Ce que lon risque
Elle ne se croyait pas capable daller aussi loin
Elle se savait un peu déjantée et légèrement obsédée mais de là à suivre les indications dune conversation internet avec un presque parfait inconnu Elle ne sen croyait pas capable.
Il est 22h, elle remontait la rue de la régence à pied, ses talons claquaient sur les pavés. Comme indiqué, elle portait une robe blanche qui lui couvrait la moitié des jambes, qui flottait derrière au vent de sa marche rapide. Ni bas, ni soutien-gorge, ni culotte Cétait demandé. Ses longs cheveux blonds dénoués volaient derrière sa tête, son sac elle se demandait dailleurs pourquoi elle lavait pris serré entre son bras et son corps pour ressentir un peu moins le froid naissant de ce mois de septembre. Elle frissonnait.
Quelques vieux gars lourds devant un bookmaker sur le trottoir en face, la sifflèrent et lappelèrent mais elle ne tourna même pas la tête. Son corps, normalement, sera donné à un autre loup. Un doute la traversait quant au fait quelle ne portait pas de culotte : est-ce que le mâle la sent ? Est-ce quun rempart de moins entre la rue et son intimité avive le musc et éveille les pulsions du chasseur ? Cela la fit sourire.
Elle arrivait sur la place de la république française, repéra le bon arrêt de bus, sassit en prenant bien soin de croiser les jambes on ne savait jamais.
Elle sortit son portable et relisait les indications. Se rendre sur la place, attendre le bus 15, le prendre, sasseoir au fond.
Elle avait horreur des bus. Les gens sont bruyants, les gens sont proches, les gens sont laids Et sa presque nudité naidera en rien à apprécier davantage ce transport en commun.
Déjà, le bus apparaît à lautre bout de la place. Elle remarquait quelle ne savait même pas où il allait Elle acheta un ticket et demanda au chauffeur quel était le terminus. Herve Tout en allant sasseoir au fond juste une banquette avant la dernière rangée comme demandé elle calcula que le trajet durera au moins une heure trente, avec tous les arrêts probables. En même temps, elle commençait à se sentir ridicule, car il nétait pas impossible que personne ne vienne, que rien ne se passe
Le bus démarra et elle se mit un peu plus à laise, senfonça sur son siège. Les bords de sa robe se permirent de remonter en dessous de ses cuisses mais elle laissa faire ; maintenant quelle était belle et bien embarquée, elle se soumettait au fantasme et commençait à se réchauffer dune certaine excitation.
Comme dans sa salle de bain, avant chacun de ses plaisirs solitaires, elle sobserva, se regarda. Elle jugeait toujours sa poitrine trop peu provocante, malgré le décolleté de la robe mais adorait ses jambes fines et dorées par un été dans le sud. Elle se demandait si elle perdrait sa virginité ce soir et si cétait le bon âge pour le faire, si cétait le bon contexte Mais la question lui passa vite, elle sen moquait, sen est toujours moqué. Elle préférait imaginer les doigts dune autre fille en elle que de visionner un mec luisant et encombrant couché sur elle, couché en elle, trop heureux de loccasion, se soulageant et lenvoyant ensuite trôner au milieu de son tableau. Quitte à devenir femme, autant que ça soit un peu original.
Et lui létait. Bien sûr, elle nen navait vu que quelques photos, elle navait pu que deviner son esprit au travers de ses mots et avait même succombé une fois à sa voix calme et presque féminine au travers de son téléphone quand il lui apprenait à comment se caresser doucement pour atteindre un orgasme qui tord les ventres et tend les jambes. Cest après cette soirée dailleurs quelle a commencé à suivre ses jeux osés, dont celui dans lequel elle était ce soir embarquée. Elle se sentait presque dépendante, presque esclave du plaisir quil pourrait lui apporter. Mais elle ne savait presque rien de lui. Peut-être était-il menteur et sûrement manipulateur, peut-être exposait-il les photos de son corps nu, quil lui avait demandées, peut-être les vendait-il Elle navait même pas osé lui en demander en retour, préférant de toute façon sexhiber que mâter.
