« Oh bordel ! Jai un mal de crâne affreux. Pfff quel horreur . Euh, mais je suis où là ? On dirait une chambre dhôpital mais avec des appareils bizarres. Quest-ce que cest que ces écrans ? On dirait comme des plaques de verre sur lesquels on projetterait une image Sauf que je ne vois pas de projecteur ». Voilà ce que furent mes premières paroles à mon réveil.
Je me sentais lourd, plus lourd que dhabitude. En passant ma main sur mon visage, je sentais comme une légère barbe. En plus, javais limpression davoir pris du ventre et mes bras semblaient plus poilus. Jessayais de me lever et Aïe, Ouille, Ouille, Ouille, ça me lançait. Je soulevais alors ce qui ressemblait à une robe dhôpital et je voyais un gros pansement sur mon ventre. Ce ventre qui avait visiblement enflé comme si javais pris trente kilos.
Les murs de cette pièce étaient dun triste. Cétait gris et moche et jétais tout seul. Un peu au-dessus de mon sternum je sentais comme un objet collé sur ma peau. Je regardais ce que cétait et je voyais une sorte de demi-dôme plastifié translucide dans lequel je remarquais plusieurs petites lumières. Poussé par la curiosité, je lexaminais et en le détachant de ma peau, les lumières se sont éteintes. A peine trente secondes après, une infirmière débarqua en courant.
— Ouf, jai cru quil vous était arrivé quelque chose. Monsieur, il ne faut pas retirer votre capteur. Jai cru un instant que vous faisiez un arrêt cardiaque attendez je le remets . Voilà. Et ne lenlevez plus daccord ?
— Excusez-moi de vous poser cette question mademoiselle mais je suis où là ?
— Vous êtes à lhôpital. Vous avez eu un accident de voiture et vous étiez dans le coma mais on a pu vous stabiliser et vous opérer.
— Un coma ? Mais on est quel jour ?
— Nous somme le dix-sept septembre. Mais si vous voulez savoir ce quil sest passé durant votre coma vous pouvez utiliser votre plaque.
— Ma plaque ?
— Oui ça. Vous ne savez plus comment ça fonctionne ?
— A vrai dire jai comme un gros trou de mémoire Dites-moi il ny a pas de télé ? dans les chambres dhôpitaux, dhabitude, il y en a toujours une ? Non ?
— Une télé ? Une télévision vous voulez dire ? mais ça nexiste plus depuis quinze ans monsieur. Vous vous croyez encore au début du siècle ? Vous faites visiblement une crise damnésie. Utilisez votre plaque. Cest comme les anciennes tablettes sauf que là cest à commande vocale. Vous demandez ce que vous voulez savoir et ça vous laffichera sur la surface. Je vous laisse. Je vais prévenir le docteur que vous êtes réveillé.
Cette jeune infirmière me laissa seul avec cet objet. Cétait une plaque en matière lisse faisant penser à du plastique mais au toucher on sentait que cétait différent. A commande vocale elle a dit ? Ok, on va essayer. « Journal du jour » ai-je dit sans conviction, pensant avoir lair ridicule de parler à cette chose. Soudain je voyais la surface afficher un « Bonjour » et me proposer des titres de quotidien dont certain métaient inconnus. Jen choisi un que je connaissais pour lavoir distribué tous les jours chez des particuliers durant un de mes jobs dété et là jai eu un choc. Javais en face de moi la date daujourdhui : « 17 septembre 2048 ».
Ma première réaction a été de penser à une mauvaise blague. Mais en regardant dehors, en voyant tous ces véhicules électriques, en voyant les appareils de monitoring dans ma chambre, cet objet que je tenais dans mes mains, je commençais à y croire.
Mais comment cétait possible ? Dans mes derniers souvenirs, on était début 2016. Jétais Jérôme, vingt-trois ans, pas très bien dans ma peau et jétais encore puceau (chose que je préférais garder secrète même si mon entourage semblait sen douter). Je me souvenais avoir pris ma voiture et avoir vu, durant mon trajet, une autre voiture, qui ne mavait pas remarqué, doubler la voiture qui venait à ma rencontre en sens inverse. Je me suis aussi souvenu avoir tenté de léviter. Après ça plus rien. Jaurais oublié trente-deux ans de ma vie ? Jai dû en louper des choses.
