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retour de vacances – Chapitre 1

retour de vacances - Chapitre 1



Cà roulait bien ; les bouchons, ça commencerait la semaine prochaine, quand les gamins seraient en vacances. A ce rythme là, on arriverait à Paris à minuit, peut être même avant.

Le soleil se couche bien tard à cette époque de l’année, et je l’avais dans les yeux, çà m’aveuglait mais je m’en moquais vu que je somnolais derrière mes lunettes de soleil, le fauteuil incliné et les pieds sur la planche de bord. Philippe avait rabattu le pare-soleil de son côté, mais lui, il fallait qu’il conduise. Il y avait un moment qu’on s’était pas parlé lorsque Philippe s’est mis à râler, me sortant de ma torpeur : « mais qu’est ce qu’il veut, celui-là ? ». Une BM était à notre niveau sur la file de gauche, sans nous dépasser. Le conducteur était un jeune type, plutôt une jolie gueule de frimeur, et regardait dans notre direction.

« Mais il va doubler, ce con ? » commençait à s’énerver Philippe comme on se rapprochait du cul d’un camion, ce qui allait obliger Philippe à ralentir. Et ralentir, ça, Philippe, il aime pas. C’est pas pour ça qu’il a acheté une Jag.

Comme s’il l’avait enfin entendu, le crâneur a accéléré et s’est éloigné.

« T’as peut être un pneu dégonflé, ou quelque chose de ce genre ? », j’ai hasardé.

Encore un peu énervé, il a tourné la tête vers moi, et après un instant, il s’est fendu d’un large sourire : « non, je crois pas que c’est ça ! »

J’ai pas compris mais je n’ai pas insisté pour pas l’énerver davantage.

Un moment plus tard, c’est lui qui rompait le silence : « ah, le voilà ! ». J’ai ouvert les yeux, il rattrapait la BM et il s’est mis à son niveau, à son tour.

C’était un peu con ce jeu de mecs, tu-m’as-fait-ça-alors-je-te-fais-pareil, je trouvais, mais je voulais pas l’irriter. Le mec s’est tourné vers nous lorsqu’on a été  à son niveau, et je me suis redressée et ai enlevé les pieds du tableau de bord quand j’ai compris ce qu’il regardait. La lourdeur de son regard me gênait, et même si c’est toujours flatteur pour une femme, surtout quand on avance en âge, je n’appréciais pas à cet instant d’être regardée comme un paquet de chair. C’est moi qui, pincée, ai intimé à Philippe d’accélérer, puisque c’est lui qui avait crée cette situation. Il a accéléré en posant sa main sur ma cuisse caramélisée par cette semaine de congés, que j’ai recouverte immédiatement avec le pan de ma robe.

Il a ri, et je me suis retenue d’exploser.

Finalement, je suis retournée à ma somnolence, la nuit est tombée et la fraîcheur avec elle, même si la clim gommait tout ça et que c’était illusoire.

J’étais hypnotisée par le défilement dans les phares des bandes blanches de l’autoroute, et je me suis revenue à moi quand Philippe a ralenti à l’entrée de la station.

Il l’a dépassée et est allé se garer au bout du parking, quasi désert, comme l’était l’autoroute. En descendant, une brise légère et caressante faisait bruisser les arbres alentour, et c’était bon, çà changeait des CD et de la clim. Malgré le feulement des camions qui fonçaient sur l’autoroute.

On a remonté le parking vers la lumière de la boutique.

Philippe se garait au bout du parking pour pouvoir se dégourdir les jambes. On marchait sans mot dire, côte à côte, en profitant de la douceur de l’air. Les vacances avaient été un vrai plaisir, ensoleillées et reposantes, et je revenais détendue. C’est idiot, mais j’étais en train de goûter la transition, avant l’air parisien, déjà empreinte de nostalgie d’une part et voulant encore en profiter un peu d’autre part. Juste en remontant un parking mal éclairé, sur une aire d’autoroute, dans une campagne française en été.

En approchant du bâtiment, il m’a enlacé les épaules. On avait bien roulés, il n’y avait personne, et on serait à Paris dans deux heures.

La lumière crue aux néons de la boutique m’a agressée en entrant, et sa fraîcheur frissonner mes bras nus. On l’a traversée, il a pris vers les hommes et moi les femmes.

