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Pour un petit coup avec toi – Chapitre 4

Pour un petit coup avec toi - Chapitre 4



J’ai été tellement stupide de croire que les choses iraient mieux après avoir pu tirer un coup avec Maryjane. En réalité, les choses se sont aggravées. Maintenant, je sais exactement ce que je rate, ce que je ne pourrais jamais avoir. En plus, je dois dire que mon dépucelage m’a laissé un peu sur ma faim. Le sexe était super, incroyable même, ce n’est pas la question. Le souci, c’est qu’elle n’était pas vraiment dedans… Elle s’est offerte à moi par pitié, pas par désir, et ça, je l’ai bien ressenti, et ça fait mal. Je ne pourrais jamais savoir ce que c’est d’être aimé par elle.

Ma vie a repris son cours normal. Enfin « normal », autant que peut l’être d’avoir un prof de math qui vous nargue pendant toutes ses leçons et qui vous envoie des vidéos pornos de la fille sur laquelle vous fantasmer après chaque interro réussie. Je ne peux pas m’empêcher de les regarder en me masturbant. C’est malsain, je sais mais c’est comme une façon de m’aider à supporter la douleur. Sauf qu’en réalité, cela ne marche pas, je dois bien l’admettre. Je suis toujours aussi paumé, détruit. Je ne sais pas ce que je peux faire pour me sortir de cette situation. Je voudrais que la souffrance cesse, mais je ne sais pas comment, et je ne peux en parler avec personne.

Les mois passent, et ma collection de films s’agrandit. Je n’ai jamais autant pleuré de ma vie que ces derniers temps. Mes parents s’inquiètent, ils parlent de m’envoyer chez un psy, cela ne servirait à rien.

Un jour, je reçois encore un e-mail de mon prof avec une vidéo. Tout à coup, c’est le déclic, le ras-le-bol. Cette fois, je le supprime immédiatement sans même télécharger le fichier. C’est fini, je n’en peux plus, j’ai touché le fond. Il est temps que j’arrête de me laisser faire et que je contre-attaque. Je réfléchis à mes options, à ce que je peux faire. Il m’a détruit, et je veux le détruire à mon tour. Je veux ruiner sa vie, lui prendre tout, il ne mérite que ça cet enfoiré. J’en ai marre d’être une putain de victime ! J’ai bien des idées, cela fait tellement longtemps que j’y pense, mais jusqu’alors, j’ai toujours eu peur de les mettre en uvre à cause des conséquences que cela aurait sur Maryjane. Je m’en fous aujourd’hui. De toute façon, je l’ai déjà perdue. On ne se parle plus, on s’évite, on a honte tous les deux : cela ne peut pas être pire. Il m’a retiré la chose qui comptait le plus à mes yeux.

Je compte aller tout déballer à la direction de l’école, mais pas tout de suite. Pour minimiser l’impact, je vais attendre la fin de l’année, lorsque Maryjane aura son diplôme. Au moins, comme ça, elle aura toujours un avenir, du moins je l’espère. En attendant, j’ai besoin de plus de « preuves ». On ne voit jamais son visage sur les vidéos. Certes, pour moi, c’est évident que c’est lui, puis on reconnaît sa voix, mais je suis bien placé pour savoir qu’il est facile de nier l’évidence même quand elle est en face de vous juste parce que vous refusez de la voir. Si je me lance sur ce chemin, je veux être sûr qu’il tombe. J’en fais peut-être trop mais je ne veux rien laisser au hasard. Il me faut du soutien, quelqu’un qui pourra affirmer que c’est lui. Je pense à sa femme avec qui il est séparé. Elle a vécu avec cet homme pendant des années. Même nu, elle devrait pouvoir le reconnaître, non ? Pour être honnête, j’espère aussi pouvoir bien foutre la merde entre eux, histoire de lui compliquer la vie. M’enfin bon, s’ils ne sont déjà plus ensemble, ça ne va peut-être pas changer grand-chose. Cela ne coûte rien d’essayer de toute façon.

