Colocataire
Je cherche un logement. Catherine cherche une colocataire. Elle est institutrice, je suis instituteur.Faute d’autre candidature, la demoiselle accepte de laisser une chambre modestement meublée à ma disposition dans ce rez-de-chaussée assez vaste. Nous pourrons partager un séjour avec kitchenette, les toilettes, une salle de bain avec douche et une cave-buanderie avec un lave-linge et des fils d’étendage.
Je viens de loin. Je retournerai chez les miens en fin de trimestre. Catherine retrouve sa famille du vendredi soir au lundi matin. En semaine je prendrai mes repas dans une cantine. Le week-end j’apprendrai à cuisiner. Le soir ce sera casse-croûte. Enfin pour corriger les devoirs et préparer les leçons, chaque soir j’occuperai ma salle de classe.
Aussi, après trois semaines de colocation, n’avons-nous échangé que des salutations rapides et quelques banalités sans intérêt dans le couloir qui sépare nos chambres contiguës des parties communes. Apparemment ma colocataire ne juge pas intéressant de s’entretenir avec moi. Je sers juste à diviser par deux le montant de son loyer.
Je la trouve belle fille, bien roulée et mince selon les canons en vigueur. Parfois j’apprécie en silence la danse de deux fesses rondes à souhait dans ses éternels jeans moulants. Le gonflement alternatif des hémisphères me fascine… Il m’arrive de me demander si elle a un amoureux; mais je suis trop timide pour oser une question. J’attendrai l’été pour mieux connaître les détails anatomiques d’un corps dévoilé par la chaleur et ne plus me contenter d’admirer une silhouette bien agréable. Il m’arrive de soupirer et de regretter son excessive discrétion. Son indifférence me semble à la limite de l’impolitesse.
Heureusement, des collègues m’ont invité à encadrer, le mercredi et le samedi, avec eux, les activités de l’après midi des ados du foyer des jeunes.. Christian, le responsable, sa femme Thérèse, Julien et sa fiancé Louise ainsi que Mathilde m’ont accueilli à bras ouverts. Le contact est sympathique et nous formons une équipe unie. Un samedi soir ces amis projettent d’aller danser et m’ invitent à me joindre à eux. Les deux couples occupent une voiture. Mathilde est chargée de me transporter dans la sienne et me guidera dans une région que je connais encore trop peu.
Mathilde a soigné sa tenue, taille bien prise dans une robe à fleurs très fraîche. Ses cheveux relevés et tirés comme ceux d’une danseuse dégagent un cou égayé par quelques accroche-coeurs. Des talons moyens mettent en relief une croupe qui fait valser les fleurs du tissu. Son visage plaisant, sa voix douce, son sourire amusé et sa bonne humeur en font un guide charmant et j’ai la chance de l’avoir comme première cavalière. Immédiatement nos pas s’accordent, en parfaite harmonie. C’est une incitation à danser ensemble durant cette soirée et une partie de la nuit. Par gentillesse Thérèse et Louise me font l’amitié de m’inviter aussi mais s’empressent de retourner danser avec leurs hommes. Je flaire comme un complot destiné à jeter dans mes bras Mathilde , la célibataire. l’idée ne me viendrait pas de m’en plaindre, tant cela me plaît.
Mathilde est mon aînée de deux ans, a hérité d’une maison, rêve de rencontrer l’homme de sa vie et souhaite fonder un foyer. A sa façon simple de me faire ces confidences et au plaisir manifeste de danser avec moi, je m’imagine que je pourrais être l’heureux élu. Songe bien envoûtant :A sa taille fine et souple, à ses seins fermes, à son jeu de jambes agiles et solides, à ses yeux de velours et à son espiègle petit nez retroussé, Mathilde joint un caractère jovial bien agréable. Je rencontrerai difficilement femme plus sensuelle et plus aimable. L’intérêt qu’elle me porte me permet d’envisager un avenir possible avec cette jeune et jolie créature.
Les danses se succèdent, notre plaisir croît visiblement et nos amis semblent ravis d’ assister à la naissance d’un couple sous leurs yeux. Le coup de foudre est-il une légende ? Est-ce un miracle de conte de fées ou suis-je en train de le partager avec Mathilde ? Je suis heureux, ma cavalière ne cache pas sa joie, nous valsons sur un nuage, yeux dans les yeux.
