Ce jour n’était pas un bon jour, pourtant le repas avait bien débuté. Danièle, sa femme venait de piquer une crise de nerfs en raison de l’objection qu’il avait formulée. Se retrouver confronté à sa belle mère une fois de plus pour le repas de Noël ne l’enchantait pas. Il avait simplement émis l’idée d’interchanger les dates avec la Saint-Sylvestre. Une astuce qui selon lui aurait permis une meilleure ambiance en raison de la présence d’amis. Ce sempiternel repas de fêtes se déroulant à trois l’ennuyait au plus haut point. Quinze ans de mariage et il trouvait que de plus en plus elle ressemblait à sa mère. Tant au niveau du physique que du mental, il trouvait Danièle toujours aussi jolie et attrayante, et pourtant…
Hé ! Ce n’est pas la peine de faire cette tête renfrognée !
Avant de répondre, il prit le temps de plier sa serviette avec soin et de prendre une profonde inspiration. Il savait que selon les mots utilisés elle saisirait l’occasion pour aller plus loin.
Ma chérie je ne fais pas la tête comme tu le prétends, je suis contrarié, mais je ne fais pas la tête. Je voulais simplement casser un peu la routine. Ta mère apprécierait certainement de voir de nouvelles têtes.
Houai ! Une excuse bidon, comme toujours.
Ne sois pas de mauvaise foi, je voulais simplement t’éviter de préparer ce repas et de réveillonner au restaurant « Chanteclair ». La cuisine est bonne et le menu annoncé me paraît sympathique.
Quoi ? En plus, maintenant ma cuisine ne convient plus à Monsieur…
Pour ne pas en entendre plus, il sortit de la pièce, puis mû comme par un réflexe prit sa veste et quitta la maison. Il savait que ce signe de rébellion avait certainement exaspéré Danièle. Il imaginait sans peine les termes grossiers qu’elle lui avait adressés derrière la porte fermée. Elle avait dû y mettre la même violence qu’elle mettait d’énergie et d’imagination pour faire l’amour. Il trouvait sa femme féline, sensuelle, amoureuse et vicieuse lors de leurs ébats, il l’aimait dans ces moments-là. Il la détestait quand elle avait ces attitudes insultantes et méchantes. Alexandre avait le sentiment que ces épisodes se faisaient plus fréquents. Tout en marchant dans le froid, il frissonnait, ce n’était pas la bonne heure pour faire une promenade. « Quel crétin ! J’aurais dû enfiler mon manteau avant de sortir, je me les gèle. » Sans s’en rendre compte, il était arrivé sur la place et le bistrot au coin étant ouvert.
Il se dit que c’était l’endroit idéal pour se réchauffer avec un café. Et bien sûr, il pourrait s’y calmer avant de retourner à la maison…
Une fois la porte franchie, il se sentit immédiatement beaucoup mieux.
Tiens ? C’est exceptionnel de te voir à une heure aussi tardive. Tu t’es engueulé avec ta bourgeoise.
Bonsoir quand même ! Au lieu de dire des bêtises, sers-moi un grand café, je suis gelé.
En riant, le barman lui avait tourné le dos pour lui préparer la commande. En regardant dans la grande salle, Alexandre put voir qu’il connaissait tous les habitués. Tous adeptes du karaoké et visiblement il y avait une partie en cours. Les fausses notes déclenchaient des rires et des moqueries. Cette ambiance joyeuse l’aida à se détendre. Pour venir, il avait eu froid et déjà il pensait au retour dans des conditions identiques, sans compter l’accueil triomphal qui serait le sien une fois la porte franchie. Son regard s’arrêta un instant sur une jeune femme bien vêtue, assise un peu à l’écart qui regardait les compétiteurs avec un petit sourire.
Fais gaffe, si ta femme l’apprend, tu vas être content du voyage.
Depuis quand est-ce interdit de regarder les gens ? Je suis sur mon tabouret et j’ai regardé tous tes clients. Quelquefois, tu es vraiment nul. Rien que pour ça, sers-moi un nouveau café et redonne lui la même chose.
