6-
Je repris les cours. En garçon.
Mais la veille, Maman me libéra d’un poids. Nous étions autour de la table, pour le dîner. Je vivais mes derniers instants en fille.
— Encore bravo à Sarah. Tu as rempli ton rôle à merveille. Même si en fait, ce n’était pas vraiment un rôle, n’est-ce pas ?
Je fis non de la tête.
— Donc, on va être clair entre nous : Thomas aime s’habiller en fille.
Je baissai la tête.
— J’avais bien compris, confirma Léa. Mais ça ne me gêne pas.
— Parfait. Alors Thomas, Sarah, mais aussi toi Léa et toi chéri, voilà ce que je propose : en semaine, c’est Thomas, le week-end et pendant les vacances c’est Sarah. A quelques exceptions près. Qu’en pensez-vous ?
Je ne dis rien, laissant Papa et ma sur donner leur point de vue.
— Pas d’objection, dit Papa. Mais n’oublie pas que tu as le bac en juin.
Le message était clair. Si j’avais de mauvaises notes, je pouvais oublier Sarah.
— Pas d’objection non plus, dit Léa. Au moins, maintenant, je sais quoi faire des fringues que je ne veux pas garder.
— Thom ?
— Je ne pouvais pas rêver mieux. Merci.
Mon avenir n’était plus si sombre. Maman m’avait proposé un compromis plus qu’avantageux. Et j’aurai été idiote de le refuser.
Il me tardait d’être au vendredi soir pour pouvoir me changer. Ma précipitation amusa Maman et ma sur. Et j’attendais la dernière minute le lundi matin pour redevenir Thomas.
Une bonne partie de mon argent de poche allait dans l’achat de dessous, de maquillage, surtout du mascara et des vernis à ongles et parfois de vêtements. Ce qui était plutôt rares avec tout ce que me donnait ma sur.
J’adorai aller faire du shopping avec Maman. Et cela ne la dérangeait pas, bien au contraire, trop heureuse d’avoir quelqu’un pour l’accompagner.
Les exceptions dont parlait Maman arrivèrent assez vite. En fait il s’agissait de redevenir Thomas lorsqu’on était invité chez des amis ou dans la famille.
Ce n’était pas la mer à boire. Mais à chaque fois que cela arrivait, ça me prenait la tête. J’étais bien en fille et le week-end, c’était mon moment réservé à moi. Et au fil du temps, si je me pliais à notre marché, je me montrais de moins en moins conciliante.
Le mois de mars était déjà bien entamé. J’allai recommencer une nouvelle semaine. Exceptionnellement, ce lundi je ne commençai qu’à dix-heure trente, le prof de philo nous avait prévenus de son absence. J’avais donc presque deux heures de plus à rester en fille.
Je me rendis dans la chambre de Léa pour vérifier si elle s’était offert de nouveau dessous et je tombai sur shorty noir tout en dentelle. Je le passai rapidement et par-dessus un collant de la même couleur. Je me glissai dans une de ses jupes qu’elle ne m’avait pas encore donnée et un top transparent.
Je me maquillai sommairement, juste un trait de crayon, mais beaucoup de mascara et une touche de gloss. Je chaussai mes escarpins. Enfin, je réglai l’alarme de mon téléphone.
Etant seule à la maison, je décidai d’aller explorer les tiroirs de ma mère. Si je l’avais souvent vue en petite culotte, et parfois, totalement nue, j’étais loin de connaitre toute sa garde-robe.
Aussi, quelle ne fut pas ma surprise de découvrir plusieurs porte-jarretelles et autant de serre-tailles, quelques guêpières, une collection incroyable de strings, shortys, tangas plus sexy les uns que les autres, assortis à leur soutien-gorge.
Par terre, je trouvai quelques boites de chaussures à talons hauts. Jimmy Choo mais aussi Louboutin. Maman avait des Louboutins ! Des escarpins qui coutaient un bras et que se disputaient toutes les stars de la planète.
Malgré les douze centimètres de plus, je ne pus attraper une boite mystérieuse cachée tout en haut des étagères. Je montai prudemment sur une chaise. Ce qu’elle contenait me laissa dans l’expectative. Si la présence de sextoy ne m’aurait pas surprise, voir un gode-ceinture emplit mon esprit de questions sans réponse.
