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Bien profond dans ton âme. – Chapitre 1

Bien profond dans ton âme. - Chapitre 1



Bien profond dans ton âme

« Oh Dieu qui connaissez tout,

Pardonnez-moi davoir péché en cherchant à tout savoir »

Un déhanché standard pour onduler jusquà moi ? Non. Je noserai laffront de décrire sa tenue ; elle était très sensuelle. La bouche souriante et la langue gourmande, elle ne me quittait pas des yeux. Que pouvais-je, pauvre être en pleine rêverie ? Si proche de moi quelle sy agenouille, sur un petit coussin rouge. Docile et savoureuse, elle arborait ses coquetteries les plus crues. Elle ouvrit cette bouche cent fois fantasmée, riva sa lubricité dans la mienne, paupières lourdes et voluptueuses, et ouvrir mon jean. Le seul contact de ses doigts sur la proéminence de mon sexe, contact accidentel sil en est dans cette manoeuvre je la soupçonne dêtre bien plus perverse quelle ne se laisse aller , mélectrise de la tête à la queue. Ma nuque se hérisse de chair de poule et je sens fourmiller depuis mes épaules jusque dans ma poitrine une violence contenue, sourde et triviale. Je commence à me dire que je vais la posséder comme une bête. Elle continue son manège et se rapproche inexorablement linstant, la seconde où elle va libérer ma queue, alors violette et encore non humide, de lentrave délicieuse en tissu qui la recouvre. Je ne porte que des boxers : cela moule très précisément la masse de chair qui raidit juste en dessous de mon nombril. Elle le sait ; comment ne saurait-elle pas et ce quelle désire ardemment sucer et ce quelle a quasiment nu devant ses yeux de pute affamée ? Elle na plus quun idéal, une seule obsession, sur cette Terre et dans lunivers. Il ny a que ma queue qui résume sa toutes ses plus nobles ambitions. Plus quun rêve. Mon éjaculation bouillonnante et abondante dans sa gorge, contre son palais et sur ses joues pour ultime récompense, celle-là même quelle attend.

Quy puis-je, moi, pauvre homme subjugué par la beauté quelle sublime dun érotisme enfin assumé ? Rien, et je me figure que jaurai assez dendurance pour pilonner sa petite chatte étroite après quelle maie fait jouir ainsi. Pourquoi pas ? Je la sais capable dallumer en moi de vieux mais puissants instincts. Elle a sorti mon sexe de sa pudeur et le palpe dun oeil amoureux. Il répond et pulse sous ses doigts. Ces longs doigts fins de fée quelle détourne pour son propre désir. Une luciole qui se prostitue pour la mystique de lhomme. Alors elle avance ses lèvres pulpeuses auprès de mon gland, elle na pas besoin de le décalotté puisque je suis circoncis et sans avoir le choix jai toujours trouvé ça pourtant bien plus joli. Oh, ça y est, sa langue chargée de salive senroule autour de mon frein, jentends, bruit délicieux entre tous, les sonorités liquides de sa bouche qui sactive. Elle avale mon sexe au plus profond, appuie un peu sur sa propre nuque, reste une ou deux secondes et la fait jaillir, dun coup ample hors de sa bouche, quelques filets de bave ly reliant encore. Elle me regarde et je lui souris, du bout du peu de force quil me reste. Je voudrais mourir dans cette bouche chaude qui a si faim de mon sperme. Pourquoi me pomperait-elle avec tant dardeur sinon ? Elle plaque mon érection contre mon ventre, lèche mes testicules, remonte lentement et mapplique un suçon merveilleux juste au-dessus du frein, en gémissant un peu et je gémis avec elle. Ne répugnant plus au geste de domination quelle exacerbe en moi avec une rare passion je pose ma main sur sa tête, empoigne ses cheveux et me laisse aller à lui parler crûment. Comment ne pas ? Activée à me prodiguer des plaisirs démoniaques, qui me vaudront déjà les fosses les plus reculées de lenfer, je refuse de ne pas aller au bout de ma damnation. Voilà que cette petite chienne les insultes sont amoureuses et conséquences du plaisir interdit qui se profile se met à me prendre en gorge avec plus dentrain, allant et venant pleine de conviction sur ma bite que sa salive a effectivement lubrifié je me dis que sa fente rose et brûlante doit être liquide, je me mets à espérer que son sexe est une petite fontaine, de même que ma queue. Les volcans doivent-ils tous se faire écho ?