Le garçon de café venait de l’énerver et par défi il venait de lui faire cette réponse qu’il regrettait déjà. Maintenant, pour ne pas paraître idiot il se dirigeait vers la jeune femme en essayant de conserver une attitude normale. Son esprit l’avertissait déjà des éventuelles conséquences, il prenait le risque d’une mauvaise réaction de sa tigresse. En s’approchant, il se dit qu’il ne savait même pas quoi lui dire.
Euh…, bonsoir…, il me semble que je vous connais, puis-je m’asseoir ?
La jeune femme tournant la tête lui répondit en souriant qu’elle n’y voyait pas d’objection. Alexandre découvrait de près et en détail un joli visage aux traits fins. Le maquillage léger mettait en valeur des yeux couleur noisette clairs. Il frémit à l’idée que cette rencontre soit rapportée à sa femme. En s’asseyant, il se dit qu’elle était très belle. La robe galbait et dessinait une petite poitrine. Il l’imaginait sans peine. De cette jeune femme se dégageait un charme indéniable.
Excusez-moi, je n’ai rien trouvé en dehors de cette idiotie, pour vous aborder. En plus, je pourrais être votre père.
Hihi, ce n’est pas grave. Mon père, je ne pense pas, j’ai trente ans, vous ne me semblez pas aussi vieux.
Ce compliment lui fit plaisir, les engueulades successives avec son épouse lui avaient fait penser que justement il commençait à être moins viril. Il se sentait moins attirant, il pensait que les femmes ne le voyaient plus avec le même regard. Il était du genre sérieux, fidèle, pourtant il appréciait ce genre de choses et s’était imaginé à plusieurs reprises dans ce genre de situation. En raison du bruit ambiant, ils avaient dû se contenter pendant une période relativement longue de rester silencieux. Ils se regardaient en souriant, attendant de pouvoir poursuivre la discussion. Le barman leur apporta les boissons commandées.
Ouf ! Ils sont bruyants par moments, les filles crient autant que les garçons.
Oui, vous avez raison, ils ne sont pourtant pas tous très jeunes.
En demandant de renouveler les boissons, Alexandre avait pensé que cela durerait un peu plus. Il était un peu déçu, mais tant pis. Finalement, boire un second café ne le tentait plus, d’autant qu’il aurait certainement des difficultés pour trouver le sommeil par la suite.
Vous me paraissez gentil, calme, attentif… Oups ! Je n’avais pas vu l’heure, il faut que je m’en aille. Une autre fois peut-être ? Merci pour la boisson et cette conversation agréable.
Il était abasourdi, il ne s’attendait pas à cette réaction. Il la regardait, elle lui souriait franchement. Il la vit se mettre debout, ce qui lui permit de découvrir au passage le reste d’un corps élancé et bien proportionné sur de longues jambes gainées. Il avait les yeux fixés sur le bas de la robe courte dévoilant les cuisses. Il se leva lentement pour lui faire face en rougissant légèrement. Décidément, il la trouvait belle.
Rrrhmm, non, merci à vous. Je suis sous le charme et étonné d’avoir pu discuter avec vous. Je ne sais pas si j’aurai l’occasion…, mais bon, c’est la vie qui commande. Peut-être que le hasard fera bien les choses ? Qui sait ?
Il lui adressa un sourire en lui tendant la main. Le contact avec les doigts fins et manucurés le fit frissonner. Cela avait été comme un choc électrique.
Je n’ai pas envie de rentrer tout de suite. Je vais encore profiter un peu de la chaleur de la salle. Je suis venu à pied, il me faut emmagasiner un peu de courage pour le trajet retour.
Je suis venue en voiture. Je me ferais un plaisir de vous raccompagner. Vous m’indiquerez le chemin.
Tout en parlant, elle avait enfilé un manteau avant de se diriger vers la porte.
Euh…, oui, merci, juste le temps pour moi de régler mes dettes.
Elle l’attendait la main sur la poignée de porte, il déposa un billet de dix sur le comptoir avant de la rejoindre, le barman le remercia en lui souhaitant une très bonne soirée avec un sourire goguenard. Sans lui répondre, en haussant les épaules Alexandre franchit le seuil. En frissonnant, il emboîta le pas derrière la jeune femme. Il faisait plus froid que lors de son arrivée, il soupira d’aise quand il la vit ouvrir une luxueuse berline. En entrant dans le véhicule, il fut surpris de sentir la douceur ambiante, l’air était chaud.
