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Ludivine & Annabelle, notre première fois – Chapitre 2

Ludivine & Annabelle, notre première fois - Chapitre 2



Elle sest rhabillée à vitesse grand V.

Dabord la culotte avec ses doigts mouillés puis le pantalon, deux ou trois boutons. Elle a arrangé son incroyable débardeur violet moulant sur son joli ventre et sest assise au bord du lit. Les draps défaits. Elle a passé les doigts dans ses cheveux près de ses tempes humides. Comme si elle venait juste de terminer la résolution dune improbable équation et que le calcul lui avait donné chaud. Juste un zeste de mathématique matinale. Elle ma regardée ensuite avec les yeux un peu embués. Deux diamants dun bleu éclatant. Ses lèvres bien remplies se sont décollées lun de lautre et elle ma dit :

Franchement désolée, grande sur. Allez, je pars au lycée, marcher me fera du bien.

Elle a saisi son sac à la volée puis sen est allée, laissant la porte ouverte et madressant un signe de la main sans me regarder. Et moi, Ludivine, seize ans, je suis restée comme une conne sur le lit de ma sur à fixer le mur devant moi. Javais le ventre brûlant mais juste assez brûlant pour être rassasiée. Le petit travail solitaire avec mes doigts comme amis sétait bien terminé. Pas seule sous ma lourde couette dans ma chambre mais avec ma sur, sur son lit, dans sa chambre.

Cétait une fin originale. Irréelle maistellement réelle.

Trop tard pour articuler un « Babelle, reviens ». Elle était loin. Ma main collante restait mollement avachie sur les draps de ma sur. Comme javais pu détester quelle vienne minterrompre dans ma masturbation.

Comme javais pu détester quon se fâche après sa tentative avortée de strip-tease dans ma chambre.

Comment javais pu devenir la grande sur dépravée qui sétait envoyé balader au ciel, assise à côté de sa jumelle ?

Javais juste peur. Peur que Annabelle ne cesse de penser à ça pendant sa journée de lycée, peur quelle en pleure, peur quelle ait peur de moi. Je navais pas été raisonnable. Du tout. Mais cétait bon ! Sur le lit interdit, celui de Annabelle. Comme cétait bon de la voir se déshabiller si gentiment devant moi, comme cétait agréable de mêtre fourbie en sa présence. Je suis certaine quelle avait, elle aussi, pris son pied. Mais elle ne le dirait pas, tout comme je ne le lui dirais pas.

Nous étions deux petites pestes. Certainement trop gâtées.

Je mallonge sur le ventre sur son lit. Les draps sont bleus et froissés. Son oreiller est saccagé. Et dire quelle jure navoir jamais utilisé cet accessoire pour jouer ! Je colle mon nez sur le tissu et inspire à fond. Lodeur de parfum de ma sur "Flower by K". Et une odeur douce-amère de sueur. Je pose ma langue sur son oreiller. Me voilà fétichiste maintenant ! Jai parfois eu peur pour moi mais jamais autant quaujourdhui. Jai soudain follement envie de fouiller la chambre de ma sur. Pourquoi ? impossible de vous le dire, mais sans doute pour plonger dans son intimité, au plus profond de ses secrets.

Je me lève et me dirige vers son méchant bureau, un meuble à angles droits agressifs. Un véritable bordel. Jouvre le premier tiroir, elle y a sa boîte à secrets. Son journal personnel dont je lirais bien une petite tranche. Des revues de femmes. Et évidemment une chose sur le sexe.

Quelle dépravée ! « 1000 façons de rendre fou un homme au lit ».

Je feuillette. Les pages sont abîmées. Je suis certaine quelle la volé. Il y a également une boîte de préservatifs. Parfumés à la fraise pour les douces papilles de madame. Je vois mal ma sur pratiquer la fellation à bouche-que-veux-tu. Mais je vois dautant plus mal lutilité de larôme fraise entre les cuisses. Il y en a un hors de son emballage. Il est déployé. Samuserait-elle toute seule avec une capote ? Moi-même, trois portes plus loin, dans le fond de mon armoire, jai une boîte identique (sans arômes pour moi, merci) dont les locataires ont souvent couvert des objets inadaptés pour les accompagner entre mes cuisses. Gaga samuse-t-elle aux mêmes jeux que moi ? Ça serait tellement excitant. Je mets le préservatif dans ma bouche. Sûr quelle sen est amusée dune façon ou dune autre. La-t-elle utilisé pour visiter le gouffre entre ses cuisses, ou sa bouche, ou ailleurs ? Putain ! je désire ma sur dune façon incommensurable.

