Bonjour ! Je peux vous poser une question ? Quoi ?… C’est déjà fait ? Ha ha ha ! Très drôle. Ok mais je voulais juste savoir un truc. Personne n’a jamais eu envie de vivre sur une ile déserte ? Non ? Bizarre ça, quand on voit toutes ces émissions qui proposent à une vingtaine de personnes de vivre à la Robinson, on pourrait penser le contraire. Eh bien moi, c’est ce qui m’est arrivé sauf que pour moi, et contrairement à toutes ces émissions, c’était comme des vacances un peu forcées.
Il faut dire que quand on sait qui je suis… Oups pardon, j’ai oublié de me présenter. Je m’appelle Eustache… Oui je sais c’est original. D’après mes parents, c’était le prénom d’un obscur grand-oncle que je n’ai jamais connu… Enfin bref ce prénom je m’en serais bien passé, je l’ai même maudit, parce qu’à l’école, j’en ai pris plein la gueule : « Eustache grosse tache, Eustache pistache, Eustache grosse vache,… » Je vous laisse imaginer le reste. C’est pour ça que je n’ai jamais aimé l’école. Toutes ces années de brimades et de moqueries m’ont traumatisé. Du coup je me défoulais dans la ferme familiale. Ça m’a fait les muscles. Je n’étais clairement pas un intellectuel. Je me suis orienté vers l’armée. Je m’y suis engagé pour vingt ans. Durant toute cette période j’ai enchaîné les stages Commando, stages de survie, stages parachutistes,… Bref, j’avais envie d’aventure et j’en ai eu : parachuté au cur de la jungle guyanaise durant une semaine à bouffer… Ce qu’on pouvait. Équipé uniquement du parachute et d’un couteau… J’en ai chié mais j’ai adoré quand même. J’avais l’impression d’être Rambo et je me suis trouvé plutôt bon à ça. Enfin bref, vous imaginez bien qu’après tout ça, le retour à la vie civile a été brutal.
Si je suis parti de l’armée, c’est qu’à l’âge que j’avais à la fin de mon engagement, il voulait me mettre dans un bureau ; en gros tout ce que je déteste car il fallait suivre une formation et ça voulait dire retourner à l’école. Il était hors de question que je refoute les pieds dans cette institution qui m’a tant traumatisé. Je savais que ceux que j’y côtoierai ne me feraient pas subir le même sort mais c’était viscéralement ancré en moi : je ne pouvais pas. En plus, à l’armée on m’appelait par mon grade et mon nom de famille. A tous ceux qui me demandaient mon prénom je donnais mon deuxième prénom : Daniel, souvent changé en Dany. J’ai donc enchaîné les petits boulots sans vraiment trouver quoi que ce soit de stable. Il faut dire que mon niveau scolaire n’était pas en ma faveur. Sans le bac, c’était dur.
Enfin bref, durant plus de cinq ans, j’ai vécu en mode survie urbaine. J’alternais chômage et petits boulots. A l’armée, au niveau sexe, j’allais souvent aux putes. Il faut dire qu’en Guyane, les filles brésiliennes qui passaient la frontière pour une vie meilleure se retrouvaient souvent exploitées dans des bars, le plus souvent dans des villages reculés et fréquentés par des poivrots ou des chercheurs d’or plus ou moins légaux. Le jour, elles étaient serveuses et le soir elles contentaient, souvent pour un prix modique, les clients de leurs charmes et parfois même leurs patrons… Ainsi que les militaires de passage comme moi par exemple. Une fois revenu en France, c’était plus cher. Comme je n’avais pas les moyens et que j’étais un piètre dragueur, je me finissais souvent à la main.
C’est en me voyant galérer que mon jeune frère m’a proposé de partir en vacances avec lui. Comme il gagnait super bien sa vie, il m’a dit « tiens ! J’te l’offre et t’as pas intérêt à refuser » en me tendant le billet d’avion. Je n’ai pas osé le contredire. Vous me demanderez pourquoi cette invitation ? Facile, un an auparavant nous avions perdu nos parents dans un incendie. C’était le soir d’un repas de famille, tout le monde dormait et c’était un soir d’orage. La ferme n’était plus aux normes au niveau électricité mais ma tête de mule de père refusait de faire les travaux en les repoussant encore et encore. Ce soir-là il y avait eu un violent orage et une surtension s’est produite alors que tout le monde dormait. Quand je me suis réveillé, l’incendie était bien avancé. J’ai sorti mon frère dehors mais la chambre de mes parents était inaccessible. Je les entendais crier… C’était épouvantable. J’ai quand même tenté quelque chose et j’y suis retourné mais j’ai dû m’évanouir, car à mon réveil, j’étais à l’hôpital. On m’a alors raconté que c’était les pompiers qui m’avaient sauvé de l’incendie mais que nos parents y étaient passés, empoisonnés au monoxyde de carbone. Depuis, lui et moi c’est à la vie à la mort.
