L’après midi est chaud, peu d’air et un soleil de plomb. Rester à l’ombre sagement ou aller plonger dans la mer, j’ai le choix, pas de travail, un moment à moi, sans obligations. Les Antilles en juin, si sèches et brûlantes avant une saison d’ouragans où tout le monde s’angoisse pour savoir si cette année sera mauvaise ou bonne, si les toits voleront sauvagement. Un gros acacia contre la maison me tend ses branches sous lesquelles je peux m’abriter du soleil. Prendre un livre et m’allonger sur l’herbe, sur une large serviette éponge bien épaisse. La question est : Nu, pas nu ? Le jardin est bordé d’une haie mais rien n’assure une totale intimité. Mais bon, les voisins ne sont pas obligés de regarder… ce sera nu. Et puis laisser le corps libre, sans entraves, c’est quand même bien agréable. Voilà, s’allonger et plonger dans ce roman que je ne commence jamais vraiment. Se concentrer sur un texte et relire deux fois la même page, les mots ne restent pas. Alors, plonger dans cette piscine même un peu trop chaude. L’eau est assez bonne pour y rester un instant. Se laisser flotter, couler, comme en apesanteur. Un jeu un peu infantile mais que j’aime répéter. Tiens, au fait, la courtière en assurance devait passer ce matin, elle a oublié. Revoir ce contrat ’tempête’, il faut que je la rappelle. A moins qu’elle ne soit passée mais je ne l’ai pas entendue. Penser aussi à remettre une sonnette dehors. Tout ça, tous ces trucs du quotidien qui s’agglutinent, et je suis là, à patauger à poil dans ma piscine même pas encore payée. Allez, je coule encore, le silence sous l’eau est reposant, tenter de rester le plus longtemps, à jouer au Cousteau du dimanche, comme un roi de l’apnée à deux sous. Loin du grand bleu. Je ressors en vrac, prêt à exploser par manque d’air. Quel con ! Risquer la noyade dans un mètre d’eau, c’est d’un nul ! Je me hisse sur les coudes. Sortir de l’eau et retourner à ce bouquin insipide, quel programme ! Mais il y a du bruit, des pas dans l’allée de graviers. Je reste à demi immergé et j’entends appeler.
Une voix de femme, une voix légère et haute qui demande s’il y a quelqu’un. Oui, je m’entends répondre d’entrer. Entrer, alors qu’elle apparaît déjà entre deux bougainvillées. Une femme dans les 35 ans, sapée genre jupe droite et un truc de type débardeur blanc en coton, je ne sais pas le nom, mais c’est moulant à souhait et ne laisse pas de place au moindre soutien gorge. Les seins ne s’en plaignent pas, heureux de poindre au travers du tissu, révélant de jolies proportions. Le cheveu noir et court sur un visage mat, des yeux verts, une peau bronzée jusque sur des jambes lisses terminées par des pieds très mignons, dans des sandales fines. La fille est plutôt belle et moi j’ai l’air idiot dans mon eau chaude ! Elle s’excuse de son retard. Ah, c’est la courtière. Pas grave, le retard. Mais comment sortir de l’eau sans passer pour un exhibitionniste, moi ? Je lui demande si elle peut me tendre la serviette étalée dans l’herbe. Je la vois se baisser et la jupe laisse apercevoir des cuisses un peu rondes. Pas le moment de se laisser gagner par un fantasme ! Mais l’homme est l’homme et j’ai encore une nouvelle raison de rester dans l’eau. Elle s’approche et en souriant, me tend la serviette. Pourquoi ce sourire ? A croire qu’elle devine comment évolue mon état. Près de l’échelle, j’attrape la serviette et grimpe sur les marches, tentant de combiner ma sortie en dissimulant l’essentiel. Elle sourit de plus belle. En parfait benêt, je tente un rictus décontracté tel un adonis de pub pour produits solaires. Ca doit être un fiasco car là, elle éclate de rire. Elle est jolie, cette femme. Et ses yeux ne se détournent pas quand j’enroule la serviette sur mes reins. Quel culot ! Je lui présente des excuses d’une rare franchise pour ma tenue. Elle m’en prie… C’est très conventionnel et surréaliste à la fois. J’ai une érection incontrôlée devant une parfaite inconnue qui se permet une impassibilité déconcertante. On est là, debout, face à face et je ne sais plus que dire, la serviette mal ajustée sur ce drame ! Je la fixe comme un gamin