— Ouille, ça brule. Merde enfinAie ! moi aussi, comme un coup de fouet dans le dos.
— Je commence à te croire mon vieux Paul.
— Le vieux, tu sais ce qu’il te dit ?
— Attention au gros mot. Je rigole mon bel étalon. Tu sais quoi ?
— Non ?
— Lis encore pour voir !
Je repris ma lecture là où je l’avais laissée. Elle parle justement de cette petite fontaine où les moines venaient se laver et remplir des seaux pour que les pénitentes se lavent aussi. Parfois, les moines, avec perversité, renversaient les seaux d’eau glacée sur les pénitentes. Je vis Martine frissonné comme si elle venait de recevoir un plein bidon d’eau froide sur tout son corps. Même ses cheveux, pourtant bel et bien sec, paraissaient mouillés. Elle me regardait, hagard, incapable d’expliquer pourquoi elle était frigorifiée. Je lisais encore. Là, un supplice autrement plus jouissif à en croire la narratrice du livre. Elle décrit son corps couché, écartelé entre les poutres sans rien sous elle. Son corps ne touche plus le sol froid. Les moines lui tournent autour, très lentement, chacun à, en sa main, une longue baguette de noisetier. Quand un moine passe entre les jambes de la femme, il la possède et jouit en elle avant de frapper lourdement son pubis. Pendant qu’ils tournent lentement, ils chantent des chants religieux. Pour battre le tempo, ils frappent la femme en dessus ou en dessous de son corps suspendu. Martine ne me quitte pas des yeux. Elle est collée à moi, agrippée à mon bras. Je continue de lire, toujours en mettant le ton. Les moines, après que chacun ait baisé ce corps, prennent une grosse bougie de cire dans leurs mains. Une fois allumée, toujours en tournant, il renverse la cire brulante sur tout le corps de la femme, de sa poitrine à son sexe, jusqu’à ses pieds. Martine hurle de plaisir à mon oreille. Je le fixe de surprise. Elle parait aussi surprise que moi.
— Qu’est-ce qui t’arrive ?
— Je n’en sais rien, je ressentais cette cire brulante sur tout le corps, tout comme ces queues qui baisent cette femme ou encore les violents coups de baguette.
— Regarde tes poignets. On dirait que tu es encore attachée, comme cette nuit.
Pour s’en assurée, elle retira ses chaussures de marche, ses chaussettes, ses pieds portaient les marques de corde.
— Alors, tu commences à me croire maintenant ?
— Paul, je me sens, je me sens attachée, non, pire, enchainée. Regarde mes pieds, ils ne peuvent plus bouger du sol !
— Attends, non, je n’arrive pas à le lever !
— Mes mains, on m’enchaine, aide-moi !
— Je n’arrive pas, c’est comme si tu pesais une tonne.
Sur le sol, le corps de Martine s’écartèle sans que je ne puisse rien y faire pour l’empêcher. Les chaines deviennent visibles, elles étirent le corps de Martine aux quatre coins cardinaux. Je vois ses vêtements quitter son corps sans même se déchirer. Nue, elle me regarde bêtement. Elle se sent soulevée, elle est parfaitement consciente. Je vois son corps entre ciel et terre, étiré de tout côté.
— Explique !
— Je ne sais pas. je suis écartelée et suspendue à la fois.
— Tu sens quelque chose ?
— Non, rien pour le moment. Attends, je vois des ombres qui approchent, il porte de longues baguettes dans leurs mains et une bougie aussi, une grosse et large bougie allumée. Putain, c’est les moines. Tu les vois ?
— Non, rien du tout.
— Il me frappe, y en a un qui me baise, le salaud, il a une queue comme la tienne. Il me fait du bien ce fumier.
— Tu as mal ?
— Oui, ils me frappent pendant que l’autre me baise. C’est comme s’ils battaient la mesure. Ça fait mal, mais pas mal dans le sens de souffrir le martyre, non, c’est comme si c’était pour te donner du plaisir, comme dans ces films SM que tu regardes parfois.