Jai honte.

Mon cur semballe, je cherche à tout prix un moyen de toucher de la bouche un objet quelle a touché elle aussi. Je me délecte à faire des léchouilles au goulot de sa bouteille deau qui ne comprend pas ce qui lui arrive. « Dhabitude elle boit mais ne me lèche pas » se dit-elle. Et puis soudain jaillit lidée merveilleuse de sa brosse à dents. Je cours vers la salle de bain privative. Le paradis pour la sur en folie. Serviette de bain, cheveux, brosse à dents et poubelle. Je plonge les doigts dedans. Cotons démaquillants et serviettes périodiques.

Mais quest-ce que ça peut cogner dans ma poitrine !

Je suis certaine dêtre à la merci dun nouvel orgasme psychologique. Elle ne roule pas ses serviettes et lune delles est encore humide. Douce et collante. Je ne vais pas oser le faire ? Et bien si ! Je la pose contre mon nez et ma bouche et inspire à pleins poumons lodeur écurante du corps de ma sur. Orgasme imminent. Ma langue récolte tout ce quelle peut trouver, jen pleurerais presque.

Encore ! Encore ! Encore ! réclame mon corps tout entier, mes papilles et mon palais soumis à rude épreuve. Ma chemise de nuit ne couvre rien de moi et je dégouline le long des cuisses. Je trouve une autre serviette périodique humide et la colle contre mon sexe. Mon idée première était sa brosse à dents. Elle est là, dans le gobelet, dégoulinante. Aussi loin que remontent mes souvenirs, aucune pensée du troisième type concernant ma sur na été lordre du jour. Comment donc, un matin de mai, ai-je pu à ce point changer ma façon dêtre. Ma sur jumelle me parle masturbation et me voilà prête à bondir dans la plus pure dépravation. Nous pratiquons la relation sexuelle par mains interposées et me voilà totalement dépravée, noyée dans un besoin dodeurs, de chair et de fluides.

Le lavabo est plein de cheveux. Annabelle et le ménage, ça fait deux. Tout est allé tellement vite sur son lit, si javais continué seule à me caresser dans ma chambre je naurais pas eu limpression de navoir pu me concentrer correctement sur mon plaisir. Jétais focalisée sur la puissante présence de ma sur au point den oublier le point culminant de mon plaisir. Je ne sais même plus comment cétait ! Jen regrette presque de nêtre pas restée parfaitement solitaire sous mes draps. Au moins mon esprit naurait pas cavalcadé à plus de cent à lheure et jaurais excellé en matière orgasmique.

Quelle bêtasse je fais, me gâcher le seul vrai plaisir de la vie. Mais, en même temps

Jai envie de me taper Gaga tout de suite. Dans mon âme tourmentée et probablement obsessionnelle, tournent mille et une façons de capturer ma sur et de la faire venir dans mon lit. Il va falloir y réfléchir sérieusement. Comme un trophée de guerre, je récupère la serviette humée et celle fichée entre mes cuisses et quitte la salle de bain, tâchant de remettre la chambre garancienne en ordre. Je ne suis pas si vilaine que ça, la petite fouille de lantre de ma sur ne ma pas amenée jusquà lorgasme. Cest repousser pour mieux sauter, comme dirait lautre. Quoique « sauter » ne soit pas vraiment

Comment tuer le temps à présent ?

