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Et la tendresse bordel… – Chapitre 1

Et la tendresse bordel... - Chapitre 1



Dire qu’elle n’aime que le sexe et la littérature, cela serait réducteur ! Car il y a en effet de nombreuses choses qui la passionnent dans la vie. Mais pour ce qui nous intéresse ici, nous nous bornerons au sexe et à la littérature.

Depuis ses plus tendres années elle a toujours beaucoup aimé lire, toutes sortes de livre, du moment qu’il soit bien écrit et que l’histoire soit consistante, bien bâtie. Bien sûr, elle a lu les grands classiques, Hugo, Balzac, Dumas qui avec Les 3 Mousquetaires doit être celui qui lui a donné le premier le goût de la lecture, et plus près de nous elle a dévoré Mauriac, Bazin ou Malraux, mais aussi Françoise Sagan, rêvant longtemps sur Bonjour Tristesse. Plus près de nous encore, elle apprécie beaucoup Philippe Djian.

De la lecture elle est rapidement passée à l’écriture, en commençant par de petits poèmes qu’elle envoyait, en classe, à ses premiers flirts. Et puis elle en est arrivée à écrire de petites histoires, sur des sujets très divers. Jusqu’au jour où elle a découvert Histoire d’O, qui fut pour elle une révélation, même si elle éluda le côté sado-masochiste pour n’en retenir que la quête de l’absolu et le don de soi.

C’est de là que datent son style, les phrases concises qui caractérisent ses récits. Ajoutons à cela que c’était la grande époque du photographe David Hamilton, la sortie sur les écrans du film Bilitis… et l’année de ses 16 ans.

Voilà quelles étaient ses références, voilà tout ce qui l’éveilla à la sexualité et façonna celle-ci. Elle attendit cependant encore de nombreux mois avant d’avoir ses premiers rapports. Avec des hommes plus âgés qu’elle, car elle avait senti très tôt tout ce que le plaisir charnel pouvait lui apporter, et compris combien il était important dans la vie et l’épanouissement d’un couple. Elle souhaitait apprendre à aimer -à faire l’Amour- sur de solides bases, recherchant l’expérience et non pas les balbutiements d’un garçon de son âge.

Son premier amant fut un excellent maître, alliant tendresse et expérience et elle connut rapidement les grandes joies d’un bel orgasme réussi. Alors oui, depuis cette époque elle aimait l’amour, elle aimait le sexe, elle aimait jouir, énormément. Elle aimait sentir ces mains, ces lèvres qui sans cesse parcouraient son corps, la caressaient, savaient à merveille enflammer ses zones érogènes. Elle aimait ces verges raides et dressées qui prenaient possession de son corps, qui savaient la combler aussi bien en prenant le chemin de son vagin, que celui de son anus ou bien encore la voie buccale. Oui, elle aimait l’amour, sous toutes ses formes, elle aimait être prise.

À l’occasion, elle ne détestait pas non plus de faire l’amour avec une femme, appréciant grandement la douceur de celles-ci.

Sans doute parce qu’en s’intéressant à Bilitis elle avait également pris du plaisir à lire les poèmes lesbiens de Pierre Louys.

Mais si elle aimait prendre du plaisir, elle aimait aussi beaucoup en donner, et elle avait vite acquis une expérience qui faisait d’elle une femme recherchée pour sa sensualité. Il est vrai qu’en plus la nature avait été assez généreuse avec elle, et que les mannequins ne lui enviaient… que quelques kilos de plus. De plus, et pas de superflu. Oui, elle aimait laisser trainer ses mains et ses lèvres, sa langue, sur un corps masculin, elle aimait ces verges dures comme du bois qu’elle sentait vibrer dans sa main sous ses baisers, elle aimait ces sexes que sa bouche caressait, elle aimait à recevoir au fond de sa gorge le plaisir d’un homme. Un plaisir qu’elle aimait aussi avaler. Tout comme elle aimait aussi beaucoup avoir en bouche les petites framboises d’une paire de seins. Et elle ne reculait jamais devant l’humidité d’une belle chatte débordante de cyprine ou l’érection féminine d’un clitoris bien dressé.

En plus d’être d’une beauté légèrement supérieure à la normale, elle avait aussi beaucoup de goût pour choisir ses tenues, sachant tout de suite en rentrant dans un magasin, par instinct, ce qui saurait le mieux mettre son corps en valeur. Mais sans débordement, sans provocation, ayant tout simplement ce que l’on peut appeler « de la classe » ! Et si elle savait qu’elle était bien faite -et s’en servait parfois- cela était toujours fait sans arrière-pensée, sans forfanterie. Simplement un réel plaisir d’être bien dans sa peau.

