Marie, Joseph, Gui, Morgane et Mathieu ont passé leur été ensemble à travailler pour l’épreuve du barreau. Mathieu et Morgane, en couple tous les deux, se sont beaucoup rapprochés. La copine de Mathieu, mécontente de ce rapprochement, leur a interdit de se reparler. Mathieu a alors tout reproché à Morgane. Voilà plusieurs mois qu’ils ne se sont pas vus.
La fête bat son plein. Marie, déjà passablement ivre à sa pendaison de crémaillère, m’accueille à la porte d’entrée en me sautant au cou. Elle me fait circuler au milieu d’une trentaine de personnes, me présente massivement, en s’agrippant à moi pour ne pas trébucher. Je cherche du regard mes seuls alliés de la soirée, Joseph et Gui. Tous les trois, nous avons passé le barreau ensemble, et, passer des mois ensemble, à presque vivre les uns avec les autres, ça rapproche.
En réalité, nous étions quatre, Mathieu était à nos côtés.
Faute de trouver mes acolytes, mon regard se pose sur lui.
Cela fait maintenant des semaines que nous ne nous adressons plus la parole quand je le croise. Mathieu, tout en noir comme à son habitude, me dévisage de haut en bas. De même, je le scrute comme pour confirmer que celui auquel je pense depuis des mois est bien comme dans mes souvenirs. Mais cette fois, il est là, devant moi, et il ne s’effacera pas à la première occasion.
Je ne peux m’empêcher d’avoir une certaine rancur envers celui qui a décidé unilatéralement de me sortir de sa vie. Mais entre nous, c’était trop passionnel. On était des étrangers ou des âmes surs. On ne se lançait pas un regard ou on discutait toute la nuit. Il fait partie de ces personnes qu’on rencontre et qu’on semble connaître depuis toujours.
— Alors, tu es autorisé à m’adresser la parole, ce soir ? je lui lance.
— Ma garde rapprochée m’a autorisé une soirée off, Camille n’est pas là ce soir.
En une phrase, il la fait remonter à la surface. Tous les deux en couple, on sait très bien que tout contact entre nous pourrait avoir de lourdes conséquences. Alors, on joue avec le feu, on s’en approche, et on recule, juste avant de se brûler.
On retrouve les autres et on échange nos anecdotes sur notre été laborieux, pendant que Marie continue de tituber entre ses invités. L’heure avance, et j’ignore du mieux que je peux Mathieu, qui continue à me regarder avec insistance, électrisant.
Un verre, un autre, et, alors que je vais rejoindre Marie, il m’agrippe.
— Bon, on en parle ou on passe la soirée comme deux inconnus ?
J’acquiesce et on s’isole près de la chambre de Marie, ou on peut s’entendre un peu mieux.
— Tu me manques Morgane me souffle-t-il. Tu me manques tous les jours, j’en peux plus de penser à toi, j’ai envie de te parler tout le temps.
— Fallait y penser avant, tu sais. Tu m’as fait passer pour une folle, tu m’as sortie de ta vie sans une explication. T’es qu’une merde, t’es pas capable d’être ami avec moi, et tu m’as laissé croire que c’était de ma faute, donc on n’a rien à se dire.
— Tu sais très bien pourquoi Morgane, ce qu’il y a entre nous, c’est ingérable ! Qu’en dit ton copain toi ?
— Il n’en dit rien, parce qu’il sait qu’on est juste ami. Il sait aussi que tu t’es inventé une histoire avec moi, juste parce que t’avais besoin de donner un sens à ta vie misérable.
Les visages se retournent vers nous. On se donne en spectacle, et je suis convaincue qu’il adore ça. Il m’attire dans la chambre, pour qu’on soit enfin seul à seule dans nos explications.
Mathieu me plaque sur la porte, je sens son souffle approcher mon visage.
— Je suis désolé Morgane. Je suis tellement désolé. Tu me manques. Je pense à toi tout le temps.
— Je sais pas ce que tu cherches, lui murmuré-je. T’es heureux avec Camille, je suis heureuse avec Antoine. Si t’es pas capable de m’avoir comme amie, je préfère encore qu’on ne se parle plus.
Alors que je cherche à me dégager, je sens son pouce effleurer ma joue. Il fait glisser son doigt le long de mon visage, puis sur mes lèvres.
— Ok, on ne parle plus. Mais accorde-moi une soirée, après tu m’oublies.
Doucement, il approche sa bouche de la mienne. Je sens sa langue effleurer ma lèvre, comme pour y goûter. Je ne tiens plus, et, sur cette porte derrière laquelle tout le monde fait la fête, dans l’obscurité de cette chambre, nous nous embrassons comme jamais personne ne m’avait embrassée auparavant.
Une passion naît de notre baiser, et nous nous donnons autant d’amour et de douceur que de haine. C’est un combat qui se joue, et on se mord, on se touche, on s’agrippe l’un à l’autre, pour gagner l’ascendant.
Ses mains détachent rapidement les boutons de ma chemise et vont chercher mes seins, retenus par un soutien-gorge en dentelle. Son souffle s’accélère et je parcours son cou, son torse avec mes lèvres, avec ma langue.
Un gémissement m’échappe alors que ses mains continuent leur exploration le long de mon corps. Il atteint alors le haut de ma jupe et me lance un regard, attendant mon accord pour aller plus loin. Mais ce soir, si je n’ai qu’une nuit, une heure, à ses côtés, je veux aller jusqu’au bout.
En réponse, je m’active à détacher son jean qui tombe au sol. Son érection apparente prouve qu’il est aussi excité que moi.
J’attrape son sexe et commence des va-et-vient, alors qu’il s’approche doucement du mien. Je sens ses doigts m’explorer, et ce contact devient électrisant.
Il se détache de moi pour positionner le bureau de Marie devant la porte pour la bloquer, et me dépose dessus. Ses lèvres passent de ma bouche à mon cou, et continuent à descendre le long de ma poitrine. Il dépose un baiser à la pointe de mon sein droit, avant de poursuivre son exploration jusqu’à mon ventre. Sa bouche atteint finalement mon entrejambe, et, d’un geste expert, Mathieu commence un cunnilingus. Alors qu’une main soutient son mouvement de langue, l’autre vient se poser sur mon sein.
Je sens l’orgasme monter, et la musique masque mes cris. Je ne tiens plus. J’ai envie de toi maintenant, je lui souffle.
Mathieu se redresse, et dirige la pointe de son sexe érigé vers mon antre déjà bien prête à son arrivée.
— Demande-moi gentiment, et tu auras ce que tu veux il me répond dans un murmure.
— Fais pas le con Mathieu, viens maintenant.
— Je ne crois pas, j’ai plus trop envie, à part si ça te fait vraiment plaisir dit-il, rieur.
Je ne tiens plus, et alors que je m’aperçois qu’il finalise de mettre un préservatif, je le sens glisser tout doucement en moi.
Pendant quelques secondes, ce mouvement lent me fait monter au 7ème ciel. Assise là, sur le bureau de Marie, avec Mathieu entre mes jambes, la situation semble irréelle.
— Prends-moi plus fort et plus vite, avant qu’on regrette tous les deux.
Mathieu accélère la cadence, et nous nous regardons dans les yeux, comme si chacun ne croyait pas à la situation. Dans un orgasme final, nous tombons l’un dans les bras de l’autre.
On s’embrasse une dernière fois comme si notre vie en dépendait.
Dans un dernier regard, je m’éloigne de lui, fermant alors notre parenthèse de folie. Je me rhabille et franchis le seuil de la porte.