat avec le national muséum d’Astana, la capitale et il m’ont permis d’en conserver avec moi. Tant pis Il ne me reste plus qu’à prendre congé
— Des objets ? Dis-je curieuse. Vous ne voulez pas me les montrer ? J’ai hérité de ses biens à sa mort et j’ai repris son magasin d’antiquité. Ça m’intéresse.
— Mon Dieu oui, pourquoi pas ?
Il ouvre sa mallette. A l’intérieur, des casiers ou sont rangés de menus objets, des pièces de monnaies, des bijoux qui semblent très anciens et quelques documents qui dépassent d’un classeur suspendu. Les pièces de monnaie attirent mon attention.
— On dirait des monnaies de l’époque hellénique, non?
— C’est exact. Je vois que vous vous y connaissez. Que dites vous de celle-ci ?
— Pièce en cuivre, époque macédonienne je dirai, un profil de femme « Thalestris » ? Ça me dit quelque chose. N’est-ce pas selon la légende une reine Amazone de l’époque d’Alexandre ?
— Vous m’impressionnez, dit-il admiratif. D’où savez vous çà ? Votre grand-oncle ?
— Je l’ai peu connu, dis-je embarrassée. Mais j’ai appris beaucoup de lui et de tout les livres qu’il a laissé dans son magasin. Je me suis découverte une passion pour l’histoire.
— Alors, nous nous ressemblons beaucoup ! Et ceci ?
C’est un collier en argent, de facture manifestement très ancienne. Quelque chose se produit lorsque je le prend en main
Lors de ma première rencontre avec Kostia, ce dernier m’a fait cadeau d’un don. Je peux dater précisément tout objet manufacturé. Mais ce don s’est développé. Les objets ont une sorte de « mémoire ». Ils gardent en eux les instants de leur fabrication, comme une piste magnétique. Et tout cela, je le ressens. Je vois des images vagues, une plaine, des sortes de grande tentes rondes.
— Étonnant. Fabriqué au printemps de l’an 614 dirais-je
– ? Vous vous fichez de moi ?
— Pardon, je plaisante. Mais je je le daterai du cinquième ou sixième siècle de notre ère à mon avis. D’où vient-il ?
J’ai failli gaffer ! Je me suis rattrapée de justesse Christine, il va falloir que tu apprennes à mieux te contrôler ! Kemal est surpris.
— Là vous m’épatez. Effectivement on l’a daté de cette période. On l’a trouvé dans un « kourgane », un tumulus funéraire au Kazakhstan que l’on a fouillé cet été. C’était la sépulture d’une femme appartenant au peuple Scythe. On pense qu’il s’agissait d’une princesse guerrière de haut rang, car outre de nombreux bijoux, on y a trouvé aussi des armes de poing, des boucliers, des cuirasses, des armes de jet, tous richement décorées
— Une femme Scythe ???
Là, c’est moi qui suis déstabilisée Il y a quelques jours, j’étais chez maître Wong pour découvrir que j’avais rêvé des Scythes, et maintenant voilà qu’ils s’invitent chez moi. Quel est le rapport ?
— Puis-je le mettre ? Dis-je malgré moi.
— Oui, attendez, je vous aide.
Kemal m’a passé le collier autour du cou. Des frissons me parcourent à nouveau, des images, des mots associés à d’autre images, des mots dans une langue inconnue Je me lève, me regarde dans un miroir. Je me vois, mais j’ai l’impression de voir une inconnue. Je tourne ma tète à droite, à gauche, ondule d’un coté puis de l’autre, écarte mes cheveux, les balance. Je me trouve belle. Pour un peu, je me prendrai pour Adonis ! Quand je me retourne, je vois Kemal qui a viré au rouge. Je réalise alors que j’ai fait sans le vouloir une véritable danse de séduction, avec mon déshabillé à peine maintenu par une ceinture, qui ondule au gré de mes mouvements !
Le pauvre homme est dans tous ses états. Il est plus gêné qu’autre chose. Et la nature de ses pensées ne fait pas le moindre doute. J’avoue que la situation me fait sourire. Je l’ai allumé sans le faire exprès, simplement par mon sex-appeal naturel. J’ai sous-estimé mon pouvoir de séduction et à mon insu, j’ai émis des phéromones Si je dis oui, il ne dira pas non, çà ne fait pas de doute. Et je suis quelque peu en manque. Ça fait plusieurs jours que je n’ai pas baisé et à l’idée de faire l’amour avec Sean Connery, je me sens déjà toute excitée ! Kemal a repris un peu de son contrôle, mais c’est limite
— Vous vous êtes magnifique, dit-il en balbutiant. Vous ressemblez à une princesse antique
Je me jette à l’eau. J’ai envie de lui. Je lui prend la main.