A la pose, Christian attire mon attention:
-Jean, vois-tu ce groupe bruyant ? N’est-ce pas Cathy, ta colocataire, l’animatrice de la tablée, la demoiselle déchaînée assise à côté d’un grand gaillard en costume clair.? Qu’elle est gaie et vive celle que tu me peignais froide et taciturne. Révise ton jugement.
-Effectivement, j’ai du mal à la reconnaître. Hélas, demain elle sera éteinte,terne et fuyante comme d’habitude. Je préférerais une colocataire plus enjouée, à l’image du diablotin qui amuse la galerie par ses excès et son extravagance.
Cathy aussi s’est appliquée à mettre en valeur son corps, elle a troqué jeans et pull à col roulé contre une jupe ultra courte et une blouse à décolleté indiscret cachant difficilement une poitrine agressive. Des talons hauts accentuent sa cambrure. Elle est excitante en diable et charme sa cour d’admirateurs. Ses exclamations et ses gestes révèlent une pointe d’audace à la limite du bon goût, sa voix aiguë devient perçante, ses éclats de rire incessants paraissent forcés.
J’ai heureusement tiré le bon lot. Mathilde est tellement plus discrète, plus distinguée; elle a un charme naturel indéniable, n’a pas besoin de s’exhiber, de gesticuler ou d’élever la voix pour attirer l’attention sur elle. Je lui en fais compliment et j’ai la joie de l’entendre déclarer qu’elle me trouve également charmant, de bonne compagnie et aimable. Elle ne repousse pas un timide et rapide bisou de remerciement sur la joue, le reçoit avec un doux gloussement de colombe, se serre un peu plus tendrement contre moi et tête penchée sur mon épaule elle murmure délicieusement :
— Je me sens si bien dans tes bras. j’aimerais y rester.
J’interprète la déclaration à mon avantage, j’ose un autre bisou plus appuyé et plus franc cette fois sur le cou dénudé, un bisou peut-être désiré auquel elle répond par un " merci" soupiré. Je la regarde : ses yeux humides trahissent une forte émotion et son sourire de contentement, presque imperceptible, me rassure ; elle est loin d’être offusquée. Je commence à m’enflammer et à espérer qu’elle me rendra bientôt mes baisers.
De nouveau des cheveux fous chatouillent ma joue, nos corps se rapprochent, se frôlent maintenant et éprouvent encore plus le besoin de s’unir. La taille souple obéit au mouvement de ma main et lorsque l’orchestre fait une pose, Mathilde et moi restons debout, enlacés. Au bas de mon visage passe le souffle tiède de son haleine parfumée. Nous danserons ensemble la prochaine série, rien ni personne ne pourrait nous séparer ce soir, nous n’avons pas besoin de parler pour le comprendre. La danse reprend. Nos amis observent les progrès de notre relation et nous encouragent du regard.
Soudain un couple fou vient nous heurter violemment avant de disparaître dans un éclat de rire fort reconnaissable : c’est un coup exécuté par Cathy ! Pour reprendre notre équilibre après cette bousculade nous tanguons, véritablement collés l’un à l’autre, nous vacillons puis enfin nous nous immobilisons. Automatiquement pour éviter la chute nous avons resserré l’étreinte, Mathilde s’est accrochée à moi, je l’ai prise à bras le corps pour la retenir et pour trouver un appui. Nous savourons cette intimité inattendue mais providentielle au milieu de la foule en mouvement. L’espièglerie de Cathy nous a contraints à prendre une position que nous n’aurions pas osé adopter de nous-mêmes. De la tête aux pieds nous lions connaissance, étonnés mais secrètement heureux de ce coup d’audace du destin.
Ce corps à corps inattendu précipite le renforcement du lien qui nous unit. Mathilde découvre nettement l’émoi de ma virilité et ne s’éloigne pas. Sa moue signifie sa fierté de ne pas me laisser physiquement indifférent. A ce stade, je perds ma retenue habituelle et je risque un petit baiser sur la bouche de ma cavalière. Des étoiles dans ses yeux m’invitent à tenter mieux. La bouche ne se dérobe pas, les lèvres s’entrouvrent, j’oublie le monde environnant, je suis au paradis. La musique cesse, les couples se défont, nous nous détachons à regret. Là-bas,Cathy doit être désappointée; le résultat de sa bousculade préméditée la déçoit forcément.
-Alors, vous deux, ça va? Vous vous entendez bien ? C’est un plaisir de vous voir évoluer. Continuez.
