De retour à la maison, Lucien m’attendait, inquiet de me voir rentrer si tard. J’expliquai que nous avions du faire des heures supplémentaires pour une commande tardive, ajoutant que je n’avais pu refuser car c’était extrêmement bien payé. Il s’étonna tout de même de séances photos si tardives et si bien payées. Soupçonneux, il me pressa de questions embarrassantes, auxquelles j’essayais tant bien que mal de répondre, esquivant le plus possible, et passant tout ce qui s’était passé sous silence.
Lucien n’étant pas naïf me dit que j’avais l’air fatiguée et que j’avais les cernes marqués. J’esquivai en répondant que la séance avait été épuisante et que j’étais effectivement fatiguée. Il me regarda droit dans les yeux et me prit par les épaules. Ses yeux plantés dans les miens m’interrogeaient littéralement et j’étais mal à l’aise. Je soutins cependant son regard, ce n’était surtout pas le moment de fuir. Tout à coup, sa main se posa sur mon sein et se referma dessus. Il me caressa ainsi quelques instants avant de descendre sur mon ventre. Je me mis à trembler quand sa main passa sous ma robe. Parvenant à mon sexe, sa main se referma sur ma touffe. Une certaine surprise se lut dans son regard, il suspendit son geste, ses doigts restant accrochés à mes poils.
— Tu ne mets plus de culotte maintenant, ou tu l’as perdue en route?
— Heu c’est à dire non, bien sur. En fait, comme on n’arrête pas de se changer, j’ai fini par craquer l’élastique et j’ai pas pu la remettre. Je l’ai jetée.
— Mouais! Tu retires ta culotte pour faire des photos! Je croyais qu’il s’agissait de catalogues de supermarché, de prêt-à-porter de "madame tout le monde".
— Ben oui, mais quelques fois, je te l’ai dit on fait aussi des dessous.
— Et aussi des "sans rien dessous", non? Écoute Vanessa. J’étais d’accord pour que tu fasses ces photos, je te faisais confiance. Je me doute qu’il doit bien y avoir des séances plus "osées" que d’autres. C’est pour cela que c’est bien payé. Alors ne te fous pas de ma gueule! Fais ces photos si tu veux. Fais les photos que tu veux, si çà te plaît, mais ne te fous pas de moi! Je veux continuer à te faire confiance et tu peux faire ce que tu veux et ce que tu as envie. Si çà te plaît d’être photographiée à poil, fais ce que tu as envie, mais ne te fous pas de moi. Je sais que j’ai raison. Je veux juste que tu sois honnête avec moi et aussi avec toi, et tu peux continuer à faire les photos que tu voudras, mais dis moi la vérité. Je n’ai pas raison?
— Heu à propos des photos?
— Oui, à propos des photos.
— Ben oui. Je ne voulais pas t’en parler, je pensais que tu ne voudrais pas. On n’a pas trop le choix. Les places sont chères et il y a des plus jeunes qui attendent la place. Si j’avais refusé, il ne m’aurait pas prise. Il ne m’a pas forcée, mais, dans ce métier bref, quand il nous a dit que nous devions faire des dessous érotiques, j’ai voulu refuser. Il m’a dit que je pouvais partir si je le voulais, qu’il ne me retenait pas. Les autres filles sont restées, et j’ai dit que j’étais d’accord pour le faire.
— Ben voilà! C’est pas mieux d’être honnête? Tu sais, je m’en doutais, je me suis renseigné: toutes les maisons font çà. Elles le font pour arrondir leur trésorerie. D’ailleurs, c’est pas déclaré!
— Ha bon?
— Ne sois pas naïve. Ces primes, vous les avez en liquide je suppose?
— Heu oui, c’est vrai! Je n’y avais pas pensé.
— Ben voilà!
Pendant qu’il me questionnait, Lucien faisait jouer ses doigts sur mon vagin, incrustant ses doigts dans ma fente, de plus en plus profond, provoquant mon trouble.
— Tu poses à poil, je suppose?
— Heu hem un peu
— Les autres filles aussi?
— Ouais
— Vêtements érotiques, nus transparents, latex, cuir et autres objets? Poses érotiques?
— Ouais aussi.
— Tu le fais?
— Heu quoi?
— Les poses érotiques.
— Hem Quelques unes
— Comme quoi? Combinaisons culottes fendues chatte à l’air?
Je répondis dans un souffle:
— Culottes fendues.