Je nai quune idée en tête, revoir Annabelle et en reparler. Je ne lai même pas touchée, je nai pas de bile à me faire ; pourtant je suis tiraillée entre la sensation davoir fait quelque chose de mal et la douce angoisse de retenter ma chance. Je grimpe dans ma propre douche, décidée à en découdre avec les traces dégoulinantes sur le haut de mes cuisses. Le jet brûlant du pommeau me fait décrocher quelques minutes. Je mhabille à la hâte, jean serré, tee-shirt noir moulant avec quelques paillettes argentées sur le devant. Ce dernier narrivant bien sûr que quelques centimètres au-dessus du nombril. Je coiffe mes cheveux noirs, enfile une paire de "Converse" vertes et quitte la maison en saluant Danielle, la femme de ménage.

Le trajet jusquà lécole de déco me fait longer la voie du RER et son trottoir bondé. Je mate toujours les garçons, cest comme ça depuis longtemps et je me demande si ça changera un jour. Mon baladeur sur les oreilles, mon air de « déjà-prise » et me voilà inaccessible. Cest totalement con comme comportement puisque jai envie de choper un mâle, mais je veux avoir tout le loisir de choisir. Alors je me reconnecte à la terre quand une proie est en vue.

Il y en a une qui traîne à ma hauteur.

Un grand blond mince et super bien fringué.

Je maccorde un bruit sourd et inaudible réservé aux femmes devant leurs proiesou aux chiens. Il ne lève pas les yeux et me voilà seule. Ah nonjoublie Annabelle. Je ne tiens plus, je sors le portable, compose un 06 11 et quelques chiffres. Il est onze heures quinze. Garance et moi commencions à heure pile. Tant pis si jarrive encore en retard, de toute façon cest mon plus gros défaut. Je me prends à souhaiter que la Gaga en fasse autant pour que jai une chance de lavoir au téléphone. Elle décroche :

Ma Ludi ? Tes pas en cours ?

Putain ! jadore quand elle mappelle « Ludi », surtout maintenant.

Ma chérie, cest Ludivine. Je pars à lécole. Dis-moi, je sais pas comment te dire ça mais depuis tout à lheure je suis un peu déboussolée.

Ah

Oui, ne le prends pas mal, mais ce quon a fait me tarabuste en peu, jejejespère que tu nes pas choquée ou quoi que ce soit ?

Ma grande sur se soucierait-elle de mon état psychologique ?

Bahje me doute que tes pas à larticle de la mort, mais je voulais massurer que

Mélie ?

Elle prend sa petite voix toute douce, comme celle quelle utilise quand je viens lui dire bonne nuit et quelle est déjà au lit « Ludi, tu peux arranger ma couette siti plaît ? ». Argh.

Oui, ma Babelle ?

Moi aussi je suis un peu déboussolée. Mais pas dans le mauvais sens.

Je ne sais pas ce que jai vraiment envie dentendre.

Mon chou, moi non plus cétait pas dans le mauvais sens. Simplement jy repense. Ça me saoule un peu, ça sen va pas. Je tai même pas demandé si tavais eu une fin grandiose ?

Et toi ?

Dis-moi dabord

Je me sentirais coupable de te dire « oui » si tu me disais « non »

Tu sais bien que je vais dire « oui ». Tu mas pas entendu gémir.

Taurais pu simuler.

Elle part dun grand éclat de rire.

À quoi ça me servirait ? À part accompagner un mec dans son dernier instant. Mais avec toi ?

Taurais pu penser que ça me plaisait de tentendre.

Elle mouvre des boulevards. Cette conversation faite de non-dits et de sous-entendus notables mest infiniment sexuelle. Je tente :

Et cétait le cas ?

Mélie, je vais devoir aller en cours. Je travaille, moi, contrairement à dautres

Tu nas pas répondu

À ton avis? Ton bien est mon plus grand plaisir.

Ga, je peux te demander un truc ?

Yep ?

Est-ce que je te dégoûte ?

Je ne sais pas pourquoi je demande ça. Ni dans quel sens. Je rajoute :

Je veux dire physiquement, et psychologiquement aussi si cest ce que tu penses.

Mélie, me fais pas de psy au téléphone, jaime pas quand tes comme ça.

Dis-moi, je ten prie.

Non et non.

