Les rayons d’or poignent à travers toute la pièce, nous berçant de sa chaleur réconfortante. Peu à peu, je sors du sommeil. Lorsque j’ouvre un oeil, je vois Lily-Rose étendue à mes côtés, recouverte d’un drap léger, probablement nue sous celui-ci comme lorsque nous nous sommes endormies la veille. Les moments forts de la soirée d’hier me reviennent en mémoire. La culpabilité, cette tumeur cancéreuse, revient en force, s’accrochant et s’attaquant immanquablement à ma psyché. Pourtant, la déesse qui a partagé mon lit pour une nuit de folie dort paisiblement. Ce que nous avons fait ne semble la culpabilisé aucunement.
Je regarde en direction du grand bureau où je range mes vêtements. À côté, la psyché me renvoie l’image de ma cousine et moi. Je dois avouer que ce tableau est des plus beaux, on croirait un couple de nouveau marier, mais la réalité est tout autre. Le dicton dit vrai ; les apparences sont parfois trompeuses. Les remords m’assaillent, l’alcool ne fait plus son effet et je crains le regard de ma famille. Moi, avoir eu une relation charnelle avec ma cousine sous le toit de son père, la fille de mon oncle qui m’offre l’hospitalité pour l’été. En fait, ce n’est pas tant ce que ma famille peut en pensée. C’est plutôt le fait que l’inceste n’est pas admis dans notre société, mais avant tout, c’est le souvenir de ma femme qui me hante sempiternellement malgré ses encouragements à refaire ma vie après son départ. Qu’y puis-je ? Ma vie avec elle a été un conte de fées, jusqu’au jour où la maladie a fait irruption dans notre vie et qu’elle est partie sans sommation. Un manque de volonté ? Un dénie envers le départ subit de ma promise ? Une ritournelle de remords et de culpabilité ? Un refus ou une difficulté à faire mon deuil ? Tout ceci et aucun à la fois. Mais que m’arrive-t-il ? Je suis prêt à laisser partir une telle beauté, digne de la déesse Aphrodite, pour un souvenir qui ne sera plus, et ce, malgré l’assentiment de ma défunte à trouver une autre personne à aimer.
Je dois prendre un recul et c’est dans cette optique que je m’habille et sors prendre une longue, très longue marche. On dit que c’est en marchant qu’on peut mieux réfléchir, réorganiser nos états d’âme et mettre de l’ordre dans nos pensées. J’ai tout de même la sensation d’être un voleur. J’abandonne Lily-Rose, qui sommeille toujours, et fuis avant son réveil, comme un cambrioleur ayant abusé des biens matériels d’une maison, sauf que moi j’ai bénéficié des trésors de ma charmante cousine qui essaie de m’aider, à sa façon, à faire le deuil de ma femme.
Comme à l’accoutumée, je fais mon jogging quotidien. Je prends la route à l’est du manoir, débutant une ascension de la montagne forestière et finie par aboutir dans une clairière féérique au sommet de celle-ci. Je suis épuisé. Lors de l’ascension, j’ai pu apprécier les différentes espèces d’arbres qui y trônent. Des chênes verts et des oliviers en grand nombre, pour la majeure partie de la montagne ; quelques sapins, épicéas et pins sylvestres pour achever la finition du sommet de cette dernière. Et je ne parle même pas de la faune. Renards, lièvres, chevreuils, bouquetins et un couple d’aigle royal furent un spectacle des plus appréciables. J’ai pu même apercevoir, brièvement, un gypaète barbu. Je n’en avais jamais aperçu auparavant. Il faut dire que cette espèce est en voie d’extinction.
Ça fait bien deux heures que je monte ce mont abrupt. Mon ventre crie famine. Je regarde ma montre, il est midi passé. J’aurais dû emporter un goûter, trop tard pour reculer. Je regarde devant moi. La vision qui s’offre à ma vue est splendide. Un lit de fleurs diversifiées s’étend à toute la clairière. On y retrouve notamment de la Gentiane de Ligurie, de la nigritelle de Cornelia, qui embaume l’air d’un parfum vanillé, et quelques Saxifraga florentula. En ce qui concerne cette dernière, je ne sais pourquoi elle est ici, vivant habituellement plus haut dans les montagnes, mais devant sa beauté, je cesse de me poser la question. Ayant mon téléphone cellulaire avec moi, je n’ai guère raté l’occasion de photographier le vautour rare, ainsi que ces fleurs magnifiques.
