Bastien sentit son cur bondir dans sa poitrine lorsqu’il vit le château dans lequel il allait passer une nouvelle année. Cela pouvait paraître étrange, un étudiant heureux de retrouver les cours, mais c’était dans ce château qu’il avait rencontré Alice pour la première fois. C’était dans ce château qu’il lui avait déclaré sa flamme, flamme loin d’avoir envie de s’éteindre. C’était dans ce château qu’il s’était senti comme chez lui, libre de vivre pleinement sa vie. Beaucoup de choses s’étaient produites durant l’année : la dispute avec sa sur, Mylène, qu’il espérait revoir très prochainement en compagnie de son petit-ami, Romaric ; Fabian et ses menaces, physiques comme verbales, envers sa sur et Alice ; le viol de sa petit-amie. Pourtant, tous ces souvenirs, ils les conservait précieusement dans sa mémoire. Cela lui rappelait que, même si la vie peut prendre des tournants parfois violents, il ne faut pas oublier qu’elle permet également de découvrir des sentiers calmes. Toutes ces pensées se bousculaient dans sa tête tandis que, son bras accroché à celui d’Alice, le couple entama sa marche jusqu’à l’entrée du château. Ils marchèrent pendant un kilomètre environ, traînant leurs valises à roulettes derrière eux, à travers un chemin caillouteux visiblement entretenu jusqu’à se trouver devant une grande arche de pierre. Un grand portail gris, fermé, leur barrait le passage.
-Vous étudiez ici ? les interpella une voix provenant de leur droite.
Surpris, le couple se tourna dans la direction par laquelle ladite voix était parvenue à leurs oreilles. Une voix légèrement grave contrastant totalement avec le silence de la nature doublé du chant des oiseaux. Bastien et Alice, qui ne s’étaient pas séparés depuis le début de leur marche, purent alors apercevoir un homme plutôt grand. Ses cheveux, bruns et ébouriffés, lui donnaient un air sauvage qu’une barbe d’une semaine confirmait. Il portait un survêtement de sport noir, dont le tissu était légèrement taché par de la terre au niveau des jambes. Sa main droite se balançait dans le vide tandis que la gauche s’amusait à faire tourner un trousseau de clés métalliques autour de son index.
-C’est ça, répondirent en chur les deux amoureux.
L’homme, que Bastien et Alice supposèrent être le gardien de l’école, se rendit alors dans une petite cabane en bois, située à quelques mètres de la barrière bloquant l’accès au château, et leur fit signe de le suivre. Les deux étudiants s’exécutèrent et le rejoignirent bientôt. Ils entrèrent dans la cabane dans laquelle une odeur d’humidité agressait les narines : il avait vraisemblablement plu dans les jours qui précédaient. Hormis quelques outils tels que des râteaux et des pelles, il n’y avait pas grand chose dans la cabane. Quelques sacs remplis de graines étaient déposés à même le sol, dans un coin de la petite pièce en bois.
-C’est quoi, vos noms ? demanda-t-il en sortant un stylo de la poche de son pantalon de survêtement.
-Alice Grossun et Bastien Gépadidé, répondit aussi le jeune homme.
Le gardien de l’école se dirigea alors vers la porte qu’il ferma derrière lui. Si Bastien se demandait ce qu’il comptait faire, il comprit lorsqu’il remarqua que plusieurs feuilles de papier étaient scotchées au bois de la porte.
-Alice Gossun, murmura le grand homme barbu en cochant une petite case sur une liste, et Bastien Gépadidé. C’est OK pour moi, leur dit-il alors en leur faisant un léger sourire, je vais vous ouvrir.
Le gardien de l’école ne se fit pas attendre et, après avoir rouvert la porte de la cabane, en sortit. Les deux étudiants le suivirent en le regardant jouer avec ses clés. Lorsqu’il atteignit le portail fermé, il inséra la plus imposante des clés du trousseau dans la serrure à moitié rouillée qui lui faisait face et tourna dans le sens trigonométrique. Un léger cliquetis métallique se fit entendre tandis que le pêne se rétracta pour permettre au gardien d’ouvrir les grilles sans aucune difficulté.
-J’espère que vous passerez une bonne année, leur dit-il en inclinant son bras libre de manière à les saluer.
Bastien et Alice le remercièrent puis, main dans la main, se dirigèrent vers leur école, le bruit de roulettes de leurs valises résonnant faiblement dans les airs.
