19-
Mamie servit le repas. Si jusqu’à présent je ne l’appréciais guère, il en était autrement de sa cuisine qui était à son image : raffinée. C’était d’ailleurs la seule motivation qui me poussait à faire le voyage.
Malgré tout, mes grands-parents ne cessaient de me dévisager.
— Alors comme ça tu as décidé de vivre comme une femme, lança Mamie
— Oui, répondis-je.
— Et pourquoi ? Qu’est-ce qui te plait ?
— La mode, les couleurs, les textures, marcher sur des talons hauts, me maquiller.
— Et pour la poitrine ?
— Artificielle. Pour le moment.
— Comment ça « pour le moment » ?
— Je vais commencer un traitement hormonal.
— Tu vas aller jusqu’à l’opération ?
— Je ne sais pas. A priori, non. En fait, ce qui me plait le plus, c’est l’apparence. Pas forcément d’être une femme complète.
J’en restai là. C’était vrai bien sûr. Mais je ne pouvais décemment pas parler de mon attirance pour les deux sexes.
— Mais alors, pourquoi les seins ? insista Mamie. Parce que si c’est juste pour les vêtements, tu peux très bien de passer de poitrine.
— Sauf que j’aime aussi les dessous.
— Je vois, je vois, dit-elle sans plus insister.
Le lendemain, je décidai de me conformer au dress-code de ma grand-mère avec une jupe, des escarpins et un chemisier. Pour les dessous, un ensemble blanc classique et des bas autofixants.
— Beaucoup mieux, commenta simplement Mamie.
On sortit se promener en ville pour admirer les décorations de Noël.
— Tu te débrouilles bien. Tu as un jolie démarche, très féminine, me complimenta Mamie. J’avoue que je craignais le pire.
— Merci Mamie.
Le compliment venant d’elle m’alla droit au cur. Il était vrai qu’elle plaçait la barre très haut.
Papi nous prépara du café et du thé qui nous réchauffèrent après cette promenade. Le vent s’était levé, amenant avec lui une averse glaciale, presque neigeuse.
— Viens avec moi, me lança Mamie
Intriguée, je me levai et la suivis jusque dans sa chambre.
— Je suis contente que tu aimes t’habiller en fille, commença-t-elle, que la mode te plaise. Et que tu apprécies les dessous est signe de raffinement. Je vais te faire un aveu. Quand j’ai rencontré ton grand-père, il m’a annoncé d’emblée la couleur. Pour lui, une femme se devait d’être bien habillée et bien apprêtée en toute circonstance. Cela signifiait des tailleurs, des escarpins et surtout des bas. Pas de collants qui faisaient fureur à l’époque. Un fétichiste, je me suis dit et j’ai bien failli ne pas aller plus loin. Mais j’ai dit : « D’accord. A condition que tu mettes la main au porte-monnaie ». Et il l’a fait. Le pire, c’est que bien qu’étant cheminot, il en faisait autant de son côté. Alors régulièrement, il m’offrait des fringues et surtout des dessous. Et il n’a jamais arrêté.
Elle ouvrit les tiroirs de la commode, remplit à craquer d’ensembles de lingerie souvent noirs et blancs. Le tiroir inférieur ne contenait que des bas.
— Tu en portes ? demanda-t-elle
— Ça m’arrive, régulièrement
— C’est bien. Tu utilises quoi ? Porte-jarretelles ? Serre-tailles ? Guêpières ?
— Un peu de tout.
— Et tu achètes où ?
— Boutiques de lingerie, internet. Cadeaux aussi. Où tu veux en venir ? demandai-je.
— Nulle part, juste connaitre tes habitudes. Et te faire profiter de mon expérience en la matière. Demain, on ira voir une amie qui te fera découvrir des dessous comme tu n’en as jamais vu. C’est si rare de nos jours que les jeunes filles s’intéressent à la lingerie fine autrement que pour exciter son homme avant une partie de jambes en l’air.
Elle referma les tiroirs. Elle releva sa jupe et ajusta une jarretelle.
— Dis-moi, si tu aimes être une fille, tu préfères les garçons ?
Le rouge me monta aux joues et malgré le fond de teint, Mamie s’en rendit compte.
— Désolée, je suis trop curieuse.
— Je n’ai pas choisi, dis-je alors qu’elle était sur le pas de la porte. J’aime les deux.
Je ne sais pas pourquoi je m’étais dévoilée. Surement parce qu’elle en avait fait autant avec moi.
Elle se contenta de me sourire.