Donc, quand il m’a vu galérer, il s’est dit qu’on allait se faire une escapade entre frangins. Il avait prévu tout un circuit : D’abord quelques jours à Cuba, puis visiter autant d’îles des Caraïbes que possible durant les trois semaines qu’il avait prévu. Il avait toujours voulu se faire un périple de ce genre donc c’était l’occasion. En plus, ce circuit était un « Caribbean tour » organisé par un tour opérateur. Ça voulait dire que tout était déjà prêt.
Le jour du départ, mon frangin était arrivé bien avant moi. Quand je suis arrivé, j’étais tout excité. Je n’étais pas le seul à être excité car une bande de jeunes, plusieurs couples de jeunes gens visiblement, semblait participer au circuit. On les entendait jacasser et rigoler à un niveau sonore à la limite du supportable. A un moment, sans faire gaffe, une poche de mon sac à dos s’est ouverte déversant ainsi son contenu. Au moment où ça s’est produit, tout est tombé sur les pieds d’une des filles de ce groupe. Je genre Barbie Pétasse aux seins refaits qui m’a lancé un méprisant « Oh mais tu ne peux pas faire attention connard ? ». Cette greluche semblait être du genre née avec une cuillère en argent dans la bouche. Elle était belle mais son sens moral et son respect des autres étaient inversement proportionnels. « Peu importe de toute façon. On va les éviter et ils ne nous feront plus chier » me suis-je dit en les voyant s’éloigner avec la fille qui m’avait agressé se foutre de ma gueule en disant « Vous avez vu comment je l’ai mouché, le péquenot ? ».
Nous voilà partis ! Durant le voyage j’ai un peu révisé mon espagnol car notre première étape était Cuba. Là-bas quand t’es un homme occidental et que tu sors le soir, tu te fais souvent accoster par des filles prétendant être danseuses. Durant les trois soirs qu’on a passés là-bas, chaque soir je revenais avec une de ces filles dans ma chambre. Chacune me faisait un show privé durant lequel elle se déshabillait. Évidemment, une fois à poil, c’était la fête à Popole. Oui je sais, j’ai profité de ces filles qui se cherchaient un mari occidental qui, elles l’espéraient, allait les emmener loin de cette île. Je l’avoue, j’y ai vu du sexe facile mais quand on sait qu’en France, je baise une fois par mois et encore avec du bol, je pense que personne ne m’en voudra.
Il n’était pas rare qu’on croise, à la terrasse d’un café, le groupe de jeunes Français croisé à l’aéroport. Normal en même temps puisqu’ils faisaient le même parcours que nous. Honnêtement ils nous faisaient honte. Ils se bituraient la gueule et beuglaient en pleine rue. C’était pitoyable. Ensuite on a fait Saint Domingue durant deux jours. C’était sympa aussi mais c’est après que ça s’est gâté.
On circulait entre les îles dans un petit avion de tourisme, un bimoteur. On était une vingtaine dedans. Une tempête s’est levée et il y a eu des turbulences et l’avion s’est abîmé en mer. Honnêtement, avec l’excitation et la peur du moment je me souviens mal ce qu’il s’est passé. Je me souviens juste que le pilote avait fait en sorte que l’avion ne pique pas du nez pour le faire amerrir à plat et, alors que l’avion était en train de couler, il a déployé un canot pneumatique. Ensuite avec les turbulences et les hautes vagues, je me souviens être tombé à l’eau du canot. Je me souviens de la voix de mon frangin qui hurlait mon nom alors que je tentais de rester la tête hors de l’eau. A un moment, il m’a semblé y avoir moins de vague. Je semblais distinguer une forme à la surface alors j’ai nagé tout droit sans ménager ma peine et je me suis arrêté quand j’ai senti du sable sous mes pieds. Je me suis alors péniblement traîné sur le sable et me suis écroulé à l’abri d’un arbre.