Un petit souffle rauque. Elle rajoute avec une agressivité contrainte :

Tes contente ?

Oui. Anna(je brûle intérieurement). Je dois te demander. Si on sétaient touchées, ça aurait été grave ?

Gravissime, mon petit poussin. Gravissime.

Mais non, je blague. Allez, chérie, gros bisous baveux, je te laisse.

Tu mas pas dit pour ta fin grandiose

Brûlante serait le terme juste. Ciao

Et elle me raccroche au nez. A-t-elle réellement saisi le sens de ma question ? Je minstalle moi aussi en cours. Obligée de saluer les potes alors que je suis à des milles et des milles de toute civilisation normale. En plein milieu du cours « doptimisation de lespace intérieur » mon téléphone grésille.

Vous avez un message de Babelle :

"Si tu brûles tan que ça ddans ta ka faire un tour ds les toilettes de ton école de riche soulage toi te plu a 1 fois près ;)"

Me voilà rouge cramoisi au milieu du cours. Ma voisine Stéphanie me demande :

Ben, Ludivine ? Tu viens de parler à Dieu ou quoi ?

Et le professeur dintervenir :

Mesdemoiselles Stéphanie et Ludivine, voulez-vous bien vous taire. Ludivine, je ne savais pas que larchitecture intérieure te faisait autant deffet. Mais cest bon signe.

Toute la promo se marre et je nen deviens que plus rouge. Voilà que ma terminale de sur se met à entretenir une conversation érotique avec moi. Elle ne sait pas que le feu me dévore. Je me pose une question folle : « Et si cétait pareil pour elle, si désormais un rien lémoustillait, si elle aussi avait envie de ce dont jai envie. »

Elle va rentrer à midi de son lycée. Cest décidé, je sèche mon après-midi.

Le temps passe entre interrogations et excitation ambiante et enfin je men retourne chez moi. Fini le baladeur et le plan « recherche masculine », je trace mon chemin, coupant à travers la ville. Il est 12 h 23 quand jarrive par la porte de derrière. Le petit cagibi carrelé sert de dépôt à chaussures, je tente de trouver celles de Garance dans lélevage disséminé à terre. Elles sont là. Elle est rentrée. Je monte lescalier quatre à quatre et la trouve sur le palier en train de ramasser son sac de cours. Elle me dit :

La courroie sest cassée, quelle saleté.

Je maccroupis et elle me demande tout de go :

Tas reçu mon texto ?

Oui. Et si tu veux tout savoir, je ne suis pas allé dans les toilettes.

Ma main accroche la sienne qui ramasse un livre sur plancher. Ses doigts sont doux, fins et soyeux. Ses ongles blancs sont parfaitement limés. Elle lève un il bleu vers moi, à-demi masqué par une épaisse mèche noire qui barre son visage. Elle questionne, sourcils arqués :

Ça ne va pas mieux ?

Mon cur ne fait quun bond, un saut de géant dans ma poitrine. Record du saut en longueur pour cette année. Je ne sais pas si cest un reproche, ni comment linterpréter. Je bafouille :

Jeje

Oui, je sais, Ludi. Mais faut que tu te calmes, je ne suis pas un jouet.

Mon cur sarrête cette fois. Quest-ce que jai bien pu faire ? Je tente mollement de mexpliquer :

Babelle, ce nest pas ce que tu crois.

Allez, ma puce, je te dis juste de ne pas jouer. Dis-le moi franchement.

Elle moffre le droit à une réponse « Jai envie de toi » mais que pourrais-je bien lui dire dautre ? Je cherche vainement.

Et soudain cest le drame. Avec un petit cri sauvage très félin, Garance me griffe le dessus de la main et se plaque contre moi. Je tombe à plat dos sur le plancher du palier. Elle passe ses cuisses de chaque côté des miennes et écrase son bassin contre le mien.

Il faut, pour rajouter une larme de piment, que le ventre de Annabelle mis à nu par son court débardeur vienne sajuster exactement sur ma propre peau, découverte par mon haut noir. Je dois avoir lair ahuri le plus complet. Ma respiration se trouble, mes cils clignent presque convulsivement, mon regard ne pouvant se poser ni sur le plafond ni sur le visage de Annabelle.