Puis plus rien, Martine perd connaissance ou est sous l’emprise de je ne sais quoi ou je ne sais qui. Son corps se tortille comme si on la battait réellement. Sur mon pied, quelque chose tombe. Prenant l’objet, c’est une longue baguette de noisetier. Dans ma tête, une voix de femme m’ordonne tendrement de frapper Martine, de la punir de ses péchés, des péchés de ces moines vicieux et pervers. Quelque chose prend mon bras et l’abat sur la vulve de Martine qui crie, mais pas de douleur, de plaisir uniquement. Je suis pris, à mon tour, par les fantômes de cette bâtisse. Si elle vit au travers de cette femme pénitente, je me retrouve à la place d’un des moines. Mon pantalon tombe sans que je ne le touche. Ma queue est en érection, dans mon dos, des mains invisibles me poussent entre les cuisses de Martine. Je n’ai rien à faire, tout est guidé par cette force que je ne contrôle pas, que je ne vois pas. Je pénètre Martine, la pilonne. Derrière moi, sur mon dos, cette puissante force s’estompe. Je baise ma Martine, ma baguette à la main, je jouis vite, je suis surexcité. Je frappe le pubis, Martine hurle encore de bonheur, encore un orgasme. Comme les moines du récit, je commence à tourner lentement au rythme d’un chant grégorien qui remplit ma tête. En frappant Martine, je bas la mesure. Il me semble voir ces moines et leur grande capuche sur la tête. J’ai beau essayé de lancer cette baguette au loin, elle reste solidement dans ma main fermée. Je tourne, frappant toujours, sur le dos ou le ventre de Martine. Un coup dessus, un autre dessous. Martine est toujours allongée entre ciel et terre, écartelée à la limite du déchirement de son corps comme on les retrouve dans des livres d’histoires dans le supplice de l’écartèlement. Elle jouit chaque fois qu’une ombre de moine la baise. C’est à nouveau mon tour, je sens ma queue devenir dur. Je pénètre Martine. Je lui fais l’Amour aussi tendrement que je le peux. Mais, tardant trop, un méchant coup de baguette me brule mes fesses nues. Je me retire juste au moment de jouir d’elle et de la voir jouir de moi. Sur son corps, seules les marques de ma baguette se voient. Puis, ma main lâche la baguette qui disparait dans le sol de pierre. Lentement, le corps de Martine redescend, se posant tout en douceur sur mon sac de couchage. Elle reprend vie. Là, elle peut tout me raconter, minute après minute, seconde après seconde, dans le moindre petit détail. Sur son corps, les marques de ma baguette, je lui fais ma part du récit. Elle m’enlace tendrement.
— Tu n’y es pour rien. Mais sache que j’ai joui de toi. Je sentais faiblement les sexes des moines, mais la tienne me remplissait de bonheur, je la sentais bien.
— Je crois que cette femme vit encore ici. Que son fantôme est venu jusque-là nous hanter.
— Tu en as peur ?
— Non, à aucun moment elle ne parle de mort. Du moins pas de manière explicite. Dans son livre, elle parle de durs supplices pendant le deux ou trois premiers jours, deux, oui, vous avez raison,
— Madame. Hein ?
— Elle t’a parlé ?
— Je crois bien que oui. Ça fait bizarre d’entendre cette voix dans sa tête.
— Je sais, mais elle nous demande d’accomplir sa pénitence je crois. Toi comme bourreau et moi comme cette femme, cette pénitente. Il parle de quoi son journal. Parce que c’est un journal en fin de compte.
— Il donne un récit toujours plus détaillé de ses supplices, de ses orgasmes. Elle précisetien, ça n’y était pas avantenfin bref, qu’elle aimait ça, qu’elle y est revenue à six reprises subir de long séjour de pénitence. Tout ça, et elle le précise bien, pour l’amour qu’elle portait à un moine particulièrement raffiné dans les supplices qu’il lui imposait. Elle le décrit comme très grand, fort comme un roc et terriblement amoureux aussi. Si tu veux, là, il y a quelque chose qui peut faire très mal. Il joue avec de longues aiguilles en or massif.
— Lis !
Je lisais donc : Il prit une dizaine de longue aiguille d’un coffret fermé à clef. Il m’assura qu’il était le seul à pouvoir l’ouvrir. Près de moi, attachée en croix tel le christ, il commença à piquer mon corps ici ou là, à sa guise, comme bon lui semblait. Sa queue était droite, tendue. Je salivais déjà du moment où il allait me violer. Sur ma lourde poitrine, il planta une aiguille qui traversa mes seins de part en part. La douleur était exquise, je le lui fis savoir en léchant mes lèvres et le fixant amoureusement. Il me sourit en posant sa main sur les poils humides de mon sexe. La seconde passa de haut en bas de mon sein gauche, la suivante prit le même chemin sur le droit. Chaque aiguille me reprochait de l’extase. Et toujours sa main qui me caressait divinement. Enfin, il écartela mes cuisses, glissant un bout de bois entre elles pour les maintenir écartées, il tira sur mon sexe pour y planter deux autres aiguilles qui mettaient mon corps en feu. Je hurlais mon bonheur en fixant cette ouverture en forme croix dans le mur. La lumière qui la traversait me réchauffait mon corps. Je sentis cette aiguille traverser mes lèvres, en prenant en otage ma langue, me rendant muette du même coup. Ainsi réduite au silence, il prit un fouet, un long. Mon moine reculait, il régla son bras et me fouetta de toute la puissance de son bras. La brulure du cuir de buf sur ma peau fut comme un coup de canon, violent, mordant, méchant et orgasmique. J’étais dans tous mes états, réclamant le suivant de mon regard. Il m’assénait une bonne dizaine de coups de ce fouet sur tout mon corps embrasé. Je jouissais encore de cet orgasme si violent, si puissant et perdais connaissance.