Cette littérature interdite et poétique ne doit jamais affleurer à la morale commune. Comme tout navire dutilité publique confronté aux propriétés fondamentales de ses parties, léthique achopperait sur les parties émergées des individus. Les systèmes séchoueraient tous sur un tel déchaînement de désir et la morale serait réduite à museler les faibles. Ceux-là, aussi terrifiées quexcités menfermeraient dans une dame de fer particulièrement retorse avant de me foutre au feu. Alors je garde tout ça pour moi et jaffute mes armes pour me défendre contre lespèce humaine. Quelle laisse en paix mon ermitage doù je létudie. Mon beau-père me dit que la misanthropie est « un mauvais plan ». La douceur tranquille, avertie mais déterminée de cette expression ma non seulement fait sourire mais laissé pensif. Depuis, jy réfléchis beaucoup et jessaie de concevoir la bêtise humaine comme le résultat dune nécessité collective qui me permette de continuer à chérir la nudité de lindividu. La morale est peut-être un des caps de cette réflexion et lérotisme une de mes occupations favorites.

Quon saisisse donc un individu qui fréquente un site pornographique : pour peu quil manque déducation érotique et pornographique, il se masturbera sur des images de très jeunes filles ou de filles plus en âges dêtre exhibées sans même imaginer une différence. Il pourra même prendre plus de plaisir à certaines transgressions de la limite légale. La pédophilie larrêtera peut-être un instant, particulièrement sur une image trop audacieuse, mais ne le mènera pas à cesser daller faire sa récolte de stimulation sexuelle sur ce site en particulier. Non pas quil soit essentiellement mauvais ni malsain mais quil soit amoral. Dépourvu de réflexion éthique, aucun crissement ne se produit à lintérieur de sa constitution psychique : il est ici pour jouir alors il jouit. Sans colonne vertébrale du désir, pourquoi se tiendrait-il spécifiquement debout ? Pourquoi se greffer une chaîne dos si lon naît mollusque ? Cest douloureux, cela exige le lent apprentissage musculaire pour contrôler la chair et les tendons qui tiennent les os, on risque de se blesser et voir de plus haut na rien changé pour les premiers à qui cest arrivé. Lévolution est une gradation dont les bienfaits ne se mesurent quau long terme. La jouissance en revanche a le mérite dêtre rapide. Tout cela sans même considérer les préférences sexuelles, cest-à-dire hors du cas particulier du pédophile avéré. Dune façon générale, il ny a aucune morale dans lintimité dun individu qui se donne du plaisir. La suspension du regard critique participe ou du désir, ou du plaisir, ou de la mise en système des deux. Il ny a donc aucune morale qui puisse entrer en jeu lorsque je me masturbe en visualisant une vidéo quelconque et savoir que ce sont des images volées a même tendance à les rendre plus intéressantes. Un être faible et isolé est strictement amoral.

