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Dix-sept heures trente – Chapitre 11

Dix-sept heures trente - Chapitre 11



CHAPITRE 11:00

Les mois passèrent et nous voilà arrivés au Noël suivant. Charlotte et Thierry avaient invité toute la famille à réveillonner chez eux. Cétait la première fois que la famille était réunie depuis le mariage. Moi, jappréhendais surtout une chose : revoir Tatiana. Ma dernière conversation avec elle avait été très dure, et jignorais comment elle allait réagir en me revoyant. Je navais pas été correct avec elle.

Et comme je le craignais, son bonjour fut des plus glaciaux. Visiblement, elle men voulait encore. Et elle nétait pas la seule : ses parents aussi. Il faut dire que je les avais déçus, eux qui espéraient de grandes choses pour Tatiana et moi : javais mis fin dun coup sec à leurs doux rêves. Et lambiance était tendue comme cela avec tous les membres de la famille de Tatiana. Seul Thierry se montrait un peu plus chaleureux et faisait des efforts. Sûrement que Charlotte le lui avait demandé.

Quoi quil en soit, jessayai dignorer la situation et de faire comme si de rien nétait. « Après tout, cela aurait pu être pire » me disais-je. Je participai à la fête comme tous, mais je me sentis rapidement de trop. Jétais persona non grata. Ma sur avait beau me rassurer, me disant que tout allait bien, javais vraiment envie de quitter la soirée. Mais comme elle me pria de rester, je fis un effort. Je restai, mais me mis plutôt à lécart des autres, les observant tour à tour. Tatiana avait lair dencore abuser de la bouteille. Elle me jetait des regards tantôt noirs, tantôt suppliants. Cen était trop, il me fallait prendre lair.

Comme au mariage, Tatiana ne fut pas longue à me rejoindre. Elle titubait légèrement. Elle était déjà saoule. Je ne pus pas mempêcher de me sentir coupable. Elle se dirigea vers moi. La confrontation était donc venue.

Quest-ce que jai fait de mal, bon sang ? se plaignit-elle. Je tai tout donné.

Tu nas rien fait de mal, lui dis-je. Tu es une femme merveilleuse.

Alors pourquoi tu mas quittée ? On allait si bien ensemble.

Je ne sus pas quoi lui répondre. Je ne pouvais pas lui parler de ma relation avec Charlotte qui me retenait prisonnier. Non, je ne pouvais pas lui parler de ça. Et je ne voulais pas lui sortir de minables excuses. Je navais rien à lui dire, alors je gardai le silence.

Au début, reprit-elle, jai cru quil y avait une autre femme dans lhistoire, et que cest pour ça que tu mavais quittée. Mais non, tu es resté célibataire tout ce temps. Jen déduis donc que cest moi qui nallais pas, et que tu ne voulais pas de moi. Pourquoi personne ne veut de moi ?

Tu fais erreur, Tatiana. Tu es une femme merveilleuse, et je te jure que jai adoré chaque moment que jai passé avec toi. Tu trouveras un jour un homme qui saura te donner ce que tu désires, je te le promets, mais cet homme ce nest pas moi.

Alors pourquoi ? Pourquoi ? semporta-t-elle, en larmes.

Elle me porta des coups de poings désespérés sur lépaule. Elle semblait vraiment abattue. Elle était vraiment touchante. Je la pris dans mes bras pour la calmer. Elle jeta sa tête sur mon épaule et fondit en larmes. Je me sentais minable de lui avoir imposé cela. Elle ne le méritait pas.

Je suis désolé, lui murmurai-je à loreille.

Cest alors quelle essaya de membrasser. Je ne fis malheureusement rien pour len empêcher. Sa peine mavait désarmé, et javais envie de la consoler, de lui donner ce quelle attendait. Cétait une erreur idiote, mais je my plongeai dedans tête baissée. Cétait lui donnait de lespoir alors que je ne pourrais jamais rien lui apporter. Mais il est vrai quelle mavait aussi beaucoup manqué. Je ne men étais pas rendu compte jusque-là. La revoir, sentir son parfum et poser mes mains sur son corps avait ravivé mes sentiments à son égard. Notre relation navait pas duré longtemps mais nous avait bien marqués tous les deux.