Cela faisait un certain temps qu’ils n’avaient pas déambulé dans les couloirs du château. Tout, des tableaux accrochés aux murs de pierre aux dalles claires et foncées du sol, leur avait manqué. Ils poursuivirent leur route jusqu’à rencontrer, au beau milieu d’un couleur, madame Gustave. Bastien se fit la remarque que le gardien devait l’avoir prévenue que quelqu’un arrivait : il la voyait mal attendre à ne rien faire pendant toute une après-midi.
-Bon retour à l’école, les accueillit-elle chaleureusement. Vous avez passé de bonnes vacances ?
-Merveilleuses, répondit Alice en souriant.
Madame Gustave, la sous-directrice de l’école, était une femme plutôt vieille dont les cheveux, devenant grisâtres, témoignaient de son âge se rapprochant dangereusement de celui de la retraite. Avec sa longue robe vert foncé et ses chaussures à faibles talons, il se souvint que, l’année passée, en la rencontrant pour la première fois, il avait pensé qu’elle serait une véritable peau-de-vache, mais il avait pu constater qu’il n’en était rien. Si la vieille femme pouvait être froide quand elle le voulait, elle savait également se montrer plus qu’agréable.
-Tant mieux, sourit-elle.
Elle se frotta les mains, faisant entrer en contact deux de ses bagues en argent.
-Vous vous en doutez sûrement, mais je vais vous demander de vous déshabiller. Règles de l’école obligent, vous ne pouvez pas aller plus loin sans être totalement nus.
-Je n’attendais plus que ça, plaisanta Bastien en commençant à ôter son tee-shirt blanc.
Madame Gustave lui adressa un sourire tandis que les deux étudiants ôtèrent la moindre pièce de tissu recouvrant leur peau. Bastien ne put alors s’empêcher de poser les yeux sur la poitrine d’Alice. Il la voyait fréquemment, mais malgré cela, il restait un homme curieux. Il vit le regard amusé d’Alice lorsqu’elle le prit en flagrant délit, regard qu’il feinta de ne pas avoir vu en détournant les yeux et en sifflotant d’un air faussement innocent. Les deux jeunes gens posèrent leurs affaires sur leurs valises et s’apprêtèrent à les tracter quand madame Gustave les en empêcha.
-Ne vous embêtez pas avec ça, nous allons monter vos affaires dans vos chambres, leur dit-elle.
-Vous êtes sûre ? Ça ne nous dérange vraiment pas de le faire nous-même.
-Désolée, mais je ne peux pas vous le permettre. Les règles de l’école précisent que vous ne devez pas entrer dans vos chambres avant tout le monde.
Convaincu, Bastien lâcha sa valise, et Alice l’imita.
-Allez retrouver les autres dans la salle à manger, leur sourit une dernière fois madame Gustave. Je suis certaine que vous aurez beaucoup à vous dire.
Les deux étudiants, n’ayant pas besoin d’être guidés afin de se retrouver dans cette école qu’ils connaissaient plus que bien, reprirent alors leur marche. Ils avaient perdu l’habitude de ne plus être nus, alors les courants d’air venant caresser leur peau leur donnèrent quelques frissons loin d’être désagréables. Au fur et à mesure de leur marche, ils entendirent un bruit de discussion augmenter en intensité jusqu’à devenir réellement bruyant. Il ne leur restait plus qu’une petite dizaine de pas avant de se retrouver devant la porte, fermée afin de surprendre jusqu’au bout les premières années qui intégraient l’école, de la salle à manger.
-Prête à retrouver tout le monde ? demanda Bastien à sa petite amie.
-On ne peut plus prête, répondit-elle en serrant la main de son homme.
Ils ouvrirent ensemble la grande porte de la salle à manger avant de la refermer derrière eux.
La salle à manger, grande salle rectangulaire composée de sept rangées de tables une pour chaque promotion toutes dressées afin de festoyer, était pleine d’étudiants nus. Le brouhaha des discussions emplissait la totalité de l’espace sonore de la pièce, si bien qu’il était difficile pour les deux amoureux de communiquer sans avoir à hausser le volume de leurs voix. Les murs de pierre, contre lesquelles des banderoles « Heureuse Rentrée » étaient accrochées aux murs pour l’événement, semblaient avoir été nettoyés depuis peu. Le couple s’approcha des rangées de table et rejoignirent celles au dessus de laquelle une banderole « Seconde Année » flottait, des ficelles, attachées au plafond, la maintenant dans cette position. Leur attention fut portée sur d’amples mouvements de bras. Bastien et Alice regardèrent alors dans la direction des mouvements semi-circulaires et en reconnurent aussitôt l’auteur. C’était une jeune femme aux longs cheveux bruns. Ses seins se balançaient tandis que ses bras allaient et venait au dessus de sa tête.