— Qu’est-ce que vous faisiez ? demanda Maman alors qu’on revenait dans le salon
— On parlait chiffon, répondit Mamie.
Je me levai tard. Je remis la jupe de la veille mais cette fois avec un porte-jarretelles et des bas.
— Je vais chez Lydie, annonça Mamie après le café.
— Je suppose que tu emmènes Sarah, demanda Papi.
— Qui est Lydie ? questionna Maman
— Une amie, répondit simplement Mamie.
Je montai en voiture. Mamie me surprit en passant sa main sur ma jupe. Elle la retira en sentant la jarretelle.
— Très bien, dit-elle.
Mamie se gara au parking souterrain.
— Je n’en reviens pas que tu sois aussi à l’aise sur des talons, me dit-elle.
— C’est parce que j’aime ça.
Nous arrivâmes enfin. Lydie habitait en centre-ville. Nous franchîmes une porte à côté d’une vitrine d’une boutique fermée depuis longtemps et montâmes à l’étage. Je regrettai d’avoir mis une jupe droite.
Lydie nous ouvrit la porte, son mari juste derrière elle. Elle accueillit Mamie chaleureusement, la serrant dans ses bras un peu trop longtemps à mon goût.
— Je vous présente Sarah, ma petite-fille.
— Enchantée Sarah, dit Lydie en me faisant la bise, imitée par son mari.
On s’installa au salon.
Lydie et son mari, Charles, étaient la copie conforme de mes grands-parents : mêmes façons de parler et surtout de s’habiller.
— En fait Sarah s’appelait Thomas il y a encore quelques mois, lâcha Mamie tout de go.
— Transsexuelle ? demanda Charles
— Non, juste travesti, corrigea Mamie. Sarah aime juste s’habiller en fille parce qu’elle trouve que c’est mieux.
— Et tu es toujours habillée comme ça ? demanda Lydie.
— Seulement le week-end, répondis-je, intimidée. Quand je vais à l’école, je suis plus jean baskets.
— Je comprends, dit Lydie.
Charles servit du café et du thé.
— Je suis venue pour que tu montres à notre jeune amie des dessous qui sortent de l’ordinaire.
— Tu tombes bien, je viens de recevoir quelques modèles qui devraient te plaire. Vous plaire. Tu aimes les dessous ? me demanda Lydie.
— Oui, beaucoup.
Nous redescendîmes au rez-de-chaussée et je compris que la boutique fermée était celle de Lydie.
— Je tenais une mercerie, dit Lydie. Petit-à-petit, j’ai commencé à vendre de la lingerie. J’ai pris ma retraite il y a un an maintenant mais j’ai toujours de fidèles clientes comme ta grand-mère. Et comme j’ai gardé contact avec mes fournisseurs, je continue de vendre quelques modèles.
Lydie alluma les lumières. De lourds rideaux sombres nous cachaient de la rue.
— Tu fais quoi ? Trente-six, trente-huit ? jaugea Lydie d’un il expert. On va commencer par un classique.
Elle déballa une gaine noire. Ce que je considérai comme un article de grand-mère justement. Je fis la moue.
— Essaye d’abord, tu discuteras après, ordonna Lydie.
Je m’isolai dans la cabine avec l’impression d’être tombée dans un traquenard. Je me déshabillai et regardai la pièce de lingerie qui n’était pas si moche. J’entendais Lydie faire l’article à ma grand-mère puis le bruit du rideau de la cabine voisine.
Je sortis enfin. La gaine me serrait délicatement.
— Alors ? Qu’est-ce que tu en penses ?
— Je pense que je n’aurai jamais eu l’idée de mettre ce genre de chose. Mais j’avoue que ce n’est pas désagréable.
— C’est ce que mes clientes disent toutes. Essaye ça maintenant.
Mamie sortit de la cabine à son tour. C’était la première fois que je le voyais en petite tenue : un serre-taille noir posé sur un ventre plat qui ferait bien des jalouses.
Je me changeai pour un combiné gaine. J’avais l’impression de revenir dans les années cinquante, au temps de la splendeur des pin-up. Cela me fit penser Dita Von Teese qui était tout ce qu’il y a de plus moderne.
Les essayages se poursuivirent. Lydie ajustait les modèles rectifiant une jarretelle ou une bretelle. Mais parfois, il me semblait que les gestes se transformaient en caresses, surtout avec ma grand-mère.
20-
On se rhabilla enfin. Mamie tint absolument à m’offrir trois modèles que j’avais eu le malheur d’aimer.