Elle se frotta contre moi ; sa langue glissait le long de la mienne. Le temps semblait suspendu, et durant cet instant joubliai tout.

Partons dici ensemble, supplia-t-elle. Allons chez moi.

Non, ce serait une erreur, commençai-je à réaliser. Nous deux, cest bel et bien fini.

Alors commettons cette erreur, me dit-elle en enserrant mon sexe à travers mon pantalon. Sil te plaît…

Elle commença à me masser lentrejambe, et je ne fus pas long à réagir. Mais mes remords étaient toujours là. Je ne voulais pas en rajouter. Mieux valait donc couper court tout de suite. Jétais déjà allé trop loin en me laissant embrasser. Je la repoussai donc. Elle était déboussolée et perdue. Ne pouvant plus rien faire pour la consoler, je la laissai là et je rentrai à lintérieur.

Latmosphère y était lourde. Le frais de lextérieur me manqua immédiatement, mais je me refusai à y retourner. Charlotte me lança un petit sourire dencouragement. Jessayai donc de me mêler à la foule, sans beaucoup de succès. Tatiana rentra plusieurs minutes après moi. Bien quelle tentait de le cacher, on distinguait bien ses yeux humides. Elle se servit une coupe de champagne et alla se jeter sur une chaise. Jéprouvais de la peine de la voir ainsi.

Sil vous plaît, nous héla Thierry, jaimerais avoir votre attention. Tout dabord, merci à tous dêtre venus, et joyeux Noël !

Ouais, joyeux Noël, crièrent les invités en chur.

Merci, merci Bien, reprit-il, si nous vous avons avec Charlotte tous réunis ce soir, ce nest pas seulement pour fêter Noël. Nous avons une grande nouvelle à vous annoncer : ça y est, nous attendons notre premier enfant.

Des acclamations de joie retentirent alors dans la pièce. Pour moi, ce fut une nouvelle douche froide. Charlotte était enceinte ; oui, mais de qui ? Merde, cette fois cétait réel. Jusquà maintenant, lévocation dun bébé mavait parue nêtre quune éventualité lointaine. Je ny avais jamais vraiment songé, me contentant juste des moments de bonheur que je passais avec Charlotte. Mais cette fois, cela prenait une consistance bien plus tangible. Il serait là ! Quelques mois suffiraient pour quil pointe le bout de son nez. Serait-il en bonne santé ? Merde, je réalisais soudain la folie dans laquelle mavait mené ma sur. Javais fermé les yeux jusque là, mais la lumière méblouissait maintenant. Javais la sensation davoir joué avec le feu et de mêtre brûlé les doigts. Javais joué avec la vie dun être à venir, javais pris le risque quil naisse avec des problèmes de consanguinité. Je me maudis sur le moment. Charlotte me lança un sourire fier mais déchanta rapidement quand elle vit mon air sombre.

Suite à cette annonce, je suivis lexemple de Tatiana et commençai à enchaîner les verres. Javais vraiment envie de me changer les idées, de ne plus penser à Tatiana, à ma présence non désirée et au futur bébé. Javais déjà bien chaud quand Charlotte vint me retrouver.

Tu devrais te calmer un peu, me conseilla-t-elle. Tu risques de faire quelque chose que tu regretteras.

Oh, tiens, ma sur adorée ! fis-je, lesprit embrumé. Toutes mes félicitations pour le euh le bébé !

Tu vas bien ?

Bien sûr. Tu vas être maman, Thierry va être papa enfin, normalement. Et moi, je vais devenir euh bah moi, je vais rester moi !

Mes réponses eurent lair de confirmer ses craintes.

Zack, tu ne vas pas me lâcher, quand même ?