Eh bien, c’est une belle voiture que vous avez là. Au démarrage la mienne c’est un glaçon sur roues. Étonnamment la température ambiante et confortable.
Hihi, oui, même les sièges sont chauffants. Il y a un ordinateur qui gère tout ça, il me suffit de programmer. J’aime le confort.
Il la regardait, la proximité et cet intérieur accentuaient le parfum qu’il avait senti dans le débit de boissons. Il émanait d’elle une odeur douce et suave, sensuelle qui l’entraînait vers des pensées… Elle venait de lancer le moteur, un bip le ramena à la réalité.
Votre ceinture…, dites-moi par où…, non, j’ai mieux…, si j’ai bien compris vous disposez d’un peu de temps…
C’est-à-dire, que…
Laissez-vous faire, je vous propose le verre de l’amitié. Ensuite, je vous ramène chez vous, c’est promis.
Elle le regardait en souriant, peut-être était-ce la température ambiante ou le sourire ? Il ne sut pas. Il s’entendit répondre de manière affirmative. Le trajet ne fut pas très long, pourtant il ne cessa pas de la regarder, il la trouvait magnifique. Dans le même instant la pensée de son retour le fit descendre de son petit nuage et l’émoi qu’il ressentait disparaître rapidement. Peut-être était-ce par orgueil masculin ? Il se dit qu’après tout, boire un verre avec une inconnue ce n’était pas si terrible que ça. Si le trajet en voiture n’avait pas été long, il savait pourtant que la distance avait été doublée. Portail radiocommandé, grande maison avec un éclairage extérieur, en voyant tout cela il se dit qu’il était dans un autre monde. Il la suivait en découvrant la belle demeure, la dimension des pièces, leurs ameublements, il en avait plein les yeux. Au passage, elle avait négligemment jeté son manteau et son sac sur un meuble dans l’entrée.
Il n’avait d’yeux que pour ce corps qui bougeait avec grâce et ces jolies fesses qui ondulaient au rythme de ces mouvements. Il avait l’impression d’être dans un rêve, ou de regarder un film au décor impressionnant. Tout semblait tellement bien assorti que cela lui paraissait irréel. Même cette robe de couturier très collante, révélant les courbes tout en étant très pudique était un ravissement pour les yeux. Des manches longues, un col ras du cou, cela ne dévoilait rien et pourtant restait très suggestif. Ils étaient arrivés dans le salon, elle se tourna vers lui en souriant, il n’avait pas eu le temps de détourner son regard. Alexandre était certain qu’elle s’en était rendu compte, mais elle ne fit aucune remarque. Il se sentit soulagé, il n’y aurait pas de reproches.
Voilà, c’est mon petit chez-moi. Oh ! j’avais oublié, par moments, je suis un peu tête en l’air. Je me prénomme Sandra.
Votre petit chez vous est magnifique. Entre votre voiture et votre demeure, c’est bien loin de ce que je connais. Il n’y a pas de mal, je n’y ai pas pensé non plus. Je suis Alexandre.
Hihi, que voudrait boire Alexandre le Grand ? Je peux même vous faire un cocktail exotique.
Il se dit qu’il aurait dû rentrer, mais il était dans ce salon luxueux regardant une jeune et jolie femme.
D’accord, je veux bien goûter votre préparation exotique. Vous me ramènerez ensuite.
Il la regardait agir s’affairant devant le comptoir, il ne la perdait pas de vue la regardant bouger. Chose qui finit par créer une réaction physique, son membre se réveillait. Il changea de position pour dissimuler ce qui maintenant était un peu trop visible. C’est à cet instant qu’elle revint vers lui pour déposer le plateau sur la table basse. Sandrine s’étant assise à côté de lui, l’odeur du parfum lui emplissait les narines. En souriant, elle lui donna son verre tout en levant le sien.
À une rencontre fortuite et malgré tout agréable. Depuis mon retour, vous êtes la première personne avec qui j’ai parlé aussi longtemps.
Oui, à notre santé, hum c’est excellent ce truc. C’est un mélange de goûts très agréable, mais c’est fort.