— Tu m’intrigues, dit Lydie alors qu’on buvait un thé. C’est la première fois que je rencontre une personne comme toi. J’aimerai en savoir un peu plus, ton état d’esprit, pourquoi tu as décidé de vivre en fille. Tu veux rester dîner ce soir ? Je te ramènerai ensuite.
Je ne m’attendais pas à une telle demande et je me tournais vers ma grand-mère.
— C’est toi qui vois. Tu es une grande fille.
— D’accord, dis-je plus par politesse que par réelle envie.
D’autant plus que Lydie nous avait fait un prix sur nos achats.
Mamie nous quitta en nous souhaitant une bonne soirée.
— Charles, je te laisse préparer le dîner ? Je vais me changer.
Je restai avec Charles qui me pressa de questions sur ma vie, mes études, ce que je voulais faire. Il me raconta sa vie de directeur marketing.
Lydie revint enfin. Et quand elle avait parlé de se changer, j’avais juste pensé à une retouche maquillage. Elle avait remplacé sa robe par un tailleur et une jupe crayon, un chemisier pastel assez transparent pour prouver qu’elle ne portait pas de soutien-gorge, des escarpins vernis talons hauts et bride autour de la cheville, bas couture et maquillage sophistiqué.
La pin-up en chair et en os.
Le dîner se résuma un apéritif dînatoire. Lydie se tenait près de moi tandis que Charles s’occupait du service. Je pouvais distinguer sans mal les jarretelles se dessiner sous le tissu.
Encore une fois, je fus bombardé de question sur mon choix de vivre en fille, tout en tenant à garder mon intégrité physique. Si au début cela m’agaçait de raconter ma vie, au fur et à mesure des interrogatoires, j’en apprenais plus sur moi-même et sur la société, le clivage homme-femme que la tradition millénaire avait imposé petit à petit. Je trouvais de plus en plus ridicule cette séparation. Pourquoi un homme ne pourrait-il pas simplement, s’il le désirait, s’habiller comme une femme. Certes, tous les hommes ne pouvaient pas prétendre à la mode féminine. Les femmes s’habillaient souvent comme des hommes et personne n’y trouvait rien à redire. Mais quand c’était l’inverse, alors c’était le déferlement de critiques, moqueries, voire pire.
Et plus je réfléchissais à ma condition, mes choix, et plus je cherchais à les affirmer, quitte à aller dans la provocation. Cette journée avec ma grand-mère et Lydie m’avait non seulement empêché de penser à Driss mais me poussait à abandonner toute idée de me fondre dans la masse pour éviter les ennuis. J’aimais les jupes, les talons hauts, les dessous sexys. Il n’y avait aucune raison que je m’en passe juste parce que quelqu’un avait décrété que ce n’était pas bien. Il était hors de question que je vive cachée pour être heureuse.
La discussion sur moi dériva immanquablement sur ma sexualité. Lydie, comme beaucoup, restait intriguée. Homo ? Hétéro ? Je restais inclassable.
— Mais alors, tu préfères les filles ou les garçons ?
— Les deux, dis-je. Pourquoi devoir choisir ? Pourquoi ne pas faire seulement ce qu’on a envie, tant que ça ne porte pas préjudice à mon voisin ? La liberté des uns s’arrête là où commence celle des autres, parait-il.
— Tu as un amoureux ou une amoureuse ?
— J’ai eu une liaison avec un garçon. Mais cela n’a pas duré.
— Pourquoi ? demanda Lydie.
— Il était promis ailleurs. Le poids des traditions. Mais de toute façon, ça n’aurait pas pu durer éternellement entre nous.
— Oh, je vois, répondis Lydie, plus par politesse que réelle compréhension. Tu es donc ouverte à toutes propositions ?
Je commençai à comprendre où le couple voulait en venir. Par contre, je me demandai quel était le rôle de ma grand-mère dans l’histoire.
— Quand ta grand-mère m’a parlé de toi et si elle pouvait venir pour des essayages, j’ai dit oui tout de suite. J’ai entendu parler de travestis mais uniquement dans le cadre de spectacles. C’était l’occasion rêvée de rencontrer une personne comme toi. Ça c’est une première chose. La deuxième est que même si on n’a plus vingt ans, on reste encore très actif côté sexe. Et quand je dis actif, je parle de libertinage.
J’ouvris des yeux comme des soucoupes, ce qui fit rire le couple.
— Et oui, continua Lydie. On va régulièrement en club. Avec tes grands-parents.
Alors là, j’étais sur le cul. J’avais toujours pris Papi et Mamie pour des gens bizarres, mais à ce point ! Et une question me vint aussitôt à l’esprit : est-ce que Papa était au courant ? Question qui en amena une autre puis encore une autre. C’était sans fin.