figé devant une première femme. Elle me dit ne pas vouloir me déranger. Je réponds que je ne suis pas dérangé mais troublé. C’est fort, ça. Quel talent ! Elle va pouffer de rire devant un tel vocabulaire. Non, elle ne rit pas et me dit qu’elle m’a vu m’installer, puis me baigner, qu’elle n’osait pas m’interrompre dans ma gym aquatique, que c’est elle qui est troublée.. Et voilà ! J’imagine le spectacle de mes fesses s’envolant dans mes galipettes en canard plongeant. Elle ne parle plus, sourit encore. Je me fiche de l’assurance, je la regarde et m’entends lui proposer un bain. Et je l’entends accepter. Et je n’en reviens pas ! Ses mains saisissent le débardeur-bustier et dans un joli geste, ses seins apparaissent devant moi. Bien sûr, pas de maillot à lui proposer. D’ailleurs, elle n’en demande pas. Puis deux doigts viennent défaire les boutons de cette jupe qui tombe sur ses chevilles. Comment dire ce que provoque la vue de cette culotte minimale et presque transparente ? Ca me rend dingue. Pas original, mais dingue. Je me baisse et délace ses sandales. Elle reste debout, au-dessus de moi et j’ose lever la tête vers elle. Mes mains posées sur ses pieds nus, je rêve d’y jeter mes lèvres, de goûter ses orteils un peu moites de chaleur. Avant d’atteindre ses yeux, mon regard croise ses jambes aux mollets nerveux, aux cuisses pleines, cette fois je les vois entières. Et son visage me domine par-dessus ses seins, des seins qui semblent vrais, pas gonflés, juste ronds de façon naturelle. Mais je fais quoi, là ? Je deviens voyeur ? Oui, c’est ça, je me régale de la détailler, d’autant qu’elle se laisse regarder sans rien cacher. Elle s’écarte d’un petit pas et plonge d’un coup dans l’eau, le derrière bien haut et les jambes serrées. Un plongeon de pro. Et mon état empire. Je m’assois au bord de l’eau, les yeux fixés sur cette femme qui nage sensuellement. Les pieds dans l’eau, je meure d’envie de la rejoindre et de me coller à elle, de découvrir sa peau, de l’embrasser. D’autant que lorsqu’elle nage sur le dos, sa culotte mouillée laisse voir un pubis foncé, à peine rasé. Elle sait l’effet garanti et je ne vais pas cette fois jouer les timides. Nageant sous l’eau, elle s’approche de mes jambes, se glisse entre elles et fait surface devant mon ventre, sa tête tout près de moi. Ses mains se posent sur le rebord, de chaque côté de mes hanches et sans attendre, elle pose ses lèvres sur mon ventre. Un baiser mouillé, bouche entrouverte et ses seins dans mes cuisses. Comment résister ? Ses doigts défont la serviette et me libèrent lentement. Je suis là, nu et raide devant elle, à quelques centimètres de sa bouche et je rêve déjà d’un autre baiser. Des ondes positives, sans doute, car je sens tout à coup sa bouche se refermer sur moi, salivante et chaude, ses doigts me prennent et me caressent gentiment. Ses cheveux mouillés tombent sur mes cuisses, froids et doux à la fois. Je sens sa langue qui s’enroule sur moi, ses lèvres closes qui m’aspirent savamment. Parfois, ses dents me pincent, un plaisir piqué de danger. Elle me renverse sur le dos et se hisse sur le rebord, venant me frôler, trempée et dégoulinant sur moi. Son corps est brun, satiné par le soleil et brillant de ces gouttes d’eau. Tournée vers mes hanches, elle replonge sa bouche sur moi, plaquant son ventre sur ma figure, m’invitant à lui rendre ce baiser. A contre jour, je vois ses cuisses s’ouvrir sur mes lèvres, la culotte détrempée et mal ajustée dégage une fesse et se perd dans un sexe exposé à mes baisers. J’aspire l’eau du tissu en le happant, jouant avec ma langue pour la glisser au plus doux de son sexe. Ce que j’aime me perdre là, moi ! Et à sentir ses lèvres s’ouvrir, je vois bien que ma bouche lui convient. Elle sait se coller, elle sait se placer pour me recevoir. Elle sait aussi ne pas m’oublier et mon sexe reçoit les morsures et les coups de langues les plus fous. A voir ses reins s’agiter devant moi, je pose mes mains sur ses fesses, les ouvrant, les palpant, les découvrant. Elle se colle plus fort à moi, je l’entends me demander ma langue partout en elle. Partout… oui, je