L’accident avait eu lieu en milieu de matinée. Quand je me suis réveillé, l’après-midi était déjà bien entamée. J’ai de suite cherché un endroit où m’installer et j’y ai fait un feu. C’est alors que je parcourais la plage que j’ai vu une forme sur le sable. J’ai couru et j’ai reconnu une des filles de ce groupe de Français agités. C’était la fille qui m’avait traité de péquenot et de connard à Roissy. Pendant un moment je me suis dit « qu’elle se démerde » mais je me suis ravisé. Je l’ai prise dans mes bras, inconsciente, et je l’ai transporté jusqu’à mon feu. Quand je l’ai allongé, je voyais sa chemise déchirée. Elle avait une magnifique poitrine. Je n’ai pas pu résister, j’y ai mis les mains. Oui je sais, ce n’est pas bien mais personne n’était là pour cafter. Pendant que je lui pelotais les nibards, je voyais ses lèvres pulpeuses et je me suis dit « Et si j’y mettais ma queue ? Après tout je l’ai secourue, elle pourrait me remercier et aussi s’excuser de ses insultes ».
Je n’ai pas mis de temps à retirer mon pantalon et baissé mon slip. Je faisais passer le bout de mon gland sur le bord de ses lèvres… Mais j’ai renoncé et je me suis rhabillé. En fait, j’avais trop peur qu’elle se réveille alors que je lui prenais la bouche et qu’elle me morde. Je l’ai laissé là et je suis reparti essayer de chercher à manger. C’est après avoir trouvé quelques fruits que j’ai trouvé une autre personne sur une plage non loin. C’était un homme. Quand j’ai vu son visage, il m’a semblé l’avoir vu dans le même groupe que la fille. Je l’ai ramené en le portant sur mon dos. Quand je suis revenu à mon feu, la fille était réveillée. Elle a tout de suite reconnu son petit copain. Je l’ai déposé au sol et on s’est présenté.
— Salut, t’as fini par te réveiller finalement ? Ai-je dit en mettant le mec en PLS par prudence.
— Oui… Merci de m’avoir permis de me réchauffer. Dit-elle grelotante les mains paumes tendues vers le feu.
— C’est normal. Moi c’est Eust… Dany moi c’est Dany.
— Adeline et lui c’est Geoffrey… Vous n’auriez pas un peu à manger par hasard ?
— Si tiens. Lui ai-je dit en lui lançant une banane.
Je la voyais enfourner cette banane dans sa bouche et j’imaginais ce que ça aurait pu donner si ça avait été ma queue. J’ai été refroidi quand elle a mordu dedans par contre. Ce n’est que peu de temps après que l’autre marmotte s’est réveillée. Il m’a à peine remercié et a fait une razzia sur les fruits que j’avais ramenés alors que j’y avais à peine touché moi-même. J’avais ramené une douzaine de bananes au total. Adeline, la fille, en avait prise deux, moi une… Et l’autre goinfre, profitant de mon absence alors que j’étais parti chercher du bois, a bouffé tout le reste. Visiblement, le rationnement, il ne connait pas et le partage non plus. Quand je suis revenu, il était en train de finir la dernière. Autant dire que je l’ai eu en travers de la gorge. On était tous crevés de cette journée plus qu’éprouvante et l’on s’est couchés.
Le lendemain, quand je me suis levé, le mec s’était levé et il faisait un footing sur la plage. Pour moi c’était une dépense d’énergie inutile. La fille était partie faire un tour sur la plage elle m’a dit avoir trouvé des bagages et des parois métalliques ainsi que de nombreux débris. A trois on y est allés et l’on a ramené ce qu’on a pu. Au moins on avait de quoi se bricoler des outils et des vêtements de rechange ; pas toujours à notre taille mais au moins on pouvait se changer.