Lêtre fort en revanche na pas de variation de son rapport éthique au réel et ce, quil soit seul ou en groupe. La société na sur lui aucun effet esthétique non plus, si bien quil peut tout autant se retrancher en lui, et se réfugier dans sa vie intérieure quau contraire colorer sa compagnie dune ambiance merveilleuse et heureuse, offrant à tous et chacun sa petite euphorie personnelle. Celui-là, qui connaît ses plaisirs et ses instincts jusquà les avoir organisés en structure efficace et heuristique, est une perception du monde fondamentalement immorale. Cest-à-dire quune individualité forte contrevient essentiellement à la morale : par démonisme par ironie religieuse , oui, mais surtout par autonomie. Attendez, si les faibles nont pas de morale et les forts y contreviennent, doù est-ce que sort la morale ? Comme toute viscosité humaine, elle a besoin dun émetteur et dun foyer. Il sagit de lagglutination dune quantité importante de faibles en collectivité morale. Ce nest que par la concentration de passions restrictives quapparaît une morale essentielle à la société : ceci est bien, cela ne lest pas. On ne veut surtout pas quun autre puisse se permettre ce que je ne peux atteindre ou imaginer. Lindividu faible, isolé dans son intimité, na pas particulièrement davis sur les exercices du bien et du mal par autrui. Dans la mesure où il fait naturellement le choix de ce qui lui semble bien pour lui celui qui se masturbe se contre-fiche pas mal de ce que lautre fait dans sa propre petite bulle et devant son ordinateur. Dailleurs on ne voit de jeux de pouvoir que sur les forums, pas dans les archaïques communications MSN. Jy reviens plus tard mais deux individus face à face ne forment pas une collectivité mais une entité séductrice, donc un couple dindividus sensuels aux intérêts échangés et communs. Sans principe de régulation de la pratique du plaisir, même la souffrance peut se justifier, puisquelle ne regarde que celui ou celle qui la convoque à fin propre. La réalisation dune enquête de soi justifie quon puisse traverser de la violence avec plaisir, et que la morale personnelle lapprouve la morale personnelle ne peut pas être normative puisque elle est strictement relative aux envies et besoins personnels. La normativité serait le sceau de sa stérilité même, elle ne créé de normes que des règles aléatoires et conditionnées à et par linstant.

Dans le fantasme de cette fellation brutale et transgressive, il ny a aucune morale contrevenante. Je pourrais la diffuser sur un site de lectures érotiques, où on aura déjà croisé bien pire en matière de suspension de la crédulité morale. Pourquoi pas ? Des pratiques aussi vieilles que linceste au second ou troisième degré, ladultère et la sodomie y sont présents par légions. Et la morale na rien à dire contre cela et du reste sen abstient avec le peu de sagesse quelle conserve. Des comportements barbares qui méritent une condamnation éthique, tels que la pédophilie, la zoophilie ou le viol ny sont pas plus rares. Pourquoi pas ? Qui est en quête dune fiction érotique est essentiellement amoral et ne recherche pas spécifiquement la reproduction dune réalité qui lentoure. Il fuit la morale qui lentoure, il na dobjet de recherche que le stimuli sexuel pour accompagner ses caresses. Les stimulations de son désir agissent selon des mécanismes qui lui appartiennent et qui, observés, diraient beaucoup trop sur lui quil ne convient de lavouer. La morale ne naît que par la nécessité de former un espace social contraint à une réalité médiane ou, pour la juger esthétiquement, tiède. Laffadissement esthétique permet de protéger la stabilité et les intérêts collectifs tout en nécrasant pas les ambitions individuelles. En ce sens a-t-on des individus à lesthétique hyperdeterminés qui sont bien souvent immoraux et contreviennent aux règles de la morale collective. Ils en ont non seulement la capacité mais surtout ils déploient au besoin la puissance pour assumer ces choix politiques, esthétiques, ontologiques.