Jétais là à me demander comment était ma vie à cette époque quand jai entendu le docteur arriver.
— Bonjour monsieur, vous avez lair dêtre en forme dites-moi ?
— Physiquement oui même si jai un peu mal au ventre.
— Après un accident pareil cest normal.
— Il mest arrivé quoi ?
— On comptait sur vous pour nous le dire. Tout ce quon sait cest que vous avez eu un accident de voiture il y a une semaine. Heureusement que votre voiture avait loption dappel aux urgences sinon ça aurait été trop tard.
— Vraiment ? Je ne me souviens de rien.
— Ce nest pas grave. Nous avons prévenu votre famille. Votre femme et vos enfants ne devraient pas tarder.
— Docteur .. comment dire ça .je crois que je souffre damnésie. Si jen crois cette date, je nai pas de souvenir de ces trente-deux dernières années.
— Ah ! . Effectivement. Du coup ça va vous faire un choc car il sen est passé des choses. Peut-être que revoir votre famille vous stimulera.
— Je lespère.
Il me laissa ensuite seul, le temps pour moi de digérer tout ça. Il venait de dire quil avait appelé ma famille . Une femme et des gosses dont je ne connaissais probablement rien. Ça ne sannonçait pas facile à gérer. Je me suis alors mit à feuilleter les grands moments de lhistoire de ces trente-deux dernières années avec ma « plaque » : de nouveaux attentats islamistes contre les pays dEurope jusquen 2021, Les pays de lOPEP en faillite à cause de la forte baisse des besoins en pétrole, les premiers pas de lhomme sur Mars en 2034, Effectivement, comme le disait le toubib il y en a eu des choses.
Moi qui venais de vivre les attentats de 2015 à distance, jétais en train de regarder les photos des dégâts commis dans tous les pays dEurope : la tour Eiffel décapitée de son dernier étage par des explosifs placés dans lascenseur vers son dernier étage, le stade de France éventré par une bombe à la manière du colisée de Rome version Hi-tech, La façade de Big Ben endommagée et carbonisée, La porte de Brandebourg en ruine à Berlin Ça me faisait mal. Je venais de poser ma plaque sur la table de nuit quand jai entendu frapper à la porte.
Au moment où jai dit « entrez » Jai vu une petite fille, dans une robe à fleur, dà peu près dix ans courir vers moi en mappelant « papa »suivi dun collégien, casquette de travers et habillé comme un rappeur, denviron quatorze ans et une grande fille, en Jean et T-shirt, que jestimais à au moins dix-huit ans car elle rendait les clés de sa voiture à sa mère. La mère, une femme dâge mûre bien conservée ma foi semblait émue de me revoir. Tous avaient été prévenu de mon amnésie et semblait compatissant. La petite mappelait son « papa chéri ». Le garçon ma demandé si je me souvenais dun arriéré dargent de poche que je lui devais avant de se rétracter en disant « quoi ? Au moins jaurais essayé » alors que sa mère le regardait avec ses gros yeux. De mon côté, je ne me suis pas gêné pour lui dire que jétais amnésique, pas stupide. La grande était visiblement bien majeure et cest moi qui lui aurais appris à conduire . Oui pourquoi pas. Cest après avoir parlé avec eux que jai demandé à être seul avec la mère. Là, je lui ai dit que mon amnésie allait beaucoup plus loin que ce quelle pensait, que javais donné le change devant les gamins pour quils ne sinquiètent pas mais que je ne connaissais même pas leurs prénoms. Ça lui a fait un choc mais elle ma fait un topo rapide en donnant leurs prénoms et en me disant quon avait un autre garçon mais quil était parti travailler aux états Unis suite à une dispute que jaurais eu avec lui. Elle nest pas rentrée dans les détails. Ne voulant pas me fatiguer, mon épouse qui sappelait Céline sen alla avec mes trois enfants pour me laisser me reposer.