— Et chatte à l’air!
— Ouais
Lucien semblait s’exciter de plus en plus. Sa voix devenait plus rauque, ses questions plus précises, plus intimes. De plus, ses caresses sur mon sexe devenaient plus appuyées. Quant à moi, j’étais de plus en plus troublée. Il poursuivit ses questions, me mettant mal à l’aise.
— Des ustensiles, aussi?
— Comment çà?
— Vous ne faites pas de photos érotiques comme çà, pour un catalogue, sans qu’il y ait des ustensiles qui vont avec!
— Ben non
— Comment çà, il n’y aurait pas, des fois, des objets genre fouets, cravaches, godes, chaînes? Sois franche! Allez, dis le!
— Mais non, je t’assure!
— Je m’en fous que tu le fasses, mais dis la vérité!
— Mais non, qu’est-ce que tu vas chercher!
— Arrête de mentir! Je le sens. Tiens!
— Ahh! Oh!
Lucien venait de m’enfiler un doigt, très profondément. Je ne pouvais me résoudre à lui avouer tout, surtout cela, c’était trop pour moi.
— Bon. Çà va pour cette fois. La prochaine fois, tu me racontes tout, et tu dis la vérité, d’accord?
— D’accord. D’accord.
Cette fois, je m’en tirais de justesse, mais j’étais sure que Lucien avait compris.
Les semaines qui suivirent, je prenais de l’assurance dans mon nouveau métier, me déshabillant maintenant sans honte et sans pudeur, en présence des filles, de Laurent, mais aussi des techniciens, lesquels me reluquaient encore, mais s’attardaient moins sur mon corps, s’habituant à me voir, comme moi à leur présence.
Laurent me prenait à part de temps en temps, surtout le soir, pendant les "heures supplémentaires" où l’on faisait des photos plus osées. Là, il profitait que je sois à poil pour laisser traîner ses mains sur moi et m’enfiler ou me peloter. Je me laissais faire complaisamment, tant j’appréciais ses caresses et ses mains sur mon corps, et cela se terminait le plus souvent comme vous l’imaginez. Il me prenait invariablement, me sodomisait le plus souvent, ainsi qu’une ou deux autres filles, toujours les mêmes, Carole et Sabine. Il arrivait également que des ustensiles soient utilisés. Je refusais les fouets et autres chaînes, mais me laissais facilement enfiler par un gode ou autre ustensile. Au fil du temps, ces séances devenaient de plus en plus habituelles, à tel point que j’en arrivais à attendre la fin des séances normales de photos pour savoir s’il avait prévu autre chose. J’en devenais accroc. Bref, je faisais pas mal d’heures supplémentaires et cela nous aidait bien car j’arrivais à gagner plus, bien plus même, que mon mari qui finit par trouver la situation intéressante, et qui, de plus, semblait excité chaque fois que je rentrais tard. Il me faisait raconter comment s’était passée la séance photo et semblait s’en exciter de plus en plus. Un soir que je le trouvais particulièrement excité par mon récit, il faut dire que je m’étais aventurée à lui raconter que Vanessa s’était laissée enfiler un gode pour faire des photos, il avait insisté pour que je lui dise que, moi aussi, je me faisais photographier de la sorte. J’ai fait semblant d’accepter d’avouer uniquement dans le but de lui faire plaisir. Je n’avais pas l’intention de lui avouer que c’était, en fait, la vérité.
— Bon, si tu y tiens d’accord! Si çà t’excites je l’ai fait. Voilà, t’es content?
— T’as fait quoi? Dis moi franchement
Je soufflais de plus en plus, je devais être rouge jusqu’aux oreilles, je ne savais plus comment m’en sortir, mais, paradoxalement, la situation m’excitait terriblement, je constatai que mon mari aussi d’ailleurs. Je savais à présent qu’il ne me lâcherait pas avec ses questions si je ne lui racontais pas ce qu’il voulait entendre, et je me mis à raconter n’importe quoi, inventant une histoire; Une histoire qui, somme toute, n’était pas loin de la réalité.
— Bon Laurent m’a photographiée comme çà. Si tu veux j’avais une culotte fendue et il m’a photographiée avec, pour un bouquin érotique. Il a photographié Carole pendant qu’elle se se mettait le gode, et il me photographiait en me faisant écarter les jambes hem
— Ensuite?