Il ny a que labsence de morale qui soit moralement condamnable ; encore ne lest-elle que collectivement. Mais la collectivité nest rien plus quun vaste principe de recyclage, et dailleurs elle utilise toujours à des fins nouvelles les propos des artistes et penseurs rebelles qui désavouent son fonctionnement. Parce quil ny a pas dindividu sans collectif, ni de collectif sans individualité, et que les deux organismes se produisent perpétuellement sans prise de recul, léthique aura toujours valeur accidentelle. On ne peut que la constater : qui aurait la vanité de pouvoir la planifier ? Cest là le ridicule des institutions religieuses qui définissent a priori de la construction de lindividu un schéma moral et demandent à tous de sy conformer a posteriori. Fortes dune découverte esthétique précise, elles se figurent que lunivers ne rencontrera cette réalité esthétique quen suivant le même circuit moral quelles. Beaucoup dindividus isolés prennent ainsi des allures de censeurs et beuglent la vérité tout au long dun chemin qui sest fait leur geôle quand ils y voient un royaume. Bien des routes singulières mènent à la réalisation esthétique de chacun infiniment variable et subjective. Il faut donc emprunter les outils les plus objectifs possibles, dégagés de toute pré-individualité. Ces moyens qui sont au plus grand nombre communs permettent dexpérimenter la singularité. Et inversement : une subjectivité maximale permet de trouver en soi les coïncidences avec la communauté humaine, cest-à-dire rejoindre les spécificités de lobjectif intérieur. Mais tout cela devient drôlement métaphysique et ne colle plus avec lénergie insufflée par la description flottante de la fellation. Le lecteur ne voit plus le rapport et men veut, fondamentalement frustré par tout ce verbiage suite à la promesse dune stimulation sexuelle intéressante.

Lintellect dune personne abstraite et froide ne senflamme pas au contact de lémotion ; au contraire a-t-il un mouvement de répulsion. Le pathos lécure et lui semble très suspect ce en quoi je serais mal placé pour lui donner tort : sitôt quon parle de « la maman des deux pauvres petites filles atrocement violées, déchiquetées, mangées et vomies dans la forêt » au lieu de « la mère des deux victimes de barbaries sur enfants », on coule dans un pathos et obtient la bienveillance du collectif pour les pires châtiments médiévaux contre ces horribles brutes méchantes qui, somme toute et après enquête, nétaient pas du tout des violeurs et se révèlent être des ours atteints de rage, etc. Lémotion comme outil rhétorique est un moyen de fausser le débat en soustrayant à la rigueur intellectuelle la situation et la proposer à lintuition. Je ne suis pas des théories du complot, mais enfin il faut bien reconnaître que lintuitif est plus manipulable que le raisonnement intellectuel fondé sur des principes structures didées. Dun côté le subjectif pulsionnel, de lautre lobjectif rationnel.

Lintellect dune personne abstraite et froide ne senflamme pas au contact de cette intuition injectée et cela va même jusquà la dégoûter. La suspicion suscitée par lassaut de lintuition vient naturellement de cette tentative pour retirer à lintellect abstrait et froid son autonomie, son discernement : tout ce qui concourt à sa puissance. En revanche, pour échauffer en un temps record cette même intelligence abstraite, froide et orgueilleuse il y a lérotisme. Lérotisme, autrement dit, lexpression brute et sans morale de toute puissance. Je ne reviens pas sur limmoralisme de ces intellects abstraits ; ils ont produit dans leur quête dautonomie des systèmes esthétiques aussi solides que clairvoyants. On trouve ici lexplication raisonnée dune intelligence structurellement organisée sur lorgueil, lautonomie et la puissance qui rejette hors delle toute intuition non spontanée. Elle prend un plaisir immense et silencieux au prolongement de routes entamées mais abandonnées parce quincomprises, cest-à-dire si solitaires que vouées au désespoir de leurs explorateurs.

