Ch.1 : le vol
Marie a 22 ans, étudiante en langues étrangères, elle est aussi caissière depuis deux ans dans une grande surface de bricolage pour arrondir ses fins de mois et payer son loyer. Le mardi et jeudi soir et tout le samedi elle se rend à vélo dans cette enseigne connue de la banlieue bordelaise.
Depuis deux mois un nouveau chef, Patrick, est arrivé. Un cadre de 42 ans qui a roulé sa bosse dans de nombreux magasins de la région parisienne. Il nest pas vraiment antipathique, plutôt bel homme, sportif, grand et mince, mais Marie et ses deux amies avec lesquelles elle partage les pauses, naiment pas ses regards insistants et ses allusions discrètes mais très orientées, même si au final elles n’ont pas grand chose à lui reprocher. Il est vrai que Marie est une grande brune aux cheveux longs, vraiment très mignonne, d’un profil sportif, avec une jolie poitrine ferme et des fesses que tous les hommes aimeraient caresser : très rebondies.
Marie vit seule dans son studio, elle a du mal à joindre les deux bouts et ne peut jamais soffrir le moindre petit plaisir. Elle a bien pensé de temps en temps à « piquer dans la caisse » ou dans les rayons mais les allusions faites à ses deux amies et collègues len ont toujours dissuadée. En effet cest la porte directe et avec un peu chance une jolie trace sur le casier judiciaire Bref, à oublier.
Pourtant un jour, Marie na pas résisté à la tentation. Depuis plusieurs mois, ayant gagné la confiance de son ancien chef, elle est parfois chargée de vider les bidons sécurisés de certaines caisses dans une pièce dédiée et fermée, avant quils ne partent à la banque. Elle compte, note et reporte la somme dans le logiciel, et préviens des éventuelles erreurs, toujours minimes. Mais ce mardi soir, il y a de largent en trop. Les erreurs de caisse arrivent, elles sont rapidement recomptée et retrouvée, mais là, si elle reporte dans le logiciel la même somme que celle indiquée sur le bidon, rien ne se verra, cest bien cette somme qui ira à la banque ! Elle ne réfléchit pas longtemps et glisse les 50 en trop dans sa poche.
Cest toute tremblante quelle quitte le travail le soir-même. Et encore plus fiévreuse quelle revient le jeudi suivant. Mais rien, tout se passe comme avant et le train-train quotidien poursuit son cours.
Mais la semaine suivante, la même occasion se présente, cette fois cest trente euros en trop. Et deux semaines plus tard encore, 75 cette fois ! Marie a pris confiance et elle hésite de moins en moins.
Mais le mardi suivant cest le début de la descente aux enfers. Une de ses amies lui raconte que la dernière caissière, embauchée il y a un mois vient dêtre virée, elle oubliait de noter la valeur des bons de réduction sur le bidon sécurisé ! Marie ne tient presque plus debout, elle comprend doù venait largent en trop et se dit que son larcin sera vite découvert. Elle part aux toilettes et manque de se trouver mal, elle tremble de tout son corps. Peut-être pourrait-elle rapporter la somme totale et la mettre dans un placard de la pièce sécurisée et expliquer, si elle est démasquée, quelle a simplement mis largent en trop de côté dans ce placard. Oui cest ça, elle pourra faire ça, mais elle doit attendre encore une semaine, elle nest pas de comptage ni ce soir, ni jeudi et le samedi seulement les anciennes ont le droit de le faire.
Les nuits sont longues depuis, surtout que mercredi soir une collègue lui a téléphoné pour lui raconter quils font une enquête au sujet d’un vol, sans préciser le vol, et quils interrogent toutes les personnes qui ont été de comptage depuis deux mois. Ils ont même viré à cette occasion un employé du rayon quincaillerie qui piquait des babioles régulièrement et ils le menacent de poursuites !
Jeudi 16h00, Marie arrive au travail le ventre noué et 155 en poche quelle range dans son casier pour le mardi suivant ; 155 pleurés la veille à son banquier, armée dun décolleté incroyable et dune jupe très courte. Elle est tellement mignonne et sexy à la fois que son banquier na pas pû lui refuser, malgré un découvert important. Elle se change et se prépare à aller en caisse ; dans la salle de pause, elle croise une de ses copines quelle remarque à peine.
« Ca va Marie ? Tu nas pas lair bien ? »
« Jai été malade toute la nuit, mais ça va. »
Les heures de travail se passent lentement, mais à la fin de son service, il est 20h00, elle se sent un peu rassurée. Elle se dirige vers le vestiaire et croise alors son chef et surtout son regard inquisiteur qui la replonge dans toute la réalité de ses actes.
Marie gamberge, seule dans le vestiaire, elle se déshabille lentement : chemise, chaussures, pantalon ; elle ouvre son placard, range sa tenue de travail pantalon noir et chemise et commence à enfiler son jean quand la porte du vestiaire souvre violemment. Son chef, qui baisse les yeux au sol, après avoir pris soin dapprécier rapidement ce corps juvénile en soutien-gorge bleu et string assorti, crie « Marie ! Dans mon bureau immédiatement, avant de partir ! Et en tenue de travail ! » et referme la porte. Marie la à peine vu, elle a sursauté, une jambe dans son jean, elle a failli tomber quand il est entré. Elle enlève à nouveau son jean, ressort sa tenue de travail et recommence à shabiller comme un robot. Elle remet quand même les 155 euros dans sa poche, sort et se dirige vers le bureau du chef. Elle a limpression que les deux collègues quelle croise la regarde avec un air accusateur, et pourtant elle ne voit rien, tout lui semble flou. Elle ne les entend même pas lui souhaiter une bonne soirée. Elle frappe à la porte sans réfléchir, elle ne sait même pas ce quelle va dire.
