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L'étalon aiguille – Chapitre 11

L'étalon aiguille - Chapitre 11



"Dis, quand reviendras-tu"

Je fus réveillé en sursaut par le sentiment que quelqu’un sortait de la pièce.

Me souvenant du dénouement de la soirée de la veille, je ne fus pas surpris de constater que j’étais blotti dans les bras de Tiffanny. Me sentant bouger, elle approcha son visage du mien pour m’embrasser.

— Ce n’est rien, Darling, c’est juste Marie-Thérèse qui venait chercher ses vêtements avant de nous amener le petit déj’.

— Huuuuuum……

Elle se tourna délicatement sur le côté et plaça sa jambe sur mon phallus, puis le caressa lentement avec celle-ci à travers le satin de ma chemise de nuit. Jugeant qu’il avait atteint des proportions satisfaisantes, elle s’allongea complètement sur moi et reprit ses mouvements, mais cette fois, c’est directement son sexe qui contribuait à faire monter mon excitation.

— Je voudrais qu’on refasse l’amour, là, tout de suite, avant qu’elle ne vienne nous servir.

— Mais, Tiff’, il peut arriver d’une seconde à l’autre…

!

— Non, elle en a pour une bonne dizaine de minutes. Come on, Sam, mais fais vite, je n’ai pas envie qu’il nous surprenne. Je veux que cette fois-là soit… notre secret !

Tout en parlant, elle avait retroussé ma chemise de nuit et dégagé ma verge. Elle s’empala elle-même sans plus de préliminaires et commença à bouger en cadence. Je la voyais se mordre les lèvres pour ne pas gémir. Très vite, elle se mit à accélérer le rythme en étouffant ses soupirs sur mon épaule. La serrant dans mes bras, je nous fis rouler l’un sur l’autre. Quand elle fut allongée sur le dos, je me cambrai un peu et me mis à la besogner en plaquant ma main sur sa bouche.

Cette fille me faisait un tel effet que malgré tout ce qui s’était passé pendant la semaine et la soirée précédente, je n’eus pas la moindre difficulté à l’honorer !

Nous nous connaissions "physiquement" tous les deux depuis à peine une semaine, mais nous étions ce matin-là en totale communion. J’avais l’impression de ressentir directement tout ce qu’elle voulait, et elle de son coté, me caressait exactement comme j’en avais envie, sans que nous ayons l’un ou l’autre besoin de parler… J’appuyai juste ma main un peu plus fort sur sa bouche pour étouffer ses râles de plaisir et enfonçai ma tête dans l’oreiller pour jouir en même temps qu’elle sans être entendus.

Je restai ensuite un moment immobile, mon sexe encore planté en elle. Je ne pus retenir un gémissement quand, malgré nos efforts conjoints, il sortit tout seul de son écrin pour cause de dégonflement naturel.

Puis je commençai à faire glisser la bretelle de sa nuisette le long de son épaule. Elle comprit ce que je souhaitais et dégagea doucement son bras. Je découvris son sein et l’embrassai, le mordillai, le tétai comme l’aurait fait un nourrisson affamé. Elle me caressait les cheveux en retenant ses soupirs. Je n’avais pas le moins du monde à me forcer pour lui offrir la tendresse qu’elle semblait rechercher.

Elle attira ma bouche contre la sienne et nous nous embrassâmes longuement, après quoi j’enfouis mon visage dans les cheveux blonds qui couvraient son épaule.

C’est dans cette position que "Marie-Thérèse" nous surprit en entrant dans la chambre. Il portait sa tenue de soubrette (bottines, mini en cuir et chemisier blanc).

Il écarta les pieds repliés sous le grand plateau qu’il portait et le posa sur le lit.

— Bon appétit, mesdemoiselles….

Elle répondit "Merci" d’un ton lointain.

— Et beh ! Tu as la pêche, toi,  ce matin, ça fait plaisir !!!

Elle resta silencieuse. Je relevai la tête et m’appuyai sur mon coude. Une marque d’inquiétude sincère passa dans la voix de Philippe lorsqu’il lui demanda :

— Tiff’ … Qu’est-ce qu’il y a?