Une fois seul, je me suis mis à faire un bilan : jétais dans le futur. En utilisant ma plaque comme dun miroir, je me voyais ressembler à mon père . Oh merde ! Mes parents, sont-ils encore en vie ? Je demanderais plus de détails à ma femme quand elle reviendra. Peut-être que ma mémoire va revenir.
Bon, je suis dans le futur. Avant de me réveiller ici je me souvenais de létat durgence après les attentats du Bataclan, et, au moment des fêtes de fin dannée, on était allé voir le nouveau Star Wars avec mon frère . Eh mais attendez une minute Cétait il y a trente-deux ans ça. Une idée me vint à lesprit. Pour les infos, jaurais tout le temps mais ça, il fallait que je voie. Jai pris ma plaque et jai demandé « Liste des films Star Wars ». Javais devant moi le vidéo club de lhôpital. Jy voyais la première trilogie, déjà vu, la deuxième trilogie appelé par les fans la « Prélogie », déjà vu aussi et ce nest pas la meilleure à mon goût. Ah enfin je voyais la suite. Javais devant moi les films de lépisode sept à douze. Le sept étant encore frais dans ma mémoire jai choisi le suivant et hop cétait parti . Malheureusement je me suis endormi en plein milieu du numéro dix. Tant pis ce sera pour plus tard.
Le lendemain, ma femme était revenue, mes enfants ayant des obligations scolaires et extrascolaires elle était venue seule, tant mieux. On allait pouvoir parler entre adultes. Je lui ai expliqué mon état et elle de son côté avait ramené des photos dans sa plaque. Elle me les passa et je me suis mis à les feuilleter avec attention. Elle en profita aussi pour me rappeler notre rencontre. Javais visiblement eu un accident (décidément !) et ma voiture avait fini dans un champ. Son père est parti tapé à ma portière et voyant que jétais choqué, il me ramena chez lui pour que jappelle une dépanneuse et mon assurance. Il nhabitait pas loin. Céline était à larrière de la voiture et cest depuis ce jour, toute timide, puis en se revoyant de plus en plus souvent que progressivement on sest plu. On sest revu, habitant pas loin lun de lautre, et la suite je vous laisse deviner. Pendant que je découvrais les photos de mariage, la naissance des gamins et les événements clé de leur vie, je fini par sentir que la main de ma femme sétait glissé sous mes draps au niveau de lentrejambe.
— Mais quest-ce que tu fais ?
— Je me suis dit que les photos nallaient pas être suffisantes. Du coup jai pensé que je pourrais te rappeler des souvenirs plus intimes.
— Euh oui mais ..
Je me suis arrêté trente secondes en me disant « mais tes con ou quoi ? Cest ta femme, profites en pour sauter le pas. Laisse-toi guider, laisse la faire. Au moins tu vas te faire dépuceler par quelquun dexpérience ».
— Tu disais ? Demanda-t-elle alors quelle venait dentrer dans mon pantalon.
— Oui mais . Faudrait penser à verrouiller la porte.
— Tu as raison. Je le fais et après je moccupe de toi.
Elle verrouilla la porte et revint vers moi. Elle retira les couvertures et saperçu de mon début dérection.
— Ah ! Ça visiblement tu nas pas oublié. Laisse-moi te montrer ce que tu aimes. Je pense que ce sera plus stimulant que des photos.
— Ok mais je ne crois paAAAHHH que . Oh et puis merde !
Jétais dans mon lit dhôpital à me faire sucer par mon épouse. Jimaginais bien que javais déjà connu ça avec elle, pour moi ça restait comme ma première fois. Le plus amusant dans tout ça cest quelle mavait dit que javais été son premier amant. Sans le savoir cest comme si elle me donnait la réciproque. Je découvrais ses sensations nouvelles avec un sourire non dissimulé. Même si malgré son âge, javais limpression de me faire pomper par ma mère (elle avait presque le même âge quelle dans mes derniers souvenirs), cétait bon. Je ne voulais pas quelle arrête, elle non plus dailleurs mais on a quand même dû sarrêter. Même si Céline avait verrouillé la porte, on a eu la désagréable surprise de voir débouler le médecin. Visiblement, il avait un passe durgence.