Je passe en un instant du rôle de « morte de faim » à celui de biche apeurée qui galope pour échapper au loup. Mais la louve me retient et pose ses lèvres humides sur mon front. Elle sort un petit bout de langue qui fait pression sur ma peau. Jouvre les yeux. Ceux de Annabelle sont au-dessus des miens, argentés ou gris selon linstant. Je ne peux pas parler. Elle saisit délicatement mon nez entre ses incisives et glisse encore sa langue pour exciter mes narines. Linstant tragique sapproche douloureusement.

Il sera trop tard pour revenir en arrière ou dire « non, nous ne lavons pas fait ! » Je me souviendrai toujours de ce moment délicat.

Voilà. Cest fait.

Garance pose ses lèvres sur les miennes et entrouvre la bouche pour épouser la mienne. Cest délicieux. Cest tiède, humide et collant, cest tellement profond que ça me semble infini. Ma langue serpente entre ses dents et aiguillonne la sienne. Tendue, battante. Je pousse puis me laisse faire, résiste puis moffre. Nos lèvres se cherchent. Mon ventre pétille. Je dégage difficilement mes mains de lamas de tissus empêtrés pour les glisser dans la chevelure noire de ma sur. Elle écrase sa poitrine sur la mienne, nos seins se tourmentent. À bout de souffle, je me dégage de son baiser avec un petit bruit humide et aérien. Je cligne encore pour disperser le brouillard émotionnel et Annabelle murmure :

Bien joué, ma puce.

Nouvelle explosion dans ma chair. Des pas résonnent dans lescalier, Annabelle se redresse en sappuyant sur ses paumes, elle tente de se dégager mais Danielle surgit sur le palier. Elle nous dévisage bouche bée. Je tourne la tête difficilement pour lapercevoir à lenvers et lance dune petite voix (qui se voulait ton enjoué) :

On ramasse les cahiers de Annabelle, cette saloperie de sac à lâché.

Pas dupe pour deux sous, Danielle soffusque :

Mais quest-ce qui se passe ici ? Ne me prenez pas pour une conne !

Usant de notre grade de « filles de ses employeurs » et animées dune symbiose gémellaire, nous répliquons dune même voix :

Mêle-toi de ce qui te regarde, ok ?

Mêle-toi de ce qui te regarde, daccord ?

Annabelle se lève, me permettant de me dégager, je lagrippe par le poignet et lamène dans ma chambre. Danielle continue de brailler alors que le montant claque sèchement.

Toujours animée de notre osmose gémellaire, Annabelle magrippe par le débardeur entre mes seins et me balance contre le montant de la porte. Le choc produit un bruit sourd et expulse lair de mes poumons. Elle me capture ainsi entre elle et le panneau, verrouillant la prise en posant ses mains sur la porte de chaque côté de ma tête.

Elle recommence à membrasser le front, dévorant tout sur son passage, mes paupières fermées, mon nez, mes lèvres puis mon menton quelle mordille. Je suis presque apeurée de voir avec quel tact elle mène la danse. Ses mains virevoltent et atterrissent sur mon coin de ventre dénudé. Elle soulève le tissu jusquà mes seins et se laisse choir à genoux. Son visage se plaque contre mon ventre brûlant.

Mon Dieu, que cest bon !

Ses sourcils durs qui agacent ma peau, ses cils qui se font plumes pour envoûter ma chair et ses lèvres. Argh. Ses lèvres fermes et collantes sen vont chasser autour de mon nombril, marrachant un petit cri sourd. Elle arrête son périple exaltant et se redresse. Parlant tout contre ma bouche elle questionne :

Quest-ce que tu aimes plus que tout ?

Je réfléchis, apeurée. Survoltée. Comme si un orage grondait en mon corps. Et rétorque :

Toi !

Danielle frappe à la porte et continue à demander :

Les filles, je veux vous voir !

Jécarte Annabelle avec grâce dans un pas de ballet et entrouvre le battant :

Fous-nous la paix, daccord ! Oublie ce que tas vu ! Ok ?