Elle se concentre et sattache certainement à me faire jouir le plus vite possible, quoiquelle serait évidemment très déçue si jexplosais déjà. Cest là toute lambivalence entre le désir de triompher de lautre, de le dominer dans la capacité à le faire jouir, le réduire à sa première nature nerveuse, et le désir dêtre soi-même possédé par le plaisir. Elle veut être Déesse qui reçoit le sperme en offrant la décharge électrique du plaisir, mais elle veut aussi être servante qui se laisse honorer. Sa bouche va et vient avec une rapidité qui témoigne de la résistance de sa nuque, masquant et libérant ma hampe luisante de salive dans un bruit régulier de succion. Mes mains sont toujours dans ses cheveux et je my accroche désormais comme pour ne pas chavirer. Des pensées métaphysiques et plus que cela même ont beau déferler dans mon entendement dun certain monde érotique, il nen demeure pas moins que je vais lui jouir dans la bouche, à cette petite pute. Mon sexe tendu palpite de mieux en mieux et risque la décharge, transmettant en code organique amer, chaud et salé le débit de mon petit orgasme au fond de sa gorge. Elle doit le sentir puisquelle le recrache, laissant couler sa propre salive sur son menton et me regarde, essuyant sa bouche et ses joues dun revers de main, haletante et orgueilleuse de maîtriser mon plaisir souverain. Elle me sourit, je nai pas très envie dêtre doux mais la morale se rappelle à moi et je sais que je dois lui reconnaître le statut de partenaire, plutôt que celui desclave. Pourtant, Dieu que je la voudrais comme esclave lorsquelle est à genoux devant moi, bassin ondulant et seins tendus ! Je devine son tanga littéralement imbibé de sa cyprine. Je pourrais la relever et la prendre sans aucune difficulté, ouvrant son sexe comme une fleur spongieuse et bouillonnante, impatiente quelle est de me recevoir au fond delle. Il est douloureusement concevable pour moi dans cette disposition desprit très précise de la relever pour parcourir son sexe de ma langue, alors que jaime dordinaire beaucoup ça. Je suis en transe, entraîné dans le tourbillon effréné de mon désir : ou la prendre ou lui jouir dans la bouche mais je ne peux me concentrer sur son seul plaisir. Je nai pas la capacité de recul nécessaire. Je ne vois que de surplomb, ses seins tendus à outrance, qui défient ma bouche et mes doigts de les laisser tranquilles, et précisément ma bouche et mes doigts veulent mordre et pincer. Je veux être animal. Ce sont les mêmes élans quau début de la fellation, mais ils prennent en ampleur, en force, en impétuosité. Que ne craque-je pas ! Je pourrais vraiment la violer, et dans son état dexcitation, elle me serait redevable de cette prise fictivement contre son gré. Mais je ne sais pas si la mise en scène sera possible : elle se cambrerait debout devant moi, ouvrant son sexe de deux mains, moffrant une vue magnifique sur ses fesses et son envie que je mempale en elle.

Il y a pourtant un plaisir de la domination, qui est donc une forme de puissance aussi : être dominé, cest servir une énergie qui domine le partenaire quand il est maître. Outre le plaisir sensuel que lon vient chercher, il y a un plaisir intellectuel pur et sublime. Il sagit de reconnaître exceptionnellement, et lexception participe de la valeur de la singularité esthétique supérieure à la valeur collective. Ce charisme qui transcende la condition commune procède du transcendantal et acquiert même une aura mystique. Somme toute, il ne sagit que dun individu fort ayant développé ses singularités dans une autonomie que lon admire il ne sagit que dinvestir dune estime exceptionnelle ce que lon reçoit comme rare et précieux qui correspond exactement à ce qui nous est supérieur, quand déjà nous sommes tellement supérieur au monde. La reconnaissance est non-hierarchique et tient à lordre de la gratitude : « Merci dexister, tu me sauve de ce monde qui, grâce à toi, est un monde laid. Tu transformes ma folie en plus grande intelligence puisque nous sommes deux à parler notre langue. »

De fait lintellect dont lorgueil est irréductible ne se compromet quavec un intellect quil élit comme alter-ego à dépasser, que cela soit ou non artificiel. Dans cette dialectique toute Hégélienne de la réversibilité des rapports entre le maître et lesclave, à quoi se mêle généralement le sentiment amoureux, il y a évidemment la présence du conflit objectif-subjectif de la morale. Cest parfaitement immoral dêtre brutal, de produire un acte dextrême violence et de propager le mépris de lautre. Cependant cet autre, au sein dune relation cohérente, intègre la notion dindividu similaire à soi : cet autre veut simuler avec moi cette extrême violence et pourrait même me reprocher davoir manqué daudace, cest-à-dire dautonomie vis-à-vis de la morale, cette autonomie quil est venu chercher auprès de moi.

