Merci à Yanos qui a su trouver les mots pour écrire mon histoire et lui donner corps…
Après quinze longues années de mariage, je me retrouve célibataire. Attention, je ne m’en plains pas. Ce serait même plutôt le contraire à vrai dire. J’ai 35 ans, je viens de divorcer, de mon plein gré, pour me retrouver, pour exister enfin et ne plus juste me contenter de vivre. Je n’ai connu que deux hommes dans ma vie, celui qui m’a déflorée et avec lequel je suis restée pendant deux ans puis quitté pour me mettre avec celui qui allait être mon époux pendant tout ce temps. Nous avons fait deux enfants, deux adorables petites filles. Jeune, j’étais joueuse, curieuse et coquine : en un mot, solaire. Et puis mes rayons se sont ternis, et le mariage, les habitudes, sont venus totalement éclipser ma personne. Je n’étais plus que l’ombre de moi-même. Mon mari n’a jamais été un amant de folie, il avait beaucoup de qualités, mais pas celle-ci. Je me suis ennuyé au lit pendant des années et des années ; à la fin, je refusais même qu’il me touche.
Mais j’ai des principes, je ne trompe pas, je suis fidèle quoiqu’il arrive. Depuis quelque temps, j’ai senti renaître en moi ce soleil qui m’éclairait dans ma jeunesse. Ces désirs, ces envies brûlaient en moi à nouveau. Mais je n’avais pas envie de mon mari, je voulais des rapports plus puissants, plus intenses, plus passionnés, plus dévergondés. Alors j’ai quitté mon époux. Sans haine, ni violence : j’ai fait ce qu’il fallait faire. J’ai pensé à moi ; à me retrouver ; à ne plus être seulement une épouse (de côté) et une maman (attentionnée) ; à redevenir Femme.
Mais quelle femme suis-je ? Je suis Emilie, Bretonne (de naissance) de 35 ans. Vous le savez, je suis divorcée et mère de deux petites filles. J’ai des cheveux frisés, mi- longs, châtains avec quelques mèches blondes. Les yeux gris-bleu (jolis à ce qu’on m’en dit). Une jolie bouche bien dessinée et un visage agréable à regarder. Avant de penser que je suis prétentieuse, attendez de lire la suite ! Mon corps a subi les 14 années de mariage pendant lesquelles je me suis oubliée et deux grossesses : je mesure un peu moins d’1m60 et je pèse un peu plus de 75 kilos. J’ai des rondeurs et je les assume, je n’en ai pas honte et je n’ai pas à en avoir honte d’ailleurs. J’ai plutôt une belle poitrine (95C) et mon sexe est toujours impeccablement épilé. J’ai une peau très blanche et laiteuse, et très douce au toucher. Voilà, comme ça, vous savez à quoi je ressemble.
Sexuellement, comme je vous l’ai déjà un peu souligné, ce n’est pas très folichon : je me suis pas mal amusée à l’époque, il y a 15 ans. Mais rien d’exceptionnel. Avec mon mari, ça a donc toujours été très basique et plan-plan, le SMIC : Le Sexe Minimum Inintéressant et Chiant. Pas désagréable, mais toujours pareil, peu créatif, et ce, bien que j’avais beaucoup d’envie et de curiosité pour la sexualité dans ma jeunesse. Et aujourd’hui, j’ai envie d’explorer de nouvelles choses, de me laisser aller à mes désirs, de me laisser guider. Mais comment dois-je m’y prendre ? Et avec qui ?
Ce jour-là, je n’ai pas les filles, elles sont chez leur père. Je suis contente d’être libre et d’avoir mon joli petit appartement. Mais il faut que je parte à la recherche de moi-même et cela passe par le biais d’un homme. La soirée est encore jeune. J’ai mangé relativement tôt, et je suis au téléphone avec une amie, en train de parler de tout cela justement. Elle me conseille les sites de rencontre, mais je n’ai pas envie de ça et je ne suis pas habituée à ce genre d’échanges, alors ça risque de prendre du temps. Elle va essayer de voir dans son entourage si elle n’a pas d’hommes célibataires et disponibles. Puis, un peu agacée par mon indécision et mon manque d’entrain, elle me dit :
Mais pourquoi tu ne sors pas un peu aussi ? Va dans un bar ou une boîte ? Tu sais l’homme que tu cherches ne va pas venir frapper à ta porte du jour au lendemain ! Qu’est-ce qui te retient bon sang ? Tu n’es plus mariée, je te rappelle… Oh… mais… Faut que je te laisse, les gosses sont en train de se battre. A plus tard ma belle, pense à ce que je t’ai dit.
Euh… Oui, réponds-je, décontenancée, bon courage, à bientôt.
