Un ermite : voilà comment on pourrait qualifier Olivier aujourdhui. Reclus pour lui, perdu pour dautres, il faisait partie de ceux qui, en ces temps de frénésie, s’étaient détournés du train de vie moderne. Il avait laissé derrière lui tout ce quil possédait pour venir sinstaller sur les hauteurs dune vallée. Invisible den bas et accessible seulement à pied après de longues heures de marche, cétait un tout petit plateau. On y trouvait sa maison ou plutôt sa cabane quil avait construite grâce aux sapins des alentours.
Olivier, 27 ans, tenait enfin son petit coin de paradis. Juste lui, accompagné de ses poules et moutons quil avait réussi à faire monter jusque-là après maints efforts, aidé par son fidèle compagnon Nilo, son berger belge malinois.
Tous les jours, il se levait à laurore pour travailler, afin de ne pas avoir froid lhiver ou pouvoir profiter dun copieux repas en fin de journée. Aujourdhui, il se réveilla, déterminé à bûcheronner. Il attrapa sa hache et se dirigea en direction des bois, suivi de près par Nilo, visiblement curieux de ce quil allait faire.
Olivier était en train délaguer un tronc fraîchement tombé lorsquil remarqua que son chien avait lair de sentir quelque chose. Il sarrêta pour écouter. Il nentendit que le bruit du vent dans les cimes. Il sapprêtait à reprendre son uvre quand soudain…
Il y a quelquun ?!
Cétait la voix dune femme plus bas dans la forêt. Nilo était parti comme une fusée en direction de cette voix. Olivier, lui, essaya tant bien que mal de le suivre. Quand finalement il le rattrapa, il trouva avec lui une femme à demi consciente adossée contre un sapin, le bras gauche dans une position pour le moins incongrue.
Aidez-moi, sil vous plaît… lui demanda la femme, la larme à lil.
Il la souleva délicatement en prenant soin de ne pas abîmer plus quil ne létait déjà son bras, la prit sous lépaule, puis ils remontèrent en direction de sa maison. Il déposa cette jeune femme sur son lit dans lunique pièce de sa cabane.
Il va falloir faire quelque chose pour votre bras ; mais autant vous le dire tout de suite : vous nallez pas aimer.
Il empoigna son bras, et dun mouvement sec le remit dans un sens plus conventionnel.
Elle navait pas crié. Elle desserra les dents, et de sa main valide vint enlever les larmes qui roulaient sur ses joues. Avec deux branches, lermite lui posa un semblant dattelle puis il fouilla dans sa trousse de secours pour lui proposer des antidouleur.
Merci beaucoup ; je ne sais pas ce que jaurais fait sans vous. Comment vous appelez-vous ?
Olivier, Mademoiselle ; et vous ? Que faites-vous par ici ?
Émeline. Jétais venue faire une rando. Je sais que seule ce nest pas très conseillé, mais personne na voulu maccompagner.
Je vois, en effet. Vous avez eu de la chance que lon soit juste à côté ; vous pouvez remercier Nilo quil vous ait trouvée, ahah.
Elle caressa la tête du malinois, visiblement extrêmement heureux dêtre la star et ainsi choyé.
Dailleurs, comment puis-je vous remercier ?
En ne révélant cet endroit à personne, je vous prie : cest mon petit coin de paradis, et jaimerais quil le reste.
Promis. Je me tairai alors, dit-elle en lui faisant lun de ses plus beaux sourires ; sourire illuminé par les derniers rayons quoffrait le soleil pour la journée.
Cela faisait un moment quOlivier navait pas croisé une femme. Perdu dans ses pensées, il navait pas remarqué quil fixait un petit peu trop Émeline qui commençait à se sentir un peu gênée et à avoir le rouge monter aux joues.