Je vois déjà venir la réponse facile du « Lautre peut très bien nêtre pas sur la même longueur de fantasme que toi » : sauf cas doppression, lacte charnel place deux personnes sur une même fréquence à plus ou moins grande vitesse. Cest la notion de bulle esthétique qui se déchire lorsque les deux sexualités sont trop contradictoires et doivent saffronter. En revanche la deuxième question, plus intéressante. « Comment déterminer quun être est fort ou faible ? Le critère est éminemment subjectif et de ce fait très dangereux du point de vue social. »

Oui, exactement, et sans jouer à ne pas répondre, jai parlé uniquement dêtre égotique fort ou faible. On considère donc lindividu hors de toute capacité sociale. Autant dire que les êtres forts dans cette démarche non interactives ne courent pas les rues : il faudrait quils aient des principes avant davoir des idées et que leurs idées servent de moyens de pacifier leur rapport au monde. Ce qui éjecte immédiatement les misanthrope comme moi au cas où lon se poserait la question de savoir où je me place. Mais tous les individus ont lintuition dune morale naturelle : sur une autoroute, rares sont les automobilistes qui décident de chasser volontairement dun coup de volant une moto qui roule à leur droite. Pourquoi ? Parce quils craignent la sanction légale ? Oui, une partie certainement. Une autre néanmoins, et ma misanthropie me laisse encore penser que cette autre partie est majoritaire, parce quils répugnent à assumer la conscience dune mort, ou dune blessure grave. Autant dire quils ont intégré un principe moral dordre naturel. Cela se fonde sur lempathie et la compassion, non sur le narcissisme fondement du désir sensuel aussi est-ce un faux-exemple. Il a des applications plus humanistes avec moins deffort. Avant de poursuivre : oui une nouvelle mode chez certains artistes auto-proclamés consiste à contrevenir à ce principe moral dordre naturel qui respecte lintégrité physique dautrui. Ce nest pas un phénomène esthétique ; ce ne sont que des petits cons sans imagination et sans empathie qui croient quenfreindre la morale collective est plus courageux que le dépassement de ses pauvretés.

Évidemment, je manipule un double-jeu narratif : suis-je entrain de penser à tout cela pour me détourner de cette merveilleuse fellation qui mest offerte, ou est-ce au contraire ce bain érotique qui me sert dexemple direct à ces perspectives métaphysiques ? Lintérêt de la question nest pas de la résoudre mais de créer un espace de doute. Peu importe que ce soit lun prétexte de lautre ou linverse. Je ne vais plus pouvoir résister longtemps et, la bouche pleine au-delà des dents, jentendrai ses gémissements strier mes propres râles de plaisir. Ce type de littérature est évidemment sélectif. Non pas quun lecteur puisse trouver cela sale, mais quil nest pas convenable de réfléchir à partir du désir, essentiellement opposé à la métaphysique. Au contraire, je ne réfléchis et ne méta-pense quà partir de lorgasme ou son éventualité. La créativité propre au désir sexuel est directement réutilisé dans une réflexion plus profonde, plus poussée, plus animale aussi et plus authentique enfin.

