Avec Laetitia, on était sorties des centaines de fois, en boîte, au resto, au cinéma, et pourtant nous n’étions jamais sorties avant aujourd’hui. C’était le savoureux paradoxe qui découlait de ce qui était né entre nous ce weekend : depuis que l’amour avait remplacé l’amitié, depuis que deux copines hétéro étaient devenues deux amantes homo, tout entre nous était neuf.
Du coup, c’est con, face au miroir, au moment de me maquiller et de m’arranger, j’avais un nud dans le ventre. Je me sentais comme une lycéenne qui se rend à son premier rendez-vous. Toute intimidée, je me posais un millier de questions, sur ma tenue, sur mon attitude. Plus rien ne semblait naturel. Tout était compliqué.
Après une longue réflexion, je choisis d’enfiler un legging multicolore et une petite chemise nouée sous ma poitrine, laissant apparaître mon ventre, mes hanches et mon nombril. C’était mignon et sexy sans que je sois déguisée en bombe : j’avais envie de plaire à mon amoureuse tout en restant naturelle. En me contemplant dans le miroir, pourtant, je ne me reconnus pas : sans doute parce que mon mari ne m’aimait qu’en tailleurs, avec un style très classique. Il aurait détesté ma tenue. Tant mieux. Je n’avais pas encore vingt-trois ans : je me sentais libérée de ne plus être habillée comme une petite vieille ou une secrétaire de direction.
Avec un brin de témérité, je choisis d’en rester là. J’allai rejoindre ma Laetitia qui m’attendait dans l’entrée. J’étais folle de trac.
Au fond, à sa manière, ma petite amie avait opté pour une solution semblable à la mienne. Elle avait enfilé une petite robe d’été toute adorable, qui dévoilait largement ses épaules charmantes. C’est fou comme on s’habitue vite à regarder les filles avec les yeux du désir. J’avais envie de la croquer : elle était resplendissante, parfaite pour un premier rendez-vous. Oh, j’étais sous le charme, des envies de débauche plein la tête.
« Je crois que je suis amoureuse » dis-je à la manière d’une blague, alors qu’en fait ça n’en était pas une. Elle sourit et sa bouche dessina une fossette exquise dans le creux de sa joue.
Nous étions prêtes à sortir lorsque je fus prise d’un vilain vertige. Soudain, franchir le seuil de la porte me parut insurmontable. Ça y était. Dès que nous aurions quitté cet appartement de Schrödinger, tout ce que nous y avions vécu deviendrait réel. Fini la bulle, bonjour le vrai monde. En sortant, j’acceptais que ça y était, je n’avais pas juste connu un coup de folie avec ma meilleure amie, mais que nous étions en couple, deux filles ensemble, dans nos curs comme à la face du monde. Passer cette porte, c’était faire mon coming out, ne serait-ce que dans ma tête.
Comme toujours, Laetitia comprit exactement ce qui se tramait dans ma tête : "C’est un peu la panique, du coup."
"La catastrophe totale" dis-je.
Elle glissa sa main dans la mienne, légère mais ferme, comme le font les femmes amoureuses, et soudain tout me parut plus léger. "Je t’aime, Laure."
Voilà. C’était fait. La porte de l’appartement s’était refermée. Nous étions dans le corridor. J’avais le cur qui jouait des maracas, mais pas grave, je l’acceptais. On se retrouva dans l’ascenseur et Laetitia se jeta sur moi, me roulant un immense patin, sa langue enroulée autour de la mienne, ses mains posées sur mes fesses, pour que je n’aie pas le moindre doute sur ses sentiments à mon égard. Touché, ma belle.
Lorsque la porte automatique s’ouvrit, une voisine nous surprit. En tout cas, elle aperçut quelque chose, difficile de savoir quoi. On rigola comme des baleines en sortant à l’air libre.
On y était. C’était là, le monde réel. On l’affrontait en se tenant par la main. J’avais l’impression que l’humanité toute entière nous scrutait, nous jugeait. Après tout, hier encore, j’étais une femme mariée, rien d’extraordinaire, qui jamais n’aurait songé à faire quoi que ce soit que la société désapprouve. Je n’avais pas eu le temps de me préparer à cette situation.
"Personne ne nous regarde, bébé" dit ma copine. "Et s’ils le font, on les emmerde."
Destination le métro. On s’engouffra dans une rame bourrée de monde, direction le centre-ville. Tout au fond du train, debout, on se pressa l’une contre l’autre dans l’espace étroit à notre disposition, épaule contre épaule avec plein de gens.
Laetitia se colla contre moi et posa sa tête contre mon épaule. Mon petit cur bondit de joie. Personne ne pouvait nous voir parce qu’il y avait beaucoup trop de gens tout autour de nous, mais malgré tout, ça y était : pour la toute première fois, je tenais mon amoureuse dans mes bras en public. Je la serrai dans mes bras et elle me serra dans les siens. Malgré le vacarme du train, je me sentais bien.
Fatalement, à se coller comme ça, nos envies se sont réveillées. Discrètement, Laetitia déposa une série de baisers doux et profonds dans mon cou. Ça me rendit toute chose. En me faisant ses bisous, elle se mit à promener ses mains sur mon corps, suffisamment discrètement pour que personne ne s’en aperçoive mais avec assez d’application pour que je comprenne que ses gestes ne devaient rien au hasard.