Ce tableau, que je contemple, me fait oublier ma faim. Je m’assis par terre et médite dans le calme. C’est l’endroit rêvé et je ne crains pas les loups car j’aurais trouvé des traces bien avant d’être arrivée ici, s’il y en avait.
Je repasse en mémoire tout ce qui m’est arrivé, depuis la maladie de ma femme, jusqu’à aujourd’hui. Sa souffrance que j’ai partagée, sa mort que j’ai dû affronter. La solitude qui m’a visitée à de nombreuses reprises, maîtresse de mes nuits, et pour finir, le poids permanent d’un cercle de vie brisé, incomplet. Je sais que je dois à nouveau reformer mon cercle, comme le disait feu mon grand-père, afin que je sois de nouveau entier en trouvant celle qui le complètera. Mais le problème est que je culpabilise toujours envers le souvenir de ma femme, paix à son âme, et également envers ma cousine et ma famille. J’aurais besoin d’un ami à qui tout raconter. Je ne peux tout de même pas raconter cela à mon oncle, et encore moins à mon père ou ma mère. Je sais que l’instinct maternel est quelque chose de fort, mais là, c’est un plan pour qu’elle me flanque une baffe, voire pire.
Je réfléchis un moment encore à ce que je vais faire, et à ce que je vais dire à ma cousine. J’espère que ma famille n’est pas déjà au courant pour nous deux, de ce que nous avons fait. Si tel est le cas, je suis persuadé qu’ils vont me détester, que je vais les dégoûter. Je pourrai toujours accepter ce sort, mais je refuse que Lily-Rose en paie les frais. Elle a la vie devant elle, alors que la mienne n’est plus. Un cur brisé est plus long à cicatriser qu’une plaie ouverte. J’aperçois une rose et prévois de la cueillir à mon départ. Ça fait toujours plaisir lorsqu’on en reçoit une en cadeau, et ça peut toujours servir à se faire pardonner. Tout du moins, c’est un début.
Une heure plus tard, je quitte mon lieu de méditation et de paix. Je redescends par le même chemin, me préparant à me faire sermonner, voire expulser de la demeure de mon oncle. Malgré cette crainte, il y a des moments où un homme ne peut se défiler. Arrivée au manoir à la hâte, je constate que mon père y est absent, ainsi que mon oncle. Ma mère vient à ma rencontre.
— Jonathan ! Où étais-tu passé ? Ça fait plus deux trois heures que l’on te cherche.
— Désolée mère de vous avoir inquiété. Je suis allé faire mon jogging à la montagne et j’y ai pris une longue pause.
— Ah bon ? Tu nous as vraiment donné du souci.
— Puis-je savoir la raison pour laquelle vous me cherchiez ?
— Ce soir, nous recevons une invitée surprise. Mets-toi sur ton trente et un.
— Je la connais ?
— Ne fais pas ton curieux. Va plutôt voir tes cousines et transmets leur le message.
— D’accord ! lui dis-je en l’embrassant sur la joue. Où sont-elles ?
— Dans la chambre de Julie, je crois.
De ce pas, je me dirige vers la chambre de ma petite cousine. Je tiens ma rose, que j’ai cachée au préalable à ma mère. La connaissant, elle m’aurait harcelé de questions et sous-entendues. Je parcours le couloir jusqu’à toquer à la porte. Des bruits de pas se rapprochent de ma personne. La porte s’ouvre et une Julie surprise me dévisage. Elle referme la porte derrière elle et m’entraîne à sa suite, par le bras gauche. Nous pénétrons dans l’une des pièces de détente et la porte se referme aussitôt.
— Eh, je…
Soudain, elle me saute dans les bras et me fait tomber par terre. Elle s’évertue à me chatouiller, me soutirant un fou rire incontrôlable.
— Tu étais passé où ?
— …
— Tu ne dis rien ? Parle, dis quelque chose ! ricane-t-elle. Ce n’est pas les chatouilles qui t’ont coupé la langue. Si ?