— Ben Il y avait un autre gode, et Carole l’a pris dans la main et elle s’est approchée de moi. Laurent m’a fait asseoir sur un tabouret haut, un pied sur le barreau.
— Çà te faisait écarter les cuisses alors?
— Ben ouais!
— Et on voyait tout? Il t’a photographiée?
— Ouais.
— Entre les jambes?
— Ouais, tout près, il a fait un gros plan
— Un gros plan de ta chatte?
— Hem ouaiiiiss! C’est c’est pas la première fois il en avait déjà fait.
— Voyez vous çà! Petite cochonne! Çà t’excite quand il te prend comme çà? Dis moi
— Ouais un peu, çà dépend des fois.
— Et le gode?
— Ben Carole s’est approchée et elle a commencé à me caresser avec, entre les cuisses. Je me sentais toute drôle. Laurent photographiait toujours. Elle a fait remonter le gode jusque sur la culotte fendue et j’ai eu peur. J’ai attrapé le gode avec ma main, mais çà m’a fait tout drôle, et je l’ai relâché. Elle en a profité pour le pousser entre mes cuisses et là Laurent est passé derrière moi. Il m’a attrapé les bras par derrière et m’a immobilisée. Je n’osais plus bouger. Il a dit à Carole de m’enfiler et elle me l’a enfoncé d’un seul coup.
— Ouaacchhhh! Et çà t’a fait quoi?
— Ben çà m’a fait drôle et un peu excitée, quand même.
— Çà t’a fait drôle comment?
— Ben dedans. Çà fait une drôle de sensation quand çà rentre, c’est gros et c’est émouvant c’est bon aussi.
— Et après? Il te l’a fait aussi, ton patron?
— Non, non, bien sur. Il m’a juste prise en photo comme çà. C’est c’est Carole qui me l’enfilait.
— Elle t’a enfilé longtemps avec?
— Non, cinq ou six fois, pour les photos, et je lui ai demandé d’arrêter. Je ne voulais pas aller plus loin …
— Hummouaiiss!
Lucien me regarda bizarrement après ce récit. J’avais chaud, très chaud. Je sentais mon mari excité comme jamais, mais aussi contrarié. Il me regardait d’un air soupçonneux et je n’osais affronter son regard. Je crois que j’avais été trop loin cette fois.
Les jours suivants, lorsque je rentrais après des "heures sup", je remarquai qu’il finissait par faire la tête une fois son excitation passée. Bien que je ne lui raconte pas tout, passant sous silence tout ce qui n’avait pas trait aux essayages et aux photos, je voyais bien qu’il n’était pas satisfait. Je pense qu’il se doutait de quelque chose, où étais ce parce qu’il aurait voulu, justement, que je lui raconte quelque chose de plus excitant, peut être une partie de jambes en l’air. Je ne savais pas, et il ne disait rien sur ce sujet, et je me gardai bien de l’aborder, éludant ses questions et niant farouchement tout geste déplacé de ma part.
Les mois passèrent ainsi. Lucien me faisait toujours l’amour, mais moins bien, avec moins d’enthousiasme. Mes histoires de nus et de déshabillés, même croustillants ou agrémentés d’ustensiles, ne l’amusaient plus et ne semblaient plus le satisfaire. Il m’a même dit un soir, que cela ne l’excitait plus. Quant à moi, j’étais devenue complètement dépendante de mon patron, sexuellement.
A la fin de la saison, alors que nous étions en plein contrat de renouvellement avec une société parisienne, nous avons perdu le marché. Cette société représentait cinquante pour cent de notre chiffre d’affaire. Si nous ne trouvions rien pour la remplacer, il était indéniable que nous allions finir la clef sous la porte à plus ou moins brève échéance.
La société parisienne n’avait pas fermé complètement la porte, mais l’espoir de la voir revenir sur sa décision était infime. Laurent faisait des pieds et des mains, envoyant courriers et textos, s’adressant à chaque responsable, frappant à toutes les portes, jusqu’au jour où un responsable sembla s’intéresser de nouveau à nous. Je dis, sembla, car il n’était pas entré dans le vif du sujet, tout juste une promesse de se déplacer pour nous rencontrer.
Laurent nous en parla et nous demanda de nous mettre "sur notre trente et un", aussi bien physiquement que psychologiquement. Il fallait donner l’air d’une boîte efficace, enthousiaste, professionnelle. Une séance photo était même prévue.