Je redescendis sur terre. Le radio-réveil de ma mère affichait neuf heures quarante-cinq.
La panique monta en moi telle un tsunami. J’étais plus qu’à la bourre.
Je filai à la salle de bains et me démaquillai. Tant pis pour le collant. Pas le temps de l’enlever. Je passai un jean par-dessus, passai un t-shirt, chaussai mes Van’s montantes qui cacheraient le nylon du collant, attrapai mon blouson et mon sac de cours, claquai la porte et courut à l’arrêt du bus.
On y arriva ensemble.
C’était moins cinq. Moins cinq minutes avant le drame.
J’entrai en cours pour deux heures de maths. Comme d’habitude, je m’installai à moitié classe, près du mur.
Puis à un moment, mon voisin de devant se retourna et éclata de rire. Et comme une trainée de poudre, toute la classe se mit à rire. Le prof se retourna et se figea.
— Eh bien Thomas ? On a eu du mal à se réveiller ce matin ? A voir vos cernes, la nuit fut agitée !
Nouvelle salve d’éclat de rire.
Devant mon incompréhension, une fille mit un miroir devant moi et constatai l’étendue des dégâts, Démaquillé en quatrième vitesse, j’avais saboté le travail et en me frottant les yeux, le mascara encore présent s’était étalé. Je ressemblais plus à un panda, qu’à un jeune homme de bonne famille.
Je me baissai pour attraper un mouchoir en papier. L’élève derrière moi finit de soulever mon t-shirt.
— Et en plus il a mis un string et des collants !
— Thomas, avec un T comme Travelo, clama son voisin
C’est à ce moment-là que tout partit en sucette. Le prof eut toutes les peines du monde à faire revenir le calme avant de m’expédier chez le proviseur. Qui me renvoya dans mes pénates pour le reste de la semaine.
Ma mère arriva peu de temps après moi. J’eus droit à la pire des engueulades de ma vie. Je ne répondais pas, sauf quand elle me le demandait. Je n’avais aucune excuse et j’étais totalement inexcusable.
— Je vais laisser toute ta garde-robe dans ta chambre, mais je vois ne serait-ce qu’un bout de jupe, ou même le plus petit claquement de talons, alors je fous tout à la poubelle et tu attendras d’être chez toi pour faire ce que tu veux !
Je ne veux plus te voir de la soirée !
Elle avait parlé d’une voix monocorde, sourde. Le message était clair. C’en était fini de Sarah. Mais le pire était de voir tous les jours mes vêtements de fille et de ne pas pouvoir y toucher. La double peine.
Je ne croisai Papa que le lendemain. Il ne dit me rien, ses yeux parlaient pour lui, et jugea utile d’apporter sa pierre à ma nouvelle prison. Sous mes yeux, il installa un logiciel de protection parentale sur mon ordinateur. Adieu les sites pornos !
Je n’avais plus qu’une option : travailler mon bac. La seule issue pour revenir dans les petits papiers de mes parents et, j’espérais, redevenir Sarah.
7-
Je retournai au lycée la semaine suivante en rasant les murs. Mais si la tempête s’était calmée, ma réputation était définitivement faite. Je fus donc accueilli avec tous les sobriquets du genre. Manon, la fille la plus canon de la classe, voire du lycée, mais aussi la plus calée dans tout ce qui touchait la mode et les garçons s’approcha de moi et me tendit une feuille pliée en quatre.
— Je t’ai sélectionné les meilleurs tutos et blogs de mode et de maquillage. Ça devrait t’aider pour la prochaine fois.
Et elle repartit retrouver sa bande pliée de rire.
Sur le coup, je me sentis une nouvelle fois humilié. Puis en réfléchissant, je me rendis compte que je n’avais rien à apprendre d’elle. Avant le drame, j’avais passé des jours et des semaines entière en fille, me promenant en public sans que personne ne se doute de quoi que ce soit. Au final, je ne me débrouillais pas si mal. Sauf que c’était fini maintenant.