Le jour suivant ça s’est bien passé. Je m’activais sur le camp mais les autres avaient un poil dans la main. Quand je leur ai demandé de participer un peu, le mec m’a répondu qu’il était sportif de haut niveau (jamais entendu parler de lui) et qu’il fallait qu’il s’entraine pour se maintenir. Il m’a même dit que si je pouvais trouver de la viande pour lui, pour les protéines ce serait parfait. Non mais pour qui il se prend ce petit con ? Je ne suis pas son domestique. OK on n’est pas du même milieu mais ce n’est pas une raison. Le lendemain, les tourtereaux sont partis dans la forêt, prétendant chercher de la nourriture. Moi je finissais des outils : couteaux et lances pour pouvoir chasser. Une fois fini, je suis moi aussi parti à la chasse mais quelle ne fut pas ma surprise quand je les ai retrouvés.
Ils avaient trouvé un point d’eau douce comme un mini lac. Pas mal pour des jeunots. Je les observais de loin et ils s’apprêtaient à y faire des saloperies. Je me suis approché plus près. Je voyais tout et j’entendais tout. Le petit Geoffrey prenait la petite Adeline dans plusieurs positions. Je les entendais pousser des cris de jouissance. Moi pendant ce temps-là, je me branlais devant ce spectacle. C’est là que j’ai entendu quelque chose qui ne m’a pas plu.
— Oh mamours, c’était super.
— Tu vois, même naufragé sur une île, j’assure encore.
— On devrait repartir avant que Dany ne se doute de quelque chose.
— Ne t’en fais pas pour lui. Il est costaud. Il va nous chercher à bouffer et malgré tout on va passer de super vacances.
— Tu veux dire quoi par-là ?
— Tu crois vraiment que je vais me casser le cul à crapahuter dans la jungle ? Je laisse ça aux pros moi. Je vais m’entrainer sur la plage, batifoler avec toi le temps que les secours arrivent et ça passera. J’espère au moins qu’il trouvera de la viande. J’ai besoin de protéines. Ça devrait être facile pour lui.
Je ne suis pas resté plus longtemps. Ces deux-là avaient clairement envie de me laisser faire tout le boulot. Évidemment, je n’étais pas d’accord. Je leur ai quand même laissé le bénéfice du doute. Une fois je les ai suivis et après les avoir vus baiser en levrette, ils ont trouvé des petits fruits, comme des petites baies jaunes. Je me suis dit « cool, ils vont bien m’en ramener ». Pensez-vous. Ils se sont gavés et sont partis. J’ai attendu qu’ils s’éloignent et je suis allé vers le buisson. J’ai voulu, moi aussi prendre ma part quand je me suis rendu compte que ces fruits étaient pourris. Ça n’a pas loupé le lendemain ils étaient malades. Je leur ai demandé s’ils n’avaient pas mangé quelque chose de particulier, ils ont tout nié. Je sentais qu’Adeline était mal à l’aise avec ça. Son mec par contre n’avait aucun scrupule à me mentir. Du coup, j’ai pris ma décision : je me suis cassé. Le lendemain, quand ils sont partis pour leur partie de jambes en l’air, j’ai pris mes affaires et j’ai éteint le feu. Bah quoi ? C’est moi qui l’avais allumé et qui m’en occupais même la nuit alors que les deux autres ronflaient. « Sils veulent manger et avoir du feu va falloir qu’ils se bougent le cul ». Voilà quelle était ma pensée.
Alors que je cherchais un endroit où m’installer, je me suis fait discret car à un moment je suis passé non loin de là où ils s’envoyaient en l’air. Caché dans les fourrés, je me suis branlé en admirant le spectacle. La fille était plaquée contre un arbre et elle avait fait tomber le haut. Le mec lui tenait une jambe en l’air et la culbutait comme un sauvage. Je voyais ses seins ballotter à chaque coup de reins… Bon sang ce que j’aurais aimé être à la place de ce type. Je me suis touché en les regardant et quand ils ont eu fini, j’ai entendu le mec dire « Bon on va voir ce que l’autre bouseux a trouvé. J’espère que c’est bon ». Ça m’a conforté dans mon idée de me la jouer solo.
Ça faisait une semaine qu’on était naufragés sur cette île. J’avais quitté les deux tourtereaux parce qu’ils se foutaient de ma gueule. Eux ils s’envoyaient en l’air, se baladaient, faisaient bronzette sur la plage… Pendant ce temps-là moi je trimais comme un esclave avec à peine un peu de reconnaissance mais surtout beaucoup de mépris.