Je ne connaissais pas cette femme, mais c’est fou comme c’est facile de retrouver quelqu’un avec la technologie. J’ai trouvé son nom sur le Facebook de Monsieur Matignon, et en tapant son nom dans Google, j’ai rapidement découvert qu’elle était docteure et avait un cabinet pas loin dans le coin. J’ai pris rendez-vous en ligne en me faisant passer pour un malade et me prépare à aller lui parler. J’ai des vidéos sur mon téléphone pour les lui montrer, et jai fait une copie de l’intégrale sur DVD pour qu’elle puisse les regarder à son aise.

Le jour J arrive, je sèche les cours pour aller la voir. J’attends mon tour dans la salle d’attente. Lorsque celui-ci vient, je lui annonce que je ne suis pas vraiment un patient et lui explique le véritable objet de ma visite. Je lui raconte toute mon histoire. Elle m’écoute avec sérieux. Je la trouve étonnamment calme vu la situation. Elle doit me prendre pour un fou ou un menteur, j’insiste pour la convaincre :

Regardez, fais-je. Si vous ne me croyez pas, j’ai toutes les vidéos avec moi. Regardez mon téléphone ! Je vous jure que je dis la vérité !

Ce ne sera pas la peine, me répond-elle en repoussant mon portable.

Vous me croyez alors ?!

Oui. À dire vrai, j’étais déjà au courant.

Q… quoi ? Comment ça ?!

Nous ne sommes pas séparés pour rien. Cela fait un moment que j’ai découvert son petit manège : tous les ans, il se trouve une minette de dernière année, la séduit, couche avec, puis la largue après qu’elle soit partie de l’école pour en trouver une autre.

Vous êtes sérieuse ?!

Oui. Je suis désolée Florian. Votre amie n’est pas sa première victime.

Mais… mais… Si vous saviez, pourquoi n’avoir rien fait ?!

Faire quoi ? Le dénoncer ? Florian… Tu te rends compte des conséquences que cela aurait ? Il n’y aurait pas que mon mari qui serait affecté par un tel scandale. Il y aurait aussi l’école, les anciennes élèves, cela détruirait des familles, des avenirs… Je ne peux pas porter une telle responsabilité.

Moi si ! Je suis prêt à aller jusqu’au bout !

Écoute. Oui, c’est une ordure de la pire espèce, mais ces filles étaient néanmoins majeures et consentantes. Si on oublie la moralité de la chose, le seul mal qui est fait dans cette histoire finalement, c’est une peine de cur. C’est une chose qui aurait pu tout aussi bien leur arriver avec un garçon de leur âge, c’est la vie. Elles sont jeunes, elles s’en remettront. Ce n’est pas comme s’il s’agissait d’un viol.

Je vous en prie, aidez-moi ! Parlez au moins à mon amie, dites-lui ce que vous venez de me dire ! Elle pense qu’ils ont un avenir ensemble !

Et tu penses qu’elle me croira ? Moi ? La future ex-femme enragée ? Je sais combien une femme amoureuse peut facilement être aveugle.

Il faut au moins essayer !

Je suis désolée Florian, je ne peux rien faire pour toi.

Elle se fout de moi ! Ce n’est pas vrai ! Je suis en train de rêver ou quoi ? Je me lève bouillonnant de rage et lui tends les DVDs :

Regardez ces vidéos ! Regardez-les ! Et venez me dire qu’il ne mérite pas d’être puni !

Je m’en vais furieux en lui laissant mes coordonnées.

Je pensais avoir perdu, quand plusieurs jours plus tard, je reçois un appel d’un numéro inconnu. Je réponds :

J’ai regardé les vidéos, Florian, me dit Madame Matignon. Je vais t’aider. Tu veux qu’on commence par quoi ?

C’est un tel soulagement. Je ne suis plus seul ! J’ai enfin une alliée !