Je rentrai en classe et m’installai au fond, cherchant à me faire oublier.
Je ne parlais à personne, restant dans un coin de la cour. Parfois, je prenais dans les dents une réflexion désagréable mais je tachai de rester impassible. Ne pas répondre aux provocations.
Toutefois, je fus surpris de voir arriver Marion pour me parler. Gentiment.
Marion, c’était la première de la classe, aux antipodes de Manon, la docteur ès Youtube. Marion ne prêtait pas une attention particulière à son apparence. Toujours en jean-basket, maquillage sombre et discret. Elle, et ses quelques copines, restait à l’écart des autres, ce leur avait valu pas mal de rumeurs et autres ragots, dont notamment des soupçons d’homosexualité, auxquels je ne croyais pas une seconde.
— C’est vrai, alors ? Tu t’habilles en fille ?
— Oui, c’est vrai, répondis-je, sans hargne, mais aussi sans l’inciter à continuer cette conversation.
— Pourquoi ? Qu’est-ce qui t’attire ?
Devant sa curiosité qui n’avait rien de malsaine, je décidai de lui raconter comment j’en étais venu à me travestir.
— Et tes parents te laissent faire ?
— Me laissait faire, corrigeai-je. Je suis interdit de jupe jusqu’à nouvel ordre.
Elle sourit, compatissante.
— Je suis désolée.
— Ne le sois pas. J’ai joué avec le feu et je me suis brulé.
La discussion s’arrêta là, la sonnerie nous rappelant en classe.
Au fil des jours, je fus intégré au groupe de Marion. Bien qu’étant le seul garçon, elles trouvaient que j’avais un esprit et une façon de penser assez féminine.
Sarah n’était plus à l’ordre du jour. Je travaillais comme un acharné. De toute façon, je n’avais que ça à faire. Je talonnais Marion au classement, sans pouvoir la dépasser. Coriace la gamine !
On était samedi après-midi. J’étais seul dans la maison. Et même si la tentation était grande, j’évitai d’aller fouiller dans les armoires de ma mère ou de ma sur. A quoi bon remuer le couteau dans la plaie.
Je planchais sur mon devoir de physique lorsque ma calculatrice me lâcha en pleine résolution d’intégrale. Je me rendis dans la chambre de ma sur. J’étais à peine rentré que je me figeai sur place, bouche bée. Je fis demi-tour et fermai la porte.
Ma sur était rentrée sans que je l’entende et elle était avec sa copine, sur le lit, en sous-vêtements, bouche contre bouche, la main dans la culotte de l’autre.
Ma sur était lesbienne.
Je retournai dans ma chambre. Léa entra en trombe.
— Jamais tu frappes avant d’entrer ?
— Je croyais que tu n’étais pas là. Je ne t’ai pas entendu rentrer, bafouillai-je. Je suis désolé.
— Qu’est-ce que tu voulais ? demanda-elle, à peine plus calme
— Ta calculatrice. La mienne est naze.
Elle ressortit et revins quelques instants plus tard.
— Voila, dit-elle en posant l’objet sur mon bureau. Tu me promets de rien dire aux parents ?
— Oui, promis !
— T’as intérêt, sinon, je te tue ! ajouta-t-elle en refermant la porte.
De toute façon, je n’avais pas besoin de promettre. Ce n’était pas à moi d’annoncer à papa et maman que Léa préférait les filles.
Le printemps avançait, me rapprochant, moi et mes camarades des épreuves du bac. J’étais toujours puni et ni Papa et encore moins Maman de parlaient d’un retour en grâce.
Marion m’invita à venir chez elle pour réviser. Ce qui m’étonna grandement car je pensais qu’elle appellerait plus ses copines que moi.
Maman me laissa y aller.
Lorsque j’arrivai chez elle, j’eus la surprise de la voir en robe. Et ça lui allait bien. Mon regard fut attiré par ses jambes joliment galbées. Des sandales plate, style tropézienne, habillaient ses pieds aux ongles vernis.
Mais la surprise ne s’arrêta pas là car elle s’était un peu plus maquillée que d’habitude et me fit la bise.
