Le Niçois avait dormi comme un gros loir, les émotions de la veille au soir, ainsi que le retour triomphal de la climatisation avaient eu raison de lui. Même l’appel (fort matinal) de la prière n’avait pas réussi à le tirer du lit. Il avait juste eu une pensée chagrine, en se disant qu’en embrassant la religion de sa chérie, il en embrassait aussi les tracas… et s’était rendormi aussitôt… jusqu’à neuf heures et demie !
Le jingle familier de WhatsApp lui fit ouvrir les yeux. Un message de Jasmine.
— Bonjour mon Bébé chéri, as-tu bien dormi ? suivi d’un smiley en forme de cur.
— Bonjour ma Princesse des Sables ! Oui, très bien, grâce à toi… Et toi ? textota-t-il en retour.
— Moi aussi très bien, Hhh… J’ai adoré hier soir, j’étais toute excitée en me couchant…
-… Lol (mais un "lol" embarrassé, après un temps d’hésitation).
— J’ai bien aimé te soutirer ton "p’tit lait", y en avait beaucoup, ajouta-t-elle, malicieusement.
-… (Silence estomaqué)
— Tu ne dis plus rien, tu rougis mon BB ? s’amusait-elle.
— Ouff… je ne te savais pas si "directe"… répondit-il enfin, les oreilles en flammes.
— Tu veux dire que je suis trop directe ? Hhh
— Je ne… croyais pas… que… Il hésitait à finir sa phrase, incertain de la formulation à employer.
-… Que j’étais aussi "cochonne" ? ajouta-t-elle, ravie.
— Voilà… une façon plutôt crue de résumer ma pensée, mais c’était l’esprit… lol.
— Les femmes maghrébines sont obsédées par le sexe. Rassure-toi, je ne suis pas une exception !
— Ah, bon… je pensais… que… enfin, je ne savais pas ! rougissait-il à nouveau.
— Ce n’est pas parce que je suis une femme fidèle, que je ne pense pas au sexe. Et les femmes voilées aussi ont des désirs ! Ce sont des femmes avant tout… La femme arabe est brûlante de désir, mon Cur ! Et pourquoi ne le serait-elle pas ?
Enzo écoutait avec stupeur. Le tour que prenait la conversation était plutôt inattendu.
— D’ailleurs… j’espère que tu me feras l’amour plusieurs fois par semaine !!! Et peut-être même plusieurs fois par jour ?! Mon Bébé chéri…
— Avec… plaisir mon Cur… put-il enfin ajouter.
— Merci !
— Je t’en prie. Heu…
— Oui ?
— Est-ce qu’on peut se voir aujourd’hui ? Enfin, je veux dire AVANT le restaurant ce soir avec tes parents… Le professeur d’économie tentait de changer le sujet de la conversation.
— Oui, mais ce matin je vais aider ma mère à préparer le repas. Ma tante Nacera et son mari Carlos viennent manger à midi.
— Pas de problème, ce matin j’irai faire laver la voiture et ensuite je déjeunerai au "Barcelona". Répondit-il, un peu déçu, mais bon prince.
— Mon frère Amar pourrait manger avec toi, si tu veux, comme ça tu ne seras pas tout seul ? suggéra sa jolie correspondante.
— Awww… Bah oui, pourquoi pas ? Propose-lui de me retrouver là-bas à 12h30, s’il te plaît !
— D’accord, à tout à l’heure mon chéri !
— Bonne matinée Jasmine !
Elle referma l’appli et déposa son mobile sur sa table nuit avec un sourire satisfait. La journée s’annonçait cruciale, un conseil de famille allait probablement se tenir à table à midi, et ce soir Enzo serait sur le grill face à ses parents et ses frères. Jasmine s’étira avec une souplesse féline en soupirant d’aise. Et si les années difficiles étaient enfin révolues ? Elle sauta du lit pour aller prendre une douche à la salle de bains…
Sans le savoir, ils se douchèrent presque simultanément, rêvant de se savonner l’un l’autre. Le professeur, face à elle, s’imaginait étaler le gel douche sur ses douces épaules, puis parcourir ses jolis seins fermes et pointus avec ses grandes mains excitées, la souplesse de sa peau, le glissement de la mousse… l’odeur fleurie du savon…
Jasmine glissait ses mains sur le torse musclé de son prétendant, massait ses pectoraux, puis emmenait le gel sur ses fesses et les palpait à pleines mains. Le sexe du Français commençait à palpiter et se dresser entre eux. L’Algérienne emprisonnait le poisson chaud qui glissait entre ses cuisses. Son pénis palpitait comme un cur… Il lui frottait le dos jusqu’en bas, aventurant ses doigts entre ses globes agréablement bombés et fermes !
