Bien quil paraisse sous ma seule signature, ce récit est un texte écrit en collaboration avec Chloé1515.
—————————————————————————————————————————————-
Cest vraiment une aubaine, Camille, que tu aies pu trouver à te loger à des conditions aussi intéressantes : 250 , à Paris, cest un cadeau quil te fait, le propriétaire.
Oh, tu sais, Papa, jaurai quelques services à rendre, en contrepartie ; cest ce que précisait son annonce, en tout cas : il doit avoir besoin dun petit coup de main de temps en temps, avec ce grand appartement.
Et quest-ce quil fait, dans la vie ?
Cest un retraité ; il est veuf depuis quelques années.
Retraité et veuf ? Sûr que tu vas lui rendre bien des services, à ce pauvre homme
« Pauvre homme, monsieur Michel ? On voit vient que tu ne le connais pas Tu le prends pour un infirme, ou même pour un grabataire ! Je sais bien quil est malsain ; il vaut mieux que je ne te le dise pas, Papa, sinon tu me défendras dhabiter chez lui. Mais comment faire autrement ? Vous navez pas les moyens de dépenser le double pour me loger ; et là, adieu les études. Je naurai alors plus quà espérer trouver un emploi de caissière au supermarché du coin. Toute ma vie, je ne serai quune minable petite employée qui gagnera tout juste de quoi survivre Non, pas moi ! Même si je prends des risques, je ne peux pas refuser cette opportunité : jirai à la faculté, quoi quil men coûte. »
Ces trois jours passèrent rapidement, entre la préparation des fournitures scolaires et les vêtements à emballer. Elle nemportait pas grand-chose, en fait : juste de quoi tenir pendant quatre mois, jusquaux vacances de fin dannée. Elle aurait bien aimé pouvoir revenir plus souvent à Montauban, mais ses parents ne pouvaient pas supporter une dépense aussi importante. Camille, qui navait jamais quitté le cocon familial, se demandait comment elle allait pouvoir supporter cette longue séparation Mais la réussite de ses études lui imposait ce sacrifice.
Le jour fatidique du départ arriva. Après avoir fait ses adieux à sa famille et à ses amis, elle prit place aux côtés de son père ; voyager en train eût été impossible avec les bagages quelle emportait, même sils tenaient largement dans le coffre et sur la banquette arrière de la voiture familiale. Comme la route était longue, ils partirent au lever du jour. Cinq heures trente de conduite, ce nest pas ça qui allait impressionner son père, chauffeur routier de son état. Par contre, il détestait Paris et toute lagitation de cette ville. Cest pourquoi il avait prévu de faire laller-retour dans la journée. Cette journée qui sannonçait comme caniculaire : déjà 30° vers 7 heures du matin !
Pour supporter la chaleur, Camille avait opté pour un short de couleur crème et un débardeur blanc. Ainsi elle serait plus à l’aise pour le déménagement. Heureusement que la voiture de son père était climatisée ! Après ce qu’il fallait de circulation anarchique pour énerver le conducteur aux abords de la capitale, ils arrivèrent au pied de l’immeuble de Michel. Par miracle, une place se libérait devant eux, juste au bon endroit. Camille prit son courage à deux mains et ouvrit la portière. Ce fut un violent choc thermique : sortant de lhabitacle relativement frais, elle se retrouva instantanément dans une atmosphère étouffante de 37° ! Son père, habitué à travailler dans des conditions difficiles, ny prêta pas attention. Il commença à décharger la voiture alors que sa fille sonnait à linterphone.
Bonjour Monsieur ; c’est Camille. Je suis avec mon père pour le déménagement. Pourriez-vous nous ouvrir ?
Aucune réponse, mais la porte s’ouvrit.
Le père, avec un sourire, découvrit la beauté de l’édifice. Le petit ascenseur était suffisant pour contenir le premier chargement qu’accompagnait l’étudiante pendant que son père déchargeait la voiture et transférait les paquets dans le hall d’entrée de l’immeuble.
Camille sonna à la porte de l’appartement ; Michel lui ouvrit, vêtu d’une chemise simple et d’un pantalon de toile noire. Une douce fraîcheur s’échappa de la porte : l’appartement semblait parfaitement climatisé. Michel ne dit rien mais désigna du doigt la porte de la chambre. Camille ne dit rien non plus et alla vite transporter les affaires, très intimidée. À peine eut-elle terminé qu’elle vit lascenseur remonter avec un second chargement, qu’elle emporta à son tour dans sa chambre. Lascenseur remonta une seconde fois avec le reste des affaires quaccompagnait le père de la jeune fille. Il vint directement à la rencontre de Michel.
Bonjour Monsieur ; enchanté. Je suis le père de Camille
Le sourire du bailleur s’éclaira d’un large sourire tandis quil sefforçait de faire quelques pas dune démarche peu assurée en direction du père de Camille, courbé comme sil souffrait au niveau du bassin.
Bonjour, Monsieur. Je suis ravi de vous rencontrer.
Vous êtes très généreux d’accepter de recevoir une locataire dans ces conditions !
Oh, vous savez, je suis un peu seul ; nous avons eu leur âge : nous savons que la vie n’est pas toujours facile et qu’un coup de pouce ne fait pas de mal. Et puis, votre fille me sera dun grand secours pour les quelques tâches ménagères quil mest pénible daccomplir à cause de mes problèmes de santé
Les deux hommes semblaient sentendre à merveille, et une aimable discussion sengagea entre eux. Michel semblait bien différent de celui que Camille avait vu lors de leur première rencontre : plus gentil et plus affable. Rassuré, le père de létudiante prit congé en sexcusant de devoir repartir aussi rapidement. Camille sapprocha dune fenêtre pour lui adresser un dernier signe lorsquil entra dans sa voiture. Elle suivit le véhicule du regard jusquà ce quil eût disparu. Elle se retourna alors et vit Michel, adossé au chambranle ; curieusement, il ne semblait plus avoir de problèmes de santé : il sétait redressé, déployant sa haute stature, et son regard brillait dune lueur malsaine
À nous deux, maintenant
[ à suivre]