Mais putain de merde, elle a raison. Je suis décidée : ce soir, je sors. Je me prépare vite fait, je sors oui, mais je ne vais pas mettre une tenue de soirée non plus. Simple, mais efficace, pareil pour le maquillage, point trop n’en faut. Je décide d’aller dans un bar assez sélect et classe, dédié au jazz. Ce soir, pas de concert, mais une très agréable musique d’ambiance. Je n’étais jamais venue avant, mais on m’en avait déjà parlé en bien. Il y a pas mal de monde ce soir. J’aime l’ambiance calme et cultivée de cet endroit. Je m’avance vers le comptoir et demande la carte des boissons. Je ne bois pas souvent, car je ne tiens pas bien l’alcool et que je peux faire n’importe quoi quand je suis ivre. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si je n’ai jamais été saoule une seule fois ces 15 dernières années. Je me décide pour un « Mademoiselle » vu ma nouvelle situation, il me paraît assez opportun. J’aime les cocktails sucrés à base de rhum donc c’est parfait.
Je regarde un peu partout autour de moi en attendant mon verre. Au bout du comptoir, un homme semble m’observer, mais je n’y prête pas particulièrement attention. Le serveur arrive avec mon verre. Je le paye tout de suite. Je range mon portefeuille dans mon sac à main et quand je me retourne, le tabouret près de moi est occupé. Je suis surprise et j’ai un petit mouvement de recul. C’est l’homme qui était au bout du comptoir. Je le regarde dubitative. Il ne bronche pas, me regarde avec intensité et me dit simplement :
Bonsoir, ça fait combien de temps ?
Je vous demande pardon, réponds-je, interloquée…
Depuis combien de temps vous êtes séparée ou divorcée ?
Mais enfin, comment savez… euh…ça ne vous regarde pas si je suis séparée ou pas.
J’ai vu juste, j’ai bien compris. Ne vous inquiétez pas, c’est juste pour discuter. Un peu de compagnie, simplement.
En temps normal, je l’aurais renvoyé chier, mais là, je me dis « Voyons voir » alors, j’enchaîne :
Je suis séparée de mon mari depuis 3 mois, en instance de divorce.
Et combien de temps ça a duré ?
Quinze longues années ?
Des enfants ?
Oui deux filles.
Alors, la liberté, ça fait quoi ?
Un mélange de soulagement, de bonheur et d’incertitude.
Bon, et ce mariage alors, c’était comment ?
C’est une longue histoire…
Ecoutez, les longues histoires, c’est mon domaine : je suis écrivain. Alors, je vous propose de venir vous installer avec moi à une table au fond là-bas, ce sera plus intime. Vous me racontez votre histoire en buvant votre verre, et moi le mien, et ensuite en tant qu’écrivain, je vous invente une suite… OK ?
Je vous suis.
Très bien, au fait, je m’appelle Pierre.
Moi, c’est Emilie.
Nous nous installons à une table dans la pénombre. Pierre, très gentleman m’aide à m’asseoir et prend place en face de moi. Cet homme n’est pas du tout un top-modèle. Il n’est pas très grand ; plutôt mince ; il doit avoir une bonne quarantaine d’années (dix ans de plus que moi je pense) ; les cheveux courts ; il n’est pas moche de visage, mais rien de flagrant non plus. Par contre, il a de jolies mains et très douces, je les ai senties quand il a pris mon bras tout à l’heure. Autre chose, il se comporte avec une forme d’assurance qui me met à l’aise et qui fait que je le suis sans broncher. Une autorité naturelle et douce : sans être directif, il est entraînant ; il n’impose pas, il propose ; il n’ordonne pas, il invite. Pierre possède un certain charme, c’est évident même s’il n’est pas hyper-attirant. Je bois mon verre, et l’alcool joue son rôle désinhibiteur : sans la moindre pudeur, je raconte toute ma vie à cet homme que je ne connais presque pas.
Je n’ai rien à perdre, je ne reverrais peut-être jamais ce type, alors je lui balance tous les détails de ma vie privée, y compris les plus intimes. Pierre m’écoute avec attention et me regarde de ses yeux perçants (tiens, il a de jolis yeux d’ailleurs, un beau vert). Je raconte tout ça assez froidement, sans passion ni tristesse. Lui, boit sa bière, puis une deuxième tout en m’écoutant. J’en arrive à la fin de mon récit par ses mots :
Et je me retrouve ici, à boire un verre, avec un soi-disant écrivain dont je ne connais que le prénom.
Il m’observe avec son regard pénétrant, il prend une gorgée de bière et il dit :
Tu sais aussi que je m’appelle Pierre, que j’aime la bière, les bars jazz et les longues histoires. Tu sais également que je tutoie vite les gens. Et maintenant, je vais te prouver que je suis écrivain en tenant parole et en te racontant ce que pourrait être ta vie à partir d’aujourd’hui si c’est moi qui devais l’écrire.
Je dois avouer que je suis curieuse de découvrir ce que vous imaginez.
Il se lève et décale sa chaise jusqu’à venir s’installer près de moi. Très près de moi. Trop près de moi.
Non, mais, ça va aller là. Vous allez un peu trop loin là.