Alors elle se tourna et, prenant appui contre la paroi, offrit son beau postérieur en cadeau. Il se méprit sur ses véritables intentions… Alors que le sexe tendu d’Enzo s’introduisait entre ses fesses, elle le guida promptement vers son petit trou ! Reculant en se pinçant les lèvres, elle réussit à le faire glisser en elle… s’empalant lentement sur cette colonne de chair… Son futur mari gémit et s’accrocha à ses épaules, accompagnant la pénétration de lents va-et-vient, pour ne pas la déchirer… Il éprouvait une délicieuse sensation, elle était bien serrée autour de son gland.
— Ohhh mmhhh… je n’ai jamais fait ça… mon Cur…
— Moi, si. Et j’adore ça, mais toi tu es très gros, vas-y doucement…
— Mais bien sûr Chaton !…
Ils restèrent un long moment à gémir sous l’eau chaude. Soudain Jasmine coupa le robinet et le charme se rompit. Chacun se sécha de son côté et partit vaquer à ses occupations…
Enzo fit la connaissance d’Amar vers midi trente à la brasserie le "Barcelona". Ils s’installèrent à une petite table à l’intérieur, agréablement climatisé. Il avait 23 ans et travaillait chez Europcar à Alger. Grand et beau garçon malgré son acné persistante, il parlait un français un peu chantant mais excellent. Ils sympathisèrent immédiatement et parlèrent de la plus belle personne qu’ils connaissaient tous les deux: Jasmine.
De dix ans son aînée, elle avait été comme une seconde mère pour son petit frère, en plus "copine", bien évidemment. Le jeune homme l’admirait énormément, tout en la provoquant en permanence, juste pour le plaisir. Il vit en Enzo un second père, plus jeune, plus moderne, plus compréhensif que son véritable géniteur. Ils burent de la bière, et se comportèrent en occidentaux. Devisant sur tous les sujets, comme la religion, ils ne virent pas passer le temps.
Ils en étaient au café lorsqu’une voix familière les fit sursauter.
— Alors ? On ne s’en fait pas ! Et moi, je n’ai pas droit à un café ???? faisait Jasmine, les yeux rieurs.
— Ohh tu es là, déjà ? Mais… Quelle heure est-il ? s’excusa le Niçois.
— Hey ! Il est 15h10, on n’a pas vu l’heure, désolé… dit Amar, dépité.
Elle s’installa avec eux, puis leur annonça la mauvaise nouvelle. Ils pouvaient aller se promener tous les deux en amoureux, mais Amar ne devait pas les quitter d’une semelle, suivant les instructions paternelles. Ce dernier faisait autant la tête que son nouveau compagnon et futur beau-frère.
— Je n’y suis pour rien ! C’est papa ! Moi aussi je m’en serais bien passée ! gémit la jeune femme.
— Allez ! Ce n’est pas grave, profitons-en pour aller voir un endroit qui fasse plaisir à tout le monde, finit par conclure le Français.
— Moi j’irais bien… au cinéma… alors… suggéra Amar qui n’avait pas perdu le nord en définitive.
— Parfait ! Regarde sur ton mobile, Jasmine, tu vas bien nous trouver une séance vers 16 H… sourit Enzo.
Ils se levèrent, le Français alla régler la note, tandis qu’elle parlait en Arabe avec son frère. Ils tombèrent d’accord pour un film et le trio disparut dans la rue pour l’après-midi.
Lorsque le soleil brûlant déclina enfin, la terre assourdie de chaleur exhala un profond soupir de jasmin et de résine. Les grillons reprirent leurs chants interrompus par la journée, une brise tiède se leva pour effleurer la chevelure verte des palmeraies. Alger la Belle revivait au coucher du jour…
La Renault conduite par Enzo s’était garée à côté de la grande Mercedes du père de sa fiancée. Il était bientôt 22h. Pour ce repas en famille au restaurant, chacun s’était mis sur son 31. Houda avait passé une jolie robe jaune, puis jeté un grand châle orange brodé d’or sur ses cheveux, et Rachid avait revêtu un costume gris, ainsi qu’une chemise blanche mais sans cravate.
Amar était totalement vêtu à l’Européenne, avec des baskets, un jeans et une chemisette à carreaux, tandis que son frère Noham avait enfilé une djellaba blanche toute simple ainsi que des jolies babouches brodées rouges et blanches. Il avait amené avec lui l’un de ses enfants, âgé e 6 ans, le petit Yassine, qui reluquait avec intérêt le manège tout proche. Jasmine était ravissante dans une petite robe bleue, ayant jeté un pull blanc sur ses épaules. Toutefois, il manquait son dernier frère, ainsi que sa sur, tous deux partis en bord de mer avec des amis.