Le responsable arriva dans l’après-midi. Un type mûr, la cinquantaine bien conservée, sportif et bien bâti. Un homme très intelligent et sur de lui. Il nous a tous et toutes passés en revue, si j’ose dire, puis a tenu à regarder de près nos catalogues, nos installations, notre matériel. Enfin, il s’est intéressé de près à nous, les filles, de très près, même, passant innocemment sa main dans le dos ou sur les bras de chacune de nous. Il me fit même tourner sur moi-même en me prenant les épaules, comme pour apprécier nos "mensurations". Il se tourna vers Laurent et le félicita joyeusement.
— Vous m’impressionnez mon vieux! Je ne pensais pas que vous étiez si bien installé et si bien outillé, surtout du côté des mannequins, il y en a de délicieuses. Je suppose que vous ne faits pas que "du mode", je ne le croirais pas, d’ailleurs?
— Heu non un peu de tout
— Ben voyons!
Cet homme, qui semblait avoir tous les toupets, me regardait intensément en écoutant les réponses embarrassées de notre patron. Il continua sur sa lancée:
— Vous savez, toutes les boîtes font de même. C’est crucial pour survivre dans ce métier! Bon je crois que vous commencez à m’intéresser. On peut voir une séance?
— Mais, tout à fait. En place s’il vous plaît!
En mois de temps qu’il n’en fallait pour le dire, chacun avait rejoint son poste, techniciens, éclairagistes, maquilleuses, mannequins, chacun savait ce qu’il avait à faire. Nous avons sorti une gamme de vêtements de cette société, et la séance photo a commencé, sous le regard intéressé du cinquantenaire.
On posait, se changeait à tour de rôle dans le salon normalement prévu et on posait à nouveau. L’homme posait des questions. Il voulut naturellement voir la collection "dessous", et c’est en soutien gorges et culottes que nous avons continué le défilé sous ses yeux pétillants de malice.
A la fin, alors que nous regagnions le salon, il me rattrapa par le bras, me demandant de rester un instant, il avait un mot à me dire.
J’étais en soutien gorge et petit string blanc. Je me sentis rougir mais n’osai rien dire, restant là, à attendre que tout le monde se retire. Je me retrouvai entre lui et mon patron. L’homme me regarda attentivement, me faisant rougir jusqu’aux oreilles, puis s’adressa à moi, me mettant mal à l’aise.
— Ma chère, j’ai pu vous observer, et je vous félicite. Vous me paraissez à l’aise, sure de vous, et vous avez un corps remarquable, des formes parfaites, et vous évoluez bien. Cependant, vous rougissez facilement. Un peu timide?
— Heu non c’est, qu’on ne se connaît pas et
— C’est vrai! Moi c’est Alain, et vous?
— Heu Vanessa!
— Très bien Vanessa. Vous êtes mariée?
— Heu oui!
— Alors, votre mari a bien de la chance! Bon. Écoutez, je vais réfléchir.
Là, il s’adressait à Laurent:
— Tout n’est pas encore définitif cependant il va falloir faire des concessions, notamment sur certaines lignes de vêtements. Il faut que je contacte ma direction. Je vous tiendrais au courant peut être que j’aurai besoin de revoir une séance de photos, pour me faire une idée. Je verrai ce que me dit le directoire, mais, de toute façon, sachez que c’est moi qui prendrai la décision finale, alors à vous de me démontrer que vous valez qu’on s’intéresse à vous. A vous de me montrer ce que vous savez faire, et que vous avez vraiment envie de le faire!
Là, il prononça les dernières paroles en me fixant droit dans les yeux, puis ajouta.
— Je suis à l’hôtel Le Relais. Je vous contacterai.
Là-dessus, il tourna les talons, nous laissant Laurent et moi un peu pantois et perplexes. Laurent me fit cette réflexion:
— Je crois que tu lui as tapé dans l’il, Vanessa. Je savais que tu étais formidable. Si on gagne, ce sera peut être grâce à toi. Tu est un ange ma chérie!