J’ai fini par me trouver un coin tranquille. J’avais trouvé une petite cavité dans un rocher, un peu surélevée. Je m’y suis installé, j’ai fait un feu et j’ai cherché à bouffer. De temps à autre, je retournais à l’ancien camp. Le mec y était et il faisait des pompes laissant la fille chercher des cocos. Fallait les voir essayer de les ouvrir en les jetant sur des rochers, c’était tordant. Moi je m’étais confectionné une lance qui me servait pour pécher. Comment ça marche vous me direz ? Facile, il faut se mettre en hauteur, à la verticale d’un banc de poissons et sauter dedans en espérant en embrocher le plus possible. Des fois ça marche et des fois non.
J’ai pu me confectionner des ustensiles de cuisine avec les débris que la marée rapportait et ce que j’ai trouvé dans un ancien camp abandonné (surement des pécheurs, il y a longtemps). Au bout de trois jours, j’avais fini par trouver mon rythme. Je mangeais à ma faim, j’avais même des restes parfois. Pour les avoir observés, je savais que seule la belle Adeline avait le courage de bouger pour trouver à manger. Parfois, bon prince, je déposais quelques fruits en forêt mais ça n’était jamais suffisant pour son mec.
Un jour, alors que je revenais de la pèche, j’ai vu quelque chose bouger sur mon camp. Je me suis approché et c’était Adeline. Elle m’avait trouvé. Je la regardais, elle tournait autour de ma bouffe et je voyais qu’elle hésitait à se servir. Puis, après avoir regardé autour d’elle, elle a pris une banane. C’est à la deuxième que je suis sorti.
— Ça va je ne te dérange pas ? Ai-je dit avec une grosse voix.
— Ah c’est toi ? Je me disais bien que tu étais quelque part.
— Oui, chuis là. Allez rend moi ce que tu m’as piqué… Merci
— Pourquoi t’es parti ? On crève de faim.
— Parce que vous vous foutez de ma gueule, voilà pourquoi.
— Comment ça ?
— Tu crois que je ne vous ai pas vu ? Vous partiez soi-disant pour trouver à manger et vous reveniez les mains vides. Et si, par chance vous trouviez quelque chose, vous le bouffiez direct sans m’en ramener. Par contre pour se grimper dessus y avait du monde.
— Tu… Tu nous as vus ?
— Oui. C’était plaisant à regarder mais quand ton mec a dit qu’il ne comptait pas se bouger, qu’il a dit « on va voir ce que l’autre bouseux a trouvé », c’est là que je suis parti.
— Désolé mais il faut le comprendre. C’est un grand sportif. Il faut qu’il se maintienne en forme.
— Et bien qu’il se bouge le cul alors.
Ça lui fera de l’exercice.
— Mais s’il se blesse ? Ce serait une catastrophe pour sa carrière.
— Ecoute ma belle, ici on n’est pas en vacance. On est en mode survie, on a fait naufrage. On na pas beaucoup de choix alors moi, tant que je ne le verrais pas se bouger le derche, je ne ferais rien pour lui. Toi encore tu te bouges un peu. Ce n’est pas suffisant mais au moins tu essayes.
— Je peux les garder alors ? Les bananes ?
— Tiens, prends.
— Quoi une seule ? Mais t’as plein à manger.
— Ouais mais tu viens de tenter de me voler, je te signale. Estime-toi heureuse. Aller dégage. Et t’as pas intérêt à recommencer. Au fait, fais gaffe. J’ai posé des pièges en forêt. D’ailleurs si jamais vous me piquez une prise je n’hésiterais pas à revenir la reprendre.
Au moins, elle était prévenue. Malgré tout, je l’ai suivi pour son retour et quand ils se sont retrouvés, c’est limite s’il l’a engueulé. Elle lui a dit qu’elle m’avait retrouvé et elle lui a répété ce que je lui avais dit. Je n’ai pas attendu la suite je suis reparti et j’ai déménagé mon camp. J’avais trouvé une autre position de repli sur une corniche, non loin de mon coin de pêche. J’ai eu raison de changer d’endroit car le lendemain, elle y est retournée mais accompagné de son mec. Alors lui, discret comme pas possible, il essayait de se cacher derrière des fougères habillé d’un T-shirt orange fluo, niveau camouflage : zéro. Moi au moins quand je les espionne je m’enduis de boue. Ce petit con avait un bâton à la main genre gourdin. Il comptait quoi faire au juste ? M’assommer et me piquer ma bouffe ? Et si je ne me réveille pas après ça ? Qui les nourrira alors que lui nest pas foutu de faire quoi que ce soit ? Ce type était con comme ses pieds… Et encore c’est une insulte pour ses pieds.