Après m’être rafraîchie, je suis allée faire de la monnaie pour les cafés, je me suis mise devant une machine, et comme il n’était pas encore revenu, j’ai commandé un thé au citron pour moi. C’est du thé lyophilisé, il n’a rien à voir avec celui qu’on se fait, mais c’était la seule chose, çà ou le potage, qui me faisait un tant soit peu envie.

Je sélectionne sans sucre et le robot se met en branle avec un sifflement aigu.

Le voici qui arrive, je m’avance vers lui avec mes pièces au bout des doigts : « Je ne savais pas ce que tu voulais ».

Il me dit qu’il veut un café court, sans sucre, comme d’habitude, pendant que la machine finit de servir mon thé dans un chuintement.

En me penchant pour retirer le gobelet, avant de remettre des pièces, je l’ai senti, juste derrière moi.

Il était à la machine à côté, et je n’avais pas prêté attention à lui, pas davantage qu’aux quelques voyageurs épars qui faisaient halte ici, comme nous, le temps d’un plein, d’un pipi, d’un café.

Quand je dis que je l’ai senti, ce n’était pas seulement une odeur, c’était une présence.

A tel point que je n’ai pas osé me retourner. J’ai marqué un temps d’arrêt, et tout mon corps a trembloté, j’ai eu l’impression.

J’ai essayé de me maîtriser, je me suis redressée avec mon thé dans une main, et j’ai distraitement tendu à Philippe les pièces que j’avais dans l’autre.

A-t-il remarqué mon absence ? L’avait il reconnu ? Il m’a regardée en prenant les pièces dans ma paume, et moi, je sentais l’autre dans mon dos, j’essayais de le voir dans le reflet de ses prunelles.

Un frisson me courait dans le dos, des genoux jusqu’aux coudes, et je sentais une grande chaleur qui irradiait.

Philippe enfilait les pièces, comme de rien, et puis il a choisi le bouton à presser, et puis la machine a recommencé à chanter, et puis je me disais qu’il ne pouvait pas l’avoir reconnu.

J’allais trahir ce délicieux moment secret si je restais là face à lui, alors, brusquement, je me suis éloignée vers l’entrée sans me retourner et je suis sortie, et toujours sans me retourner, je suis sortie de la lumière de la piste.

J’ai eu l’impression que son regard m’accompagnait, m’enrobait, jusqu’à cette salvatrice obscurité, et, quittant la fraîcheur réfrigérée de la boutique, un frisson me parcourait l’échine, alors que je percevais la moiteur de la nuit, que je n’avais pas ressentie au premier abord.

J’avais déjà connu une sensation similaire. Une fois. C’était en arrivant au travail, un matin, alors que je sortais du RER. Des jeunes gens, comme souvent, traînaient là, assis sur un muret. Ils ne faisaient pas peur au milieu du flot moutonnant qui se répandait, mais j’avais l’habitude d’éviter leurs regards. En passant devant eux, ai entendu leurs invectives, qui m’étaient destinées. A voix haute, l’un d’eux parlait de mater cette salope, qui sous ses airs de fesses serrées devait être bien chaude et aimer la queue. La vulgarité de leurs propos, la force de leurs voix qui me poursuivaient dans la foule silencieuse, cela me fit très honte, et je me suis hâtée de gagner la tour, sans me retourner.

Je ne pouvais m’empêcher d’y repenser en attendant l’ascenseur, et alors, j’ai connu cette impression étrange, ce diable qui prenait mon contrôle. Devant la machine à café, et oui, déjà une machine à café, pour le petit express de mise en jambes, j’écoutais distraitement mes collègues car mon esprit était ailleurs. Je n’ai pas regagné tout de suite mon bureau et je me suis réfugiée dans les toilettes pour me caresser, ce qui ne m’était jamais arrivé.

Et là, c’était la même chose.

Me sentant protégée enfin par l’obscurité contre son regard, je me suis retournée et j’ai scruté la boutique éclairée, à travers la vitrine, en sirotant mon thé. Au-delà des quelques pupitres déserts, il y avait cette masse contre les machines à café.

Trop loin pour découvrir la direction dans laquelle il portait son regard. Trop loin aussi pour voir à quoi il ressemble. D’ici, massif et imposant. Et l’évocation furtive de l’impression que j’ai ressentie me plonge à nouveau dans le trouble.

Philippe traverse le halo de la piste dans ma direction, en tenant pincé entre deux doigts son gobelet, il faut que je me reprenne. J’ai été ridicule de partir comme çà, mais je ne me contrôlais plus. Il a dû repérer mon trouble, çà doit se voir comme le nez au milieu de la figure.