-Mylène ! l’enlaça Bastien tandis qu’il rejoignit sa sur.
La jeune femme le serra dans ses bras également, appréciant le contact d’un corps familier autre que celui de Romaric, le jeune homme aux cheveux châtains et courts assis à côté d’elle. Son partenaire et petit-ami, par la même occasion.
-Alice ! Ça me fait plaisir de te revoir ! s’enthousiasma la jeune femme tandis qu’elle enlaça la jeune blonde.
La petite-amie de Bastien lui rendit son étreinte sans que le choc entre leurs deux poitrines la gênât réellement.
-J’ai plein de trucs à te raconter ! s’extasiait-elle en se séparant d’elle. Je sens qu’on ne va rien suivre des cours pendant au moins un an.
Bastien rit en entendant sa sur parler ainsi.
-Yo, Bastien !
Le concerné se retourna et vit que Romaric s’était levé. Ce dernier lui tendait une main qu’il serra sans hésitation. Une poignée ferme et franche.
-Ma sur t’a pas trop fait chier, j’espère ? demanda-t-il en souriant.
-Elle n’a fait que ça, rit le jeune homme aux cheveux châtains.
Se joignirent alors à eux Stéphane et Véronica. Les deux partenaires, qu’ils avaient rencontrés l’année précédente, étaient les seuls avec lesquels Bastien et Alice avaient réellement conversé. Ils avaient d’ailleurs fait bien plus que converser, se fit remarquer Bastien en repensant à la soirée durant laquelle ils avaient joué les échangistes. La jeune femme rousse et le jeune homme brun se mêlèrent alors à la discussion pendant ce qui sembla durer une éternité avant que monsieur Auburn, portant une veste marron, recouvrant un pull-over blanc, et un pantalon en feutre noir, n’attira l’attention en toussotant. Sa longue barbe blanche pendait dans le vide tandis qu’il se tenait sur une petite estrade, au devant de la salle, un micro devant les lèvres. Comme l’année précédente, les étudiants eurent droit au discours de bienvenue, suivi de suite par l’explication du fonctionnement de l’école aux premières années. Bastien et ses amis, les yeux rivés sur monsieur Auburn, l’écoutèrent non pas avec attention, mais avec mélancolie : entendre à nouveau ces mots fit remonter dans leurs mémoires les souvenirs de leur premier jour, assis dans cette même salle. Bientôt, le proviseur termina son discours, ce fut alors au tour des petites épreuves à passer. Tous les étudiants de première année, deux par deux, furent appelés afin de tirer un petit bout de papier dans une urne leur étant tendue par madame Gustave. Comme à son habitude, elle affichait un visage dénué de la moindre expression. Chaque couple dut alors effectuer la tâche notée sur le fragment de papier qu’il avait tiré. Pour certains, ce fut une fellation, pour d’autres, un coït. Bastien et Alice les regardèrent avec amusement : la plupart était réellement mal à l’aise. Lorsque vint le tour de la sodomie, tirée par un couple de métis, les deux amoureux ne purent s’empêcher de repenser à l’épreuve qu’ils avaient dû passer. Certes, originellement, Bastien et Alice ne formaient pas de binôme ; la jeune femme se trouvait avec un partenaire effroyablement pervers qui n’avait pas hésité à la blesser pour son simple plaisir sexuel. C’était à ce moment que Bastien fut intervenu pour sauver la jeune femme et effectuer la pénétration anale qui les avait liés à jamais.
Les petites épreuves s’achevèrent sans qu’aucun couple n’échouât. Lorsque chacun des petits nouveaux eut gagné une place à la longue table dédiée à leur promotion, monsieur Auburn reprit la parole.
-Chers étudiants, dit-il en s’éclaircissant la voix, je me dois de vous avouer que ce premier repas dans notre école sera spécial.
