La foule acclamait les joueuses. Le premier entraînement de l’année attirait lycéens et lycéennes, une sorte de tradition de l’établissement qui avait pour objectif de se faire rencontrer les élèves et enseignants. Moi, je ne connaissais personne. Sauf Céline, ma cousine. Pendant que je vous parle, elle est là, sur le terrain à dribbler les joueuses adverses d’un talent que je ne connaissais pas. Il faut dire qu’entre elle et moi, il n’y a jamais eu grand-chose. La famille s’étant embrouillée, on ne se voyait quasiment jamais et on avait perdu une relation unique, de confiance et d’intimité, qu’on avait construite lorsque nous étions plus jeunes.
À la fin du match qui s’est conclu par une victoire de l’équipe de ma cousine, je décide de l’attendre devant le gymnase. Je n’ai pas encore eu l’occasion d’avoir la rencontre miracle cette année, vous savez, celle où le hasard vous présente deux ou trois personnes qui resteront vos amis pendant toute l’année, excepté trahison – thème récurrent au lycée. Peut-être que moi aussi, je les intimide. Il faut dire que ma cousine et moi-même ne sommes pas à notre première année de lycée. Notre réorientation nous a amenées dans un lieu où nous sommes quelque peu plus âgés que ceux qui sont dans notre classe.
J’attends, smartphone en main, j’essaie d’avoir de la connexion tant bien que mal. Pendant que je cherche un point de réseau, je vois la porte s’ouvrir, laisser un groupe de filles sortir en tenue quotidienne, toujours essoufflées s’en aller vers le bâtiment principal. Puis un autre, encore un autre. Le temps passe, les minutes défilent. Tout le monde semble être sorti.
Excusez-moi. Est-ce que vous auriez vu Céline ? Vous savez, l’attaquante de votre équipe.
Euh. Ouais, elle est partie parler au prof de sport à l’intérieur du gymnase après la fin du match. Elle doit encore y être.
Après les avoir remerciées, j’entrais dans le bâtiment. Je jetais des coups d’il partout : il était immense, c’était la première fois que je le visitais. J’arrive dans la salle du gymnase, il n’y a personne à l’intérieur. J’angoisse et je me sens ridicule, surtout seul. Il faut que je me rafraîchisse les idées. J’entre dans le vestiaire…
Aaaaaahhhhhh, mais qu’est-ce que tu fais là ? hurle Céline en petite tenue.
Oh pardon, je suis désolé.
Je referme la porte rapidement et la regarde : le logo féminin y est inscrit. Mon stress s’évacue soudain, et je commence à repenser à ce que j’ai vu. À ma cousine en t-shirt et culotte blancs. Plus j’y pense, plus je sens mon sexe se lever dans mon pantalon. Serais-je attiré par ma cousine ? Non, ce n’est pas possible ! Non, surtout je ne peux pas ! Je commence à étouffer sous la chaleur, je m’en vais boire dans mon vestiaire, et me calmer. Au bout d’une minute, j’entends une porte s’ouvrir et se claquer.
Max, t’es où ?
Je sors du vestiaire et me présente comme si rien ne s’était passé. Mais à peine me rapprochais-je pour lui faire la bise en guise de salutations que je me fais réprimander.
Pourquoi t’es entré ?
Je te jure que ce n’était pas voulu. Je voulais aller dans le vestiaire des mecs pour boire, et je me suis trompé.
Mais qu’est-ce que tu fais là ?
Je te cherchais, je me sens un peu seul.
Tu as vu quelque chose ?
De ?
Quand t’es entré, tu as vu quelque chose ?
Honnêtement, je vous le dis, je déteste être malhonnête. Cependant, dans ce genre de situation, tu ne sais pas vraiment quoi répondre. Répondre à l’affirmatif pourrait causer une gêne entre nous deux – et ce serait la pire chose à faire pour mon entrée au lycée -, mais étrangement, étant ma cousine, la sensation de gravité que je ressens est bien moindre que si c’était une inconnue. Mais mon hésitation finit par faire le choix à ma place.
Si tu veux qu’on parte sur de bonnes bases Max, continue-t-elle, t’as intérêt à être honnête avec moi, et là, tu ne l’es pas.
Mais je…
Réponds.
Oui. Oui, j’ai vu, baissai-je les yeux. Mais presque rien, je te jure ! Puis, quand tu étais petite, je t’ai déjà…
Sauf qu’on n’est plus au même âge Max, et que ça fait un bail qu’on ne s’est pas vus. Ça se remarque, étant donné que tu n’as pas direct été honnête avec moi.
Désolé. Je n’ai vraiment pas fait exprès… Avant de débarquer au lycée, je regrettais cette relation si proche que l’on avait. Et visiblement, pour la renouer, c’est bien mal parti.
Oui, je me souviens… On se partageait tout. Tu veux vraiment qu’on reprenne cette relation ?
J’acquiesce. Mon cur s’est quelque peu apaisé. Céline a un caractère qui peut paraître dur, mais au fond d’elle, elle est très compréhensive et je n’ai jamais rencontré plus gentille qu’elle.
Baisse ton pantalon, alors.
Quoi ?!
Tu m’as vue, je veux te voir. C’est le principe du partage, de l’honnêteté. Soit on fait jeu égal, soit on ne fait rien.
Mais.
C’est toi qui vois.
Le problème… c’est qu’à ce moment-là, je commence à avoir une érection. Et honnêtement, je ne saurais vous dire si elle s’y attendait ou pas, mais lorsque j’exécutai sa demande et dévoila mon boxer rouge-noir moulant, elle haussa les sourcils. Son regard me parut durer une éternité. Faut dire que c’est assez gênant dans ce contexte.
Voilà, c’est bon. On a fait jeu égal Max et je te remercie pour ça. Tu peux remettre ton pantalon, et vite parce que sinon il ne va plus rien y avoir à la restauration.
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