Je suis pleine d’appréhensions, le lendemain, en arrivant au travail. Je sais que je n’ai pas accompli ma tâche de la veille, et que je vais donc devoir m’acquitter d’une autre. J’ai passé la nuit à réfléchir à la situation, ne fermant l’il qu’en de rares occasions. Finalement, je suis arrivée à la conclusion que le mieux est sans doute de poursuivre le « jeu ».
Au moins tant qu’il ne va pas trop loin.
C’est pourquoi je tremble un peu en allumant mon ordinateur. Je n’ai que trois e-mails depuis la veille au soir, mais évidemment l’un d’eux est de mon fameux maître chanteur. Trop soucieuse pour attendre, j’ouvre celui-ci en premier.
"Mon amour,
J’ai trouvé ce que tu pourras faire pour rattraper ton échec d’hier. Évidemment, le jeu se corse un peu, sinon ce serait trop facile.
Tu vas donc embrasser le stagiaire devant la photocopieuse, quel que soit le moyen que tu emploieras, et tu as jusqu’à 14h pour le faire.
Juste un bon bisou, je m’en contenterais.
A bientôt mon cur."
J’éprouve un nouveau sentiment de dégoût, puis de la colère. "Embrasser le stagiaire ? Et puis quoi encore ? C’est surement ce petit merdeux qui a tout manigancé, ça ne va pas se passer comme ça !
Je me lève, avec dans l’idée d’aller le trouver pour lui faire passer le pire quart d’heure de sa vie. Pensait-il vraiment que je ne comprendrais pas que toute cette histoire vient de lui ? Quel intérêt aurait un autre à me faire ça ?
Sauf qu’un élément me coupe en plein élan : le stagiaire n’était plus là hier après-midi, je l’ai vu partir avec sa mère. Il n’a donc pas pu me suivre dans le parc, et encore moins rapporter ma culotte ici. Surtout que celui qui l’a fait a forcément une voiture.
Ce n’est donc pas lui le coupable.
"Mais alors qui est-ce, bon sang ?"
Je me rends compte que je me suis levée de mon bureau, mais que je me suis ensuite arrêtée en plein milieu de la pièce. Je reprends donc mon chemin en faisant mine d’aller aux toilettes pour ne pas passer pour une idiote.
Dès que je suis de retour à mon bureau, je m’interroge : que faire ? Une idée me traverse pour la première fois : et si je répondais au mail ? Je réfléchis un bon moment devant mon clavier, mais je finis par sortir un texte court :
"J’ai fait ce que vous vouliez, et j’ai ma culotte souillée pour le prouver."
Envoyer ce mail me remplit de honte, sans doute plus encore que tout ce que j’ai fait avant. J’accepte totalement de rentrer dans son jeu en lui répondant ainsi, en le suppliant.
La réponse ne se fait guère attendre :
" Trop tard, tu as une nouvelle tâche à accomplir. Dépêche-toi, l’heure tourne !"
Je jette en il dans le couloir : Mr. Christin est en train de discuter avec le stagiaire, ça ne peut donc pas être eux qui viennent de répondre. Mais alors qui ? Mes soupçons se portent une seconde sur Alexandre.
"Alexandre est plus qu’un collègue, c’est un ami. Jamais il n’aurait pu me faire ça !"
Je chasse alors cette question pour me préoccuper de ma « tâche ». Ce qu’il me demande n’est cette fois pas très compliqué, mais ça ne me dérange pas moins. Vis-à-vis de Thomas bien sûr, mais aussi de moi-même, ainsi que du stagiaire ! Que lui dirai-je après ? Va-t-il le répéter à tout le monde ?
J’y réfléchis tout le matin, si bien que je ne prends finalement ma décision que vers 11h30.
"Un petit bisou et c’est fini, je suis allée trop loin pour m’arrêter maintenant."
Je me lève et arpente un peu les couloirs avant de mettre la main sur ma proie. Il est seul avec Monique, une gentille dame un peu stupide du 1er.
— Christopher ? demande-je d’une voix douce.
Il se retourne et me regarde. Comme à l’accoutumée, ses yeux se portent instinctivement de mon visage à ma poitrine, puis reprennent leur place une seconde plus tard.
— Je peux te voir une minute ?
— Bien sûr, madame Essiau.
Monique termine rapidement de lui montrer quelque chose sur son ordinateur et il se range à ma suite. Je sens presque son regard sur mes fesses tandis que je remonte le couloir.
"Je n’aurais pas de mal à l’embrasser, ce qui m’inquiète c’est l’après !"
Mais je n’ai plus le temps de réfléchir, nous sommes dans la pièce de la photocopieuse. J’ai vaguement pensé à ce que je ferai, mais maintenant que je suis ici ça me semble tellement stupide !
Pourtant, il est trop tard désormais.
— Je vais faire quelque chose de bizarre, expliqué-je. Je veux que tu me laisses faire, et que tu ne poses pas de questions.
Il fronce les sourcils.
— D’accord madame, acquiesce-t-il néanmoins.