— Eh bien, je suis allé faire mon jogging, comme à chaque matin… Ah oui, j’oubliais presque. Ma mère fait dire qu’une invitée surprise va dîner avec nous, ce soir, et que l’on doit revêtir nos plus beaux atours. J’étais en chemin pour te le dire, ainsi qu’à Lily, quand tu m’as emmené ici.
— Qui est cette invitée ?
— Je ne sais pas. Ma mère a refusé de me le dire, déclarant que la surprise n’en serait plus une si je découvrais qui c’est… Au fait, pourquoi m’as-tu emmené ici ?
— Tu ne te rappelles pas ? Nous jouions ici, toi, Lily-Rose et moi, lorsque nous étions gamins. Tu venais souvent avec tes parents jusqu’au jour où tu n’es plus venue.
— Ça ne me dit rien.
— … Ce n’est pas grave, il y a des choses qui peuvent s’oublier avec le temps et d’autres restent frais dans la mémoire.
— Si tu le dis. Au fait, où est Lily-Rose ?
— Elle se repose dans ma chambre. Une migraine soudaine l’a prise par surprise.
— Je…
— Tu sais, je crois qu’elle est un peu triste de ne pas t’avoir vu en se levant.
— Tu crois.
— Tu t’attendais à quoi. C’est évident. Beaucoup de filles, en se réveillant le matin, espèrent trouver l’homme avec qui elles ont passé la nuit. Malheureusement, beaucoup se lèvent seules, le gars étant partie pour je ne sais quelle raison. Tu sais, les femmes n’ont pas besoin de grand-chose pour être heureuse… Juste de pouvoir se coucher la tête sur ton torse et de s’endormir au rythme des battements de ton cur. C’est le minimum d’affections à démontrer envers une partenaire qui a partagé ta couche.
— Je n’y avais pas pensé de ce point de vue. Je suis allé à la montagne pour méditer, réfléchir et faire un peu d’exercice. Je ne voulais pas l’attrister. Je vais aller lui expliquer afin de lui redonner le sourire.
— Une minute papillon. Elle dort là. Ça lui a pris un moment, son mal de tête ne voulait pas s’arrêter… Et réfléchir à quoi au juste. Puis-je le savoir ?
— Puisque tu me parles de Lily-Rose et moi, je devine qu’elle t’a mise au courant pour nous deux, de ce que nous avons partagé.
Je lui déballe toutes mes réflexions faites à la montagne, toutes les épreuves physiques et morales que j’ai éprouvées depuis la nouvelle de la maladie de ma femme jusqu’à aujourd’hui. Nous discutons une bonne heure.
…
— Je… je ne savais pas que tu avais passé autant d’épreuves, et seul en plus. Ça doit peser avec le temps. On dit que le temps arrange souvent les choses. Moi je dis que ce sont des conneries. C’est nous-mêmes, avec l’aide d’un ou une complice, qui réussit à remettre de l’ordre dans notre vie, et là, me désigne-t-elle en pointant ma tête de son doigt fin.
— Oui, tu as sans doute raison. Mais le plus difficile, c’est d’y parvenir. Que notre cur et nos pensées ne fassent qu’un… Ça m’a fait énormément de bien de discuter avec toi. Je croyais que tu verrais d’un mauvais il ce que j’ai fait avec Lily-Rose mais il n’en est rien.
— Il n’y a pas de quoi. Et puis, c’est normal, nous sommes entre cousin et cousine. Il faut bien s’entraider entre parents, non ? me déclare-t-elle me faisant un clin d’il. Tu devrais aller la voir. Elle doit dormir mais elle sera heureuse de te voir au lever.
Sur ce, je pars rejoindre Lily-Rose. Lorsque je pénètre dans la chambre, la lumière est sombre. Les volets sont fermés, laissant très peu de luminosité, filtrant celle excédentaire. La belle dort à poing fermé, vêtue d’un chandail blanc, fait probablement de polyester, au décolleté modéré, et d’une paire de jeans bleu pastel. Ses mignons petits pieds sont camouflés par des socquettes blanches à fleurs rose pâle. Comme elle est belle ainsi, dans la position foetale. Je m’approche d’elle et je remarque que des cernes rouges sont apparents sous ses yeux. Je comprends que ma cousine a sans doute versé des larmes pendant une certaine période de temps, à moins que je ne me méprenne.