Effectivement, ce premier repas était spécial. Les étudiants des années supérieures le savaient très bien : les premières années allaient tous avoir à se servir du corps de leurs partenaires. Le proviseur leur exposa ainsi les règles qu’ils comprirent rapidement. Bientôt, il sombra dans le silence. Il fit alors signe à l’ensemble de l’école que le repas pouvait commencer. Alice et Bastien se tournèrent alors vers la table et y aperçurent plusieurs cloches en fer, brillant à la perfection, qui avaient été apportées par les cuisiniers pendant le discours du proviseur. Ils en soulevèrent plusieurs et découvrirent les mets qu’ils allaient pouvoir déguster. Alice ne perdit pas de temps et se jeta sur le plat de pommes de terre aillées. Elle récupéra également un morceau de rôti de veau baignant dans une sauce semblant excellente. Bastien, quant à lui, préféra se rabattre sur un pot-au-feu. Ils mangèrent lentement afin de pouvoir profiter de la vision des petits nouveaux en pleine dégustation. Alice et Bastien furent arrivés au dessert lorsqu’Alice proposa à son petit ami de finir leur repas en jouant au même jeu que celui des premières années. Elle regardait son petit-ami avec luxure, une mousse au chocolat dans les mains.
-Je suppose que tu te rappelles de l’année dernière, lui dit-elle en rougissant légèrement.
-Comment aurais-je pu l’oublier ? répondit Bastien, dont l’érection faisait pointer son membre vers le ciel.
Le jeune homme se leva, et Alice positionna la mousse au chocolat devant son phallus dressé. Elle se servit alors de l’organe de son petit-ami à la place d’une cuillère et se délecta du dessert qui lui avait manqué, se devait-elle d’admettre. Moult coups de langues nettoyaient les traces de mousse au chocolat sur l’épiderme sensible de Bastien qui peinait à ne pas pousser de petits cris d’extase. Les autres étudiants de seconde année les regardaient et, bientôt, les imitèrent. Ce fut alors une véritable orgie culinaire qui fut entamée dans la salle à manger, sous les yeux amusés de monsieur Auburn et de madame Gustave. Alice venait de finir sa mousse au chocolat lorsque, en passant une ultime fois sa langue sur l’extrémité du sexe du jeune homme, elle sentit un liquide agréablement chaud se répandre dans sa bouche. Elle avala le mélange de chocolat au lait qu’elle dégustait plus que de raison avant de laisser Bastien se rasseoir.
-C’est mon tour, maintenant, lui dit-il en louchant sur un saladier contenant divers fruits taillés en cube.
Il se leva et demanda à se petite-amie de s’allonger sur les deux chaises. Bastien, impatient de savourer son dessert, attrapa une bombe de crème chantilly et, après l’avoir secouée, en administra sur les seins, l’abdomen et l’entrejambe d’Alice. Il reposa alors la crème chantilly avant de se servir en fruits dans le saladier qu’il l’avait attiré. Il se servit alors en fragments de pommes, poires, ananas, pêches, abricots, oranges et kiwis et les déposa dans son assiette. Il déposa alors chacun des morceaux sur le corps d’Alice, chaque fois sur un petit tas de crème chantilly.
-Une salade de fruits humaine, se réjouit Bastien en se frottant les mains.
Alice sourit. Elle ferma les yeux, prête à sentir son petit-ami se restaurer à l’aide de son corps de femme. Lorsque la langue du jeune homme entama la récolte, elle commença à gémir faiblement, puis l’intensité augmenta légèrement. Les fruits présents sur son abdomen ne firent rien de plus que chatouiller la jeune femme, au contraire de ceux présents sur ses seins et ses parties intimes. En effet, lorsque Bastien savoura les ultimes morceaux de son dessert, la jeune femme sentit une décharge électrique l’envahir tandis que le dernier morceau de banane recouvrant un petit tas de chantilly disparut de son vagin. La jeune femme ne put contenir un orgasme ; elle se cambra sur sa chaise et poussa un petit cri aigu.
Peu de temps s’écoula, et tout un chacun avait achevé son repas. Monsieur Auburn se leva alors et, pour la dernière fois de la soirée, prit la parole.
-Chers étudiants, j’espère que vous avez apprécié votre premier repas en notre compagnie.
Il adressa un clin d’il à Bastien et à Alice. Après tout, les étudiants n’étant pas en première année n’étaient pas censés se restaurer ainsi, mais cela avait rendu la soirée plus intéressante.
-Sur ce, je vais vous laisser gagner vos chambres. Madame Gustave ici présente, ajouta-t-il en tendant le bras en direction de la vieille femme qui s’était levée à l’annonce de son nom, guidera les premières années jusque dans leur chambre. Pour les autres, je vous souhaite de passer d’agréables moments durant cette année qui, j’en suis certain, sera pleine d’événements savoureux.