« Tu as raison, il fait meilleur dehors ».

Je détache mon regard de la vitrine et le tourne vers lui. Il me gêne, j’ai l’impression d’un étranger, je le méprise un peu de ne pas pouvoir se hisser dans mon songe.

Néanmoins, je me force à lui donner le change, je le laisse parler sans l’écouter, mes yeux vont des siens à la vitrine.

Mon cur s’arrête lorsque je découvre le devant des machines à café vide.

Les quelques pékins de la boutique n’ont pas bougé, mais lui, il a disparu.

Sentiment d’urgence, paradoxe. Le fuir, mais ne pas le perdre. Me cacher, mais être découverte.

Je tends la tête dans toutes les directions alentour, aussi discrètement et avec le maximum de décontraction pour ne pas éveiller l’intérêt de Philippe, mais rien, il ne peut que s’être éclipsé aux toilettes, ou alors il est baissé derrière un des linéaires.

Je change d’angle de vue pour essayer de le découvrir en apportant mon gobelet encore à moitié plein dans la poubelle, mais je ne le découvre pas. Il n’est pas dans les rayons, du reste, cela ferait trop longtemps.

Philippe me propose d’y aller, je lui dis qu’il peut finir son café, qu’on est bien, là, à prendre l’air.

Cà me donne suffisamment de répit pour espérer le voir sortir des toilettes, mais toujours rien quand Philippe finit son café. J’ai perdu tout espoir, et me demande quelle chimère est en train de me traverser l’esprit.

On redescend le parking vers la voiture, tout au bout, et nous ne parlons pas plus qu’à l’aller. Mais je ne suis plus la même. J’ai vécu un instant d’enchantement, seule, et les séquelles me poursuivent, à travers un étrange sentiment de légèreté et d’irréalité. Une impression persistante.

Avec Philippe, je pense que nous avons une relation qu’on pourrait qualifier d’équilibrée.

Je le laisse tenir les rennes et m’émerveille volontiers comme une petite fille de ce qu’il me fait découvrir, flattant son ego de mâle tout en étant sincère.

Mais parfois, lorsque la force l’abandonne, je sais aussi me montrer maternelle avec lui et lui offrir un sein protecteur contre lequel il se love. C’est fragile, ces hommes, sous leur carapace de brute.

Et puis, il y a ces moments où je suis sa putain. La rencontre de deux archétypes.

Je me souviens d’une fois, il avait été grognon, durablement ; pénible comme il peut l’être parfois. Cà avait duré plusieurs jours, et je lui avais refusé mes faveurs lorsqu’il y avait prétendu.

Et puis, un matin, il était déjà parti que je sortais à peine de la douche, un petit mot, une petite bague et une fleur. Il regrettait son attitude, il s’excusait.

Je pars après lui le matin, mais je suis souvent de retour avant lui le soir : vous connaissez ce type d’hommes qui n’arrivent pas à quitter le bureau et justifient leur présence là bas par la concurrence acharnée entre collègues pour les meilleurs postes.

Alors, le soir, et j’en avais très envie, j’ai pris l’initiative d’une robe courte, et je l’ai attendu, à quatre pattes sur le canapé, la robe relevée sur les fesses, sans culotte, le sexe indécemment offert à son bon vouloir, pour peu qu’il daigne s’en occuper. Je n’ai pas trop de craintes à ce sujet là avec lui.

Je l’ai bien attendu une heure dans cette position, et l’envie me prenait de me satisfaire moi-même en l’attendant, tellement les pensées folles qui me traversaient l’esprit m’excitaient.

J’étais sa pute, il pouvait faire de moi ce que bon lui semblait, et j’aimais cette idée là, à cet instant là.

Et dans ces cas là, il ne me déçoit pas, sait dévoiler un pan de sa personnalité généralement caché, se révèle mystérieux et inquiétant, sait me contenter par son attitude inhabituellement vicieuse.

J’éprouvais un trouble assez proche, une nécessité impérieuse d’être l’objet d’un homme, qu’il ait envie de moi et se serve de moi pour atteindre son plaisir. Mais ce n’était pas l’homme dont j’étais amoureuse, qui me paraissait soudainement inconsistant. C’était un songe plus qu’un homme, ce songe croisé devant une machine à café, dont j’ignorais tout, et étrangement volatilisé.

Avais je rêvé ?

