Ce soir, je suis très excitée. Je n’arrête pas de solliciter mon chéri pour qu’il me raconte des cochonneries. J’en viens d’ailleurs à craindre de le lasser avec mes requêtes incessantes. J’aimerais que nous entamions une folle partie de jambes en l’air. Seulement, nous sommes mardi soir et, suite à des aventures gang-banguesques qui, le week-end dernier, ont beaucoup sollicité mon sexe et mon cul, nous avons décidé de leur laisser trois jours de répit. Encore un peu plus de 24 heures à attendre. Fichtre, que le temps est long ! Certes, nous nous occupons l’un de l’autre autrement… mais tout de même !
Attendre la reprise des choses sérieuses me rend boudeuse. C’est bien la peine de s’amuser le week-end si c’est pour être en convalescence la moitié de la semaine suivante. Mon chéri sourit de ma mine renfrognée. Je lui jette un regard – faussement – noir et lui dit : « Mais oui, soyons fous, moque-toi de moi tant que tu y es ! ». Mon sourire en coin trahit la fausseté de mon courroux. Pour seule réponse, mon compagnon me fait un grand sourire qui me fait fondre et me donne encore plus envie, là, maintenant, tout de suite, de ne faire qu’un avec lui.
Quelques instants passent. Mon chéri joue à un jeu vidéo tandis que je traine sur mon téléphone, allongée dans le canapé. Je grogne. De frustration, d’impatience, d’insatisfaction. Il se retourne et me demande :
— « Tu veux que je m’occupe de toi ?
— Non. Il faut bien que tu aies une vie entre deux de mes plaintes.
— Tu veux ton jouet, alors, peut-être ? »
Ah, pas bête. Il me propose d’aller me le chercher mais je n’ai qu’à tendre le bras pour l’attraper, alors ça serait vraiment du vice d’accepter. Ce vibromasseur est un petit bijou de technologie. Un stimulateur clitoridien, un stimulateur vaginal profilé, un stimulateur anal. Trois boutons, de nombreux modes, un toucher peau de pêche, silencieux. Il a encore tapé dans le mille avec ce cadeau.
Je vais chercher mon Ipod. J’aime me créer une bulle quand je me masturbe. En fonction de mon humeur, je suis aussi bien capable de jouir en me laissant bercer par un morceau de musique classique qu’en écoutant des morceaux osés de rappeurs américains, qui me faisaient de l’effet quand j’étais inexpérimentée.
Je ferme les yeux. Ce soir, je suis d’humeur Daft Punk. Je lance « Make love » et, en parallèle, le stimulateur clitoridien de mon jouet, puisque mon sexe et mon cul sont au repos forcé. Je lance le premier mode, au hasard. Une stimulation continue, légère. Je fais des petits mouvements circulaires. Je suis tellement à cran que, malgré nos activités de la journée, mon clitoris est douloureusement gonflé. Je me laisse aller. Je laisse les notes électroniques mais douces néanmoins me guider vers le plaisir. J’essaie de coordonner le rythme de mes mouvements avec celui de la musique. Cet exercice me demande trop de concentration et fait s’évanouir tout plaisir. Je respire calmement. Je me concentre sur le morceau. Je ne fais pas attention aux gestes que je fais au niveau de mon entrejambe. C’est en lâchant prise de la sorte que je parviens à ressentir les premières véritables vagues de plaisir. Cette chanson m’inspire. Mon cerveau me balance des images, des sons, des odeurs, des sensations. Je peux sentir la main de mon chéri sur mon corps, quand il me caresse, songeur, tandis que nous regardons une série. Je sens la morsure légère de ses dents sur mon oreille pile au bon moment, quand il sait que ça va déclencher mon orgasme. J’ai son odeur sur ma peau. Je visualise l’expression de son visage quand il veut me faire part de l’une de ses nouvelles idées coquines. Cette sur-stimulation de mes sens manque de me mener à l’orgasme. Je m’arrête à temps. Je sais que si je me laisse aller au plaisir trop rapidement, je n’en profiterai pas franchement parce que la frustration reprendra le dessus.
