— Les joutes —
La grisaille et les quelques averses qui suivaient la tempête de poussière de la veille n’avaient pas empêchées que le convoi dans son entier assiste à ce que Lugos avait nommé des joutes.
Des esclaves avaient rapidement délimité une vaste portion carrée de terrain qui servirait d’arène et planté quelques piquets pour en définir les limites. Gardes, marchands et acheteurs comme toute la faune qui voyageait avec la caravane, s’étaient agglutinés derrières ces limites comme des mouches sur un étron encore chaud.
Des bruits courraient sur le mécontentement provoqué par les risques que leur faisait prendre Lugos. Et ce dernier semblait ne pas s’en apercevoir.
Tully leur avait expliqué que la réussite de son entreprise était axée sur un réseau d’espions et d’éclaireurs. Un convoi de cette taille devait attirer l’attention, aussi chaque itinéraire était établi précautionneusement et le plus souvent, la veille du départ. Mais progresser vers Freudia prenait un temps fou. Et éclaireurs et espions tuaient un peu trop souvent des octroisiens un peu trop curieux. Les caravaniers ainsi que les gardes sinquiétaient d’être finalement repérés par une patrouille ou pire par un Tregont de guerriers.
Tully avait appris qu’ils couperaient quelque part les montagnes puis traverseraient la pointe Sud de Freudia. La femme noire ne savait rien de plus. On parlait de l’autre continent mais ce n’étaient que des rumeurs…
Le premier de ses adversaires n’avait pas pu la toucher, ses attaques systématiquement parées ou déviées. Chacune de ses tentatives le laissait découvert, et aussitôt la sanction tombait. Une véritable épée l’aurait déjà découpé en morceaux. Un juge comptabilisait les touches et décidait si une attaque mettait sa cible hors de combat ou la tuait. La grossière épée de bois de la jeune femme finit par frapper avec force le casque au niveau de l’oreille et la brute se tint un instant immobile avant de s’effondrer. Il n’y eut pas besoin de juge pour celui-ci.
Tabatha ne portait rien d’autre qu’une légère tunique de cuir lui laissant bras et jambes nus, et des bottes de peaux retournées. Un simple plastron de cuir bouilli protégeait son torse. Elle avait refusé casque et cotte de maille qu’un garde, hilare par avance de voir cette pimbêche manger la terre de l’arène lui tendait.
Les cheveux ramassés en vague chignon ligotés par un lacet de cuir, la jeune femme éprouvait des doutes. Plus d’un mois de voyage dans un chariot et quelques pas les soirs de halte avaient altérés sa condition physique. Pourtant, elle ne pouvait se permettre déchouer.
Lugos avait corsé le défi et son esclave avait accepté. Plus elle impressionnerait celui qui se considérait comme son maître, plus il lui trouverait de valeur. Et plus elle impressionnerait les marchands et acheteurs, plus Lugos lui accorderait dintérêt.
Sur les six combattants qu’elle affronterait, elle devait en vaincre trois sous conditions.
Lugos déciderait des adversaires et des conditions.
Lugos était aussi retors qu’un blaireau des plaines mais il ne savait que peu de chose sur son esclave.
La première des conditions fut que Tabatha affronte l’un de gardes du corps personnel de son maître, armée d’une unique lance.
Teigneux et vif, l’homme avait la réputation d’être redoutable. Il tournait autour d’elle sans la quitter des yeux et faisait tournoyer sa pique entre ses mains. Tabatha s’était vite aperçu que le garde de lesclavagiste maîtrisait son sujet.
Ce que par contre, Lugos et Ulfo son garde ne savaient pas, c’est que le père de la jeune octroisienne lui avait enseigné l’art des armes. De la plupart des armes. Et une jeune fille trouvait vite son avantage à se servir d’armes légères qui lui permettraient de privilégier vitesse et souplesse plutôt que force brutale. Kash lui-même avait bien du mal à la tenir hors de portée quand sa fille dansait face à lui en faisant virevolter sa lance de combat.
L’attaque du bas vers le haut faillit surprendre Tabatha et la pointe de bois durci laissa une éraflure sur le plastron de cuir bouilli. C’est ce qu’elle attendait et elle se jeta contre Ulfo, prenant soin de faire corps avec la hampe de l’arme de l’autre, le repoussant sans cesser d’avancer sur lui. Le dénommé Ulfo ne put que tenter de se retourner pour contre attaquer et son demi-tour achevé, pique de nouveau brandit, il ne put éviter la rencontre avec le poing de Tabatha qui volait face à lui. Elle entendit distinctement l’arête du nez craquer quand son poing percuta sa cible. Après quoi, la jeune femme n’eut qu’un mouvement à faire pour poser la pointe de bois sous le menton de l’homme.