On est passé devant une BM en revenant à la voiture ; tout à l’heure, je ne l’avais pas remarquée, mais il faut dire que je ne l’avais pas cherchée. Ca pouvait être la sienne, ça pouvait être celle d’un autre.

Arrivant à la voiture, toujours silencieux, je passe côté passager pendant que Philippe actionne sa télécommande, les clignotants de la Jaguar se signalent dans la nuit, et, en ouvrant la porte, je sens une main se poser sur mon épaule.

Je suis à ce point surprise que je sursaute et pousse un petit cri. Mais je n’ai pas besoin de me retourner pour reconnaître sa présence.

C’est son odeur, ce magnétisme déjà ressenti devant la machine à café. Le rêve se poursuit, m’entraîne.

Déjà, la main, douce et volumineuse, m’enserre l’épaule et je me sens aller à l’abandon lorsque sa bouche chaude embrasse mon épaule. Je ne résiste pas, je frissonne en fermant les yeux et me laisse emporter. Jamais je n’aurais cru que je pourrais faire çà devant Philippe.

Il me tourne contre lui, me fait valser, et sa bouche se colle contre la mienne, sa langue me pénètre.

Je me délecte de cette bouche qui me fouille, que je fouille, dans laquelle je disparais, de ces épaules dans lesquelles je me cache. Plus rien d’autre n’existe. Je t’ai tant attendu, bel inconnu. Prend plaisir de moi, je m’en remets à toi dans mon abandon.

Sa main dans le bas de mon dos me colle contre lui et je le respire, son autre main attrape un sein et le presse, le pouce et l’index se resserrent sur le téton qu’ils pincent, petite fraise qu’ils font bander encore plus, et puis l’abandonnent.

Vivace, cette main glisse sur mon ventre et en longeant l’aine, se pose entre mes cuisses qui s’ouvrent sans se faire prier, brûlantes de désir. La seule chose que je puisse faire, c’est m’attacher encore un peu plus à son cou.

Et la main remonte dans mon dos et me plaque un peu plus contre lui, alors que l’autre m’enlève du sol, oups.

Ses lèvres quittent les miennes et viennent poser des baisers humides dans mon cou, et il me dépose sur le capot encore chaud de la Jaguar, et ce sont ses deux mains et sa bouche qui viennent fouiller mon corps, se délectent de le faire frissonner.

Je m’ouvre sans pudeur, plonge mes doigts dans sa chevelure et appuie sa tête contre mon corps, quand il sort la pointe d’un de mes seins du bonnet de soutien gorge et l’agace de la langue, quand il embrasse chaleureusement mon ventre alors que ses mains s’attardent sur mes petits seins, quand il plonge enfin entre mes cuisses et que sa salive vient se mêler à mon envie après avoir si promptement soulevé ma robe et écarté ma culotte.

Sa langue chaude se fourre là et m’explore en me tirant des gémissements que je ne puis retenir quand elle embrasse mon bouton après avoir parcouru lentement chacune de mes lèvres gonflées, et osé s’aventurer à l’entrée de mon petit trou.

Il me découvre et déjà il me connaît, sachant s’y prendre pour que je lui donne tout de moi, ou plutôt, ayant su y faire pour tout s’approprier.

Il me broute et je me sens me cambrer, rouvre un instant les yeux et, toute à ce transport, ne réalise la présence de Philippe que quand je les ai déjà refermés.

Philippe ! Philippe qui n’existait plus, qui n’existe plus.

Philippe aperçu furtivement, qui me regarde, appuyé sur le montant de sa portière, et dont j’ignore ce que signifie l’expression de son visage. Peur et impuissance face au gaillard qui joue de moi ? Fascination de me voir aussi salope ? Je lui avais pourtant montré comme je savais faire usage de mes charmes pour plaire à un hommeMe savais je moi-même aussi salope ? Voilà que je suis en train de vivre un moment délicieux dont il est exclu, juste devant lui, un moment comme je n’en ai jamais connu d’aussi bons et comme j’ignorais qu’il puisse y avoir, où vos désirs les plus inavouables soient exécutés, dépassés, avant même que de les avoir exprimés.

Cet homme m’a comprise, il me connaît.

Il m’offre un festival de volupté, comme jamais Philippe ne m’en a fait connaîtreSi j’ai réussi à le pousser au vice, jamais il n’a eu ni cette force ni cette douceur avec moi, et je l’en crois bien incapableIl n’en aurait que plus encore que ce que je lui ai donné, il aurait eu ce que je donne maintenant à mon bel inconnu : tout, sans calcul ni retenue.