— J’ai les boules.

— Ah, ah, alors, là, elle est bonne celle-là ! C’est Sam et moi qui jouons les gonzesses et c’est toi qui a les boules ! La boucle est bouclée, quoi….

— T’es pas drôle.

— Je sais, chérie. J’essayais juste de te faire rire un peu….

— Ben, tu vois, ça ne suffit pas !

— Eh, chérie, c’est un "Au revoir", pas un adieu. On aura bien l’occasion de le revoir… Hein, Sam, on se reverra? Tu reviendras, ou bien c’est nous qui irons "dans tes montagnes" comme tu dis toujours, hein?

— Je veux !!! Vous pouvez passer n’importe quand, la maison sera toujours ouverte pour vous.

— Alors, tu vois, ma puce… Allez, souris ! Regarde ce super petit déj’ que je vous ai préparé… !

J’observai Tiffanny. Ses yeux bleus avaient viré au gris. Philippe s’assit à côté de sa femme sur le lit, et bien que le cur n’y soit pas vraiment, nous prîmes ensemble le petit déjeuner.

Quand je sortis de la salle de bain, Tiffanny s’était habillée et sortait de la chambre en tenant à la main les bottes noires que j’avais porté toute la semaine, ou du moins, tous les matins.

— Peut-être que je suis vraiment une conne, mais je m’en fous… Je voudrais te les donner. Tu veux?

— Tu me le demandes?

— Alors, tiens, elles sont à toi.

— Tiff’, je sais vraiment pas quoi te dire.

— Dis-moi que tu restes, ou mieux, que tu ne rentres que pour demander ta mut’ sur Sophia, dis-moi qu’on va vivre tous les trois ensemble, que ça va continuer……

— Tiff’……

Je la pris dans mes bras et la serrai très fort contre moi en caressant sa nuque. Je lui murmurai à l’oreille :

— Je te jure que pour moi aussi, c’est dur… C’est très, très dur.

— Et ben alors !!!

— Tu sais bien que ce n’est pas possible ! Sans rire, regarde le mal qu’on avait à travailler ces derniers jours. Si je devais bosser avec toi, il me serait impossible de me concentrer. Tiff’, j’ai sans arrêt envie de toi. Et en plus, je suis sûr que je ne tarderais pas à me faire surprendre par les collègues avec tes bottes aux pieds… !

J’essayais de la dérider un peu, mais lorsque je voulus la regarder dans les yeux, elle enfouit encore plus profondément son visage contre mon épaule. J’embrassai ses tempes et ma main reprit ses caresses sur sa chevelure et dans le haut de son dos. Je restai ainsi sans bouger ou presque, jusqu’à ce qu’elle se reprenne.

Nous nous séparâmes doucement, puis elle me suivit ensuite dans la chambre d’amis; elle me regarda ôter le peignoir en éponge que j’avais enfilé en sortant de la douche et m’habiller.

Elle resta silencieuse pendant que je rangeai mes dernières affaires dans mon sac de voyage. Quand il fut bouclé, elle fit un gros effort sur elle-même pour me sourire et me prit la main. Nous descendîmes ainsi à la cuisine où Phil me tendit un petit sac de toile.

 Tiens, j’y ai mis quelques provisions, oh, trois fois rien, mais bon, si ça peut t’éviter d’avoir à te payer la corvée des courses, c’est toujours ça de gagné !

 – Tu es trop gentil, mais c’était pas la peine……

— Je ne voudrais pas que Mademoiselle Samantha garde un mauvais souvenir de Marie-Thérèse !

Il se détourna un instant.

— Tiens, j’ai aussi mis un thermos de café.

— Mais Phil, euh, pardon, Marie-Thérèse, j’ai même pas quatre heures de route !

— Oui, mais ça, c’est parce que tu conduis comme un barje ! Moins de quatre heures, en te payant la route de Castellane et en plus le col de la Croix Haute, il faut quand même envoyer grave, non?