"Et arrête de m’appeler madame, j’ai 19 ans !"
Le cur battant la chamade, je me rapproche de lui doucement. Je m’arrête à une vingtaine de centimètres, incapable de franchir la distance qui nous sépare.
"Mon Dieu, je n’y arriverai jamais !"
Et pourtant, je me penche vers lui et je pose mes lèvres sur les siennes. J’hésite à m’arrêter à un petit bisou, mais je sais qu’il a parlé d’un « bon bisou ».
"Ce serait trop dommage qu’il prétende que j’ai perdu pour si peu."
Je l’embrasse donc durant quelques secondes, mais évidemment le petit con en profite. Il me tire vers lui, puis il glisse une main sur mes fesses, tandis que de l’autre il me maintient le visage.
Folle de rage pour cette audace, je me retire brutalement.
— Je t’ai dit de te laisser faire ! lui craché-je au visage.
Le pauvre est décomposé, incapable de comprendre ce qui se passe.
— Je suis désolé, je pensais que
— Tu pensais quoi ? Que j’avais craqué pour toi ? Je suis en couple, crétin ! Ce n’était que
"Oui, qu’est-ce que c’était ?"
— Ce n’était qu’une expérience, terminé-je.
Puis je tourne les talons.
Arrivé au seuil de la porte, je me retourne néanmoins, saisie d’une pensée soudaine.
— Si tu en parles à quelqu’un, je te tue, assené-je au malheureux stagiaire, qui est devenu aussi pâle qu’un linge Grec.
De retour à mon bureau, mon cur bat encore la chamade. Je prends quelques secondes pour me calmer, puis je constate que j’ai reçu un nouveau mail. Je l’ouvre aussitôt.
"La délivrance ?"
"Mon amour,
Je suis fier de toi, tu as réussi à te faire pardonner ton échec d’hier. Maintenant que tu as accomplis ta petite punition, la seconde épreuve est néanmoins encore à réaliser.
Tu vas aller te caresser dans la salle de pause, à midi, pendant qu’il n’y aura personne. Seulement une minute, je ne te demande même pas d’aller au bout. Tu devras par contre montrer ton plaisir.
Bon courage."
Je suis estomaquée. Ce que je viens de faire n’était pas la seconde épreuve ?! Il avait dit qu’après, tout serait fini !
"Combien de temps compte-t-il jouer avec moi ?"
Je reprends toutefois assez vite mes esprits.
"Aller me caresser pendant une minute entre midi et deux, ce n’est pas la mer à boire. Et cette fois il ne pourra plus se défiler !"
D’ailleurs, il est déjà un peu plus de midi, mes collègues commencent à partir un par un. Lorsque je suis sûre d’être seule (à l’exception de Mr. Christin qui, comme chaque midi, est enfermé dans son bureau), je me dirige vers la salle de pause.
Je m’installe alors sur le sofa, mais je me rends vite compte d’un petit problème : je suis en jean aujourd’hui. Je dois donc le défaire pour accéder correctement à mes parties intimes.
Je ne cesse de jeter des regards vers la porte en déboutonnant mon pantalon, puis je m’assieds confortablement et commence à me caresser.
Là encore, l’excitation engendrée par le risque me surprend.
On dirait presque que j’aime ça !
Je me souviens alors des termes du marché et me mets à gémir légèrement en me titillant le clitoris. J’expose mon plaisir pour être sûre qu’il ne puisse pas me reprocher de ne pas être allée au bout.
Soudain, une pensée m’assaille : comment peut-il savoir que je réalise ces tâches ? Surtout dans le détail ? Puisqu’il n’est pas là, ça veut dire qu’il me filme
Totalement suffoquée par l’angoisse et la colère, je réalise que je n’avais même pas songé à cela !
"Mais que se passera-t-il s’il venait à se servir des enregistrements qu’il a ainsi obtenus ? Je risquerais bien plus que ma place"
Alors que je me pose toutes ces questions, Christopher entre soudainement dans la pièce. Il reste paralysé un instant, stupéfait par la scène qui s’offre à lui : moi, la main dans ma culotte.
Je la retire vivement, puis me lève d’un bond. Paniquée, je réalise que mon jean est entre-ouvert, je lui tourne donc le dos avec hâte.
— Pardon, bafouille le stagiaire, décidément bien mis à contribution aujourd’hui.
— Ce n’est pas ce que tu crois… dis-je d’une voix suppliante en me tournant enfin vers lui, après avoir remis mon vêtement bien en place.
— Je ne crois rien, répond-t-il avec empressement. Enfin je veux dire : je n’ai rien vu. Enfin
Il cherche ses mots, manifestement aussi gêné que moi.
Ce qui veut dire qu’il a tout vu, au contraire.
Je décide donc de changer de stratégie.
— Écoute, lui dis-je d’une voix beaucoup plus ferme. Tu es le seul à être au courant, donc si ça s’ébruite c’est que ce sera toi. Je te ferai alors renvoyer, ce ne sera pas trop dur. Si tu n’as pas ton stage, tu n’as pas ton année.