D’un coup de langue, Philippe a quitté mes pensées et mes doigts se crispent dans la crinière de mon bel inconnu, dont je souhaite l’assaut final, bien trop timide pour l’exprimer, et surtout bien incapable entre les petits cris de surprise et les râles de contentement qu’il m’arrache.

Ses mains m’abandonnent un instant pour une nouvelle fois venir me soulever.

Il me retourne sur le capot, mais il est aussi brutal qu’il était tendre un instant auparavant : il m’y plaque de sa large main dans mon dos, le capot clonque et ma peau nue découvre la chaleur du métal chauffé par le moteur.

Surprise, je cherche à m’agripper et j’attrape un essuie glace quand il vient se coller entre mes fesses et me faire goûter de sa queue.

Quoique désemparée par sa soudaine brutalité, je suis brûlante et me surprend à l’encourager : « allez, viens me mettre, salaud, je suis ta petite pute ! ». Ai-je jamais parlé ainsi à un homme, à un inconnu a fortiori ? La joue collée au capot, je respire trop fort et fais souffrir le martyr au pauvre essuie-glace quand il me pénètre, fort et sans ménagement, à la limite de la douleur, de ce qui serait de la douleur si je n’étais pas si excitée, et je cherche Philippe d’un regard perdu, éperdu, pour m’excuser par avance de mon abandon sans résistance. Difficile de garder les yeux ouverts, ou au moins d’enregistrer ce que je vois, mais j’ai le temps de constater que Philippe est passé devant la portière, juste à mon côté, et qu’il a sa queue en main, se branlant en me regardant avidement.

C’est un chic type et je ne veux pas le laisser en reste. Prise de pitié, ou voulant lui faire partager mon plaisir, pour qu’il le comprenne ou seulement l’admette, j’abandonne l’essuie-glace pour sa queue, que je commence à branler, dont je tente de m’approcher pour la prendre en bouche, mais les coups de boutoir de plus en plus puissants de mon bel inconnu me rendent la tache impossible, et j’abandonne Philippe à sa bite, ou plutôt sa bite à Philippe, et je fais du trampoline sur le capot au rythme des cognées de mon bûcheron.

Chaque coup de piston me remue davantage et m’arrache désormais des cris, je ne suis plus qu’un sexe, qui danse au bout de la queue de mon sauvage cavalier, et mon compagnon s’excite de ma trahison, ce qui décomplexe le plaisir qui m’inonde, irradiant de mon sexe ramoné à fond.

L’ultime cri de mon orgasme se perd dans le souffle du vent dans les branchages qui me berce comme je crois m’évanouir après, petite mort, hein ?, lorsque la bite en moi se calme.

Je sens qu’elle se retire, puis quelque chose de froid et visqueux dans le bas du dos, la fraîcheur de l’atmosphère m’enrobe et je plie mes bras sous mon corps mais reste encore doucement ivre la croupe en l’air, puis m’effondre sur le capot.

Et puis le moteur vrombissant d’une voiture me rappelle à la réalité, j’ouvre les yeux et la BM passe en accélérant, je prends conscience de ma nudité, ma croupe indécente, et la capote laisse couler un jus frais sur mes lombaires avant de tomber quand le moteur démarre et fait vibrer le capot.

Je lâche l’essuie glace et le remets en place, tordu, je rabats ma robe et me lève. Déjà Philippe fait crisser nerveusement les pneus et j’ai tout juste le temps de monter.

Philippe a posé une serviette de bain sur le fauteuil passager. « Vite ! », me dit il, et il démarre en trombe. Après avoir passé les rapports de la boite, avant même d’avoir rejoint l’autoroute, il me met sa main sur ma  bouche, m’invitant à lui sucer les doigts sur lequel le sperme qu’il a essuyé colle, et n’a pas même un mot de tendresse ni un regard pour moi.

Il est pressé.

Je regarde l’heure, nous n’avons pourtant pas pris tant de retard, même si je ne suis plus la même qu’avant, que beaucoup de choses se sont passées, et je ne la ramène pas avec le plaisir que j’ai eu.

Et lui non plus n’est plus le même ; il est nerveux, sa main quitte ma bouche et il soulève le pan de ma robe, il allume la lampe de bord, me montre une file de camions sur lequel nous fondons : « là, le convoi ! ».

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