Le mardi qui avait suivi la Saint-Valentin, Christine et moi avions passé "notre" soirée à la maison. Après un souper léger, nous nous étions confortablement installés dans le canapé pour feuilleter l’album photo de l’année scolaire passée ensemble, tout juste vingt ans auparavant. Christine avait été le chercher à la cave et j’avais été ravi de l’apercevoir sur la table du salon en rentrant du travail. Il y avait en effet plusieurs années que nous ne l’avions pas ouvert.
Il y a là de simples photos prises au sein même de l’école, durant les pauses, parfois dans la classe même. Le souvenir du voyage à Varsovie effectué en octobre revient en mémoire : à ce moment-là, nous n’étions pas encore sortis ensemble. Des soirées de classe, ici ou là. Nous essayons de remettre des prénoms sur les visages. Christine a plus de mémoire que moi. Elle me dit qu’elle trouvait Mathieu très mignon avec ses cheveux longs, mais elle n’aimait pas son caractère, elle le trouvait con. Elle me demande quelles étaient les filles qui me plaisaient le plus :
— J’aimais bien Flavia.
— Quoi ? Elle !??! Elle n’était pas jolie et je n’ai jamais entendu le son de sa voix.
— Elle était petite alors c’est sûr, personne ne la remarquait. Mais je peux te dire qu’elle était très bien foutue. Mais c’est vrai qu’elle ne pouvait pas faire mieux pour passer inaperçue en classe avec ses jeans sans forme et ses pulls trop larges.
— Tu as couché avec elle ?
Je ris.
— Non. Mais le soir du dernier jour d’école avant Noël, un vendredi, j’avais eu envie d’aller faire quelques brasses à la piscine et j’étais tombé sur elle. Son monokini dessinait très agréablement ses formes, crois-moi : de très jolis seins qui pointaient à ce moment-là, un ventre super plat, des jambes fines et musclées et des fesses magnifiques. Nous avions bu un verre et je lui avais dit qu’il était regrettable qu’elle s’habille ainsi car elle avait un corps magnifique. Elle avait rougi mais n’avait pas répondu.
Christine confirme :
— J’en avais discuté avec Tania qui était souvent avec elle. Ses parents étaient catholiques pratiquants, assez rigoristes dans leur manière de voir le monde. A 20 ans, Flavia était loin de faire ce qu’elle voulait et elle était vierge. J’ai appris qu’elle était partie vivre en Italie peu après la fin des études.
Je regarde à nouveau une photo de classe et dis à Christine qu’on devrait essayer de réunir tout le monde. Elle rit et me cherche :
— Pourquoi ? Il y en a une autre que tu aimerais revoir ?
Je souris et réponds :
— Véronique, ça ne me dérangerait pas.
— Alors elle, elle était super sympa. Qu’est-ce qu’on a pu rire ensemble !
— Je me souviens qu’elle avait un rire super communicatif.
— Elle te plaisait ?
— Elle n’avait pas un très joli visage, mais j’aimais bien son style. Sportif, simple, mais toujours avec une touche sexy : un top moulant par-ci, une jupe par-là. Et puis sa grande bouche et ses seins me faisaient fantasmer.
— Elle était raide dingue de toi. Tu le savais ?
— Je l’ai appris en fin d’année.
Je rigole et Christine comprend qu’il y a autre chose :
— Raconte, allez !
— Ça devait être une dizaine de jours après que tu m’aies largué en porte-jarretelles.
Elle éclate de rire, moi aussi.
Il nous faut quelques secondes pour retrouver notre calme. Je poursuis.
— On n’avait plus beaucoup de cours et ce jour-là, on avait été libéré dès midi. J’avais proposé qu’on aille manger tous ensemble, mais entre ceux qui étaient déjà partis, ceux qui ne pouvaient pas, dont toi, et ceux que ça n’intéressaient pas, je me suis retrouvé seul avec Véro.
— Je m’en souviens bien. Il me semble que vous étiez quatre ou cinq.
— Quatre, oui. Mais quand ils ont vu qu’on était si peu, Thomas et Raphaël ont laissé tomber.
— Alors tu es partie avec Véro. Elle devait être folle de joie.
— On a pris sa voiture qui était décapotable et on a été prendre le téléphérique pour monter au Petit-Dimison. On a mangé sur la terrasse du restaurant de la station supérieure du téléphérique puis on s’est promené un peu. A un moment, Véro m’a fait couper à travers bois et on s’est retrouvé sur une petit esplanade herbeuse, ombragée, avec une vue magnifique.
— Et tu ne te doutais de rien ?
— Là, oui, car pendant le repas, Véro avait fait des remarques assez explicites. Mais j’ai voulu faire durer le plaisir. J’ai enlevé mon t-shirt. Peu après, j’ai dit que j’avais encore chaud. Véro m’a dit en riant d’enlever mon jeans et je lui ai dit de le faire elle-même. Elle l’a fait sans hésiter et ensuite, elle s’est littéralement jetée sur moi et on s’est embrassé.
— C’est tout ?
— Bah, non, mais c’est comme ça que ça s’est passé. Ensuite, on a fait l’amour sur l’esplanade, elle m’a sucé dans le téléphérique en redescendant, on a été faire l’amour chez elle, deux fois. Le soir, on a été manger au restaurant puis on a passé la nuit chez son père car il était absent. On a baisé toute la nuit. Elle était très, très chaude.
— Ben bravo !
— Le lendemain matin, on avait cours à 10h et cinq minutes avant, dans sa voiture, je jouissais dans sa bouche. Elle avait mis sa jupe bleue sous laquelle elle ne portait rien.
Christine rit et répète en insistant sur les mots :
— Aaaah, la fameuse jupe bleue de Véro !
— Elle lui faisait un cul fabuleux !
— Ça, c’est certain. Tous les mecs la reluquaient. Et ça ne plaisait pas spécialement aux nanas de la classe, même si certaines étaient plus jalouses qu’autre chose.
— J’ai réalisé le fantasme de tous les mecs de la classe ce jour-là à midi : soulever sa jupe et la baiser. Ça s’est passé dans les toilettes du troisième étage.
— Ça ne m’étonne pas, elle n’avait pas l’air d’avoir froid aux yeux. Votre histoire s’est poursuivie ?
— Non, elle est tout de suite partie en vacances dans sa famille en Normandie et elle ne m’a jamais rappelé. Bon, je ne l’avais pas attendue non plus.
Mon récit avait émoustillé Christine qui me gratifie d’une formidable pipe avant de me chevaucher avec vivacité. La fatigue se manifestant, nous nous couchons peu après. Un beau mardi.
En mars, nous confions les enfants aux parents de Christine le dimanche 15. Vingt ans plus tôt, le 15 mars 1995, nous nous embrassions pour la première fois, chez moi. Pour fêter cela, j’emmène Christine au restaurant puis nous nous rendons sur les lieux que nous fréquentions à l’époque, l’école et nos domiciles respectifs. Nous parcourons à pied les chemins que nous empruntions. Un flash-back agréable, drôle et assez émouvant.
Le mois suivant, Christine nous emmène en week-end à Varsovie où nous marchons beaucoup. Ville romantique à souhait, elle est un choix judicieux à ce moment-là. Nous y faisons peu l’amour, mais nous avons tous deux l’impression que cette destination valide les choix et les décisions que nous avons prises pour le bien de notre couple. Nous en revenons à la fois émerveillés et quelque peu chamboulés. La semaine de notre retour sera par ailleurs incroyablement chaude.