Elle était clairement en mode séduction et ce n’était pas pour me déplaire.
Elle me proposa un jus de fruit avant de commencer et je la suivis jusqu’à la petite cuisine de leur appartement. J’en profitai pour la détailler. Il était évident que les tenues, ou plus exactement la tenue, qu’elle portait au quotidien ne la mettait pas en valeur.
Elle n’avait pas une poitrine généreuse mais le tissu légèrement transparent laissait deviner un élégant soutien-gorge. Je n’avais pas remarqué de trace de culotte et j’en conclus qu’elle devait porter un string. Intellectuelle et sexy. Marion remontait à toute vitesse dans mon estime.
On s’installa dans sa chambre. Proche l’un de l’autre. Très proche. Souvent, son genou effleurait le mien.
Nos révisions étaient sérieuses, revoyant et corrigeant nos fiches, jouant au jeu des questions réponses.
— Est-ce que tu me trouves jolie ? demanda-t-elle soudainement
— Pourquoi ? Tu en doutes ?
Elle sourit.
— Oui, tu es très jolie, continuai-je. Surtout aujourd’hui. Tu caches bien ton jeu.
Elle baissa la tête, troublée.
— Merci, dit-elle doucement.
— De rien. C’est sincère.
Elle déposa un baiser sur ma joue. Surpris, je tournai la tête. Nos lèvres s’effleurèrent. Un moment d’hésitation, elles s’unirent.
Nous reprîmes nos révisions, aussi troublé l’un que l’autre. Mais j’osai poser ma main sur son genou. Elle ne dit rien, invitation tacite à continuer. Entre deux formules mathématique ma main remontait doucement, passant sous le tissu, s’approchant dangereusement de la fin de la route. Mon doigt heurta doucement le tissu de son dessous. Elle laissa échapper un petit cri de surprise. Je retirai ma main qu’elle garda entre ses cuisses fermées. On échangea un autre baiser. Elle desserra son étreinte et je repris ma caresse.
Elle m’entraina sur son lit. On s’allongea bouche contre bouche, ma main sur son string humide. Mon sexe était tendu dans mon jean, presque douloureux. Elle posa sa main dessus, chercha à défaire le bouton. Je l’aidai et elle plongea sa main dans mon caleçon.
Je me dégageai, à deux doigts, c’était le mot, d’exploser. Je me glissai entre ses cuisses, retirai ce qui était effectivement un string et caressai son sexe cerné d’une toison fournie mais entretenue. Je le caressai avec mon index. Marion gémissait, se tortillait. J’approchai ma bouche. L’odeur musquée, aphrodisiaque, envahit mes narines. Je pointai ma langue, goutait son nectar. Elle posa ses mains sur ma tête, plaquant ma bouche sur son sexe trempe.
Je ne sus pas si elle jouit, mais visiblement, elle appréciait. Elle se calma enfin et m’attira à elle.
— C’était très bon. Merci, dit-elle avant de m’embrasser.
A son tour, elle se pencha sur mon sexe et au moment où elle allait fermer ses lèvres autour, on frappa à la porte.
— Marion, n’oublie pas qu’on est invité ce soir chez ton oncle. On part dans une demi-heure.
— Et merde ! grogna mon amie avec une vulgarité qui me surprit. Je l’avais oublié celui-là.
Puis, sans se poser plus de question, elle goba mon gland. Elle me suça divinement bien. Du moins, c’est ce que je ressentis pour une première fellation.
— Je je
Elle tendit la main vers une boite de Kleenex qu’elle posa sur mon sexe, le masturba tout en m’embrassant. J’éjaculai. Une quantité énorme de sperme emplit le mouchoir qui céda, déversant son contenu sur le parquet.
— Désolée, dis-je.
— T’inquiète. Je pense que ça ne tache pas.
— J’en sais rien, dis-je. Tu sais que tu es la première avec qui je fais avouai-je après un court silence.
— Toi aussi, tu es mon premier garçon. Et je ne regrette pas.
— Moi non plus.
— La prochaine fois
Sous-entendu, on ira plus loin.
Je quittai Marion sur un dernier baiser. Mais il n’y eut pas de prochaine fois.