Je hésitai-je, tu nes pas à moi. Tu ne le sauras jamais

Viens, me dit-elle en me prenant la main.

Elle me tira jusquà sa chambre où elle nous enferma à clé. Je la regardais avec des yeux interrogatifs sans savoir exactement pourquoi elle mavait mené ici. Elle se jeta sur moi pour membrasser. Jétais trop saoul pour la repousser. Je me contentai de répondre à son baiser et à mes pulsions. Mes mains sengouffrèrent sous le tissu de sa robe pour venir lui palper les globes fessiers. Elle mit soudain fin à notre contact sans que je ne comprenne pourquoi.

Je nai pas encore eu mon sucre dorge de Noël, sourit-elle.

Sucre dorge ? Ah oui, compris-je. Ce nest pas un peu risqué, avec tous les invités ?

Ce quil y a de bien avec linceste, cest que cest tellement tabou que les gens ne simagineront pas que cest en train darriver à deux pas deux. Ça ne leur semblera pas bizarre que je menferme dans ma chambre avec mon frère. Pour eux, nous ne ferons que discuter.

À cause de lalcool, je navais pas saisi tout son raisonnement, mais cela me parut logique sur le coup. Alors je me laissai faire pour la suite. Charlotte membrassa de nouveau en me palpant lentrejambe qui ne mit pas longtemps à se réveiller. Malgré tout, je ne pouvais mempêcher de désirer ma sur.

En quelques mouvements, mon sexe fut libéré et put sériger de toute sa longueur sous le regard gourmand de Charlotte.

Le plaisir me gagna aussitôt que ses lèvres se posèrent sur mon gland. Une langue coquine vint me le titiller. Charlotte me fixait dans les yeux, me surveillant chaque instant mabandonner au bien-être quelle me procurait. Visiblement, elle était fière de leffet quelle me faisait. Javais raison de penser quelle nétait pas à moi : cest moi qui étais à elle. Jétais son esclave. Jétais à sa merci. Je lavais toujours été, dailleurs, et elle me le rappelait à chaque fois quelle me faisait découvrir des merveilles avec sa bouche. Elle me tenait par un simple coup de langue. Charlotte était ma reine, ma déesse.

Lalcool me faisait tourner la tête, mais ce nétait rien par rapport au plaisir qui me submergeait. Lesprit embrumé, je me laissais bercer par les vagues deuphorie qui me gagnaient peu à peu. Encore une fois joubliais mes problèmes. Jéchappais à la réalité. Je me réfugiais dans un paradis artificiel dont sa bouche était la clé. Cétait une drogue pour moi. Je savais que cétait mauvais et que je devrais trouver un jour le courage dy mettre un terme, mais jétais pour le moment incapable de résister. Je me sentais sans défense face à elle et à sa détermination à me faire jouir. Et la diablesse savait y faire ! Elle contrôlait parfaitement mon plaisir, sachant reculer linstant fatidique quand jétais proche du précipice. Elle pouvait sarranger pour me faire tenir un long moment, ou elle pouvait me faire cracher en trente secondes à peine si la fantaisie la prenait.

Sa langue et ses lèvres faisaient des miracles. Cest ce quils firent ce soir-là une fois de plus. Le point de non-retour atteint, Charlotte me finit à la main, son visage placé sous mon membre prêt à accueillir ma libération. Son sourire carnassier magnifiait son visage. Cen était trop pour moi : jémis un râle puissant et déversai ma semence sur sa frimousse triomphante. Elle accepta loffrande avec joie. Mes jets lui aspergèrent le menton, le nez, les paupières et le front. Une fois complètement vidé, une langue récolta les dernières gouttes qui perlaient encore au bout de mon sexe, et ses mains étalèrent ma semence sur tout son visage.

Tu vois, frérot, je tappartiens bien. Je te le promets, déclara-t-elle, le visage englué de sperme.