Elle repensait à la dernière image envoyée delle, à quatre pattes sur le bord de son sofa, entièrement nue, les jambes écartées, les genoux pliés. Comment elle lui avait offert une vue de premier plan sur lentièreté de son secret entrouvert et humide. Elle lavait fait sans aucune honte, échauffée par ses écrits.
Ce souvenir déclencha une sensation de chaleur dans le bas de son ventre et mécaniquement, elle sentit son pubis se gonfler
Elle regarda autour delle et constata que les personnes les plus proches étaient un couple dâge mûr, trois banquettes juste devant elle. Le vieil homme avait même lair de somnoler. Plus loin une bande de jeunes mais peut-être moins quelle vidaient des canettes dun air morose.
Alors discrètement, elle souleva le devant de sa robe pour la remonter juste en dessous de son ventre de manière à ce que sa toison dorée apparaisse à sa vue. Elle la caressa, aimant jouer avec les fines et courtes bouclettes de ses poils, puis posa sa main entière pour recouvrir son sexe. Tout en regardant bien devant elle si quelquun devait la surprendre, elle laissa le bout de son doigt se faufiler entre ses lèvres pour constater avec contentement un contact mouillé. Elle prit bien soin de le lubrifier de son plaisir pour le laisser remonter vers son centre de jouissance. La masturbation commença alors ; son majeur tourna lentement, appuya légèrement, descendit, remonta et lélectrisa. Il retournait parfois sabreuver à son puits damour mais revenait aussitôt énerver lorgane qui se durcissait petit à petit.
Elle navait jamais été discrète dans ses jeux intimes, navait jamais pu lêtre. Lorsque cétait bon, sa respiration devenait forte et lente, dinfimes gémissements séchappaient de ses lèvres et son bassin tanguait. Elle narriva même pas à sen empêcher dans ce bus, elle se demanda même si son acte nétait pas encore plus voyant du fait de lexcitation intense de linterdit, de lexhibition. Ses gémissements légers allaient-ils atteindre les autres passagers ?
Premier arrêt du bus, elle ne sarrêta pas. Les jeunes descendaient, personne ne monta Elle se demanda subitement si le chauffeur pouvait voir les occupants du bus à travers sont rétroviseur. Si sa vue était suffisamment aiguisée pour voir sa poitrine qui se soulevait aussi fort sous leffet du plaisir, pour deviner sa masturbation
Elle sortit encore une fois son portable de son sac tout en continuant son manège. Elle relit les derniers caprices. Se toucher, elle était en train de le faire. Ne sarrêter en aucun cas, elle essayera. Garder sa robe relevée et laisser son sexe à vue dans nimporte quelle circonstance, mission actuellement remplie.
La situation faisait que son orgasme commençait doucement à arriver et elle ne voulait pas se retrouver à hurler de plaisir au milieu de ce bus. Elle commença à ralentir ses doigts pour neffectuer plus quune légère pression. Est-ce quelle devait se faire jouir ? Non, si cétait le cas, ce serait écrit il pense à tout.
Nouvel arrêt, cette fois les vieux se réveillèrent et descendirent. Le bus sapprêta à repartir mais au dernier moment quelquun monta. Surprise, elle risqua de sarrêter : elle croyait le reconnaître. Un jeune homme, élancé, une tignasse noire en bataille, des yeux doux et bleus, tellement bleus. Il était habillé dun trois-pièce noir, dune chemise blanche et la moitié de son visage était enroulé dans une écharpe de couleur marron. Elle sentait quil était beau, ce ne pouvait être que lui
Il marchait le long du couloir du bus et se rapprocha delle. Avec courage elle ne sarrêta pas mais était trop nerveuse pour ressentir quoique ce soit Il ne la regarda pas, passa à ses côtés sans même tourner la tête et partit sasseoir derrière elle, sur la banquette du fond.