Il n’en fallait pas plus pour que je sois toute émoustillée Et c’est lorsque j’en pris conscience que je compris qu’une des mains de ma copine venait de se diriger vers mon entrejambe, se glissant entre mes cuisses, par-dessus mon legging. Son geste était ferme, ses intentions étaient claires. Un instant, morte d’embarras, je faillis la repousser. Mais je me raisonnai et j’acceptai son geste, me lovant contre mon amante pour que personne ne s’aperçoive qu’elle était en train de me caresser.
Immédiatement, ça m’alluma des étoiles plein la tête. Les doigts de Laetitia étaient enfoncés tout contre ma chatte, la frottant à travers le tissu du legging. Mes joues virèrent écarlate. En panique, je regardai en tous sens, de peur que quelqu’un nous regarde : mais rien, chaque voyageur avait ses yeux rivés sur son portable. Tant mieux parce que j’avais de plus en plus chaud et beaucoup de mal à me concentrer
"Laetitia" dis-je à son oreille dans un souffle.
Elle dût prendre cela pour un encouragement. Dans un moment de douce folie, elle glissa sa main dans mon legging et poursuivit sa caresse contre le tissu de ma petite culotte. Je sursautai. Par pur réflexe j’agrippai sa main jusqu’au sang.
"Tu es folle" fis-je, aussi silencieusement que possible.
Déposant quelques bisous dans mon cou, mon amante me branla à travers le tissu trempé de mon string, puis poussa l’élastique sur le côté et enfonça deux de ses doigts en moi. "Putain" J’étais en proie au vertige. Tremblante, je fondais. Le bruit, la position, l’obligation de garder le silence, et surtout le fait que ma petite amie était en train de me baiser dans un lieu public, en plein milieu de la foule, tout cela décuplait mon plaisir.
Mon amante pistonnait ses doigts dans mon vagin, tournicotait autour de mon petit bouton, faisait tout pour m’amener au septième ciel. La folle furieuse. Pour retenir les gémissements qui ne demandaient qu’à jaillir, je verrouillai mes dents et mes lèvres. J’avais l’impression que mon legging était mouillé de l’entrejambe jusqu’aux genoux. Ça me faisait presque mal tellement j’avais envie de l’embrasser.
Ça ne s’arrêtait pas, en plus. La main de Laetitia l’autre main, se posa sur ma chemise, bougeant presque imperceptiblement au-dessus d’un de mes seins. Ça me brûlait tellement c’était bon. C’était dingue, c’était impossible, c’était génial.
Impossible de rester passive. Mes mains avaient trop envie de son corps. Cette folie-là était contagieuse. Sans réfléchir parce que j’en étais incapable, je me mis à peloter son cul à travers sa robe. Heureusement, elle tournait le dos à la paroi Possédée par une volonté qui m’échappait, ma main alla s’aventurer sous le tissu, se poser sur ses fesses nues, toucher sa culotte. Laetitia était presque aussi trempée que moi.
Frénétiquement, parce que mes gestes étaient tremblants d’excitation, je tirai sur la ficelle de son string pour que celui-ci coulisse en elle. Cela lui arracha un halètement, bientôt suivi par d’autres. Ça me bouleversait. Pendant que Laetitia me masturbait, j’imprimai des va-et-vient à sa lingerie, qui vint agacer sa chatte aussi sûrement que mes doigts l’auraient fait. Encore et encore, sans m’arrêter, malgré ma vision qui tanguait et ce soleil chaud qui naissait dans les doigts de mon amante pour se propager dans mon corps, je la branlais et elle me branlait.
Elle me mordit la clavicule. "Oh bébé" dit-elle d’une voix brisée. J’adorais ça.
Je poussai un jappement. Presque une plainte. J’avais envie. J’avais besoin. Sans arrêter de donner du plaisir à ma copine avec sa culotte, sous l’emprise de désirs plus forts que moi, je plantai un doigt dans son petit trou du cul. Quelque chose craqua en elle, mit le bazar, comme si elle était sur le point de se briser en mille morceaux.
Sa respiration, qui s’était changée en halètement, devint une série de gémissements qu’elle ne parvenait plus à taire. Moi, j’étais exactement dans la même situation qu’elle. Mon âme était bouffie de chaleur. Le plaisir me calcinait. Les doigts de Laetitia en moi m’emmenaient au septième ciel. Nos curs cognaient à l’unisson. Le plaisir, d’un instant à l’autre, allait
Rien du tout. C’était notre station. Les voyageurs s’en allèrent en masse. Toute cette excitation retombe brutalement. Je retirai ma main de sous la jupe de ma copine aussi vite que si elle était posée sur une plaque allumée. Laetitia sortit également les doigts de mon sexe. Le cur battant, déboussolée par cet orgasme qui s’était refusé à moi, je tentai de retrouver mon centre de gravité, y voir clair à nouveau, m’arranger un peu, sortir de la rame avant que les portes ne se referment. C’était comme si j’avais été sur la Lune et que je retombais lourdement sur Terre.
Juste avant que les portes ne se referment, j’aperçus une femme qui nous regardait, Laetitia et moi, avec un mélange de bienveillance et d’amusement dans le regard. Elle avait vu notre manège.
Ma femme glissa sa main dans la mienne. "Tu n’as absolument aucune idée d’à quel point j’ai envie de toi, là, maintenant Alors, on y va, à ce restaurant ?"