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ASSOCIATION DE BIENFAITEURS – Chapitre 2

ASSOCIATION DE BIENFAITEURS - Chapitre 2



« En chemin elle rencontre »

« Lahirette, lahirette, »

« En chemin elle rencontre »

« Quatre jeuns et beaux garçons (bis) »

Un car brinqueballant sarrête au bord de la route. Quatre garçons en descendent. Le car démarre dans un bruit de ferraille et disparaît dans la poussière. Les jeunes gens regardent autour deux. La campagne est déserte.

— Tes sûr que cest là? sinquiète Jean-Luc.

— Si, si! Mon frère a été précis. Il faut sarrêter au premier croisement après le village et prendre le chemin à droite. Un peu plus loin, il y a de lombre et de lherbe tendre, le rassure Jean-Louis. Au fait tas pas oublié la couverture Jean-Marc?

— Non.

— Tu me la passes.

— On aurait du descendre du car dans le village, grommelle Jean-Paul. On nous aurait vus, tandis que là

— Ne soit pas pessimiste, regarde qui nous arrive!

Jeanneton débouche dun sentier, tirant sa carriole pleine de joncs.

-Hé! déclare Jean-Marc, elle a lair pas mal celle-là. Si toutes sont pareilles dans ce village, nous allons passer un agréable après-midi.

Les quatre garçons savancent vers la jeune fille.

— On est toujours daccord pour le déroulement? interroge Jean-Paul Bon, alors on y va!

Il prend les devants et salue Jeanneton avec déférence.

— Ah Mademoiselle! Pardonnez notre étonnement, nous ne nous attendions point à trouver en ce lieu une aussi charmante compagnie. Vous permettez-nous de vous souhaiter un excellent après-midi avant de vous importuner par une question?

— Euh

La jeune fille na pas lhabitude de tels égards. Elle est tout émue et en oublie de répondre.

— Sommes-nous près du village de X ?

— Oui monsieur, il est juste derrière ce bois. Si vous voulez, je peux vous y conduire.

— Nous acceptons votre offre avec plaisir, mademoiselle euh

— Jeanneton, je mappelle Jeanneton.

Ils entourent la jeune fille. Jean-Luc veut tirer la carriole. Jeanneton est gênée de faire travailler daussi beaux jeunes hommes si bien habillés.

— Laissez, laissez, jai lhabitude.

— Il nen est pas question, insiste Jean-Luc. cest un plaisir pour nous de vous rendre service.

Jeanneton sourit et lui abandonne son chargement. Elle est fière daccompagner de si jolis garçons, si polis. Ce nest pas comme les gars du village qui ne brillent pas par leur bon goût et ne savent pas prononcer une phrase sans un gros mot ou un juron. Elle regrette que ses amies ne soient pas là pour assister à son succès.

Au bout dune centaine de mètre, Jean-Paul se frappe le front.

— Suis-je bête! Jai oublié mon sac là où nous nous sommes arrêtés tout à lheure. Je suis obligé de retourner sur mes pas.

— Je taccompagne, déclare Jean-Marc.

— Moi aussi, renchérit Jean-Louis. Dis Jean-Luc, tu sauras trouver tout seul ce que nous cherchons?

— Pas de problème.

— Dès que nous aurons retrouvé le sac de Jean-Paul, nous vous rejoindrons. A tout à lheure mademoiselle et veuillez nous excuser de vous abandonner ainsi, mais je suis sûr que Jean-Luc saura faire pardonner notre absence.

Jeanneton les regardent disparaître

« Le premier un peu timide »

« Lahirette, lahirette, »

« Le premier un peu timide »

« Lui caressa le menton (bis) »

Dêtre face à un seul garçon inquiète un peu Jeanneton. Leur nombre la rassurait. Tant dis que maintenant Que fera-t-elle sil savise de lui sauter dessus? Se mettra-t-elle à crier, ameuter le voisinage au risque de sa réputation? Ou au contraire, subira-t-elle lassaut passivement comme elle en a pris lhabitude? Une petite voix intérieure lui susurre: « Et si avec lui cétait différent? »

Elle jette un coup dil à son chevalier servant. Il tire la carriole avec courage et la regarde en souriant. Elle sen veut de ses mauvaises pensées.

— Quallez-vous chercher au village? monsieur euh

— Je mappelle Jean-Luc et vous? Oh pardon! Vous nous lavez déjà dit, Jeanneton nest-ce pas?

— Oui.

— Quel joli nom! Il vous va à ravir! Que faites-vous dans ce village mademoiselle Jeanneton?

— Euh Jaide ma mère.

— Je vous félicite.

Jeanneton le regarde avec des yeux ronds. En quoi est-ce extraordinaire daider sa mère?