Mon cur se serre, ma gorge devient sèche et une boule se fait sentir au niveau de mon abdomen. La culpabilité, cette alliée passagère, me submerge de nouveau. Qu’ai-je fait à cette charmante jeune femme ? Pourquoi ne lui ai-je point dit que j’allais méditer en forêt ? Non ! Au lieu de cela, je la quitte comme un voleur, la laissant se raconter tous les scénarios possibles en pensées.
Mais que m’arrive-t-il au juste ? Pourquoi ne puis-je laisser cette peine derrière moi et m’accorder le bonheur ? Aimé-je à ce point-là la souffrance émotive ? Je dois arrêter de me torturer la tête, ma femme ne peut revenir de l’endroit où elle est maintenant. Je le dois, il le faut. Pour moi… et mon entourage.
Soudain, le remords me revisite de nouveau, me remémorant les moments mémorables de la nuit passée. Le miroir en face du lit me renvoit l’image de mon expression faciale. J’ai la mine par terre, l’air abattu… Je dépose la rose sur la table de chevet quand une porte s’ouvre, une tête aux longs cheveux de jais fait son apparition. Je… je reconnais ce visage… c’est Gwen. Que fait-elle ici ? Elle me fait signe de la suivre. J’obtempère, refermant soigneusement la porte derrière moi.
— Salut toi. Mais dis-moi, tu ne sembles pas dans ton assiette.
— Ça se voit tant que ça.
— Viens avec moi, déclare-t-elle. Nous allons marcher un peu.
— Comment ça se fait que tu te trouves ici ?
— Ta mère m’a contactée, étant inquiète pour toi. Elle m’a dit que lors du dîner d’hier, elle a remarqué que tu affichais la même expression que lorsque tu es indécis, te renfermant sur toi-même. Lorsque tu déprimes quoi !
— Donc, elle a tout organisé pour que tu couches ici.
— Exactement. Je suis ici pour t’aider et t’écouter, comme d’hab.
— Merci… T’es la meilleure.
— Je sais, me dit-elle en tirant la langue.
Sur ce, nous marchons un long moment sur le terrain de mon oncle, allant jusqu’au labyrinthe de cèdre. Je débale tous mes soucis, mes craintes et pensées à ma meilleure amie. Je veux son opinion, franche et sincère, comme d’habitude.
— Tu vois. C’est toujours la même histoire. La tristesse, la souffrance, les remords. C’est un cercle vicieux et je n’en vois pas la fin.
— Il faudrait que tu commences par recoller les morceaux.
— Comment faire ? Et quels morceaux ?
— John, je vais te raconter une chose. C’est ma copine qui m’a dit ça un jour. Il y a un concept du judaïsme intitulé "Tikkun Olam" qui décrit le monde tel qu’il est. Où la souffrance est plus familière que la joie et que l’amour surpasse cette souffrance et guérit même les plus grandes cicatrices. Il dit que le monde a été brisé en morceaux et que c’est le travail de chacun de les retrouver et de les rassembler. Je lui ai demandé alors comment faire pour réassembler les morceaux, et elle m’a déclarée que peut-être que c’est nous les morceaux. Que peut-être nous ne sommes pas censées trouver les morceaux. Que peut-être nous sommes les morceaux.
— …
— Tu saisis le concept ?
— Oui. Tu veux me faire comprendre que si je me laisse guider par l’amour, je finirai par surmonter, avec l’aide de cette personne, le sentiment de vide que j’éprouve, ainsi que les remords qui m’accompagnent. Que nous sommes un lorsque nous nous ouvrons à l’autre.
— C’est exactement ça. Te rappelles-tu ? Ça a été pareil pour moi, lorsque j’ai perdu Nancy. J’errais telle une âme déchirée jusqu’au jour où j’ai rencontré Amber qui m’a aidée et nous sommes désormais en couple et heureuses. Elle a été la lumière qui m’a redonné espoir.