Il réfléchit, et je suis aussitôt gagnée par un mauvais pressentiment. Il rassemble manifestement son courage pour dire quelque chose, et ça ne m’inspire rien de bon.
— Ou alors vous couchez avec moi, sinon je dis tout, lâche-t-il enfin dans un souffle.
Sans réfléchir une seule seconde, je lui décoche une gifle colossale.
— On va s’en tenir à mon idée, répliqué-je. De toute façon qui te croirait ?
Puis je tourne les talons et quitte la pièce.
Ces aventures m’ont coupées l’appétit, aussi je préfère ne pas sortir manger. Je me réinstalle donc à mon bureau pour travailler. Une surprise m’attend toutefois en arrivant : un nouveau mail.
"Déjà ?"
Celui-ci comporte plusieurs pièces-jointes, je l’ouvre donc avec un certain empressement.
"Mon amour,
Je suis très fier de toi, tu as accomplie les tâches que je t’ai fixé avec brio. Désormais, grâce à ton dévouement, j’ai de quoi t’inciter à obéir encore à quelques unes de mes requêtes. Les pièces-jointes t’aideront à t’en convaincre. Car il serait dommage, tu en conviendras, qu’elles terminent dans la boîte mail de Thomas, ainsi que sur les réseaux sociaux
J’attends donc de toi une soumission totale à partir d’aujourd’hui. Plus de désistement comme hier, ou les sanctions seront bien pires.
Désormais, tu es à mes ordres. Non. Tu es mon objet. Mon esclave. Ma chose.
Bonne journée."
Les larmes roulent sur mes joues.
"Comment j’ai pu me faire avoir comme ça ? Comment j’ai pu être aussi idiote ?"
Totalement paniquée à l’idée de perdre celui que je pensais être un ami, j’en ai perdu toute réflexion. Et maintenant il me tient complètement entre ses mains sadiques.
J’observe les pièces-jointes, une à une. Il y a principalement des vidéos : sur la première on me voit distinctement retirer ma culotte au parc Migalon, sur la seconde j’embrasse le stagiaire (la vidéo s’arrête bien sûr une demi-seconde avant que je ne le repousse, ce qui donne l’illusion d’une étreinte passionnée) et enfin une troisième me montre en train de me caresser en salle de pause. Mais il y a aussi des photos, qui résument les moments les plus marquants.
Avec ça, il y a largement de quoi perdre mon boulot, ma réputation et Thomas.
De quoi ruiner ma vie.
Je passe un bon moment à pleurer, incapable de retenir mes larmes. J’ai tellement honte, tellement mal, qu’il me semble que je pourrais en mourir.
Soudain, un nouveau mail arrive dans ma messagerie.
"Oh non !"
"Mon amour,
Rends-toi immédiatement à l’hôtel des Échansons, la chambre 18 est réservée au nom de Mr. Lemaître, mais les réceptionnistes sont au courant de ton arrivée.
Lorsque tu seras dans la chambre, tu trouveras de nouvelles instructions.
Inutile d’appeler la police, ou qui que ce soit d’autre, je le saurais et te le ferais payer cher.
A très vite."
Cette fois, je suis complètement dominée par la panique. Les petits « jeux coquins » qui m’ont été imposés pour l’instant étaient une chose, mais là je change totalement de registre.
"Va-t-il abuser de moi ?"
Ne voulant pas prendre le risque de partir comme ça à l’inconnu, je réponds de nouveau au mail.
" Qu’est-ce que tu veux, sale maniaque ? Si je viens, il est hors de question que tu me touches !"
La réponse ne se fait guère attendre :
"Première chose : désormais, je voudrais que tu débutes chacune de tes phrases à mon intention par « monsieur ».
Deuxième chose : tu vas désormais me vouvoyer.
Troisième chose : tes mails seront signés « ton esclave dévouée ».
Quatrième chose : non, je ne te violerai pas. Jamais. Tu peux être rassurée sur ce point.
Enfin, dernière chose : si tu contestes encore une fois mon autorité, d’une manière ou d’une autre, je révèle tout immédiatement.
A tout de suite."
Je suis partagée entre le dégoût (ce type est cinglé !) et le soulagement (« je ne te violerai pas »). J’ignore pourquoi, mais je le crois. Il ne m’a jamais réellement menti, il a seulement parfois utilisé l’imprécision des termes.
Or là, il est très clair.
Je prends donc mon courage à deux mains et me rends à l’endroit prévu. Tout se passe bien à la réception de l’hôtel, une chambre est effectivement réservée au nom de Mr. Lemaître.
"Il ne néglige aucun détail"
Lorsque j’arrive devant la chambre en question, je marque un temps d’arrêt, hésitante.
L’instant est atroce, terrifiant. Je ne veux pas le faire, je suis tétanisée à cette idée. Mais je n’ai pas le choix.
Je pose donc la main sur la poignée et j’ouvre la porte.