— Monsieur ? Est ce que . Oh pardon. Dit-il en se retournant ayant compris ce que lon faisait.
— Visiblement fermer la porte ne suffit pas. Lui ai-je répondu.
— Votre capteur nous indiquait une forte hausse de votre activité cardiaque. Jai cru à une urgence mais visiblement je me suis trompé. Je vais vous laisser du coup.
— Ce nest pas interdit dites-moi ?
— En général si mais si ça peut vous permettre de stimuler votre mémoire pourquoi pas. Je peux fermer les yeux. Si je vous laisse vingt minutes ça vous va ?
— Plutôt trente. Ai-je répondu avec la complicité de ma femme.
— Ok va pour trente minutes. Par contre je vous demanderai de faire le moins de bruit possible.
— On va essayer.
— Je vous laisse. Dit le docteur avant de sortir avec un sourire complice.
Avec ma femme on sest regardé comme des adolescents ayant le droit de faire une bêtise.
— Tu crois que ça va nous suffire trente minutes ?
— Largement. On aura même du rab.
— Alors cest parti.
Elle a alors retiré sa culotte, ouvert son chemisier puis elle est venu sur moi et sest empalée sur Popole qui nattendait que ça.
Jétais en train de vivre mon dépucelage. Evidemment, avec quatre enfants, javais déjà dû le vivre mais je nen avais aucun souvenir. Céline se déhanchait comme jamais en poussant de légers gémissements de plaisirs. Jétais tellement excité que je suis parti assez vite, trop vite au gout de madame. Elle est restée là plusieurs minutes à moitié nue assise sur moi. Jétais en train dexplorer son corps avec mes mains. Il était mince et magnifiquement conservé. Elle mavoua faire de lexercice pour se maintenir en forme et que sa poitrine avait été refaite il y a quelques années pour redonner un coup de boost à notre vie de couple qui commençait à prendre du plomb dans laile. On a continué à sembrasser puis elle est allée dans la salle de bain pour se faire un petit brin de toilette.
Moi de mon côté, je me sentais homme, enfin. Javais limpression dêtre dans un autre monde.il y avait un avant et un après. Quand elle est revenue, jen ai profité pour lui poser des questions. Cest là que jai appris que mon père était décédé. Nous avions eu une violente dispute à cause du travail quil aurait mal pris. Pour se remettre, il serait parti au bar pour se saouler mais le Barman aurait tenté de lempêcher de prendre le volant pour rentrer. Cest en sabsentant pour appeler maman afin quelle vienne le chercher quil lui aurait faussé compagnie avec sa voiture. Cest sur le trajet du retour quil aurait eu laccident qui lui a été fatal. Sur le coup, je me suis senti fautif dautant que le souvenir de mon père, avec qui je travaillais tous les jours à sa boutique, était encore vivace. Céline mappris aussi que ma mère était en maison de retraite mais était Alzheimer, rien de forcement étonnant avec lâge.
Durant les semaines qui suivirent, tous les jours javais de la visite, principalement ma femme et mes enfants. Jai eu aussi la visite de mon neveu et filleul qui, dans mon souvenir, était un bébé de un an sachant à peine marcher. Je lai à peine reconnu. On a parlé de tout et de rien et jai appris que, en tant que parrain, javais été son meilleur pote, son confident. Tout ce quil nosait pas dire à ses parents jen avais la primeur. Je comptais sur lui pour maider à retrouver mes souvenirs. A chaque visite de ma femme javais droit au moins à une petite gâterie quand on était seuls. Il ny a pas à dire, elle savait y faire. Ok de mon côté, je navais pas de point de comparaison mais en tout cas jadorais ça.
Cest lors de la petite fête qui avait été organisée pour mon retour que jai fait connaissance avec mon premier fils, celui qui était revenu des States exprès. Javais en face de moi ma copie conforme, telle que je me souvenais de moi, hormis les fringues, avant mon réveil à lhôpital. Il avait été mis au courant de mon état par sa mère mais semblait resté froid et distant, à cause de cette mystérieuse dispute dont je ne me souvenais pas surement. Ma femme et mon neveu allaient devenir mes meilleurs soutiens durant cette amnésie.