— Je je ne comprends pas
— Il t’a à la bonne, tout simplement, c’est bon pour nous. Reste comme tu es, n’en fais pas plus surtout! Il est sous le charme. A mon avis, il voudra certainement voire un nouveau "défilé", vous vous en doutez. Je compte sur vous! Je pense que vous avez compris quel genre de défilé il veut voir! Je ne vous fais pas de dessin. Alors, je ne forcerai personne, mais certaines d’entre vous doivent se sentir visées déjà, non? Je sais que vous savez faire preuve de solidarité dans les moments difficiles, et c’en est un. Celles qui se sentent impliquées doivent savoir que l’entreprise est entre leurs mains, je ne maîtriserai rien sans vous, vous le savez. Celles qui ont envie de s’investir personnellement, c’est le moment. Je n’en dirai pas plus, je sais pouvoir vous faire confiance. Maintenant, c’est à vous de décider. Voilà! J’attends les "volontaires", pour ce défilé. Ce sera peut être le dernier, mais çà peut être aussi le début d’une nouvelle aventure avec notre société!
Et là, sans que personne ne leur demande, je fus surprise de voir Claire, Sabine et Carole s’avancer vers Laurent:
— On est avec toi, Laurent. On ira jusqu’au bout. On se battra jusqu’à la fin, pour l’entreprise, pour nous, pour toutes!
J’avançai à mon tour et rejoins mes camarades, émue par leur solidarité. Je voulais, moi aussi apporter mon soutien, je devais bien cela à Laurent.
— Moi aussi. Je suis avec vous, et j’irai jusqu’au bout !
Trois autres filles s’avancèrent, timidement, sans rien dire et rejoignirent notre groupe. Seules, deux filles, le rouge aux joues restèrent en retrait. Personne ne leur en tint rigueur, elles ne participaient jamais aux défilés en petite tenue, même pas en sous vêtements, alors
Laurent, ému, nous regarda l’une après l’autre et vint nous faire la bise sur la joue, à chacune.
— Merci! Merci les filles. Je savais que je pouvais compter sur vous. Il va falloir vous dépasser cette fois, vous vous en doutez. Quant à Carole et à toi, Vanessa, je compte particulièrement sur vous. Vous avez pu constater qu’il a un faible pour vous, surtout toi Vanessa. Alors plutôt que de faire un caprice je préférerais que vous n’y participiez pas si vous ne le sentez pas. Je dirai que vous êtes souffrantes.
Nous répondîmes pratiquement en cur qu’il n’en était pas question. J’ajoutai à mon tour:
— On sait ce qu’on a à faire, t’en fais pas! On n’en est pas arrivées là pour se débiner maintenant! On ira jusqu’au bout, mais on y arrivera! Fais moi confiance!
— Merci, merci les filles.
C’est ainsi que le directeur de la société nous contacta le lendemain matin. Il voulut rassembler le personnel pour un dernier défilé, puis il prendrait sa décision. On savait déjà ce qu’il allait préférer, et on était prêtes, Laurent aussi, mais nous étions tous fébriles et nerveux, de même que les techniciens, qui jouaient également leur place.
Alain, le directeur, arriva vers neuf heures, de bonne humeur.
— Alors les filles!? J’espère que vous êtes prêtes! Je vais vous demander de me présenter la collection numéro cinq, que j’ai amenée, si vous réussissez à me mettre cet "invendable" en valeur, on essayera peut être autre chose, "si vous êtes sages". Réussissez moi çà, et je reverrai ma position. Pour l’instant, elle n’est pas encore bien définie; pas franchement négative, mais pas de quoi non plus nous faire dépenser plus d’argent! A vous de voir.
— Bon les filles, en place, allez vous changer. Messieurs, éclairage, plateau, en place, c’est à vous.
Laurent donnait des ordres, aboyant plus qu’autre chose, sa nervosité se ressentait. Nous allâmes nous changer. La collection choisie était franchement grotesque, réellement invendable. Puisqu’elle était grotesque, nous avons décidé entre filles de la rendre encore plus grotesque, défilant avec des tenues à faire mourir de rire des aveugles muets. Alain finit par éclater de rire tant nous étions déchaînées, de vraies clowns. Il resta jusqu’au bout alors qu’il était manifestement venu avec cette collection pour nous faire chuter. A la fin, il finit par nous applaudir comme s’il venait d’assister à un spectacle de casino.
Il partit discuter avec Laurent puis revint vers nous et nous félicita.
— Bravo! Bravo les filles, vous êtes superbes! Chapeau beau travail. Vous êtes des vraies professionnelles. Vous méritez vraiment qu’on s’intéresse à vous et à votre outil de travail, alors un dernier test et je vous garantis cinq ans sur contrat! A vous de prouver que vous le voulez vraiment, ce dont je ne doute plus.
A suivre—————-