— Pour moi, depuis que ma femme est partie, je trouve qu’il n’y a pas vraiment de sens à cette vie. Ce ne sont que des jours gris comme aujourd’hui disséminés parmi tant d’autres. Seulement, depuis que j’ai rencontré Lily-Rose …
— Laisse donc le hasard, le destin et les coïncidences dessiner ton chemin de vie. Ce n’est pas à toi de te demander si tu es sur le bon chemin. C’est au chemin de savoir si tu es digne de le parcourir. Lui seul décidera qui tu devras rencontrer, et ta vie se façonnera de toutes ces histoires que tu partageras. Comment savoir que ce sera elle ? Regarde dans la lumière de ses yeux, tu pourras lire quelque chose de merveilleux : l’image même de l’éternité, car je te le dis, l’amour ne connaît pas de fin. Il se renouvelle sans cesse…
— Tu as sans doute raison. Je dois laisser faire le temps et laisser venir les événements tels qu’ils doivent arriver.
— Bien, tu commences à saisir le principe, me dit-elle tout sourire dehors.
Nous continuons à bavarder un moment lorsque le temps, jusqu’ici incertain, laissent tomber quelques gouttelettes, signe d’une averse imminente. Nous nous dirigeons vers le manoir à la hâte mais le temps nous rattrape. Pourtant, nous ne sommes qu’à vingt minutes de marche. Arrivées à destination, nous sommes trempée jusqu’aux os. Le soutien-gorge rose de Gwen se voit au travers de son chandail blanc. Nous passons par la salle de bain du premier étage afin d’aller nous sécher avec des serviettes s’y trouvant. Une fois en sous-vêtements, nous débutons un séchage en règle lorsque Julie entre dans la pièce. Surprise sur le moment, elle affiche un rictus par la suite.
— Oh, désolée ! Je ne voulais pas vous déranger les amoureux !
Gwendoline éclate de rire.
— Quoi ? Qu’ai-je dit de si drôle ?
— Julie, je te présente ma meilleure amie, Gwendoline. Elle préfère qu’on l’appelle Gwen. Et pour répondre à ta question, elle n’aime pas trop les gars à cause d’une certaine chose chez eux.
— Comme quoi ?
— Leur pénis, déclare l’intéressée.
— Quoi ? Qu’est-ce ça veut dire ?
— Ça veut dire que je suis gai. Que je suis lesbienne. Mais il faut que tu saches, qu’autrement, après t’avoir rencontré, je trouverais ça très difficile de ne pas plonger sous les couvertures et de nous envoyer au septième ciel, dit-elle ironiquement.
— Ah, fit-elle intéressée. Tu n’as jamais couchée avec un gars ?
— Oui, mais ils n’étaient pas doués.
Elle se penche et essuie ses jambes lissent. Son corps longiligne lui confère de belles jambes surmontées d’une belle paire de fesses, petites et fermes. Par le passé, j’ai caressé le rêve de pouvoir les pétrir mais l’espoir s’envola rapidement lorsque j’appris que Gwen aimait les femmes. Gwen demande à Julie si elle veut bien aller lui chercher des vêtements et sous-vêtements de rechange, sur quoi cette dernière s’attèle à la tâche. Quand à moi, je me dirige vers ma chambre et vais me changer. Une fois cette tâche accomplie, je me dirige vers la chambre de Julie, là où dort paisiblement Lily-Rose.
Je m’approche d’elle et m’assis sur le bord du lit. Un effluve subtil de vanille parvient à mes narines. Ce qu’elle sent bon. J’ai surement bougé un peu trop car Lily émerge lentement de son sommeil.
— Bonjour, belle demoiselle aux bois dormants.
Elle me gratifie d’un magnifique sourire.
— Il y a longtemps que tu es là ?
— Non, cinq minutes tout au plus. Mais j’aurais bien aimé te regarder dormir des heures durant.
Je lui offre la rose cueillit à la montagne plus tôt. Elle semble ravie et touchée à la fois par cette délicate attention. Ensuite, je lui explique que je suis allé faire mon jogging quotidien à la montagne derrière le manoir, omettant volontairement mes réflexions faites lors de mon ascension. Elle comprend mon absence lors de son réveil, au matin, et cela ne semble pas l’avoir troublée.