Durant les jours suivants, je les ai observés et curieusement, ils ne s’envoyaient plus en l’air. Je connais ce phénomène. En manque de bouffe, le corps met au repos ce qui n’est pas vital. Et donc « Au revoir la gaule du matin ! ». Je voyais la belle Adeline trouver quelques fruits mais rien de suffisant pour survivre. C’est à un moment où j’allais partir que je l’ai entendue crier. En m’approchant, je l’ai vue poursuivie par un petit crocodile des Caraïbes. Le genre saurien de cinquante centimètres. Elle courait jusqu’à ce qu’elle se prenne les pieds dans un de mes pièges. « Merde, je l’avais oublié celui-là » me suis-je dit. J’ai couru et armée de ma lance, j’ai sauté sur l’animal, lui plantant la pointe à la base du cou. Je savais où viser et à cette taille, la peau n’est pas aussi épaisse que pour les plus gros. J’ai libéré Adeline qui m’est tombé dans les bras en pleurant. Elle avait eu la frousse de sa vie.
— Merci… Vraiment… Merci
— Oh ce n’est rien.
— Je ne sais pas comment te remercier.
— Oh mais tu l’as déjà fait. Avec cette bestiole, je vais avoir de la viande durant au moins deux jours.
— Hein ? Mais tu ne vas pas manger ça ?
— Je vais me gêner. Bien cuit c’est très bon. C’est un peu comme du poulet.
— Vraiment ?… Je pourrais en avoir un peu ?
— T’es gonflée. C’est moi qui l’ai tué quand même.
— Oui mais si je n’avais crié…
— … T’aurais une jambe en moins.
— Pas faux. De toute façon tu ne pourras pas tout manger. Ça va pourrir au bout d’un moment avec cette chaleur.
— Là, tu n’as pas tort… Tiens attrape ai-je dit après avoir coupé deux pâtes à la bête.
— Merci mais on n’a pas de feu.
— Tu veux pas un micro-onde en plus tant que t’y es ? T’as qu’à étaler les bouts de viande sur une pierre chauffée par le soleil. Ça marche.
— Ah oui pas con ça… Bon bah j’y vais… Merci.
Elle est repartie mais je sentais qu’elle n’avait pas le moral. Avec le recul je suis sûr que si je l’avais dragouillée sur le moment, elle n’aurait probablement pas dit non. Quand elle a retrouvé son mec et qu’elle a raconté ce qu’elle avait vécu, il était content d’avoir de la viande mais elle était crue. C’est deux jours plus tard que j’ai recroisé cette fille en forêt. Elle avait du cran mine de rien d’y retourner après ce qui lui était arrivé. Cette fois elle m’a harcelé pour que je lui donne à manger. Pour elle ?… Pourquoi pas mais je savais que quand elle revenait à son camp, son mec bouffait presque tout ce qu’elle ramenait. C’est là qu’elle m’a supplié.
— Mais bordel on va crever de faim.
— Là t’exagères. De la bouffe y en a partout. Faut juste bien regarder. Ok c’est parfois moche et pas bon mais y en a partout.
— C’est facile à dire pour toi. Tu connais tous ces trucs… Bon je vais être directe : tu veux quoi en échange de la nourriture ?
— Tu lâches jamais l’affaire toi ? Ok J’accepte de te filer à manger si tu me tailles une pipe. Ai-je dit en lui proposant quelque chose qu’elle allait refuser.
— … OK mais je veux de la viande ou du poisson.
— … T’es d’accord ?… OK Bon bah, à table ma jolie. Ai-je dit en baissant mon pantalon.
Elle s’est mise à genoux devant moi, a baissé mon slip, et elle a commencé à me déguster la tige. Bon sang ce qu’elle m’a fait du bien ! PFFF ! Sur le moment j’ai supposé que si elle avait accepté, outre l’appel de l’estomac, elle avait surement accepté parce que son mec ne bandait plus. Ce n’était pas mon cas et elle en avait la preuve dans la bouche. Quand j’ai lâché la purée, je lui ai dit de tout avaler. Après tout ça lui faisait des protéines en plus. Ensuite, on est allés chez moi, sur mon camp. Dès notre arrivée, elle a vu les trois poissons qui grillaient au-dessus du feu. Elle s’est précipitée dessus, en a pris un avant de se retourner et me demander « je peux ». D’un geste de la main, je lui ai donné mon accord.
