Estimés collègues, c’est avec joie que moi, professeur Astore, titulaire de la chaire d’anthropologie de l’académie des sciences impériale, que j’annonce un périple d’une durée de plusieurs années sur les terres nouvellement découvertes par nos explorateurs. Par son grand éloignement, ce continent, nommé « Akish ».
Dans son auguste générosité, notre empereur a bien voulu autoriser et financer mon expédition, car il a bien compris l’importance pour la science de comprendre nos nouveaux voisins. Je ne pars donc pas seulement pour la seule curiosité qui m’anime moi ou mes confrères, mais aussi pour le bien de notre peuple souverain, puisse-t-il s’enrichir de la culture de ses semblables et ressentir l’exaltation de ne plus être seul en ce monde. »
Extrait du discours du professeur Astore pour l’académie des sciences impériale.
Observations de la tribu Dratori.
Les dratoris peuplent le littoral de la côte sud-est d’Akish, là où les explorateurs ont débarqué pour la première fois. Il était donc normal que je commence par là mon périple. Les Dratoris sont un peuple de pêcheurs, ils vivent essentiellement de ce qu’ils peuvent retirer de la mer, mais cultivent aussi quelques terres et cueillent des fruits à la lisière de la jungle qui les entoure sans pour autant s’y aventurer bien loin. Ils vénèrent Atuna, déesse de la mer et de la fertilité ainsi qu’une personnification de la lune, qui passe pour être une divinité paternelle ayant fécondé l’océan au commencement du monde. Cela indique qu’ils ont compris assez tôt les cycles de marées et leurs connexions avec les différentes phases de la lune, ils ont d’ailleurs élaboré un calendrier précis basé sur ces dernières […].
L’une de leurs fêtes les plus surprenantes et les plus importantes se déroule la veille des grandes marées, il s’agit d’un rite de passage pour les nouveaux pêcheurs (dont le nom en langue draturi peut se traduire par « chasseurs de la grande mer »). Du lever au coucher du soleil, ils doivent jeûner et s’abstenir de toute activité physique tandis que plusieurs femmes de la tribu, choisies par le chaman du village, boivent tout le jour des philtres et décoctions diurétiques. Lorsque la nuit survient, on prépare une estrade circulaire entourée de torches sur lesquels les nouveaux pêcheurs vont recevoir les bénédictions d’Atuna. Au centre, le chaman, dont le visage porte une peinture blanche et circulaire rappelant la lune, viennent ensuite les aspirants pêcheurs, uniquement vêtus de la ceinture typique des hommes de la mer, qui s’agenouillent le long de la scène, la verge pendante. Enfin, les femmes apparaissent complètement dévêtues.
Tandis que le chaman prononce les paroles sacrées, les hommes viennent se coucher devant les femmes qui écartent les cuisses au-dessus de leurs visages, dès qu’il termine, ces dernières commencent à se masturber frénétiquement. Pour débuter, la plupart d’entre elles commencent avec deux doigts, mais les plus aventureuses en mettent déjà trois. Leurs cris et gémissements résonnent dans la nuit jusque-là calme. Après quelques minutes, la première émet un flot important de cyprine qui vient directement arroser le visage de son partenaire qui boit autant qu’il peut le liquide chaud, mais la cérémonie ne s’arrête pas à la première giclée. Pour que le flot de liquide continue à couler, tous leurs fluides sont utilisés, d’où l’emploi de diurétiques comme je l’ai précédemment indiqué. Quand leurs vagins ont expulsé toute la cyprine qu’ils pouvaient contenir, ce sont leurs urines que boivent aussi goulûment et pieusement les hommes à leurs pieds.
Quand une femme n’a plus la force de tenir debout ou de continuer à se masturber, elle s’assoit sur le visage de son protégé pour qu’il lui dévore la vulve avec appétit. Celle-ci représente la mer abondante et nourricière et se doit donc d’être honorée comme il se doit. Le repas terminé, les couples s’unissent tous ensemble sous le regard de la tribu emplie de ferveur. Les hommes s’empressent de pénétrer les femmes en transe qui jouissent encore et encore sous les assauts vigoureux de leurs partenaires. Leurs verges gonflées et dures vont et viennent sans aucune forme de douceur, imitant les tempêtes impétueuses qui déferlent sur l’océan agité et secoué de remous. Il est à noter que malgré tout, les hommes prennent soin de ne jamais blesser les femmes, car toute blessure infligée est considérée comme indigne du chasseur qui se doit de respecter la mer comme la femme qu’il prend et une seule goutte de sang suffit à ostraciser ce dernier du village.
Le pinacle zénithal de ce rituel est l’éjaculation, ultime accomplissement des deux amants, car le mélange des deux fluides rappelle l’entremêlement de l’eau et de l’écume, ainsi l’union complémentaire de l’homme et de la femme aboutit dans l’élément de vie de leur religion. Cet acte étant d’une importance cruciale, chacun exagère et fait semblant de jouir bruyamment, car s’il n’y a pas orgasme, la cérémonie n’est pas validée pour le candidat. Aussi, elle se termine toujours dans un concert de gémissements bestiaux et sonores. Dans le but de s’assurer que l’éjaculation a eu lieu, le chaman observe les vagins des femmes à la fin de chaque copulation. Après ce que l’on pourrait appeler le baptême de ces nouveaux pêcheurs, on organise en leur honneur un grand banquet bien fourni de poissons, fruits de mer et algues servis avec des herbes ou des épices, ainsi que des fruits confits pour le dessert.
C’est un repas extrêmement copieux comparé à la frugalité quotidienne des Dratoris, indiquant ainsi toute l’importance de cette cérémonie bisannuelle.