Non, Charlotte ne mappartenait pas. Elle avait beau me faire un tas de promesses, elle avait beau me faire jouir par dinnombrables moyens, je savais la vérité : elle ne mappartenait pas. Ce nétait pas moi qui mendormais le soir et me réveillais le matin à ses côtés. Ce nétait pas moi qui partageais les doux moments simples de la vie avec elle. Ce nétait pas moi qui allais voir son enfant grandir, faire ses premiers pas et dire ses premiers mots. Non, moi jétais celui qui venait le soir à dix-sept heures trente précises pour sabandonner dans un éphémère plaisir charnel et qui devait partir quasiment aussitôt laffaire finie. Jétais celui qui devait chaque fois laisser la place. Jétais celui qui restait dans lombre. Je voulais pouvoir rester enlacé à ma sur après lui avoir fait lamour. Je voulais continuer à respirer son odeur, lui caresser les cheveux, et puis la regarder sendormir sereinement dans mes bras. Je voulais partager tous ces petits moments de tendresse et damour. Non, elle ne mappartenait pas. Cest à cette période que je compris cela.

Cest bel et bien à Thierry quelle appartenait. Cest à lui quelle avait dit oui, à lui quelle sétait liée, même si elle me retrouvait le soir. Je ne pouvais plus me satisfaire de cette situation. Même si la retrouver le soir était de vrais moments dabandon, même si elle soffrait sans réserve, ces instants étaient trop éphémères pour que cela me satisfasse. Je ressentais déjà ce malaise depuis un moment sans parvenir à mexpliquer mon problème. Jessayais de me convaincre que javais ce que je voulais, et que javais toutes les raisons dêtre heureux.

Cest lannonce de larrivée du bébé qui mavait fait comprendre que je me mentais. Cest lui qui mavait ouvert les yeux, qui mavait poussé à tout remettre en question. Javais pris des risques de faire venir au monde un être consanguin dans le but de menchaîner encore plus solidement à ma sur. Tout ça pour quoi ? Pour une relation qui ne me satisfaisait pas ; pire, qui me rendait finalement malheureux. En y réfléchissant, depuis le début mon histoire avec Charlotte ne mavait rien apporté de bon ; au contraire, elle menfonçait de plus en plus dans une solitude. Je métais renfermé sur moi et javais laissé plein doccasions de men sortir. Au début, cétait excitant. Même si je ressentais au fond de la honte, transgresser un interdit était vivifiant. Je navais pas idée alors des conséquences que cela entraînerait. Et puis, avec le temps, les sentiments se sont développés. Je ne pouvais plus me passer delle et des moments que nous partagions ensemble.

Alors, quand Thierry est apparu dans nos vies, jai souffert. Jaurais pu en profiter pour me détacher delle, mais le mal était déjà fait. Cétait trop tard. Les dégâts mavaient affecté en profondeur sans que je ne men rende compte. Ne désirant quune chose, jai laissé échapper tout ce qui aurait pu me permettre de maffranchir. Jai négligé ma carrière et je me suis retrouvé avec un job minable. Jai négligé mes relations, trop obsédé par ma sur. Jai aussi fini par faire du mal à mon entourage. Le plus bel exemple reste Tatiana. Cest avec elle que jai été le plus près de me libérer vraiment, mais encore une fois jai tout gâché. Je lai laissée méchapper pour retourner me vautrer dans mon mal. Je lai fait souffrir alors que je métais pourtant attaché à elle. Et ça me faisait mal de le savoir. Je me dis finalement quil restait peut-être de lespoir. Cette fois-ci, je me sentais vraiment prêt à mettre un terme une bonne fois pour toute à ma relation avec Charlotte.

Au cours des semaines qui suivirent Noël, je me surpris à rêver de plus en plus à un avenir avec Tatiana. Vu ce quil sétait passé lors du réveillon, je me dis que je naurais pas trop de difficulté à la reconquérir. Cet espoir me faisait sourire et me redonnait du baume au cur, alors je me fis la promesse que jen ferais une réalité. Mais avant de retourner avec Tatiana, je me devais cette fois-ci de mettre bien fin à ma relation avec Charlotte.

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