Quand nous arrivons au marché de Surgères, je suis à peine remise de mes émotions. Paulo et Raymond échangent des sourires de jeunes cons qui viennent de profiter d’une fille, peut-être un peu facile ce matin. Ils ne savent même pas que j’ai, autant qu’eux, savouré cette partie de jambes en l’air. De toute façon, je n’ai aucunement envie de leur faire partager mes impressions. Cette année, je suis dans la peau d’une exploratrice, bien décidée à ne laisser vierge aucune zone de ma sexualité. Je trouve que les choses s’accélèrent chaque jour et je me demande quand même comment ça va se terminer. Trêve de rêveries, Ginette nous stimule de la voix pour que chacun apporte de l’aide à la mise en place des légumes sur le banc juste installé par Claude. Heureusement, il n’a pas oublié les parasols, parce que vers midi le soleil va cogner dur. La matinée se passe naturellement, en supportant les quolibets des clients mâles un peu hors d’âge, qui ne savent plus se tenir dès qu’ils aperçoivent une nouvelle jeunette dans les travées ou derrière la caisse. A les entendre, tous seraient prêts à dégainer leurs engins si j’avais une petite chaleur à apaiser. Leurs allusions sont tellement grossières qu’il est facile de les voir venir avec leurs gros sabots. Courgettes, concombres, aubergines, radis noir, tout est prétexte à évoquer leur misérable quéquette.
Une envie pressante d’aller au petit coin m’oblige à céder ma place de caissière à Ginette et de filer vite fait vers les toilettes, derrière la grande halle. Si par hasard, vous ne savez pas où se trouvent les cagoinces publiques de Surgères, levez le nez en l’air et sentez. A travers les nuances maraichères printanières, vous ne pouvez pas faire abstraction des fragrances de pissotières. Sentez et suivez crescendo ! Prise par ces considérations, je n’ai pas perçu qu’un des vieux clients de tout à l’heure me suivait du regard. Toujours est-il qu’au moment où je veux refermer la porte des WC, je vois une grosse godasse s’immiscer dans la feuillure et une silhouette corpulente s’introduire dans l’espace étroit de la cabine. C’est un géant, mon nez n’arrive même pas à l’ouverture du col de sa chemise et, littéralement collée à lui, je ne peux même pas voir son visage. D’entrée, il me pose sa main gauche sur la tête, sûrement pour que je ne puisse pas savoir qui il est. C’est aux boutons de sa veste en velours marron que je suis certaine de l’avoir vu il y a seulement quelques instants.
— Je vous ai reconnu, le père Durand, vous avez de bien drôles de manières avec les jeunes filles !
— Tu crois que je ne t’ai pas vue me faire les yeux doux tout à l’heure en pesant les légumes, et puis ta façon de saisir les carottes en dit long sur tes petites habitudes, crois-moi je suis un connaisseur.
— Et vous, à propos de légumes, vous proposez quoi ? demandé-je hardiment.
— La saison a été bonne, la courgette est ferme et résistante, cette année, je vais peut-être tenter le concours agricole de Marans, tu veux voir l’échantillon ?
De sa main droite, il farfouille dans son pantalon par la braguette et sort, presque sous mon nez, un monstre de bite. Elle est énorme, à peine extirpée, elle répand une forte odeur de bouc dans toutes les latrines. Soudain prise de panique, je me mets à gueuler à pleine voix. Aussitôt, il me presse la tête contre son ventre pour étouffer mon cri :
— Tout doux ma belle, il n’y a rien à craindre, elle n’a jamais mordu personne, m’assure-t-il.
Joignant le geste à la parole et toujours en me comprimant contre son bide, je plie les genoux et dirige ma tête vers sa monstruosité. J’ai un peu peur et presque la nausée, mais c’est plus fort que moi, l’envie d’entrer en contact avec cette nature exceptionnelle me pousse à oser. Mon menton vient de la toucher. Elle est là. Ça pue la pisse. Je la sens qui s’allonge. Elle glisse contre ma joue. Il ne me force pas, il me laisse le temps de me faire à l’idée. De sa main il dégage ses grosses couilles enrobées de poils blancs et attrape ensuite le poteau de chair en le malaxant. Elle grossit et s’allonge encore. Il me repousse un peu en arrière et vient caler son gland visqueux sur mes lèvres. Je refoule un haut-le-cur, j’ai la mâchoire bloquée. Des larmes coulent sur mes joues, je crains de ne pas être à la hauteur de l’événement. Comme je ne me décide pas, il me taquine les lèvres, il maintient avec une douceur inattendue mon menton à bonne hauteur et bien sûr, il finit par admettre qu’il ne pourra pas lover sa queue dans ma bouche. Elle ne passe pas. Ce n’est pas de la mauvaise volonté, elle ne passe pas. Il semble convenir de l’impossibilité.
— Ha ! c’est bien les filles de la ville, toutes en promesse mais étroites de partout, s’exclame-t-il, sans se demander si on peut l’entendre de l’extérieur.
Là, je suis vexée. Ce vieux salaud ne va pas gagner la partie comme ça, en me traitant d’incapable. Prenant mon courage, et sa queue, à deux mains, je me dis que je dois régler le problème autrement.
Forte de ma récente expérience de branleuse et du succès évident que je venais de remporter en faisant un doublé de pines dans la camionnette, je me dis qu’en mettant le paquet je pouvais faire plier ce vieux goret. Je prends sa bite et forme avec mes mains une sorte de cercle semblable, avec un peu d’imagination, à un sexe de femme dans lequel je fais entrer et sortir le gland du vieux. Je m’active comme une effrénée sans tenir compte de la longueur de l’objet, mais en me concentrant seulement sur la tête. Je constate que la manuvre ne le laisse pas indifférent, plus je le façonne, plus il devient gluant. Sa respiration s’accélère, j’ai mal aux bras et aux genoux, pourtant je ne lâche pas le morceau. C’est un cauchemar, je ne pouvais pas imaginer qu’un gars soit porteur d’une telle queue, c’est un cheval ce vieux, il doit baiser ses juments. Pour trouver une position plus confortable, je me relève sans m’arrêter et, lui tournant presque le dos, j’attrape le pieu comme un pompier empoignerait sa lance en accélérant la cadence. Il pose ses mains sur mes épaules et je me mets à imaginer qu’il va vouloir m’enfourner pour finir. Dans un geste de désespoir face à cette horrible éventualité, je tire de toutes mes forces jusqu’à ses couilles et mets en tension toute la longueur de l’andouillette et j’attends. Sous mes doigts je sens battre, durant un moment qui me semble une éternité, les pulsations de sa grosse veine. Soudain le canal principal se gonfle comme un tuyau obstrué pour finalement laisser fuser une magistrale giclée de foutre contre le mur, suivie d’une autre et d’une troisième de la même puissance.
Maintenant débarrassé de cette tension, il me tapote amicalement la joue et sort comme il est entré. Ouf ! Je me dis que je l’ai échappé belle, il m’aurait déboîté la mâchoire, en regardant dégouliner les restes de sa jouissance, pendant que je soulage ma vessie. Ce marché n’est pas un lieu de tout repos !