A la voir manger comme ça, je me suis dit « y a un coup à jouer ». Quand elle a eu fini, il ne restait plus grand-chose du poisson. Je lui ai fait une proposition.
— Eh ben ! T’avais vraiment faim.
— Merci. Ça fait du bien.
— A moi aussi tu m’as fait du bien, tu sais ?
— …
— Ecoute j’ai une proposition : je te donne à manger mais uniquement à toi et en échange… Tu pourrais peut-être te montrer gentille ? Qu’en penses-tu ?
— En gros tu veux du sexe contre de la nourriture ?
— Exactement. J’ai ce que tu veux : de la bouffe, et toi tu as ce que je veux : ton corps de rêve. Il ne faut pas oublier que je t’ai trouvée et que je t’ai soignée. Sans moi, la première bête sauvage t’aurait bouffée sur la plage. Sans compter tout ce que j’ai fait pour vous deux au départ.
— Je… Je peux réfléchir ?
— Oui bien sûr. T’auras qu’à venir me voir quand tu voudras. Tu mangeras avec moi et après…
— OK.
— Au fait pas un mot à ton mec.
— Pour qu’il m’en colle une pour ce que je viens de faire ? T’en fais pas je resterai muette. De toute façon aucun risque qu’il te suce alors…
— Hé hé ! Oui aucun risque comme tu dis. Allez au revoir « Chérie » ! Lui ai-je dit après une bonne pelle et une petite tape sur les fesses.
Ainsi, nous venions de passer un accord qui nous était mutuellement profitable. Avec le recul, je me demande encore qui y gagnait le plus. Chaque jour, je péchais, je chassais et je trouvais des fruits, avec plus ou moins de succès suivant les jours. Elle venait quand elle pouvait et quand elle était là, on commençait par prendre des forces. Une fois repue, elle retirait le haut, puis sa culotte et s’allongeait toute nue sur ma paillasse. A ce moment-là, c’était à moi de jouer. Je retirais mes fringues et là je faisais coulisser le saucisson. Elle ne le disait pas mais ça se sentait qu’elle aimait ça. En même temps, sur deux mecs, j’étais le seul qui bandait encore. Le premier jour, je l’ai prise en levrette anale. Je sentais qu’elle faisait la grimace mais elle se laissait faire. Les autres jours, il fallait que je fasse attention. Je lui remplissais sa petite fente mais on finissait soit dans son cul soit dans sa bouche. J’avais bien l’impression qu’elle en redemandait la petite cochonne. Tant mieux ! Une fille aussi belle, ça ne se laisse pas passer. Une fois qu’on avait fini nos galipettes, elle repartait avec quelques restes pour son mec, histoire de justifier sa sortie.
Même si je fournissais la bouffe, on avait un peu maigri l’un et l’autre. C’est que le sport ça creuse et ça fait maigrir. Cette fille avait un avantage : ses seins en silicones. Eux, aucun ne risque qu’ils maigrissent. Du coup elle gardait ses formes. Secrètement, je continuais à surveiller ces deux tourtereaux. Je pense qu’Adeline le savait ou du moins s’en doutait. A plusieurs reprises, je les ai entendus s’engueuler. Bah oui, c’est que le manque de nourriture ça tape sur le système et ça rend irritable. A un moment j’ai cru que l’autre connard allait la frapper mais… non. Il a juste levé la main. Je ne sais pas pourquoi mais je sentais qu’elle en avait de plus en plus marre de lui et de son inactivité. C’est ce que j’ai ressenti avec elle en discutant alors qu’on mangeait. Au moins avec moi, les choses avaient été posées. Le marché sexe contre bouffe semblait lui convenir d’autant que son mec ne semblait pas pouvoir la contenter sur aucuns de ses deux plans.
Je me demandais encore comment son mec ne se posait pas de questions. Elle était clairement plus en forme que lui et mieux nourrie. On a continué notre petit manège pensant que Geoffrey ne bougerait jamais. On s’est trompé.