Était-ce la forme du verre ou son contenu ? Il venait d’avaler le liquide d’un seul trait. Il en avala un autre tout aussi rapidement. Il se sentait bien, il avait chaud et ils parlaient en souriant. Elle était très proche de lui, il sentait la chaleur de sa cuisse à travers le tissu.
En ouvrant les yeux, les évènements de la veille lui revinrent en mémoire. En s’étirant dans le lit, il sentait sous sa peau la douceur de draps en soie. Il était nu et il n’était pas seul sur la couche. Lové tout contre lui dans son dos, il sentait une présence. Il ne se souvenait pas des circonstances, mais il était couché avec Sandra, dans sa chambre. La poitrine devinée la veille faisait pression sur ses omoplates. « Je ne sais pas combien j’en ai bu, mais je devais en tenir une bonne. Ce qu’il y a de bien c’est que je n’ai pas mal au crâne. » Alexandre venait de se rendre compte qu’il était entouré par les bras de la jeune femme. Il s’efforçait de réfléchir, de ce souvenir, mais en vain. La seule chose dont il était maintenant certain c’est qu’il y aurait un sacré feu d’artifice en rentrant à la maison. Dans son dos, Sandra bougea lentement en soupirant. Ce mouvement lui fit sentir contre son sillon fessier une présence inhabituelle.
Ce contact le fit frissonner de manière importante, des pensées confuses l’habitaient. Il n’était pas capable de déterminer la nature de cette émotion ressentie pour la première fois.
Ah ! mon petit chéri, tu es réveillé. J’ai dormi comme un bébé.
En même temps que les paroles, il sentait grossir et durcir le sexe appuyé contre sa rosette. Elle n’était pas ce qu’il avait cru et la verge qui se frottait avait des dimensions bien supérieures à celle dont la nature l’avait doté. Avant qu’il n’ait eu le temps d’esquisser un geste ou dire un mot, déjà le membre le pénétrait. Il était surpris, mais visiblement son corps s’en souvenait, il s’offrait même à cette pénétration matinale.
Oui, mon petit cur, te faire une visite matinale est aussi agréable que ce que tu m’as offert cette nuit.
Dans le même temps, il sentait une main qui lui masturbait son sexe. Les caresses avaient rapidement réveillé la verge endormie et il sentait le plaisir l’envahir. Ils atteignirent la jouissance en même temps. Il venait de découvrir ou redécouvrir le plaisir d’être possédé. Il s’abandonna aux caresses et aux échanges amoureux. Ce n’est que par la suite qu’il put obtenir quelques informations. Apprendre de la bouche de Sandra qu’il n’avait pas été réticent, mais demandeur. L’alcool avait été un désinhibiteur. Découvrir qu’elle n’était pas totalement femme ne l’avait pas gêné outre mesure. Il s’était offert à elle sans retenue. Tous les ébats amoureux de la nuit avaient conduit à la pénétration à leur réveil. Avant d’aller prendre une douche et déjeuner, ils avaient continué à se caresser longuement. La matinée était bien avancée quand elle le déposa au bout de sa rue. Avant de sortir du véhicule, ils avaient échangé un long baiser.
En ouvrant la porte de la maison en rentrait déjà la tête en attentes de la colère de sa femme. Son escapade avait duré toute la nuit, il devait donc s’attendre au pire. Un pas, deux, cela restait silencieux, étonnant, inhabituel…
Danièle, où es-tu ?
Saisi par l’inquiétude, il fit rapidement le tour des pièces. De ne pas la trouver le tranquillisa, elle n’était pas malade et n’avait pas eu d’accident. Cette constatation le rassura et le fit sourire. Ce n’est pas ce matin qu’il y aurait une engueulade, plus tard peut-être. En entrant dans la cuisine, il découvrit un morceau de papier où elle lui annonçait se rendre chez sa mère jusqu’au soir. De lire le papier chiffonné le fit rire, Danièle avait quitté la maison après lui. De savoir ça lui enlevait un sérieux poids, l’incartade resterait secrète. Cela ajoutait un côté positif et en plus jusqu’en fin d’après midi il serait au calme. « C’est ce qui s’appelle avoir du bol. Oui, tu as une sacrée chance. Cette fois, je prends la voiture et je mange au restaurant. En route, le Chanteclair m’attend, et peut-être aussi… » c’est riant qu’il verrouilla la porte du domicile.