Le soir venue, vers vingt-et-une heure, Julie et moi allons voir Gwen à sa chambre, à la demande de ma cousine qui semble un peu intimidée par mon amie. À notre arrivée, nous toquons à sa porte et elle nous dit d’entrer. Gwen fait son yoga quotidien, installée dans la posture Panca et enchaînant avec la posture Bhujanga, nous dévoilant un décolleté plongeant qui ravit nos sens.
Gwen, surprise de nous voir, nous demande la raison de notre visite. Julie lui fait alors la demande si elle peut la questionner sur un sujet personnel. Gwen sourit et acquiesce. S’ensuit un interrogatoire en règle. Durant l’interrogatoire, Gwen continue son yoga dans les mêmes positions, semblant s’étendre sur le sol à la manière d’une femme se coulant sur une partenaire pour lui faire l’amour, adoptant parfois la position Sat, montrant son fessier bien travailler à nos yeux concupiscents, celle dite Supta Virasana suivi par Matsyasana, dévoilant encore une fois un décolleté à coupe le souffle, ainsi qu’un cameltoe appétissant, nous permettant de lire sur ses lèvres, dû au pantalon de yoga serré de Gwen et son manque de sous-vêtements.
— Alors comme ça les gars ce n’est pas ta tasse de thé hein ?
— Dis-moi pourquoi tu reviens une fois encore là-dessus ? lui déclare Gwen exaspérée.
— Détends-toi, ce n’est pas ce que tu crois. Je ne suis pas homophobe. J’ai déjà couché avec des filles. Alors je ne m’éterniserai pas à parler de la sororité. Mais je suis assez surpris par cette récente révélation. Tu as dit que tu as connu des gars.
— J’en ai connu quelques-uns.
— Mais ils étaient un peu… un peu décevants ?
— Sans compter qu’ils n’étaient pas très doués avec leur langue.
— Mmmm, ah ! Vois-tu, c’est là-dedans que ça se passe, pointant sa tête. Et ces gars-là avec lesquels tu étais, on voit tout de suite qu’ils ne savaient pas… comment cueillir les perles quand ils allaient pêcher les huitres, rigole-t-elle. Moi j’en ai connu des doués, de vrais pros.
— Ah, écoute, c’était seulement une blague.
Me sentant en partie concerné, je décide de donner mon opinion sur le sujet.
— Eh bien, comme on en ait aux confidences, laisse-moi te dire quelque chose. Quand il vient le temps de satisfaire une femme, tes petites copines sont… sont forcément désavantagées par la nature. Elles peuvent essayer tant qu’elles veulent, elles n’ont simplement pas ce qu’il faut. Pendant des millions d’années la nature a génétiquement programmé notre instinct. Elle a orienté l’évolution de l’homme vers ce but : satisfaire. Être chef de meute. Alors les lesbiennes doivent forcément se procurer toutes sortes de choses… des joueurs sexuels, des sortes de bananes à piles ou électriques. Elles essaient de suppléer… à ce qui leur manque. À cette chose unique : le pénis. C’est vrai. La configuration même montre à quel point il est perfectionné. Mouvement aller-retour, illustrant mes propos par des gestes avec mon bras droit. Fermeté et douceur, et il progresse… dans une zone très mystérieuse et inconnue. Il a le sens de l’aventure, un vrai conquistador qui affronte tous les dangers.
— Wow, et après ça tu voudrais que je croie que tu n’as jamais bu de ta vie . Hum ? déclare mon amie.
— Je dis que tu te prives du meilleur, c’est tout ce que je dis.
— Alors, en résumé, ce que tu dis, c’est qu’il n’y a que les hommes qui sont au fait de la pyramide de la bonne baise ?
— Exactement, déclaré-je.
Julie ne semble pas tout à fait de mon avis par contre. Elle reste même un peu en retrait, craignant que la divergence d’opinions m’opposant à ma meilleure amie ne se transforme en dispute, commençant à regretter ses questionnements trop appuyés.
— Hum. Alors les hommes seraient aimants, attentionnés, sensibles et généreux. C’est ça ?