— Viens
Je l’entraîne devant la cheminée. J’ai relâché la ceinture de mon déshabillé et maintenant seuls les plis du vêtement cache mes atours. Je commence à déboutonner sa chemise en lui faisant de grands sourires et il se détend quelque peu. Il me touche timidement le bras, remonte vers les épaules, écarte légèrement mon déshabillé, laissant entrevoir un de mes seins. J’ai complètement déboutonné sa chemise. Il est quelque peu corpulent. Il a une toison assez fournie, grisonnante, un peu de bidon. Il ressemble à un gros nounours mais j’adore çà !
Mon déshabillé est tombé à terre. Kemal respire bruyamment, saisi par l’émotion. Je suis presque à son contact. Je me tourne, me colle contre lui, mon dos appuyé contre son torse. Ça chatouille ! C’est doux, c’est bon Ses bras se sont refermés sur ma taille. Une main remonte vers mes seins, l’autre descend vers ma chatte. Je gémis bruyamment. Il me fait de l’effet et je le lui fait savoir. Je sens la bosse de son pantalon dans la raie de mes fesses. Qu’il me prenne en vitesse bon sang !
Mais Kemal n’est pas de cette trempe. Ce n’est pas un fougueux jeune homme, mais un senior dans la force de l’age. Il prend son temps. Il me caresse de ses deux mains, il s’aventure de plus en plus bas, il me fait des bisous dans le cou. J’en frissonne. Sa barbe me pique un peu mais je m’en fiche ! Je me retourne brusquement, plonge mes mains sous son pantalon, droit sur ses fesses. Il m’enivre ! D’un coup sec, je fais tomber son pantalon sur ses cuisses ce qui fait jaillir son membre.
J’ai la tentation de me jeter sur lui, mais je prend Kemal par la main, l’attire vers le lit. Je m’allonge, jambes largement écartées. Mais il ne me prend pas. Putain, fait chier ! Pourtant sa queue est raide, et d’une belle taille ! Mais il prend son temps, couvre mon corps de baisers, s’attarde sur la pointe de mes seins, en fait autant pour mon pubis. J’en peux plus ! Je gémis, je me tortille pour que nos bas-ventre entrent en contact.
Il finit par avoir pitié de moi et me pénètre enfin. Il est lourd. Il me donne chaud. J’ai l’impression que je vais me noyer dans sa barbe quand enfin je peux prendre possession de sa bouche. Il me prend en totalité, au plus profond, me faisant gémir quand il vient buter au fond de mon vagin On baise ainsi pendant prés d’une heure. La cinquantaine oui, mais Kemal est endurant, vigoureux, il sait s’économiser, comment faire durer le plaisir, comment me donner du plaisir. Et moi je ne m’économise pas ! Je jouis trois, quatre fois, alors que Kemal me résiste encore. N’y tenant plus, je profite d’un moment pour le dominer et m’enculer sur lui et faire une série de mouvements frénétiques.
Kemal a paru surpris. Peut-être ne pensait-il pas que cette jeune femme blonde lui offrirait ainsi son cul avec autant de facilité ! Mais il profite de la situation. Il me pilonne sévèrement, me faisant gémir plus que de raison. C’est finalement alors qu’il m’encule en levrette qu’il craque. Il se retire brusquement, râle, et je sens les jets de sperme chaud s’écouler sur mon bas du dos
Il s’est écroulé sur la couette. Je m’allonge a coté de lui en souriant. J’ai cru qu’il allait me résister jusqu’au bout !
— Excuse moi, dit-il, je n’aurai peut-être pas du ?
— Tu rigoles, je t’ai pratiquement violé ! C’est moi qui devrait m’excuser.
Nous passons quelques minutes à récupérer, le temps de parler de nous. Je lui parle de ma vie « officielle », de mon «frère», de ce grand oncle que j’ai si peu connu Lui est divorcé. Sa passion de l’archéologie a anéanti toute vie de couple. Mais il le vit assez bien. Si je suis mariée ? Non, dis-je en rougissant. Mais je suis en couple, de façon assez libre. Pardon ? Euh non, avec une femme
— Oh pardon. Je suis indiscret.
— Pas de quoi, ce n’est pas un secret.
— Mais c’est moi, ou il fait très sombre ? Quelle heure est-il ?