— Disons que j’exploite le moteur et la tenue de route de la voiture !

— C’est bien ce que je dis, tu es dingue ! Bon, alors, tu le prends mon café?

— Mais le thermos?

— Eh bien, tu nous le renvoies par la Poste !

— Ou alors, tu nous la ramènes un de ces week-end….

— OK, je me rends… Mais, bon, La Poste pour des trucs un peu fragiles, ça ne le fait pas. Je vous le ramènerai un de ces jours.… Promis !

Pour la première fois depuis le réveil, un vrai sourire illumina le visage de Tiffanny.

Philippe tint sa femme par les épaules tandis que j’installais mes affaires dans la voiture. Tout en calant les sacs dans le coffre, je repensai à ces deux derniers mois et surtout à cette dernière semaine. Tout s’était précipité brutalement, et voilà, nous en étions là. Je me tenais là, à deux pas d’eux, les bras ballants.

J’avais une grosse boule dans la gorge, Tiffanny ne cherchait même plus à cacher les larmes qui mouillaient doucement ses joues, quant à Philippe, il était manifestement très ému lui aussi.

— Il faut bien qu’on en termine pour aujourd’hui, alors, voilà… Je dois vous dire merci, bien sûr, mais comme dit la chanson, et je vous jure que je le pense, tous les deux, "You mean more to me than words can ever say"….

— Qui c’est qui chante ça?

— Lionel Richie.

C’est Philippe qui fit le premier pas. Il lâcha les épaules de Tiffanny et ouvrit les bras. Nous nous embrassâmes sur les joues et il me serra fort contre lui.

— J’ai été très content de connaître, Sam… Vraiment !

— Moi aussi, Phil. Tu es un mec rare !

— Merde, arrête, Sam, sinon, on va terminer à chialer tous les trois comme des madeleines !

— Et alors? Tu crois que "Ça pleure pas un homme"?

— Tu fais chier à toujours parler par des chansons.

— Je sais. Mais c’est aussi pour ça que tu m’aimes……

— Casse-toi. Je te hais !

Je m’approchai de Tiffanny. Elle avait réussi à ravaler ses larmes. Même sans maquillage et les traits marqués par la peine, je la trouvai infiniment belle.

Sa bouche chercha la mienne et la trouva. Nous échangeâmes un long baiser, comme pour arrêter le temps, refuser ce présent inéluctable.

— Allez, il faut bien que tu y ailles.

— Tiff’……

— Chuuuut ! Vas-y. Et surtout, take care !

— Promis. Eh… Tu sais quoi? Tu me manques déjà… !

— Sam?

— Oui, Phil.

— Tu nous passes un coup de bigo en arrivant, OK?

— Yes.

Je roulai quelques mètres et stoppai. Je me penchai à la fenêtre et ajoutai :

— Aujourd’hui, je ne pense pas faire péter le chrono, alors pas de panique, hein?

— Bonne idée !

— Allez, salut les amoureux.

Je n’avais effectivement ni le cur, ni la concentration nécessaire pour rouler aussi vite que d’habitude.

A nouveau, je revivais le conte de fée qu’avait été pour moi cette rencontre.

Bien sûr, dès que j’avais vu Tiffanny, j’avais ressenti un désir animal.

Bien sûr, au soir de ma première visite chez eux, quand j’avais vu ses bottes, quand j’en avais porté une paire pendant quelques trop courtes heures, j’avais fantasmé sur elle.

Et, objectivement, quand elle avait accepté de me prêter ses fameuses bottes noires, je m’y étais cru.

Mais, tout aussi objectivement, comment aurais-je pu, comment aurions-nous pu tous les trois, deviner à quel point l’affectif allait se glisser dans cette aventure?

Le sujet d’une disserte de philo me revenaient brutalement en mémoire : l’objectif et l’affectif….

Je me surpris à sourire. Dans cette histoire, j’avais connu l’objectif et l’affectif…..

Ouais, c’est ça, l’objectif et la fée Tiff’ ……

(A suivre)

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