Vers la fin du système bonus-malus ?
En octobre 2007, dans le cadre du Grenelle de l’environnement, Jean-Louis Borloo créait le bonus-malus écologique pour inciter les automobilistes à renouveler leurs véhicules anciens et à opter pour une voiture plus propre. Ce système se montra coûteux pour les finances publiques mais efficace pour moderniser le parc automobile Français. Il fût, quelques années plus tard, abandonné.
Inspiré par ce système mais souhaitant créer un dispositif neutre voire bénéficiaire pour le budget de l’État, le gouvernement Néo-socialiste d’union national, codirigé par Marion Maréchal Le Pen et Olivier Besancenot créa, durant le deuxième mandat du Président Macron, un nouveau Bonus-Malus qui s’étendrait à presque tous les secteurs de l’économie. Après une année de concertation tout azimut pour une entrée en vigueur la moins conflictuelle possible, le système a finalement été mis en place le 1er janvier 2032.
Aujourd’hui, après 4 ans d’application de ce bonus-malus dans notre société, quels sont les résultats ? Et surtout, que dire des scandales, dérives et abus qui se multiplient autour de ce dispositif ? Notre journal a mené l’enquête.
Un système à la carte
L’idée de base de ce dispositif pouvait sembler géniale de simplicité et d’efficacité. Au sein des entreprises et des collectivités territoriales, les salariés efficaces, ponctuels, ou porteurs d’initiatives accumulent des points bonus qu’ils peuvent dépenser en un certain nombre d’avantages (primes, congés, aménagements d’horaires, etc.). Ces avantages ne peuvent affecter l’évolution de carrière mais sont là pour récompenser à court terme un comportement favorable à l’entreprise. A l’inverse, les salariés en retards ou inefficaces, par exemple, accumulent des mauvais points qu’ils doivent à l’entreprise. Là encore, cela ne pénalise pas la carrière, mais ils doivent faire plus d’heures, renoncer à une prime exceptionnelle, perdre des jours de congés
Une idée, donc, gagnant/gagnant qui valorise les comportements vertueux, permet un gain de productivité, de croissance et qui a l’avantage de ne rien coûter à l’État. Une idée a priori bonne sur le papier, mais qu’il a fallu affiner et préciser pendant de longues réunions de concertation afin de fixer ce qui, dans l’entreprise, fait gagner ou perdre des points, à quelle hauteur, quelles récompenses peuvent être proposées, quels contrôle contre les abus, etc.
Au final, le système qui s’applique aujourd’hui a l’avantage d’être objectif, contrôlable et adaptable. Concrètement, il se base sur le SECE (service d’évaluation des comportements en entreprise) mis en place par le Président Macron en 2025 qui enregistre de manière automatique les horaires, actions, propositions, initiatives, fautes, etc de chaque agent, indépendamment de l’échelon « patron » et donc d’une part de subjectivité. Ce système, intégré dans les IPad 16 greffés dans chaque citoyen à son entrée en scolarité (ce qui, à l’époque, avait fait débat mais qui, aujourd’hui ne choque plus personne), se voit ensuite attribué un système de notation. Ainsi, chaque personne, une fois entré en vie active, voit son bonus ou son malus évoluer en fonction de ces agissements et ce directement sur son exo-tablette corporelle.
Ces points, bons ou mauvais, sont attribués automatiquement par le logiciel d’évaluation et contrôlés régulièrement, échappant ainsi à la subjectivité ou la pression des employeurs et sécurisant donc les salariés. Pour dépenser ou récupéré ces points, par contre, l’autonomie au sein de l’entreprise est totale. Chaque employeur sait exactement combien de points bonus il doit à chacun de ses agents, et inversement combien de malus ses employés lui doivent.
Et justement, c’est par cette liberté de choix que les abus ont commencés.
Des débuts pourtant prometteurs
En 2033, 1 an après son entrée en vigueur, le bonus-malus faisait déjà des merveilles et était la fierté de Macron. En effet, durant cette année, la productivité des entreprises a augmenté, l’absentéisme a diminué, le sentiment de valorisation des personnes au travail est repartit à la hausse, toute comme le pouvoir d’achat des ménages et la croissance française, pourtant en berne depuis 20 ans.
Pour preuve de ce succès, il a été étendu l’année suivante aux établissements scolaires, tous privés depuis la loi de libéralisation globale de juillet 2027. Concrètement, les élèves se voient eux-aussi attribuer des bonus ou des malus en fonction de leurs résultats scolaires. Les bonus peuvent être récupérés en sorties scolaires, amélioration des menus, aménagement d’horaires, équipement sportifs, etc. Les malus, eux, se traduisent en générale par des colles, du ménage à faire dans les classes, etc.
Là encore, le système a rapidement donné des résultats impressionnants avec une hausse des notes que ce soit lors des évaluations locales, départementales ou nationales. Les professeurs aussi sont concernés par ce bonus-malus, les bonus étant attribués en cas de réussite à ces épreuves départementales et nationales (échappant à leur propre notation). Tout le monde est donc gagnant mais personne ne peut attribuer ou se voir attribuer de points (en bonus ou en malus) de manière partiale ou arbitraire.
Un système pervertit au propre comme au figuré !
Malgré ce tableau en apparence sans défaut, des voix commencent à s’élever. Des abus ou des détournements du système d’abord marginaux se sont généralisés. Certaines associations, témoignages à l’appui, dénoncent les modalités de récompenses et de punitions qui se mettent en place. Elles parlent notamment d’une systématisation des faveurs sexuelles. C’est justement suite à ces premières dénonciations que nous avons voulu mener notre enquête. Ce qui va suivre est édifiant. Par des témoignages authentiques et exclusifs, dont les détails pourront heurter certaines sensibilités, nous allons vous montrer comment, aujourd’hui en France, une directrice de communauté de communes récompense ces agents, comment un patron sanctionne sa secrétaire ou encore comment une enseignante remercie sa classe de terminale pour ces bons résultats.
Les témoignages qui vont suivre n’ont pas été censurés ou réécrits. Ils livrent les faits tels qu’ils sont, tels qu’ils ont été vécus. Certains propos ou passages pourront donc choquer les lecteurs les plus sensibles.
A suivre…