lui donne, je pars entre ses fesses et la lèche sans rien laisser de ses saveurs, sans rien lui refuser. Sa main vient se glisser vers son sexe, vers ses fesses, elle s’ouvre encore de ses doigts, m’invitant à la pénétrer de mes baisers. Elle se redresse, attrape ma tête et l’attire violemment à elle, m’obligeant à la lécher plus fort, à déguster et boire ce jus qui l’abandonne. Droite sur ma bouche, je ne vois que ce cul se soulever et retomber sur mon visage, je sens ses mains se planter dans mes cheveux. Elle émet des sons de plaisir, j’entends ses mots brefs et précis, des ordres de jouissance, des invectives à la satisfaire. Puis, elle s’échappe, m’enfourche et son sexe vient voler le mien, entier qui glisse dans cette chaleur trempée. Je ne bouge pas, la laisse donner son rythme. Elle me baise divinement, cherchant son plaisir et offrant à mes yeux sa croupe ouverte, montant et retombant toujours plus fort. Je la vois se mettre à croupi, les pieds calés contre mes cuisses, et se régalant d’enfoncer mon sexe plus loin encore. Je guette ses mouvements pour avancer à chaque fois qu’elle revient vers moi. Je me vois disparaître en elle, au plus profond de cette chatte brûlante. Mes mains plaquées sur ses hanches, je n’ai pas besoin de la guider, elle va où son désir la conduit. Elle me prend sans me demander mon avis. Je sens mon plaisir devenir si intense, si fort. J’ai peur de ne pas tenir plus longtemps sous ses assauts. Ses fesses tendues sur moi je laisse glisser mes doigts entre elles, m’attardant à ce cul si attirant. Y tourner, l’agacer, le caresser… Elle adore, ralentit ses mouvements, se penche un peu en avant et appelle mon doigt, mes doigts. Elle prend ma main, mouille mes doigts et me les rend, puis exige un autre plaisir. Mon pouce se contente de s’approcher, tout contre elle. Sans plus de cérémonie, elle jette ses fesses vers ce doigt tendu et le laisse s’engouffrer en elle. Je deviens fou, je ne sais plus comment ne pas jouir tant cette femme sait man?uvrer un amant. Ses mains viennent ajouter ses caresses aux miennes, elle reprend ses coups de reins, elle se laisse envahir de mon sexe, de mes doigts. Je la sens se contracter, préciser sa façon de me faire l’amour. Elle devient impudique, son souffle est court, sa tête se balance de gauche à droite. Puis ses ongles se plantent dans mes cuisses, elle s’arrête net, lâche un râle, se crispe sur mon corps. La danse reprend un temps, plus forte encore, mon doigt serré dans ses fesses, mon sexe prisonnier de sa chatte. D’autres mouvements violents, d’autres assauts, d’autres râles. Mes jambes tremblent, je sens mes bourses se vider, je sens mon sexe se gonfler, je sens cette chaleur si forte me gagner. Et je jouis, je pars en tous sens, lâchant tout sans plus rien contrôler. Elle me sert plus fort, ressentant mon plaisir, semblant jouir aussi encore. Je me défais de son emprise, la renverse sur le dos et embrasse ses seins mouillés de sueur, durs et droits. Elle pousse ma tête vers ses cuisses, me dit qu’elle n’a pas tout ce qu’elle désirait. J’ouvre mes lèvres sur son sexe, je le vois enfin, doux et rose. ma langue glisse en elle, la suce et la goûte, retrouvant nos mélanges, nos odeurs. Elle sert ses cuisses contre mon visage, se caresse au-dessus de ma langue, soupire et remue son bassin. Je tiens ses pieds serrés dans mes mains, collés à mes hanches, et je la lèche, je la lèche sans fin, jusqu’à la sentir relâcher ses muscles, mon visage maculé de son jus. Elle jouit, elle rit, elle miaule…
Je reste un moment plongé dans ses cuisses, immobile. Mes mains se promènent sur son ventre, sa poitrine, ses épaules. J’ose me redresser, parvenir à sa bouche et lui donner un long baiser. Ses lèvres murmurent d’autres mots, d’autres souffles. Elles sont fraîches malgré l’étuve de ces ébats au soleil. Je regarde son corps, un corps de femme à aimer, à posséder. Son c?ur bat fort, encore plus que le mien. Oui, elle a tout fait, elle a tout décidé. J’ai adoré être son objet, son instrument. Il y a des jours, comme ça… Je terminerai mon bouquin une autre fois, peut être.
Christophe C