« Entrez ! Fermez la porte ! »
Patrick est là, assis à son bureau, il tape sur son clavier comme si elle nétait pas là. Il attrape son téléphone :
« Linda, je suis en entretien, quand le magasin sera fermé, appelez la sécurité pour les prévenir que je suis là, je les appellerai en partant et ne mettez pas lalarme. Merci et bonne soirée. A demain. »
Patrick se remet à taper sur son clavier. Au bout de dix minutes, des heures pour Marie qui a limpression de tanguer sur ses jambes, il lève la tête :
« Vous navez rien à me dire ? »
Le ton est sec, le regard fixe dans les yeux. Marie ne sattendait pas à pire. Elle cogite, elle va tout lui dire, et si cétait du bluff. Cest comme ça quils ont dû apprendre pour Jean de la quincaillerie.
« Oui ? Non ? »
Le ton est de plus en plus sec. Marie décide de tout avouer, elle sort les 155 euros de sa poche.
« Ils étaient dans mon casier, je voulais vous en parler avant mais jai oublié. »
Elle arrive à peine à articuler, à parler et réfléchir en même temps.
« Cest quoi ça ? »
« Les erreurs que jai vu dans la salle de comptage. »
« Quelles erreurs ? »
« Dans les bidons sécurisés. »
Marie a un petit espoir, finalement son explication nest pas si mal.
« Vous êtes en train de mexpliquer que vous avez volé de largent dans la salle de comptage si je comprends bien ? »
« Oui, non, non pas volé, mis de côté pour le rapporter après. »
Marie retombe dun cran. Elle est à la limite de craquer. On frappe à la porte du bureau, Marie sursaute :
« Entrez ! »
Linda entrouvre la porte : « Tout le monde est parti Patrick, jai appelé la société de sécurité, ils attendent votre coup de fil, ils passeront quand même à 22h00 si vous nappelez pas et que lalarme nest pas enclenchée. Je méchappe. A demain. »
« Merci Linda. Fermez à clé en sortant, je serai plus tranquille, jai la mienne. A demain »
Linda ferme la porte et sen va. Marie na pas quitté les yeux du sol, cest à peine si elle a entendu les paroles de Linda. Un long silence suit. On entend au loin Linda fermer à clé la porte de service métallique et puis plus rien. Marie na pas lhabitude dun tel silence dans cet endroit toujours si bruyant. Elle se sent dautant plus mal à laise, totalement coupée du monde, seule face à son juge.
« Bon, je vais vous expliquer ce qui sest passé Marie. Vous avez été informée du licenciement de Julie pour faute grave en rapport avec les bons de réduction. Vous tentez à présent de masquer votre vol ! Les images que vous voyez datent dun mois ! »
Le chef tourne son écran et on voit Marie compter les billets et en glisser un dans sa poche. On voit clairement son hésitation, elle pense que ce doit être lors de son premier vol.
« Jai placé ces caméras à mon arrivée dans la salle de comptage, jai un peu dexpérience, vous nêtes pas la première à faire le coup ! Enfin dans ce magasin, cest la première fois ! Je crois que vous me prenez pour un imbécile ! Premièrement, vous savez quil est strictement interdit de sortir de largent de la pièce ! Ensuite vous avez un bouton spécial que vous connaissez très bien en cas derreur de comptage ! Un mois pour les rendre, je pense que vous me prenez pour un idiot ! Par trois fois vous avez glissé un billet dans votre poche ! Et pour finir, votre attitude devant moi est tellement pitoyable quon peut voir le mot « voleuse » écrit sur votre front !! »
Marie a les larmes qui coulent à présent, elle a simplement peur de ce qui va lui arriver.
« Je suis désolée, javais besoin dargent. Je ne recommencerai pas. »
« On a tous besoin dargent, ce nest pas pour cela quon doit être malhonnête et se rendre coupable dactes punis sévèrement par la loi. C’est tout le magasin et vos collègues, que vous avez volés ! Votre avenir est plutôt sombre jeune fille. »
Marie ne tient plus, elle simagine déjà en prison, elle attend en tremblant et pleurant.
« Il est un peu tard pour pleurer Marie. Voilà ce qui va se passer : vous allez être licenciée sur le champ, et nous allons engager des poursuites judiciaires qui vont rapidement commencer par une garde à vue et des suites peu enviables. Il fallait y penser avant ! »
« Sil vous plait, on peut sarranger autrement ? Je vous ai remboursé, je peux encore vous dédommager. »
Marie ne sait plus quoi faire, elle serait prête à se mettre à genoux et à le supplier.
« Je croyais que vous naviez pas dargent ? »
« Je pourrai en trouver »
« Ah oui et comment ? »
Le ton avait changé, il nétait plus aussi sec, toujours ironique mais moins agressif.
« Je, je, je ne sais pas, je travaillerai ailleurs et vous rembourserai. »
« Vous me prenez vraiment pour un con ! »
« Non, non, je, je »
« Vous quoi ? Arrêtez de me prendre pour un idiot ! »
Un silence sinstalle, Patrick recommence à taper sur son clavier. Au bout de quelques minutes, le silence est brisé en même temps que les jambes de Marie :
« Déshabille-toi ! »
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la suite si ça vous plait …