Maintenant elle hésitait à continuer Et si ce nétait pas lui ? Pour quelle traînée elle passerait alors, car cet homme, cétait certain, allait pouvoir tout remarquer
Mais si, ça devait être lui, il lavait fait exprès de ne pas la regarder ; elle qui dhabitude faisait se détourner les yeux Alors tant pis, elle prit le risque, elle avala une grande respiration et se concentra à nouveau sur les mouvements de sa main. Elle humidifia à nouveau son majeur et recommença à presser entre ses jambes pour que sa poitrine se soulève encore. Les sensations revenaient vite et elle était incapable de retenir ses plaintes de bonheur tellement la honte de se donner ainsi en spectacle la grisait.
Est-ce quil entendait ? Est-ce quil aimait ? Est-ce quelle lui plaisait ? Est-ce quil remarquait le plaisir quelle se donnait et la vue quelle lui offrait ? Mais quand allait-t-il agir ?
Elle commença à senhardir et à se frustrer de son inaction Ce nétait quand même pas uniquement un simple voyeur ! Ou un poltron Elle était là elle, elle osait, elle se touchait pour lui
Pour le provoquer, elle décida dinventer une règle supplémentaire au jeu, porta sa main libre à son épaule, abaissa la bretelle de sa robe et découvrit son sein gauche, tout en espérant que le chauffeur, lui, ne verrait rien. Elle abaissa sa tête et remarqua la rigidité de son mamelon, elle osa une caresse dessus, ce qui eut pour effet dintensifier ses gémissements.
Il ne faisait toujours rien et pourtant, elle, elle allait bientôt exploser, se faire foudroyer par un tremblement de corps
— Attends, pas encore, pas maintenant.
Elle ne lavait même pas senti sapprocher, mais il était là, penché contre sa tête. Il lui avait parlé à loreille de sa voix calme et chaude.
— Mais je vais bientôt venir !
— Ralentis, respire, prends ton temps.
Elle essaya, bien que ses paroles naidaient en rien à calmer ses ardeurs. Elle sentait son souffle dans son cou, ses mains venaient de se poser sur son bras actif et sur son épaule droite. Elle soupira bruyamment pour lui indiquer que ce toucher était bon.
— Tu es très belle, je tenais à te le dire.
Sans savoir si cétait autorisé, elle tourna sa tête vers lui. Son regard se fixa automatiquement sur le sien. Il lui prit la nuque et posa délicatement ses lèvres sur les siennes. Ce baiser était mouillé et délicat, ses lèvres étaient chaudes, elle lui mordilla la lèvre inférieure pour linviter à en faire plus, il goûta sa bouche du bout de sa langue
Tout en lui caressant le bras, en passant ses doigts dans ses cheveux, sur son front, il lembrassa longuement dans un baiser amoureux et effréné. Toute cette volupté faisait davantage monter son plaisir, elle ne savait pas combien de temps encore elle pourra tenir
— Laisse-toi aller maintenant, libère-toi
Il lui avait dit ça avec un sourire tendre, en restant proche delle. Elle souriait à son tour puis renversait sa tête contre lui pendant que des spasmes parcouraient son corps et quune longue plainte rauque senvolait delle. Son orgasme dura plus longtemps que tous ceux quelle avait connu et dans son plaisir, il avait posé une main sur son sein et le pressait légèrement, il navait pas cessé de la regarder et navait rien manqué de la geste de ses paupières plissées, de ses lèvres mordues
Elle était assommée. Lui vint sasseoir juste à côté delle, elle navait pas bougé de sa position. Il retira la main posée sur son sexe, la porta à sa bouche et lui embrassa le bout des doigts. Il se permit de recouvrir son intimité en rabaissant les pans de sa robe et laida à se lever. Le bus en était à son dernier arrêt.
Elle le suivait, ne sachant pas ce quelle aurait pu faire dautre. Ils descendirent au creux dune ville calme et lui, il ne lâchait plus sa main.