— Martine, tu te sens bien ?
— Oui, je sens ce fouet, il me brule de partout. Les aiguilles, je le sens en moi. Je vais exploser, oui, exploser en milliard de particules.
Je posais ma main sur sa poitrine, elle jouissait en un long brame, une fois encore. En moi, cette voix se fit encore entendre, douce, féminine, elle me demandait de lui faire vivre l’ultime extase, celle du martinet à nud sur son sexe. Je refusais que Martine subisse cette torture. J’avais vu des personnes en photo, fouettée par ce chat à neuf queues, un martinet plus douloureux encore et qui laisse des traces horribles sur les corps. Mais la voix de Martine se fit entendre.
— Mon chéri, écoute-la, elle a raison, moi aussi je veux connaitre cet ultime orgasme.
— Il va te tuer.
— Et alors, j’aurais connu ça avant de mourir.
— Et moi, tu y pense.
— mon amour, fouette moi encore de ce fouet, plante encore ces délicieuses aiguilles dans mon corps.
Je ne voyais pas comment j’aurais pu le faire, il n’y avait rien que nos affaires autour de nous. Rien n’était apparu et rien n’avait disparu. Alors, je ne sais comment, j’ai fait semblant. À ma grande surprise, je vis le corps de Martine se marquer de ce coup de fouet imaginaire. Elle hurla, supplia encore qu’elle en voulait plus. Sur sa cuisse, je fis comme si je plantais une courte aiguille, elle poussa un long gémissement. Elle qui a peur de la moindre petite piqure chez un médecin. Je fis le tour de son corps, piquant ici ou là, à ma guise, selon mon désir. À chaque fois, c’était comme si je plantais réellement des aiguilles. Sur ses mamelons, bien en face, là où le lait maternel peut jaillir, j’enfonçais de soi-disant courte aiguille. Me reculant, je fis encore comme si je la fouettais de ce fouet imaginaire. Elle continuait d’hurler de douleur, mais aussi de plaisir. J’arrêtais tout, convaincu par ce livre que je refermais prestement. Aussitôt, Martine revint dans notre monde. Elle me regardait étrangement, un petit sourire rendait sa bouche merveilleusement belle, comme son visage. De son corps, une sorte de vapeur en sortait, se dissipait dans l’espace qui nous entourait. Je crus reconnaitre un visage de femme souriant puis, plus rien. Martine était près de moi, contre moi, elle m’enlaçait de ses bras, embrassant ma bouche.
— Comment tu te sens ?
— Avec toi, merveilleusement bien. On recommence quand tu veux.
— Pourquoi pas. Tiens, tu saigne à ton sein.
Le sang qui coulait forma un cur qui séchait immédiatement. De chaque côté du cur, je vis mes initiales et celles de martines. Je pris une photo de mon polaroïd que j’avais complètement oublié au fond de mon sac. Martine glissa le long de mon corps, s’emparant de mon sexe pour divinement me le sucer. Nous étions nus, nous nous sommes aimés jusqu’à la nuit tombée et au-delà. Parfois, il nous sembla sentir cette présence féminine entre nous.
— Nous ne savons ni votre nom, ni qui vous êtes, mais on vous remercie pour tout, Madame la belle inconnue.
— Tu en es certaine ?
— Oui, je viens de vivre quelque chose que je ne pensais pas possible. Je me souviens de tout, de toi, de cette cire, de tout.
— Même des fantômes de moine ?
— Oui, même elle, je la vois dans ma tête, nue, attachée, jouissant sous les coups, les supplices de son amant, ce moine, le père supérieur de ce lieu. On n’y est pas venu par hasard, elle nous a guidés sciemment. Elle n’est pas loin, comme moi, tu la sens.
— Je crois que oui, elle m’a même parlé, enfin, je crois.
— Ne crois plus, je suis certaine que ce livre, son journal n’était pas là par hasard si tu veux mon avis.
— Ça, j’en suis presque convaincu. Bon, on fait quoi ?
— Maintenant, j’ai encore envie que tu lises.