C’est le commentaire bienveillant de Christian. Sous la table Mathilde presse mes doigts dans sa main et ne me lâche pas. Le chef d’orchestre annonce un tango au choix des dames et au même instant Cathy se tient debout devant moi, main tendue. J’interroge Mathilde du regard, elle me fait signe d’y aller, attristée d’avoir été devancée mais bonne joueuse. La diablesse en mini jupe s’empresse de m’éloigner au milieu de la foule des danseurs et attaque aussitôt :
— Alors cher colocataire, tu fais ta bonne action ? Tu te dévoues ou tu te sacrifies quand tu fais danser la "mémé" ? C’est bien gentil, mais point trop n’en faut. Je suppose que tu veux t’amuser, alors change plus souvent de partenaire. Ainsi, tu aurais pu m’inviter. J’ai été obligée de réclamer ce tango au choix des dames et de te sauter dessus pour te soustraire aux griffes de cette vieille Mathilde. Elle te colle après de façon désespérée, t’empêche de respirer et te surveille comme une mère poule. Méfie-toi, si elle te met le grappin dessus, elle ne te lâchera plus, pauvre malheureux, elle finira par t’étouffer. Tu mérites mieux que ça. Je te retiens dès aujourd’hui pour le prochain bal. Tu viendras avec ma bande, ce sera beaucoup plus gai, crois-moi. Là, vois mes copains.
Au passage l’un d’eux lève le pouce pour féliciter la rusée. Elle a dû leur annoncer qu’elle me draguerait. La coquine se frotte ostensiblement contre moi, rejette son torse en arrière pour me provoquer du bassin et pour exposer à mes yeux ses deux seins à peine couverts. Ses jambes quasi nues jusqu’en haut saisissent chaque occasion de se perdre entre les miennes; elle lève un genou et ensuite son mollet redescend lentement contre mon pantalon. Jamais fille n’a osé me chauffer à ce point et avec un pareil sans-gêne.. Que cherche la tentatrice, essaie-t-elle de ma marquer comme une chatte marque son territoire? Elle reprend sa charge contre Mathilde :
-Dis donc, elle t’a rudement chauffée, la Mathilde. Qu’est-ce que je sens de dur, là, tout contre mon ventre ? Si c’est ce que je pense, compliment cher ami, la nature t’a gâté. Comment vas-tu te débarrasser de cette bosse ? Je connais un bon remède, hélas ce soir je ne suis pas seule : mais il appartient à mémé de réparer aujourd’hui ses dégâts. La prochaine fois, je m’occuperai de tes manifestations de désir..
Sa main s’est glissée entre nous, a empoigné l’objet de son étonnement pendant un temps suffisant à en mesurer l’importance et, sans avertir, elle m’a embrassé comme si c’était la chose la plus naturelle du monde. Elle a profité de mon embarras et de ma stupéfaction pour envoyer sa langue dans ma bouche. Par chance nous étions loin de Mathilde.
Je devrais lui faire savoir qu’elle est la principale responsable de mon érection actuelle. Je ne veux cependant pas lui attribuer ouvertement le mérite de l’excitation où m’ont plongé ses mouvements lascifs, ses contacts remuants, l’exposition permanente de ses charmes et le parfum enivrant dont elle s’est couverte. Elle tirerait trop de gloire de l’aveu du trouble profond où elle m’a jeté. Elle a ému mes sens, volontairement, en femelle en chaleur. Elle a voulu me mettre à l’épreuve et m’obliger à comparer les effets de Mathilde et les siens sur ma libido, persuadée de la supériorité de sa méthode de conquête. Elle m’a ignoré ou presque jusqu’à ce soir, ne m’a accordé d’intérêt qu’en fin de mois pour recevoir mon chèque. Alors quelle mouche a bien pu la piquer pour la rendre aussi aimable tout à coup, que découvre-t-elle de particulier en moi?
Elle entoure le haut de ma jambe de la fourche de ses cuisses, effectue des mouvements encore discrets mais terriblement efficaces, de bas en haut, affronte avec vigueur la dureté de mon fémur et touche en passant mes bourses en ébullition. Pourrai-je cacher le résultat de ce nouvel assaut en retournant à ma place ? Le but de Cathy pourrait-il être de me couvrir de honte ? Ses copains nous regardent, rient, s’amusent du spectacle que nous offrons, elle par son audace, moi par ma gêne. Mon visage est certainement tout rouge, mon pantalon est marqué par une bosse et quand Cathy cessera d’y appliquer sa culotte il emportera l’odeur de son sexe.