— Pour résumer, conclut Lydie, j’ai très envie de faire l’amour avec toi. Maintenant, si tu ne veux pas je comprendrais.
Je restai silencieuse un moment. Trop d’informations à digérer.
Charles déboucha une autre bouteille de champagne et remplit les flûtes.
J’avais fait l’amour avec un couple de l’âge de mes parents, couple qui m’avait dépucelé. Aujourd’hui, c’était un couple de l’âge de mes grands-parents qui me demandait de coucher avec lui. Fallait avouer que malgré leur soixantaine, Charles et Lydie étaient séduisants. Et Lydie diablement sexy et attirante.
Mais l’image de Driss me revint à l’esprit. Pouvais-je passer à autre chose aussi vite ? Et combien de temps devait durer de mon deuil ?
— Pour être honnête, commençai-je, il n’y a que six mois à peine que j’ai une activité sexuelle. C’est un couple, ami de mes parents, qui m’a tout appris. Avec les femmes et avec les hommes. Donc, si ça vous dis, je suis partante. Mais je ne suis pas sure d’être à la hauteur de vos attentes
— Moi, je n’ai aucun doute là-dessus, répliqua Charles
Lydie s’approcha de moi et m’embrassa sans faire de chichi. Sa main se posa sur mon genou et glissa sous ma jupe jusqu’à mon intimité.
Charles débarrassa la table basse et la poussa sur le côté.
Lydie se leva et me prit par la main. Elle entama un slow langoureux où les mains baladeuses se disputaient aux longs baisers.
Charles se plaça derrière nous et se chargea de nous déshabiller. Si j’avais remarqué que Lydie ne portait pas de soutien-gorge, elle n’avait pas de culotte non plus et mon sexe tendu toucha la vulve lorsque Charles retira mon string.
Lydie se cala dans le fauteuil, les jambes par-dessus les accoudoirs, m’offrant sa chatte lisse à ma langue. Je compris d’où venait la sensation étrange lorsque mon sexe avait touché le sien : quatre anneaux dorés ornaient les lèvres de sa vulve. Sans parler des tatouages.
— Ta grand-mère à les mêmes, déclara Lydie, provocatrice.
J’écartai les lèvres en tirant doucement sur les anneaux et plongeai ma langue. J’entendis Charles se déshabiller à son tour. Il s’approcha se sa femme, le sexe dressé devait lui tel un éperon. Un sexe long et fin surmonté d’un gland large, comme une tête de champignon.
Lydie le goba avec gourmandise. Charles se dégagea et s’approcha de moi. Lui aussi, avait un anneau planté dans son gland. Je goûtai ce sexe si particulier. Différent mais tout aussi agréable en bouche. Lydie se joignit à moi, suçant son mari et me masturbant.
— Prends-moi, proposa-t-elle.
Elle reprit sa place dans le fauteuil. Ses petits seins s’étalaient sur son buste, les tétons arrogants dressés au-dessus d’aréoles sombres. Je glissai en elle. Charles remit son sexe dans sa bouche. On changea de position.
— Allez-vous préparer, demanda Lydie. Il est temps de passer à d’autres combinaisons.
Nous revîmes un moment plus tard, nos petits trous prêts à être remplis. Lydie nous attendait, caressant distraitement un phallus artificiel attaché à sa taille.
— Penche-toi, me demanda-t-elle.
Elle prépara mon anus tandis que Charles me donnait sa queue. Lydie me pénétra et me baisa. Il était évident que ce n’était pas la première fois.
Elle se retira, laissant la place à son mari. Le gland particulier glissa en moi en me procurant des délicieuses sensations inconnues. Lydie retira sa prothèse et quémanda ma langue.
Je retrouvai le plaisir anal. Mais j’en voulais plus. Ignorant Charles, je rampai sur Lydie pour la pénétrer.
— Et tu craignais de ne pas être à la hauteur ? commenta Lydie. Je crois que tu n’as pas grand-chose à apprendre.
Nous fîmes l’amour un long moment. Le couple semblait infatigable. Nos rapports n’étaient pas protégés. Dans le feu de l’action, je n’y avais pas prêté attention. Mais je leur faisais confiance. J’avais joui dans Lydie mais aussi dans Charles. Et lui-même en moi. Quelle douce sensation que de sentir la semence chaude emplir le boyau.
Je pris une douche en compagnie de Lydie. Elle me prêta une nuisette et je m’endormis dans la chambre d’ami.