— Tout à fait !
— Hum et bien tu as droit à ton opinion… mais… si on réétudiait la femme pendant quelques minutes, veux-tu ?
— Oui.
— Son apparence physique, son cou, ses épaules, ses hanches, ses jambes, je crois que c’est plutôt réussi. Alors maintenant, parlons de ce fameux pénis en question. Le pénis ressemble à une sorte de limace étrange ou encore une sorte de très très long orteil. Bien sûr c’est pratique, important aussi, mais un vrai chef-d’uvre de conception. Le numéro un sur la liste des destinations érotiques, je ne crois pas. Quelle est la première chose qu’on ait envie d’embrasser, dis-moi ? Ce sont les lèvres. Fermes, délicieuses, ravissantes et séduisantes. Et qui encadrent délicatement la bouche. Cette zone secrète et mystérieuse. C’est ce que chacun veut embrasser. Pas un orteil, ni un escargot : une bouche, dit-elle sensuellement. Et pourquoi les choses sont-elles ainsi ? Parce que la bouche est la jumelle et presque le double exact et identique de quoi ? Pas d’un orteil… La bouche est la sur jumelle… de la vulve. Humm ! fit-elle, ouvrant ses jambes en étant dans la position Supta Virasana, nous montrant sans pudeur les détails de son anatomie au travers de son vêtement. Et toutes les créatures, les petites et les grandes, cherchent cet orifice, cette ouverture, et veulent y entrer … s’y engouffrer afin de se faire amoureusement emprisonner par ce qui est en vérité… le plus puissant et le plus doux des pièges. Alors si c’est la conception des objets et leur forme qui t’intéresse, leur symbolisme et leur puissance … eh bien, oublis les sommets enneigés de l’Everest, oublis les profondeurs de l’océan, la lune, les étoiles, car jamais nul autre endroit n’a été le terrain de plus de passions et de batailles que ce doux et merveilleux mystère… enfouie entre les jambes d’une femme, et que je suis fière d’appeler : ma petite chatte. Disons que c’était ma façon de dire que ce sont les femmes qui ont en fait le corps le plus désirable. Est-ce que tu le crois ?
— Je le crois ! déclaré-je, déglutissant, suivie aussitôt par Julie.
Gwen a toujours eu la main afin de ralier les autres à ses opinions, sans compter qu’elle a toujours eu le chic pour choisir sa tenue vestimentaire, ainsi que sa posture, lorsqu’elle s’adresse à son auditoire.
— Hum !, fît Gwen s’étirant, tout sourire.
Nous lui rendons son sourire, ce qu’elle apprécie. Cette jolie lesbienne inspire et expire de bonheur, toujours dans la position Supta Virasana.
Nous continuons à bavarder ainsi plus d’une heure, Gwen ayant terminé ses exercices de la soirée. Comme il commence à se faire tard, je rejoins ma chambre pour prendre une douche bien appréciée et me brosser les dents. Je commence par l’eau froide, histoire de me calmer, puis j’enchaîne avec l’eau chaude. L’eau coule le long de mon épine dorsale, c’est revigorant comme sensation. Je ne sais pas comment il est possible qu’une simple douche puisse redonner une telle énergie, moi qui étais fatigué il y a moins de cinq minutes.
Ayant terminé mes ablutions, je suis maintenant étendu sur le lit, en boxer, admirant les quelques constellations furtives qui daignent nous gratifier d’un peu de leur lumière. Le temps vient à se couvrir, bloquant par le fait même le dernier rayon lunaire. Je regarde maintenant le plafond de la chambre, m’adonnant à la réflexion. Il faut dire que ma cousine, Julie, m’a donné tout un sujet de réflexion. Ainsi, elle ne semble aucunement offusquée, ni même dégoutée par la relation charnelle que j’ai eue avec mon autre cousine. On pourrait croire qu’elle m’encourage à poursuivre ma connaissance intime de l’anatomie de Lily-Rose. Je m’endors paisiblement, serein, pour l’une des rares fois où cela m’arrive.