Bref, une femme libérée… ce qui ne veut surtout pas dire une femme facile, une femme légère. Elle aimait l’amour, certes, elle aimait être prise, mais pas par n’importe qui, pas à n’importe quel prix. Elle choisissait elle-même ses amants ou ses amantes, étant assez pointilleuse et ayant des critères de sélection bien définis. Ce qui ne veut pas dire qu’elle baisait comme Marie-Chantal, avec le petit doigt en l’air et avec des cris de dinde effarouchée…

Mais revenons à son attrait pour la littérature.

Elle avait quelque peu laissé tomber la poésie, pour écrire des nouvelles, ne voulant pas se lancer dans la rédaction d’un long roman. Et comme sa vie, assez mouvementée, était pour elle une grande source d’inspiration, ses nouvelles étaient le plus souvent de belles histoires érotiques. Des histoires érotiques empreintes de beaucoup de poésie, de beaucoup de tendresse et de sentiments. Mais elle écrivait avant tout pour elle, sachant parfaitement bien que, si elle écrivait vite, beaucoup, et que les idées ne lui manquaient jamais, elle n’avait pas assez de talent pour être publiée.

Cependant, désirant quand même savoir ce que l’on pouvait penser de ce qu’elle écrivait, elle cherchait à faire connaître ses écrits. Ce fut d’abord auprès de sa famille, auprès de ses amis. Mais au bout de quelque temps elle éprouva le besoin d’agrandir son auditoire.

Et Internet lui offrit tout cela, par l’intermédiaire d’un site d’histoires érotiques.

Un site qui lui permettait donc de mettre ses histoires en ligne, et de savoir ce que certains de ses lecteurs en pensaient. Malheureusement, sur ce plan, il faut bien reconnaître que les échanges étaient loin d’être à la hauteur de ses attentes. Mais, écrivant avant tout pour se faire plaisir elle ne s’arrêta pas à cela et continua de publier ses histoires.

Si la majorité des échanges avec ses lecteurs ne correspondaient pas à ce qu’elle espérait, ils lui firent par contre découvrir quelque chose qu’elle soupçonnait, et qui lui donna d’ailleurs des idées pour une future histoire… Car, bien souvent, certains lecteurs associaient le personnage principal de l’histoire à son auteur. Alors, lire les aventures d’une femme libérée, d’une femme qui aimait faire l’amour… certains s’en donnaient à cur joie pour lui envoyer des messages… très subjectifs !

Aussi sa messagerie débordait-elle de messages, tous plus vulgaires les uns que les autres. Enfin, ceux qu’elle arrivait à déchiffrer, car pour certains elle se demandait vraiment ce que leur auteur avait voulu dire… Quant aux termes employés… elle n’avait pourtant pas la langue dans sa poche, avait toujours appelé un chat un chat, et dans le domaine des grossièretés le vocabulaire qu’elle connaissait était beaucoup plus riche que celui qu’elle avait l’habitude d’employer dans ses écrits.

Mais là, cela dépassait bien souvent l’entendement.

Pour résumer, c’était du genre « Tu suces et tu baises comme une grosse salope, tu n’es qu’une pute… » Et encore là, pour les besoins de la cause, cette phrase est elle écrite dans un Français correcte… parce que s’il fallait parler des fautes d’orthographe…

Oui… chacun avait l’impression « qu’il pouvait se la faire », qu’il n’avait qu’à lever le petit doigt pour qu’elle tombe dans sa couche et qu’il puisse lui faire subir les pires des outrages. Bref, aucun respect pour la gent féminine, chez qui on ne regarde que les nibards et le cul, ainsi que la bouche pour savoir comment elle peut sucer… Bref, tout ce qui était à l’ opposé de ce qu’elle attendait, elle pour qui l’érotisme était tout… sauf une porte ouverte à la vulgarité.

Mais cependant, par politesse, elle répondait à tous les messages. Enfin, au moins une fois… après, si l’on n’avait pas compris, elle ne remettait pas deux fois les points sur les " i ". Mais à force, même si son désir d’écrire était resté intact, lassée par toutes ces insultes, elle fit une croix sur le site, n’écrivant plus que pour elle seule.

Eh oui messieurs ! Une femme libérée, une femme qui aime faire l’Amour, qui aime sucer, qui, disons-le, aime à être baisée n’est pas forcément une femme facile, une salope ou une pute -tiens, en passant… il y a un masculin pour le mot « pute » ?

Elle peut aimer faire l’Amour pour le plaisir que cela lui procure, parce que ce plaisir est la grande quête de sa vie, et qu’elle juge ce plaisir nécessaire à l’épanouissement d’un couple. Mais elle aime aussi le plaisir qu’elle donne à son amant, elle aime sucer parce qu’elle sait le plaisir que cette caresse procure à ceux à qui elle la prodigue. Elle aime jouir parce que justement elle sait faire jouir son partenaire.

Elle aime l’Amour parce que pour elle l’Amour c’est la vie… et qu’elle aime la vie, tout simplement.

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