4 minutes 47 secondes sont passées. C’est ce que je me dis quand la chanson Make Love s’achève. A force de l’écouter quand je me masturbe, j’en connais parfaitement la durée. Cette pensée me déconcentre et mon plaisir chute en flèche. Comme j’ai lancé l’album en mode aléatoire, c’est désormais « Television rules the nation » qui s’invite dans ma bulle masturbatoire. Il ne me semble pas que ce soit le morceau le plus adapté à ma situation actuelle mais j’ai la flemme d’en chercher un plus approprié, alors je laisse couler. A ma grande surprise, je me laisse prendre au jeu avec une grande facilité. A chaque fois que j’entends la phrase-clé de la chanson, je change le mode du stimulateur. Je tombe sur l’un de mes préférés, celui dont les pulsations sont fortes, brèves, avec une haute fréquence. Il me fait souvent passer à côté de l’orgasme, il est parfait pour me faire monter en température et me faire patienter. Je sens tout mon corps se tendre. Entre chaque pulsation, il attend la suivante, impatiemment et avec délice. A chaque pulsation, il se tend un peu plus. Mes tétons pointent, ce qui me fait penser à ma toute nouvelle curiosité à l’égard des pinces à tétons et à l’éventualité que je les découvre prochainement. Mon sexe est très humide. Je suis sur le dos et je sens mon excitation couler vers mon anus. J’ai envie d’y mettre mon jouet anal. J’arrête mon stimulateur et me souviens, tandis que je me lève pour aller chercher cet objet, que mon cul doit se reposer.
Je me jette sur le canapé en grommelant. J’entreprends de nouveau de stimuler mon clitoris qui, après avoir manqué de venir dans les premières minutes, semble désormais faire le compliqué. J’ai le sentiment qu’il a été trop stimulé aujourd’hui, qu’il n’acceptera pas un nouvel orgasme. Il le faudra bien, pourtant, parce que je serai bien incapable de dormir dans un tel état.
« Steam machine » s’est lancé à la suite de Television rules the nation. Les paroles chuchotées me font le plus grand effet. Elles m’évoquent bien des souvenirs. Mon chéri qui me glisse à l’oreille ce qu’il prévoit de me faire. Un homme, au cours d’un gang bang, qui me demande : « Tu vas vraiment me faire croire que tu es l’étudiante idéale et insoupçonnable, d’habitude ? ». Mon amoureux qui me dit : « Il m’a vraiment touché, ce couple » en parlant d’un couple pratiquant la domination/soumission que nous avons eu la chance d’observer dans un spa libertin. L’entremêlement des bruissements, des toussotements, des chuchotis, des gémissements et des cris dans le hammam de ce même spa libertin. Les publicités à la télévision le jour où mon chéri a décidé de me prendre, comme ça, à la hussarde, sans prévenir, sans prendre le temps de baisser le volume ou d’éteindre.
La chanson en est à peu près à son milieu. Je sens l’orgasme approcher. Je me concentre. J’aimerais l’atteindre avant la fin de la chanson car elle m’inspire vraiment et j’ai peur que la suivante, lancée aléatoirement par mon Ipod, ne vienne tout ruiner. Ce calcul me déconnecte et mon plaisir chute. Mince, pas encore !
Je respire. Je lâche prise de nouveau. C’est définitivement là le plus difficile, dans la masturbation. Lâcher prise. Les chuchotements continuent à m’inspirer. Je change de nouveau le mode du stimulateur. Une pulsation longue, d’une intensité graduelle. Un arrêt de deux secondes. Une nouvelle pulsation. Je n’ai jamais pris le temps de m’attarder sur ce mode. C’est l’occasion. Mon corps s’arc-boute au fur et à mesure de la pulsation. Mon plaisir a à peine le temps de re-descendre pendant la pause que la stimulation reprend. J’ai le souffle court. Je sens l’orgasme venir. Surtout, ne pas réfléchir. Ne pas le laisser m’échapper une fois de plus.
J’expire et me force à vider mon cerveau de toute pensée. Les dernières notes de la chanson s’amorcent et, enfin, mon corps s’arc-boute davantage et l’orgasme survient, court mais intense, libérateur. Je laisse mon jouet allumé encore quelques secondes sur mon clitoris à moitié engourdi par l’orgasme. Quand la sensation devient douloureuse, je l’éteins. Je pose mon jouet sur mon ventre, le temps de reprendre mon souffle.
Mon Ipod joue « Emotion ». Electronique mais doux, un peu comme Make love. Je me laisse encore ces quelques minutes pour rêvasser tranquillement, maintenant que mon clitoris ne m’intime plus l’ordre de faire quelque chose pour le soulager. Ensuite, j’irai embrasser mon chéri et je me coucherai avant que ce fichu clitoris ne refasse des siennes.