Pendant la nuit, un rêve m’assaille. Je me retrouve ici, derrière le manoir, lors de mes cinq ans et j’aperçois une petite fille aux cheveux blonds cachés derrière sa mère. Je me réveille en sursaut. Mais quel était donc ce rêve ? Je ne me souviens pas être venue ici lors de mes cinq ans. Ce doit être Julie qui m’a embrouillé avec sa déclaration. À l’entendre, je suis souvent venu ici pendant mon enfance. Mais pourquoi je ne me rappelle de rien ? N’ayant aucune réponse à ma question, je décide d’aller jusqu’à la cuisine pour boire un verre d’eau, la soif se fait ressentir.
En chemin, j’entends des bruits presque imperceptibles. Ces sons me conduisent à une porte, celle de Lily-Rose. J’en reconnais la teneur. Elle doit se donner un plaisir recherché. La porte est entrouverte, donc, tout naturellement, je succombe à la curiosité de revoir le corps à la plastique parfaite de ma cousine et je jette un oeil par l’entrebâillement. Je m’attendais à voir ma cousine sur le dos, jouant de ses doigts fins sur son mont de vénus mais la scène est tout autre. Lily-Rose est étendue, sur le dos, les jambes écartées au possible, ses mains agrippées aux draps, savourant une jouissance qui semble imminente, alors qu’une femme joue les spéléologues avec la caverne sulfureuse de cette déesse, faisant office de négociatrice tactique avec les lèvres intimes de sa partenaire, leur causant au plus près possible, afin qu’elles comprennent comment danse une langue salsa. Cette autre femme c’est Julie, mon autre cousine.
Jeu de maux ou de mots, il n’en reste pas moins que la belle subit des assauts linguaux répétés de la part de sa partenaire qui, en plus des traitements infernales subits, infernales oui mais si doux et jouissifs de sensations, entame une palpation mammaire savante, jouant de ses doigts fins sur les petites excroissances rose pâle que forment les mamelons de Lily-Rose. Cette dernière action a su précipiter l’extase de la belle, la laissant à l’agonie de la jouissance. L’aînée, sentant des millions de petites décharges électriques traverser son corps pendant l’apogée de son supplice, emprisonne désormais, de ses longues jambes soyeuses, la tête polissonne de sa cadette, savourant l’orage biologique qui l’a précipité dans le gouffre du plaisir.
Voyant un tel spectacle, mon membre ne peut qu’afficher une forme olympique. D’autant plus que j’entends les petits cris sensuels de Lily, ainsi que la vue de l’anatomie intime de Julie, à quatre pattes, le fessier tourné dans ma direction. De belles grandes lèvres, imberbes, au centre desquelles se cachent deux petites lèvres à peine apparentes. Cela me prend toute la volonté du monde pour résister à l’envie de pénétrer dans cette chambre et participer activement à la fête. Cependant, je ne désire pas interrompre ce moment magique entre les deux naïades saphiques.
Une fois la jouissance de Lily passée, elle relâche la pression de ses cuisses, laissant à Julie l’occasion de prendre une grande bouffée d’air bien méritée. Lily-Rose attire sa cousine près d’elle et lui prend amoureusement la bouche d’assaut, goutant par la même occasion son jus intime, celui-là même qui barbouille les lèvres, la bouche et le menton de la belle. Leurs langues dansent un balai bien connu des deux femmes, à croire que ce n’est pas leur première fois. Leur baiser dure plusieurs minutes durant lesquelles elles s’enlacent et se caressent savamment.
Une fois le débordement affectif comblé, l’instigatrice du baiser demande à sa partenaire de prendre sa place pour un inversement des rôles. Cette fois-ci, c’est au tour de la belle brune à recevoir un plaisir attendu non dissimulé.Une fois leur plaisir atteint, je regagne ma chambre, le feu au caleçon. Je me dois de me soulager, sinon je ne serai jamais capable de dormir. Ces actes gomorrhéens ont plus que mit le feu au canon. Je requiers l’aide de la veuve poignet de nouveau. Il est deux heure trente du matin, lorsque je finis par m’endormir. Les remords me visitent à nouveau mais ils disparaissent plus tôt que d’habitude.
Décidément, mon séjour ici est une bonne chose. Quelle autre découverte m’offrira la journée d’aujourd’hui ? Je suis impatient de le découvrir.