Deux jeunes femmes à peine sorties de l’adolescence. La première, Sophie qui vient de fêter ses 18 ans, l’autre, Alicia, bientôt 19. Les deux se connaissent depuis toujours, leurs mères respectives étant de grandes amies. Celle de Sophie, Jasmine vit avec son mari Jérôme et sa fille unique. Elle est bi. Sonia, monoparentale et lesbienne, a élevé seule Alicia, son unique enfant également. Les deux jeunes ont tout partagé dans leur vie : activités de bambins, jeux d’enfants, travaux scolaires, sports au lycée. Avec le temps, les deux ados avaient développé une grande complicité alors que leur sexualité s’éveillait en elles. Complicité qui, se changeant graduellement en amitié profonde voire intime, les vit se plaire et se désirer l’une l’autre jusqu’au jour où elles s’avouèrent leur attirance mutuelle. Sophie et Alicia s’aimaient d’un amour fou mais, dans le respect des convenances, s’étaient promis de s’attendre jusqu’à l’atteinte de la majorité par Sophie et le jour où elles s’uniraient pour la vie. Étaient permis bien entendu les baisers langoureux et les caresses intimes, mais aucune activité impliquant la nudité ou la découverte d’une partie intime de l’une ou de l’autre.
Jasmine était devenue songeuse à l’approche de l’anniversaire de sa fille. Avait-elle tout fait pour bien préparer Sophie à affronter la vie de couple? Elle connaissait très bien Alicia qu’elle avait également vue grandir. Elle appréciait cette fille, sérieuse bien qu’espiègle à l’occasion et surtout plus délurée que sa fille, et désirait ardemment que Soph, comme elle se faisait souvent appeler, soit pour Alicia une compagne parfaite, qui la comblerait de bonheur et de plaisir dans leur plus profonde intimité.
Ce sentiment maternel devenant de plus en plus impérieux, Jasmine aborda Sophie, ce jour-là après l’heure du lunch.
« Comment te sens-tu, ma chérie, maintenant que tu es une grande personne’?
– Bien Maman. C’est une étape importante dans ma vie, répondit Sophie. »
En réalité, la jeune appréhendait depuis un certain temps cette conversation. Sa mère, ayant toujours manifesté envers elle un amour empreint de douceur et de tendresse, demeurait néanmoins super protectrice et contrôlante dans certaines situations. Jamais auparavant elles n’avaient eu de conversation touchant la sexualité, surtout dans un contexte de lesbianisme. L’échange qui s’amorçait ne la surprenait donc pas, c’était plutôt son contenu qui l’inquiétait.
« Tu sais, Sophie, que toi et Alicia vous vous êtes promises l’une à l’autre, lui dit-elle d’une voix aussi douce que celle d’un ange.
– Oui Maman, et nos promesses tiennent toujours, répondit Sophie tout bas. (Sophie sentait déjà que la conversation, quoique courte, serait torride).
– Alicia, reprit la mère, t’est vraiment destinée. Ses sentiments envers toi sont évidents. Je sais qu’elle prendra soin de ma fille comme moi-même j’en ai pris soin. Mon vux le plus cher est que tu la combles de bonheur et ce, dès votre première expérience intime. Tu vois ce que je veux dire?
Sophie avala difficilement tellement elle avait la gorge sèche.
– Euh oui Maman, je vois ce que tu veux dire.
– Il y a tant de maladresses vécues dans le début d’une relation intime que je m’en voudrais que votre première expérience se transforme en déception, autant pour Alicia que pour toi. »
Sophie resta muette. Elle semblait désemparée par ce qu’elle entendait. Les pensées se pressaient dans son esprit :
« Maman est-elle en train de me dire que mon éducation sexuelle est incomplète? »
« Aussi, reprit Jasmine, j’ai pensé qu’il serait à-propos que je procède à ton initiation sexuelle, dans le but de bien te préparer à ta nuit de noces. »
Sophie déglutit de nouveau. Cette fois, c’est une boule qu’elle sentait dans la gorge, son visage blêmit et des chaleurs inconfortables commencèrent à l’envahir.
« Maman, nous avons tout ce qu’il faut. Alicia et moi en avons déjà parlé et »
Jasmine lui coupa la parole :
« Je sais ce que tu penses et ce que tu ressens, mon poussin, reprit-elle. Mon but n’est pas de t’effrayer mais bien de mieux te préparer à te faire connaître de ta compagne. Tu dois savoir comment réagir lorsqu’elle s’emparera de ton corps, se l’appropriera et le pénétrera. Toute fausse manuvre peut compromettre cette activité si attendue de vous deux. Je veux que toi, autant qu’elle, jouissiez à tel point que vous en baverez toutes deux dans vos draps.
– Maman, est-ce VRAIMENT nécessaire? Alicia est très compréhensive et puis, elle et moi on fait les choses si naturellement
– Donc prépare-toi. Soit à la salle de bain à 19h00. »
Cela clôt la conversation. Sophie savait qu’elle n’avait pas le choix. Si, plutôt, elle avait le choix : expliquer à Alicia qu’elles devaient rompre parce qu’elle ne voulait pas subir l’humiliation de l’initiation imposée par sa mère, ou encore d’y aller à contrecur en espérant que ce moment à passer soit le plus court possible.
« Je briserais le cur d’Ali si je renonçais. Je l’aime trop, même si je sais qu’elle me pardonnerait. »
D’un autre côté Sophie aimait sa mère d’un tel amour filial qu’elle ne voulait pas la décevoir non plus. Sa vie durant, sa mère avait tout été pour elle : conseillère, consolatrice, protectrice Bien sûr il y avait aussi son père Jérôme, mais jamais Sophie n’avait pu dans sa vie trouver ailleurs que chez sa mère cette douceur qui la réconfortait quand elle était dans le besoin. La seule présence de Maman auprès d’elle lui apportait un courage immédiat dans tous les moments difficiles. Jamais Jasmine n’avait trahi la confiance de sa fille bien-aimée. Sophie lui devait bien cela.
« J’irai donc de l’avant, et dans les moments difficiles, je concentrerai mes pensées sur Alicia. »
(À venir: LA PRÉPARATION)