Tout d’abord, je lui demande si elle a les noms des autres filles avec qui il a couché, ensuite, qu’elle vienne parler à Maryjane pour lui dire la vérité. Elle accepte. Elle vient la trouver à la sortie de l’école. Je suis avec elle quand cela arrive. Elle se présente et lui raconte tout ce qu’elle sait. Cela se passe mal :

Vous n’êtes que des menteurs tous les deux ! Pourquoi est-ce vous faites ça ?!

Maryjane, je t’en prie, tu dois la croire ! essayé-je de la raisonner.

Vraiment ? Croire qui ? Une ex-femme jalouse et un mec qui ne pense qu’à me mettre dans son lit ? Super la crédibilité ! Allez vous faire foutre, fichez-moi la paix !

Elle s’enfuit en courant, je n’ai pas cur à la rattraper.

Je suis désolée Florian, s’excuse Madame Matignon, je te l’avais dit.

Nous devions essayer.

C’était la bonne chose à faire, j’en reste convaincu, mais cela ne va pas arranger mes relations avec elle.

Les mois passent encore. Le prof de math n’a jamais cessé de me faire chier pendant les cours et en m’envoyant des e-mails sous la même fausse adresse. Cependant, cette fois, je le prends bien. Il peut faire le malin autant qu’il veut, cela ne va pas durer. C’est presque la fin de l’année, et j’aurais bientôt ma vengeance. J’ai pu parler aux filles dont il a profité. Si elles vont à la fac, elles habitent toujours dans le coin et reviennent régulièrement pour rendre visite à leurs parents. Certaines m’ont claqué la porte au nez, mais d’autres ont accepté de me parler. Elles me racontent toutes la même histoire que Maryjane : il leur avait promis de quitter sa femme alors qu’ils n’étaient même pas encore séparés à cette époque pour fonder quelque chose ensemble, puis il les a largués une fois qu’elles étaient parties à l’université. Je leur demande si elles seraient d’accord pour m’aider à le faire tomber, et j’ai étonnamment eu beaucoup de réponses affirmatives.

J’ai plus qu’assez de munitions contre lui maintenant. J’ai des vidéos, ainsi que les témoignages de sa femme et de plusieurs de ses victimes. Si ça ce n’est pas suffisant, je ne sais pas ce qu’il faut.

L’année scolaire est enfin terminée. Moi et Maryjane réussissons nos examens. Je décide d’attendre encore un peu avant de larguer ma bombe, c’est mieux ainsi. Après les vacances, nous allons tous les deux dans la même fac. C’était ce que nous avions décidé à la base ; et même si nous nous parlons plus du tout, cela ne change rien à ce que nous voulons faire pour nos avenirs respectifs.

J’attends patiemment. Ça va arriver. Je sais que ça va arriver, c’est obligé. Puis un jour, je reçois enfin LE coup de téléphone que j’attendais. C’est Maryjane, elle est en pleur, Monsieur Matignon vient de la larguer. Elle ne comprend pas ce qui lui arrive… La pauvre, je compatis. J’ai envie de lui dire « je te l’avais dit » mais ce serait mesquin et peu constructif. Elle veut me voir, je lui donne mon adresse. Nous vivons tous les deux dans un petit campus, nous ne sommes pas si loin l’un de l’autre. Nos retrouvailles sont tendues. Cela fait depuis combien de temps que nous ne nous sommes pas vus ? Et combien de temps que nous ne nous sommes pas parlé pour de vrai ? Je l’installe sur le canapé de mon studio étudiant, elle pleure toujours. Je lui tends un paquet de mouchoirs. Elle reste longuement silencieuse avant de me parler :

Je suis désolée Florian, sont ses premiers mots.

Ça va aller.

Non, cela ne va pas aller. Qu’est-ce que je me sens conne, putain ! Tu as essayé de me prévenir, et je ne t’ai pas crue. Mon Dieu, tout le mal que je t’ai fait, tout cela parce que je croyais en lui et en ses promesses. Je suis un monstre. Je t’en ai voulu en t’accusant d’avoir gâché notre amitié, mais je me rends compte aujourd’hui que c’est moi qui ai tout fait foirer. Je suis tellement désolée, cela n’a jamais été ce que je voulais. Je te le jure ! Tu comptais tellement pour moi ! Tu comptes toujours !