— En ville, explique Jean-Luc, les jeunes filles de votre âge, refusent souvent dobéir à leurs parents et ne veulent nen faire quà leur tête. Mais je suis content de constater quici, de telles murs dépravées nont pas court.

— Euh

— Voyez, en ville, si je rencontrais une jeune fille telle que vous, enfin pas aussi jolie, je vous assure

— Oh monsieur!

— Si, si, vous feriez sensation! Si je rencontrais une jeune fille, disais-je, elle se pendrait à mon bras et mimposerait sa conversation. Avec vous, ce nest pas le cas et jen suis heureux, je vous assure.

— Euh

Jean-Luc pose la main sur la hanche de Jeanneton.

— De même, il me serait impossible de lui tenir la taille comme je le fais avec vous sans quelle prenne ce geste anodin pour un encouragement. Elle se pendrait immédiatement à mon cou croyant à je ne sais quelle invitation malsaine. Tandis quici, nous marchons sans penser à mal, profitant de cette merveilleuse journée.

Sans savoir pourquoi, la main sur la hanche gêne tout à coup Jeanneton. Elle lécarte et sen veut immédiatement de ce geste de défiance. Pourvu que ce jeune homme ne le lui en tienne pas rigueur

Il ninsiste pas et lui sourit. Ils cheminent quelques pas sans rien dire.

— Vous avez pas dit pourquoi vous venez au village, demande-t-elle inquiète du brusque silence.

— Euh Je euh Je cherche ladresse du maire, lance-t-il tout fier davoir trouvé une explication plausible.

— Si vous voulez, je vous y conduis, cest sur mon chemin.

Ce jeune homme veut parler au maire. Cest donc quelquun dimportant. Il ne sagit pas de faire mauvaise impression. Elle se rapproche de Jean-Luc. Ils se frôlent la main en marchant.

— Plus je vous regarde, plus je vous admire, continue le garçon. Jen connais beaucoup en ville qui aimeraient avoir votre démarche. On dirait une reine Si, si, je vous assure! On vous a donné des leçons de maintient, jen suis sûr Non? Vous vous moquez!

— Je vous assure, On était trop pauvres à la maison pour menvoyer à lécole.

— Si votre démarche est naturelle cest dautant plus remarquable! Et vos cheveux! Ôtez donc ce foulard qui vous dépare Là oui regardez comme ils tombent bien. On dirait une cascade dor.

— Euh Jai les cheveux châtains.

— Euh Je Mais Mais avec les rayons de soleil entre les feuilles darbre, ils brillent comme du métal précieux, se rattrape-t-il peu fier de sa bévue.

Jean-Luc arrange les boucles et caresse le cou au passage. Jeanneton ferme les yeux. Ils sont parvenus au milieu du bois. Le chemin traverse une petite clairière couverte dherbe verte. Le garçon lâche lattache de la carriole et prend Jeanneton par les épaules à bout de bras.

— Vous êtes vraiment jolie vous savez. Un vrai modèle de peintre!

La comparaison quelle ne comprend pas bien, flatte la jeune fille.

— Euh

— Je regrette ne pas être assez habile pour faire votre portrait.

— Oh! Vous êtes un artiste?

Jean-Luc se dit quil a marqué un point.

— Oui, on peut dire. Jétudie les beaux-arts.

— Ah! sécrie Jeanneton impressionnée.

Elle ne sait pas ce que cela signifie, mais ne réclame pas plus de précisions que Jean-Luc serait incapable de fournir. Il lattire peu à peu.

— Jaimerais avoir fini mes études pour être capable de chanter en vers passionnés le plaisir que jai de vous entendre

Il lattire un peu plus.

— de vous voir

Il plonge son regard dans les yeux de Jeanneton.

— de toucher vos lèvres.

Il pose sa bouche sur celle entrouverte de la jeune fille.

— Aah! sécrie la jeune fille surprise.

— Laissez-moi menivrer de vos baisers, goûter la saveur sucrée de votre bouche, sentir le contact délicieux de lémail de vos dents.

Sa langue sépare les lèvres, senroule autour de celle de Jeanneton.

— Aah!

Jamais celle-ci navait été embrassée de la sorte. Que cest agréable ! Elle est bien contente davoir rencontré ce jeune homme si sympathique qui parle avec distinction et embrasse si bien. Elle pose la bouche sur celle du jeune homme pour réclamer un autre baiser. Celui-ci, dans le dos de la jeune fille voit Jean-Louis savancer, la couverture sur le bras. Il lève le pouce en signe de triomphe.

— Ma chère Jeanneton, je suis désolée, dit-il en sécartant, mais mon camarade Jean-Louis me fait signe que je dois me presser. Aussi, je vous laisse en sa compagnie. Il ne vous décevra pas, je vous assure.

Il lui soulève le menton dune caresse légère. Jeanneton surprise na pas la présence desprit de le suivre et reste là, les bras ballants

(Suite au prochain couplet)

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