Le premier adversaire qu’elle avait affronté était tombé dans un silence pesant à peine troublé par quelques rires moqueurs. Tabatha avait entendu quelques allusions la donnant comme favorite de Porcia déesse de la chance.
Cette fois elle entendit des encouragements et même son nom crié à haute voix.
La deuxième condition attendait la jeune femme.
Celui qu’on lui opposait était bardé de cuirs lourds. Une longue épée de bois à la main , un casque et un pectoral pour protection, il était presque entièrement caché par un imposant bouclier rectangulaire de bois épais.
La condition de Lugos étant que Tabatha elle, ne porte pas de bouclier.
Son maître ignorant encore que Tabatha, si elle savait utiliser un bouclier ne s’en équipait que rarement. Ou elle choisissait toujours un bouclier de petite taille, circulaire et le plus léger possible, et ce pour porter des attaques et non pour se défendre.
Elle devait s’économiser physiquement et repousser toute impatience.
D’abord elle n’avait pas fait attention, puis elle profita de l’épuisement de son assaillant pour se concentrer à l’écoute de la petite foule de spectateurs. Elle apprit que de plus en plus de voix s’élevaient en sa faveur.
Son adversaire s’était vite rendu compte que son lourd bouclier face à cette esclave ne servait qu’à une seule chose. L’épuiser !
Et son dos moins protégé le faisait terriblement souffrir. Une véritable lame l’aurait achevé plusieurs fois déjà. Mais le juge s’obstinait à comptabiliser les touches de Tabatha comme de simples égratignures.
– Hé juge ! Dois-je attendre que ce gros tas de viande finissent par mourir de faim !
Elle avait crié et si certaines huées retentirent, il y eut quelques rires.
Le juge cria qu’une esclave n’avait pas d’avis à donner mais d’autres voix dans la foule s’élevèrent. Un homme qu’elle reconnut comme un marchand hurla en riant.
– L’esclave a raison ! Bientôt son bouclier lui servira de béquille !
Le rire de Lugos suivi d’une tirade de sa voix grave fit faire silence à la petite foule devenue bruyante.
– Il est vrai qu’on penserait que mon garde bénéficie de l’aide du dieu passeur ! Les morts ne se relèvent pas ! Que cesse cette parodie avant qu’on s’endorme… Achève juge !
Puis à l’issue du combat, Lugos décréta qu’une pause serait bienvenue.
-Mon esclave mérite un peu de repos ! Ce qui l’attend ensuite risque de l’épuiser !
L’esclavagiste rit encore et se leva du baril où il s’était assis. Les commentaires allaient bon train et le maître des lieux avait su entretenir lintérêt des spectateurs pour la suite.
La combattante était allongée sur une peau de buffle et s’était laissée dévêtir par Tully.
Une fois Tabatha nue, l’immense noire était sortie pour lui chercher de l’eau fraîche et des gâteaux au miel qu’un commerçant lui avait préposé, dans l’espoir qu’elle se laisse convaincre de passer un moment en sa compagnie. Personne n’oserait forcer l’esclave de Lugos, et coucher avec l’une d’elles pouvait provoquer le courroux de leur maître mais certains aimaient les risques.
Farla massait les cuisses huilées de son amie avec fermeté, lui posant toutes sortes de questions sur les combats qu’elle avait mené. La jolie blonde n’avait aucun doute sur les futures victoires de sa compagne et avoua à Tabatha avoir parié sur elle.
– Il y a des paris ?
– Oui ! Et parait-il ta côte remonte même si elle te reste très défavorable…
– Mais… Qu’avais-tu à parier Farla ! Nous n’avons rien !
La jeune femme rit doucement traitant son amie de « petite naïve incurable ».
– Moi ! C’est moi que je mets en jeu ! Tu gagneras je le sais ! Mais si Vornia était soudain frappée de cécité, le pire qui pourrait m’arriver serait que mon gagnant soit le pire des amants. Et d’après mes calculs, si les choses n’évoluent pas en ta faveur, ma mise pourrait me rapporter une, peut être deux d’or. Et je partagerais avec toi !
Tabatha soupira sans répondre, laissant les mains de Farla apaiser ses muscles endoloris.
Mains qui de plus en plus massaient l’intérieur de ses cuisses s’en se préoccuper du reste des jambes. Puis Farla passant son avant-bras sous la cuisse qu’elle massait et souleva la jambe en demandant à son amie de laider. Ses combats l’avaient fatiguée mais Tabatha était loin de l’épuisement.
Elle ne comprit pas ce que lui voulait sa compagne quand elle se retrouva, la jambe droite en appui sur l’épaule de Farla. Quand un doigt glissa sur sa fente, elle eut un léger sursaut de surprise puis lâcha un soupir d’exaspération.