Ce n’est pas toi, c’est lui. C’est lui le seul responsable de ce qui nous arrive. Tu n’as pas à t’en vouloir, nous n’avons été que ses marionnettes.

Quel salaud, mais quel salaud. Pourras-tu seulement me pardonner ?

Il n’y a rien à pardonner. Tu n’as rien fait de mal. C’est moi qui te demande le pardon d’avoir agi comme un connard.

Non, je comprends maintenant. Tu n’étais pas toi, il t’a rendu malade tout comme il m’a rendu stupide. Je voudrais… Je voudrais tellement que tout redevienne comme avant…

Elle repart en sanglot, je la prends dans mes bras. Lorsqu’elle se calme, nous parlons longuement de ce qui nous est arrivé. Nous reparcourrons ensemble ces derniers mois de cauchemar en nous demandant comment on en est arrivé là. Cela nous fait du bien. Enfin, je retrouve ma Maryjane, celle que je connais depuis toujours, celle sans l’influence de l’autre connard. Nous crevons l’abcès et faisons la paix. C’est inespéré, même dans mes rêves les plus fous, je ne pensais pas que les choses se passeraient aussi bien. Je croyais l’avoir perdue à jamais et que je me faisais des films en pensant que cela pourrait s’arranger une fois qu’elle se serait fait larguer.

Je lui demande si elle veut se venger de lui et lui parle de mes projets. Evidemment, à chaud, elle est d’accord. Je lui repose la même question quelques jours plus tard pour être sûr que c’est bien ce qu’elle veut. Elle confirme.

Ça y est, tout est prêt. L’heure de la vengeance a sonné. Je téléphone à Madame Matignon et nous mettons notre plan en marche. Elle, moi, et Maryjane allons voir la directrice de mon ancienne école afin de lui parler, des méfaits d’un des professeurs de math de l’établissement. Elle a du mal à le croire au début, mais les preuves sont accablantes. Elle cherche rapidement à négocier avec nous afin que nous n’ébruitions pas l’affaire contre la promesse de le renvoyer. Je me tourne vers Maryjane, c’est à elle de décider, c’est elle la plus concernée par cette histoire :

Non, il doit payer, déclare-t-elle. Je veux que tout le monde sache qui il est réellement, peu importe ce qu’il m’en coûte.

Plusieurs jours plus tard, la presse ne parle plus que de cette histoire. Cela a eu l’effet d’une bombe dans notre patelin, on en a même parlé au niveau national. Par chance, mon nom et celui de Maryjane n’ont jamais été mentionnés. Le journal à l’origine de toute l’affaire à qui nous avons parlé a accepté de garder notre anonymat, et les autres filles qui ont osé s’exprimer publiquement ont suffisamment occupé les journalistes pour qu’un fouineur ne vienne nous déranger. Honnêtement, j’admire leur courage.

Je ne sais pas ce que Monsieur Matignon va devenir, mais sa carrière et sa réputation sont fichues. S’il ne finit pas en prison, plus jamais on ne l’acceptera dans une école, ni même ailleurs je ne lespère. Je me doute que sa femme ne va avoir aucun mal à obtenir un divorce après cela. Comble du comble, j’ai envoyé à ce salaud les photos que j’ai prises de Maryjane la fois où j’ai pu coucher avec elle. C’est ma petite revanche personnelle.

Voilà, après une année d’enfer, nous avons enfin eu notre vengeance. C’est un tel soulagement pour moi. Nous allons enfin pouvoir mettre toute cette histoire derrière nous. Cependant, pour Maryjane et moi, ce n’est pas entièrement terminé. Monsieur Matignon nous a détruits, et nous allons devoir apprendre à nous reconstruire désormais. Cela prendra du temps, nous allons devoir y aller lentement, mais le plus important, c’est que nous allons le faire ensemble.

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