Je me lève, jette un coup d’il par la fenêtre.
— Oh ? Je crois que tu vas devoir accepter mon hospitalité, Regarde : tu ne pourras plus rouler maintenant.
La neige est tombée en masse depuis qu’il est arrivé. Un véritable blizzard. Il y a bien vingt centimètres qui recouvrent maintenant la route. Et ce n’est pas fini. On ne sera pas dégagé avant demain dans le meilleur des cas.
— Oh mince !
— Tu es attendu quelque part ?
— Non Non, mais çà m’ennuie de devoir t’imposer ma présence
— T’es adorable
On s’est assis devant le feu. J’ai remis mon déshabillé pour la forme. Je lui ai trouvé un peignoir « qui appartenant à mon oncle ». Pour tuer le temps, on parle antiquités et objets anciens, un sujet inépuisable pour nous. On examine tout le contenu de sa mallette et je le stupéfie en datant avec précision toutes les pièces qu’il me présente. Et puis un coin de feuille dépassant du classeur attire mon attention.
— C’est quoi ce document ? On dirait de l’arabe ?
— C’est des caractères arabes en effet, mais pas de l’arabe. Ça fait partie d’un lot de parchemin trouvé dans le kourgane dont je te parlais. On ne l’a pas encore traduit. Vas-y doucement, c’est très précieux. Tu connais l’arabe ?
— Oui, depuis quelques mois Tu as raison, les caractères sont de l’arabe, mais pas la langue. Et çà date bien de mille deux ou trois cent ans, contemporains de ce collier ! Oh, il faut que je te le rende. Mais on dirait une langue turque ancienne. Mais oui, c’est bien une langue à la racine turque.
— Comment ??? Tu parles aussi le turc ?
— C’est très récent, dis-je en rougissant.
Récent. C’est un euphémisme Depuis mon séjour en Arabie et la démonstration que m’en a fait Antinea, j’ai pris l’habitude (mauvaise ?) de plonger dans l’esprit de personnes étrangères juste dans leur centre du langage et de faire un « copier-coller » dans ma mémoire ! A ce jour, je parle couramment une vingtaine de langues et de dialectes associés que j’ai « piqué » dans l’esprit d’autres gens. Et j’ai fait la même chose à Kemal à son insu, sachant qu’il avait des origines turques !
— Mais ce n’est pas du turc J’en comprend le sens général, pas les détails.
— On pense que c’est écrit en langue scythe ! Tu peux vraiment le déchiffrer ???
— Vaguement C’est adressé à une certaine Penthésilée,… qui est nommée gouverneur des provinces de la grande plaine entre la petite mer et lac du croissant de Lune. C’est quoi çà ?
— Le kourgane en question est entre la mer d’Aral et le lac Balkach qui à la forme d’un croisant ! C’est stupéfiant ! Continue
— En gros, çà donne tout pouvoir et ordre à toutes les armées de la reine ? d’obéir à ses ordres. Et c’est signé : son altesse royale, fille d’Ares, Pasyphaë reine suprême de des Amazones ???
On se regarde bouche bée. Kemal se demande si je me fiche de lui. Mais je suis stupéfaite. Je comprend alors que les images associées à des mots qui se sont inscrits dans mon esprit lorsque j’ai mis le collier étaient la langue des Scythes il y mille trois cent ans.
— Des Amazones ! C’est une blague ? Dis-je.
— Peut-être que non, répond Kemal abasourdi. Tout ce qu’on croyait légendaire ou mythologique il y a quelques dizaines d’années s’avère au fil du temps avoir des origines concrètes, réelles. Regarde la guerre de Troie. Pourquoi le mythe des Amazones serait-il différent ? J’avoue qu’avec mes collègues, nous avons pensé à ce mythe en découvrant ce tombeau, qui n’est pas unique en plus. Beaucoup contenaient les restes de femmes guerrières Scythes. Mais là, tu m’en donnes une sacrée preuve ! Et en plus, tu déchiffres en quelques minutes un document qui nous résiste depuis sa découverte il y a quelques mois !
Il reste silencieux. Il réfléchit. Et je gamberge. Une femme guerrière. Des Scythes. Et maintenant une « fille d’Ares » ! Putain
— Est-ce que tu parles russe, demande t-il soudain ?
— да товарищ , Я говорю на русском. Pour çà aussi c’est récent
Et voilà comment quelques jours plus tard, Kemal débarque à Astana capitale du Kazakhstan avec Christine Gautier dans ses bagages
Épisode à suivre.