Émeline était une randonneuse du dimanche un peu naïve, qui travaillait dans le village en contrebas dans la vallée. Bientôt la trentaine, elle sentretenait physiquement pour plaire aux autres. Avec ses cheveux bruns mi-longs dégradés et des yeux verts perçants et le visage fin, elle avait une beauté naturelle époustouflante.
Cela serait trop dangereux de redescendre maintenant dans la vallée ; la nuit tombe. Vous pouvez garder le lit, je dormirai par terre.
Tout de même, je vais pas vous laisser faire ça ; le lit est assez grand pour nous deux.
Enfin, tout de même…
On ne serait pas un peu pudique ? Dit-elle dans un rire.
Jai totalement confiance en vous : vous êtes forcément quelquun de bien, sinon vous ne mauriez pas aidée.
Bon, jai compris, je dormirai avec vous alors.
Il alluma un feu dans son poêle pour réchauffer la cabane pour cette fraîche nuit dautomne à venir, et commença à cuisiner pour deux.
Olivier se sentait un peu gêné par la tournure quallait prendre cette nuit. Il na jamais vraiment été trop à laise pour séduire. Mais une chose était sûre : il préférait y aller doucement. Tout en préparant son omelette, lesprit en réflexion, il ne pouvait pas voir quÉmeline le scrutait avec un petit sourire.
Ils mangèrent à côté du feu, face à face, sur la petite table en discutant des motivations dOlivier à venir vivre ici, ou de ce quelle faisait dans la vallée. Il apprit quelle était secrétaire et ne put sempêcher de limaginer dans un tailleur. Puis léchange de banalités se poursuivit.
Jai un peu honte, mais est-ce que tu veux bien maider à me déshabiller pour dormir ?
Il resta planté là un instant, incrédule, et arriva à bégayer quelque chose :
Euh… Oui, oui… bien sûr, pas de souci.
Merci, dit-elle en essayant de ne pas croiser son regard.
Il lui enleva son pull avec le plus de précautions possible pour ne pas blesser la belle, puis elle se tourna devant lui, lui présentant son dos.
Si tu pouvais juste dégrafer mon soutien-gorge sous mon tee-shirt et enlever mon pantalon, sil te plaît
Sa main sur ses lombaires remonta faire son travail et vint enlever son soutien-gorge blanc. En le lui enlevant, il sentit sous ses doigts la douce peau de pêche dÉmeline. Celle-ci se retourna alors face à lui, et après un échange de regards et de sourires gênés, il vint enlever sa ceinture et fit tomber son pantalon sur ses chevilles. Ne sachant pas vraiment où se mettre, elle frottait légèrement ses jambes entre elles.
Olivier pouvait désormais voir la petite culotte quelle portait : elle était blanche, avec un petit nud mal dessiné dessus. Il souleva la couette pour quÉmeline puisse venir sallonger sur le dos. Il la borda et commença à son tour à se changer. Émeline le trouvait très attentionné, et ne put sempêcher de lorgner sur lui pendant quil était en train de se mettre en boxer. A son insu, il lui présentait un véritable strip-tease.
Pour elle, son corps semblait superbe avec des muscles saillants dessinés par ses travaux quotidiens, sans pour autant être excessifs. Il avait lair aussi très souple, tel un félin ; elle se demanda alors si ce chat cherchait une chatte. Elle se rendit compte quelle devait être toute rouge ; elle se secoua vite fait la tête pour chasser ces pensées malsaines avant quil vienne se mettre à côté delle.
Bon, voilà. Je te souhaite une bonne nuit alors, avait-il dit avant de venir se mettre juste à côté delle.
Ils étaient désormais tous les deux dans le même lit, à la seule lueur des flammes qui finissaient de consumer la bûche restante. Nilo, roulé en boule au pied du lit de son maître, dormait déjà.
Émeline se rapprocha doucement de son sauveur, jusquà ce que son bras vienne se coller contre lui. Il ne dit rien, ne bouge pas. Elle regarda les flammes danser et finit par sendormir tout en sentant la chaleur de la peau dOlivier contre son bras.