Enzo sortit de la voiture et vint saluer tout le monde. Il avait remis son pantalon de lin écru, complété d’un polo avec col mais sans manches assez chic, dans un joli vert pâle. Ses chaussures marron brillaient, ce qui plut aux parents de sa promise.
Jasmine semblait crispée et frigorifiée, quant au Français, il sentait au contraire la sueur perler sur sa peau. Ils s’installèrent à une table de jardin ovale sur la terrasse en herbe. Il y avait déjà beaucoup de monde, principalement des familles. L’endroit semblait très prisé. De délicieuses odeurs de viande grillée vinrent chatouiller leurs narines.
Rapidement, Houda fila choisir les viandes chez le rôtisseur au fond du terrain avec sa fille, tandis que Noham entrait dans la salle du restaurant pour réclamer des boissons gazeuses et sélectionner les accompagnements. Le Niçois sentait peser sur lui le regard de Rachid. Seul Amar parlait, devisant dans un très bon Français au sujet du sort des voitures de location. Bientôt tous furent réunis autour de la table, les plats n’étant pas arrivés.
Lorsque Rachid commença à parler, ce fut un déluge de questions, auxquelles Enzo s’efforça de répondre. L’ambiance était tendue, tous les regards convergeaient vers lui. La dernière question vint, soudain:
— Je voudrais savoir pourquoi est-ce que tu as divorcé ?
— Heu… ce serait un peu long à raconter. Mais, bon, après tant d’années, les choses n’allaient plus entre nous. Et puis… ma femme fréquentait un autre homme ! s’assombrit-il à ce souvenir douloureux.
Rachid le regardait d’un regard noir, les sourcils froncés. Soudain un sourire apparut sur ses lèvres.
— Allez ! Bienvenue chez les divorcés ! Moi aussi j’ai dû divorcer ! lança-t-il, jovial. Et je n’ai jamais regretté d’avoir épousé ensuite ma tendre et douce Houda !
Houda lui sourit, et Noham prit pour la première fois la parole.
— Vous ne trouvez pas qu’il ressemble un peu à l’oncle Salman de Paris ?
Il y eut un éclat de rire général et l’ambiance se détendit. Les plats arrivèrent à cet instant et couvrirent la table comme par enchantement. Jasmine adressa un regard brillant de complicité à son fiancé qui poussa un long soupir de soulagement. Il avait passé l’épreuve de façon concluante. Le reste de la soirée fut très agréable pour tout le monde.
— Tu es arrivé à ta chambre ? sonna le message WhatsApp de Jasmine sur le mobile du professeur.
— Oui… je suis couché, je pensais à toi !
— Tu vois, tout s’est bien passé ! Mon papa m’a dit tout à l’heure qu’il ne voulait que mon bonheur. Ca veut dire qu’il accepte notre mariage, Chéri !
— Oui… Lorsqu’il s’est mis à sourire, j’ai compris que c’était gagné, mon Cur.
— Hhh, en plus c’est vrai que tu ressembles un peu à l’oncle Salman 🙂
— Je crois bien que je lui dois une fière chandelle… sourit-il.
— A quelle heure est ton avion demain ? fit-elle, soudain envahie de tristesse.
— A neuf heures, attends je vérifie, oui, c’est ça, 9h05. Donc je dois me lever à 5h je pense…
— Ohlala, je ne pourrai pas te voir. En plus tu dois rendre la Clio…
— Je vais revenir, ma Chérie, dans 15 jours. Je rapporterai tous les papiers pour le Consulat, nous commencerons les démarches… Je resterai 2 semaines !
— Et tu te convertiras, tu es toujours d’accord ? fit-elle, vaguement inquiète.
— Mais oui ! alors… une promesse est une promesse, Jasmine !
— Tu… tu reviendras, tu ne vas pas m’abandonner ? ajouta-t-elle, les larmes aux yeux.
— Mais NON voyons, comment peux-tu penser une chose pareille ?
— Parce que je commence à t’aimer… Enzo…
— Moi aussi mon amour, je tiens à toi. Je reviendrai. Je veux passer les 25 prochaines années dans tes bras !
Ils étaient partagés entre rire et tristesse. Le rire et la joie de s’être trouvés. La peine de devoir se séparer déjà. Ils se dirent bonsoir et se couchèrent tristement pour une nuit grise et sans rêves.
Le lendemain, Enzo décolla pour Nice. Que de changements dans sa vie en une seule semaine ! On passe parfois des années dans un immobilisme complet, et soudain les choses se décantent sur de très courtes périodes.
Elle l’attendait. Il reviendrait.
(A SUIVRE)