– Farla arrête ! Ce n’est pas le moment !
– Quoi ? Tu as une crampe ? Je vois mieux ce que je fais quand tu es écartée…
– Je te dis que ce n’est pas le…
– Dis-moi que ce n’est pas bon ! Dis-le Tabatha ! Et j’arrête…
Une tempête de sable avait bloqué le convoi la veille et les joutes prévues avaient été reportées. La première nuit, Tabatha encore sous le choc de tout ce qu’elle avait découvert, épuisée nerveusement et l’esprit embrouillé, avait accepté de rester dormir avec Farla et Tully. Toutes trois ne s’étaient endormies qu’au petit matin. Les deux femmes rivalisant de gentillesse comme de tendresse d’abord puis de persuasion et d’astuce ensuite, pour convaincre une Tabatha complètement perdue de les laisser s’occuper d’elle.
Farla et Tully, de leurs mains et leurs lèvres firent gémir et crier Tabatha, la laissant s’endormir pour mieux la réveiller de leurs baisers et recommencer à la rendre heureuse.
La jeune femme les avait laissé libres de lui faire des choses qu’elle n’aurait pas oser imaginer. Et elles lavaient littéralement épuisée.
Mais toute la persuasion du monde n’avait pu la convaincre de rendre la pareille à ses amies. Tabatha répondait aux baisers et acceptait toutes les caresses, même celles quelle nommait « les plus honteuses » mais s’en tenait là. La jeune femme ne se décidait pas à la moindre initiative, ni des doigts ni des lèvres au grand dam de ses amantes.
Farla se moquait gentiment de son amie la nuit précédente, découvrant d’un doigt curieux que Tabatha coulait comme une fontaine en les regardant se manger le sexe Tully et elle.
Puis, Tully et la blonde le firent à Tabatha, Chacune d’elle, sa bouche sur l’un des orifices de la jeune femme, alternant et recommençant et ne cessant de la harceler en demandes coquines.
– Dis-le Tab ! Avoue que tu aimerais me lécher ! Avoue-le ! Sentir mon odeur ! Connaître mon goût de femme ! Dit-le Tab ! Tu sais que ta bouche me ferait mouiller comme une folle Tab !
Tully de sa voix chaude et grave à l’accent indéfinissable secondait Farla en énonçant ce que Tabatha qualifiait « dhorreurs ».
– Je voudrais tellement ta langue sur ma chatte tu sais ! Oh Tabatha lèche ma chatte juteuse ! Viens lécher mon petit trou ! Tu aimerais lécher mon cul de négresse ? Comme j’aimerai gicler sur ta bouche Tabatha ! Oh laisse-moi mouiller sur ta bouche je t’en prie !
Tabatha délicieusement torturée par ses amies, finissait par crier en jouissant qu’elle en mourait d’envie. Et toutes trois savaient que c’était la pure vérité. Pourtant, Tabatha ne franchissait pas le pas pour le moment.
Tabatha ne répondit pas et laissa le doigt de Farla s’insinuer en elle. Elle se laissa aller à la caresse et se contint de demander sa bouche à son amie. Elle n’osait jamais… N’oserait jamais ! Farla le savait pertinemment.
– Allez Tab… Demande-moi ma bouche petite gourmande ! Il ne faut pas avoir honte ma belle ! Demande-moi !
Tabatha les yeux fermés car incapable de regarder son amie dans ces moments intimes, demanda sa bouche à Farla…
Le ciel était menaçant, de lourds nuages sombres semblaient attendre immobiles, prêts à déverser des trombes d’eau sur la caravane. Cette contrée inhospitalière capable dalterner vents brûlants de poussières et orages en deux jours, était très peu peuplée, et Lugos se devait se sentir plus tranquille.
Tabatha se sentait mieux sans trop savoir ce qui lavait détendue et revigorée à ce point. La fatigue des combats sétait estompée et elle avait retrouvé de lallant.
Etait-ce le massage et les mains de Farla ?
Ou sa bouche et le plaisir que cela lui avait apporté ?
Peut-être que les gâteaux au miel de Tully y étaient eux aussi pour quelque chose
Tabatha sourit en se sachant soutenue par les deux femmes. Cette nouvelle intimité avec Farla ne la dégouttait plus et elle sétait surprise à aimer ce que son amie lui apportait. Bien sûr, Tully elle aussi lui donnait du plaisir mais cétait très différent. Elles nétaient pas amies, pas encore, même si elles sappréciaient. Lesclave noire lui avait avoué préférer les femmes aux hommes dans les jeux de lamour. Jamais elle naurait pensé que Farla et elle puissent un jour partager ce genre de jeux.
Farla lui avait dit quelle y avait souvent pensé et que leurs captures et leurs malheurs aurait au moins servi à ce que ça arrive.