Conditionné pour avoir un rapport complexe à certaines spontanéité de la nature humaine, lhomme de société répond parfaitement au bridage. Si je faisais lire cela à, par exemple, des gens très intelligents mais pour lesquels je ne suis quune interaction universitaire, il y aurait du malaise. Y verraient-ils des avances avec le fait quune fellation puisse parfaitement être homosexuelle comme hétérosexuelle et donc un double message implicite caché à lintérieur même du circuit complexe de lintérieur du pavillon de loreille interne de mon cul. Certains symboles extrêmes, tels que lérotisme, sont des objets qui marginalisent voire disqualifie immédiatement la pensée qui les saisit. Lécrivain érotique est un original, et même si cela peut devenir une mode de le lire, il na pas le même statut social que le philosophe ou le politicien pourtant ! Un écrivain érotique est bien plus sérieusement au vrai de la nature humaine quun politicien dont le rôle est de convenir ! Sade ne doit ses lettres de noblesse littéraire quà limpuissance de notre époque pour chercher la transcendance ailleurs que dans linconnu. Et pourtant, quel brillant esthète était-ce. Mais passe-je pour un original un peu allumé de lécrire ? Cela disqualifierait lintérêt trouvé dans mes textes. « Oui, il nest pas mauvais, mais il dit des choses un peu fumeuses sur Sade, quand même ». Paradoxe de lindividu subjectif qui trouve certains pans brillants mais dautres totalement mauvais. Ou bien est-ce que je convertirai plus de lecteurs à passer outre le jugement moral pour aborder lesthétique de Sade ? Ce nest quun exemple mais il faut lire Justine.

Lécrivain est un homme sérieux, philosophe et poète, qui ne peut être de même nature que lhomme commun pourquoi ? Dabord, cela permet à lhomme commun, individu faible, de sautoriser sa médiocrité. Ce nest pas quil la vit mieux, cest quil sautorise à la vivre. Combien de lecteurs nauront pas survécu à la lecture des quinze premières lignes de mon texte, quand ils seront parvenus à ignorer le titre ? Combien nauront pas pensé « Mais quest-ce que cest que ces conneries, je ne vais pas lire ça quand même ! » ? Cela confronte deux mondes qui ne peuvent pas se voir : la moralité commune dune part et ma singularité esthétique dautre part. Cet homme médiocre peut se complaire dans son état et jouir, sans chercher à être meilleur alors que cest à portée dabsolument tout le monde. Je ne parle pas de devenir particulièrement intelligent, ni même datteindre à la liberté, je parle simplement dêtre capable de produire et recevoir plus de bonheur. Ce que jappelle « égotisme », exercer son ego au bonheur naturel. Donc lécrivain est avant tout un extrémiste de légotisme, rien de plus : comme vous, comme moi, il a mené une quête eudémonique et heuristique dans la littérature, avec un certain acharnement. Je parle de lécrivain selon mon coeur, pas des producteurs de romans de gare nécessaires à la société ni des blattes de plateau TV nécessaires pour assimiler les ordures dune culture.

Lécrivain est aussi un homme supérieur au commun des mortels parce quil possède une visibilité, bénéfice douteux que convoite pourtant tout un chacun. Les responsabilités quil prend lorsquil écrit que la méditation ouvre des horizons différents nont pas la même crédibilité que celles quil prendrait en déclarant que la sodomie ouvre bien des horizons de lâme. En ce sens joue-t-il un rôle au sein de la société dont il se tient rigoureusement à lécart et cest le grand recyclage des énergies sociales. On récupère le marginal pour instiller ce quil a dutile dans les carences sociales et intellectuelles du moment. Quelque sort quelle lui réserve, la collectivité ne nie jamais limmense foyer énergétique que représente un artiste et lexploite comme elle ne gâche jamais une source de puissance. De fait, elle finit enfin par avaler ma semence avec une mine réjouie et un coup de langue gourmand. Elle semble heureuse et son sourire réjoui, taché dune gouttelette nacrée comme une mouche au-dessus de la lèvre, pendant que ses mains se décrochent de mes cuisses où elles avaient planté leurs ongles, et mes crampes dans les avant-bras de lui avoir si fort maintenu la bouche empalée sur ma queue encore tressautante.

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