Je vais trop loin parce que je suis trop près c’est ça ? dit-il en souriant.
Je suis mouchée et sa vanne me fait même sourire. Certes, je suis un peu émoustillée à cause de l’alcool, mais quand même… Ce type a une façon de présenter les choses qui fait qu’il est difficile d’aller contre sa volonté. Et encore une fois, il n’est même pas directif. Plus je le regarde, plus je lui trouve du charme. Ses yeux me perturbent fortement et il doit bien être écrivain parce qu’il a une telle façon de manier les mots… Je repense sans arrêt à l’ennui de mes quinze ans de mariage. Et je ne veux plus vivre ça, plus jamais. Et j’ai déjà perdu tant de temps dans ma vie. C’est décidé, je vais rentrer dans son jeu. Montrer à Pierre que je peux être tout à fait capable de jouer moi aussi et d’être prête à devenir le personnage de son nouveau livre. Je pose ma main sur son avant-bras et je demande alors :
Bon alors cette histoire ? Vous me racontez ?
Alors voilà, en fait, tu vas tomber sur un homme qui va t’ouvrir à ta féminité, te faire découvrir que ton corps est beau et désirable et que tu peux donner beaucoup de plaisir à un homme et en prendre tout autant, si ce n’est plus encore. Ne crois pas que c’est l’histoire que je te raconte là, ce n’est qu’un résumé. L’histoire on va l’écrire ensemble, toi et moi. On va la vivre ensemble. Je serais le stylo et tu seras la feuille sur laquelle j’écris le récit de ta nouvelle vie faite de sexe et de volupté.
Eh bien, que se passe-t-il ? Tu vas bien ?
Pierre me demande ça parce que j’ai retiré ma main de son bras et que j’ai soudain l’air angoissé. J’en ai même les larmes aux yeux. Cette fois, c’est lui qui pose sa main sa sur mon avant-bras, mais sans sous-entendu salace, son geste se veut apaisant et rassurant. Il me demande s’il a été inconvenant et s’il a dit quelque chose de déplacé. Puis il ajoute que, bien évidemment, il ne me forcera à rien et que j’ai tout à fait le droit de tout refuser en bloc. Je dois lui expliquer ma réaction alors je dis :
Non, non, ce n’est pas le problème. Votre proposition est tout à fait tentante même si j’avoue que je vous trouve un peu trop audacieux et si j’ai un peu peur de vous faire confiance. Mais le problème est bien pire. En fait, je vous ai dit que je ne faisais plus rien avec mon mari depuis longtemps, mais même quand je me caresse, je n’arrive pas à avoir d’orgasme, j’ai comme un blocage. Je suis peu expérimentée et je ne sais même plus jouir, quel plaisir aurez-vous avec moi ?
Écoute-moi bien, répond-il avec un air sévère et plus dur, tu n’as aucun problème ! Tu as juste perdu l’habitude de penser à ton propre bien, de jouir de ton plaisir. Je te promets que tu seras une amante de folie, que ton roman de vie sera érotique, sauvage et coquin. Tu es une belle femme, très sexy et tu as un vrai potentiel en toi, j’en suis sûr. C’est à la fois l’homme et l’écrivain en moi qui ont été attirés par toi. Je t’ai trouvé très attirante et j’ai en même temps su tout de suite que tu recelais en toi tout ce qui peut faire un beau et vrai personnage de bouquin. Et ce livre, qui ne paraîtra jamais, nous l’écrirons ensemble ! Fais-moi confiance, tu jouiras, tu prendras du plaisir et tu en donneras et dès ce soir si tu veux. Je suis inspiré en te regardant et j’ai très envie de me mettre à écrire dès maintenant.
Tout en disant cela, il a retiré sa main de mon bras pour la poser entre mes cuisses, assez haut, et il me caresse tendrement. Cette initiative manuelle m’électrise et ses mots me rendent folle de désir. Une lutte se joue en moi à cet instant. Je reconnais que je suis très intriguée et très excitée par sa proposition. Mais je ne suis pas habituée à me laisser aller comme ça. Mais il parle bien ce salaud, et il sait me vendre du rêve. « Du rêve »me dis-je en moi-même, « du rêve ». Ce mot rebondit dans ma tête puis il est rejoint par d’autres mots qu’il a utilisés : volupté, plaisir, jouir, désir, sexy, belle femme… Et merde ! J’ai assez réfléchi dans ma vie, j’ai assez été raisonnable, je me suis suffisamment oubliée et nié la femme et la coquine en moi. Je lui réponds en le tutoyant pour la première fois et d’une voix forte et décidée :
C’est d’accord, allons-y, fais de moi ton personnage. Écris-moi, raconte-moi… Je vais te suivre, guide-moi.
Il sourit et dépose un baiser sur mes lèvres. Il se lève, m’aide à en faire autant et nous sortons du bar pour nous aventurer dans la rue, dans la nuit et dans les pages du roman de ma nouvelle vie…
A suivre…