Je referme la porte et tourne la clef deux fois. Ma sur est là, debout, les yeux embués par ma dernière parole :

Toi !

Je la pousse à reculons vers mon lit défait. Celui où elle sest assise ce matin, où tout a commencé. Elle tombe adroitement sur lépaisse couette et je mallonge sur son corps.

Tellement identique au mien.

Et je lembrasse, comme une folle, encore et encore, possédant ses lèvres, sa langue, sa salive. Je tâte ses joues, son palais. Mes mains se promènent dans une pagaille de cheveux noirs. Je tente de retirer son débardeur dans les règles de lart mais il résiste. Mes ongles griffent son ventre dur et le tissu cède dans un crissement atroce. Elle pouffe de rire devant mes mains tenant chacune un morceau de débardeur. Ma bouche plonge dans sa poitrine, elle ne porte pas de soutien-gorge, comme à son habitude, crois-je savoir. Ses seins sont fermes et blancs en comparaison de sa peau dorée par le soleil de mai. Ils sont parsemés de tâches de rousseur, comme chez moi. Je mordille son téton droit, découvrant la meurtrissure gauche, suite dun accident de vélo il y a deux ans. Jembrasse délicatement cet endroit, elle me repousse et me dit :

Jaime pas ça, jai peur que ça te

Je rétorque, à bout de souffle, perdue dans lodeur de son corps :

Ça me fait rien du tout, tes chou, ma chérie.

Et je visite sa cicatrice avec ardeur.

Elle se laisse porter sur les flots et sabandonne. Lorsquelle émerge un court instant elle mimplore :

Déshabille-toi.

Je me redresse et ôte mon débardeur et mon soutien-gorge. Annabelle se livre à un jeu de langue sur ma poitrine et je me retrouve bientôt le front perlé de sueur. Nos jeans cèdent devant nos mains affolées mais nous navons pas le courage de leur faire passer le cap des genoux. Engoncés dans ces entraves, nos corps roulent sur le côté. Je tire la couette sur nous. Lintimité brûlante avec Garance me convient bien, à elle aussi à en croire ses murmures de ravissement.

La température monte encore dans notre caverne de tissu.

Il y fait noir, mais je ne suis pas perdue, je suis les courbes rassurantes de son corps humide, le pli de laine, puis la face interne de sa cuisse du bout de la langue. Elle agrippe mes cheveux et tente de me faire happer son entrecuisse. En bonne résistante je continue ma progression vers les muscles de ses jambes.

Sa cheville si douce

Je sens les veines saillir sur sa peau. Mes mains caressent ses cuisses moites. Je sens les poils de son bas-ventre flirter avec mes lèvres. Ma langue se jette dans labîme. Je vous passe les détails de cet instant ou rien nest plus important quElle. Elle ne tente même plus de plaquer mon visage sur son sexe, ses mains traînent sur ma nuque.

Elle sait que je ne men irai pas.

Elle sait que jamais je narrêterai.

Elle se livre avec un petit bruit, son ventre se tend vers moi et elle retombe. Je continue encore un peu et remonte vers elle, le menton brillant de sa magie humide. Je pose mes lèvres sur les siennes, elle ne dit rien. Trouvant encore la force dhonorer ma sur, je sens ses doigts sinsinuer en moi. Avec délice. Depuis ce matin, jai envie de la voir menvahir. Cest chose faite. Elle sait où se trouve ma raison dêtre et elle caresse, elle caresse, encore et encore. Je plonge, je hurle intérieurement. Tout nest que sensation. Et je fais le spectacle. Là où elle sest montrée digne, je mempresse de répéter :

Oh, ma Anna, Annabelle, ma chérie

Et soudain tout est fini.

Lémotion sen va dans un feu dartifice. Tout est rouge, rien ne va plus. Je la prends dans mes bras, tout contre moi. Elle se love dans lenclos de mon corps. Jembrasse sa joue très longtemps en la berçant. Je la cajole. Je la tiens. Rien ne compte plus que ça.

La tenir.

La toucher.

Quallons-nous devenir ?

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