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Faux pas et remords – Chapitre 1

Faux pas et remords - Chapitre 1



Oui le remords me ronge, ce sentiment d’avoir mal agi et de ne pas savoir mettre fin à des agissements coupables. Mais il se double de la crainte que ma conduite révélée au grand jour, narrive aux oreilles de Jean, mon mari. Si Jean vient à apprendre ce que je fais chaque lundi matin depuis des semaines et pourquoi je recommence sans avoir le courage d’y mettre fin, j’aurai à craindre la colère d’un doux et le terrible châtiment qui la traduira.

Chaque jour je tremble de la peur d’être dénoncée ou découverte et justement punie, chaque jour je m’exhorte à cesser, car infailliblement ma faute un jour ou l’autre sera connue. Tant va la cruche à l’eau qu’à la fin elle se casse : à force de commettre toujours la même erreur coupable, on finit par se faire prendre, on se croit insaisissable, à l’abri et on se trahit en paroles ou en actes. La vérité éclatera, je le sais, les conséquences seront redoutables, c’est certain; je perdrai celui que j’aime par-dessus tout, mon mari me chassera et je l’aurai mérité. Je suis folle de ne pas me mettre à l’abri de cette menace, de risquer de voir sombrer mon amour. J’aime Jean, il n’est peut-être pas trop tard pour pouvoir le conserver, à condition de changer mes habitudes détestables, à condition de me comporter comme doit le faire une bonne épouse. Or, consciente de ce qu’il conviendrait de faire, j’en suis incapable. Ma faiblesse face à l’événement me désespère, le désespoir m’affaiblit davantage encore.

Jeune fille, il y a une dizaine d’années, j’avais pour amie Nicole. Nous avions fréquenté les mêmes écoles et les mêmes classes, fait le même apprentissage de vendeuses, passé notre CAP, mais chacune avait trouvé un patron. En fin de journée nous étions heureuses de nous rencontrer et de partager nos expériences. Vint le temps de l’amour. Par hasard nous sommes tombées d’accord pour fréquenter deux charmants garçons. J’aimais beaucoup la vivacité de Louis, Nicole préférait le caractère plus calme de Jean, une certaine forme de sérénité qu’elle opposait volontiers à l’exubérance de Louis. Nous vérifiions alors l’idée très romantique que les opposés s’attirent. Louis le volubile convenait très bien à Corine la fille pleine de retenue et l’impétueuse Nicole complétait parfaitement un Jean plus effacé. Nos deux petits couples en formation marchaient ensemble vers un futur plein de bonheur, sortaient ensemble, partageaient les mêmes loisirs.

Un soir pourtant, sortie en retard de mon travail à cause d’un client difficile, j’arrivai au rendez-vous fixé par Louis toute heureuse de pour constater que Nicole m’avait devancée et embrassait amoureusement l’élu de mon cur. Je voulus faire du tapage; il me fut expliqué, exemples empruntés au monde du spectacle à l’appui, que qui se ressemble s’assemble. Ainsi Nicole serait en harmonie avec Louis. D’ailleurs je pouvais me rapprocher de Jean pour constater que nous étions faits l’un pour l’autre. Jean arrivait à l’instant où Nicole s’en allait accrochée à son double. Jean eut tôt fait de me consoler :

-Ma chère Corine, si tu savais à quel point nos deux amis me rendent heureux. Je n’osais pas l’avouer, maintenant je le peux : tu es la fille que j’aime. Louise en me quittant me délivre d’un poids, elle est beaucoup trop différente de moi pour que nous puissions vivre ensemble. Au contraire ta douceur m’attire. Si tu le veux, essayons de mieux nous connaître, tu finiras peut-être par m’apprécier et je serai alors un homme heureux.

Je ne tardai pas à l’apprécier et à l’aimer. Nous nous sommes mariés le même jour que Louis et Nicole. Pendant dix ans environ nous avons continué à nous recevoir avec joie. Et puis un beau matin Nicole a plaqué Louis, est partie avec un autre : "tellement plus intéressant" m’a-t-elle confié.

C’était un lundi matin, le magasin était fermé. J’étais seule à la maison, Jean travaillait dans son entreprise comme d’habitude. Louis est arrivé en larmes. Nicole m’avait prévenue de son départ. Louis est venu me raconter son malheur. Un grand gaillard effondré, désespéré, en larmes, décidé à mettre fin à ses jours me faisait face. J’en eus les tripes remuées. Que faire pour l’empêcher de se jeter sous un camion ou sous un train ou encore d’aller se pendre. C’était un ami de longue date, j’avais eu un penchant pour lui autrefois. Je me sentis responsable de lui. Je devais l’aider à passer les premières heures de la séparation, les plus douloureuses et les plus dangereuses pour sa vie. Alors j’écoutai mon instinct, je le serrai dans mes bras, secouée moi-même par ses sanglots. Ses larmes mouillaient ma blouse, je caressais maternellement les cheveux de ce pauvre homme délaissé et inconsolable. Intérieurement je maudissais Nicole cause de mon embarras.

L’intention n’y était pas. Nos corps rapprochés par le chagrin de Louis et par ma compassion étaient en contact étroit, partageaient innocemment leur chaleur. J’apaisais peu à peu la douleur, la rancur, je calmais ses pleurs, je lui annonçais des jours meilleurs, la rencontre probable d’une autre âme sur, je comblais les silences gentiment, parlais pour créer un nuage d’oubli. Etais-je adroite, persuasive, pas trop naïve ? Je parlais. Louis releva la tête, passa le revers de sa main sur son visage, essuya ses larmes et me sourit. Je venais de remporter une bataille: ce sourire ne pouvait pas rimer avec des idées de mort! Il était sauvé.

Et moi, j’étais perdue. Heureuse de cette résurrection à laquelle je venais de contribuer en partie, je lui rendis son sourire; nous avons partagé un moment de bonheur intense. Jétais fière de moi, fermai les yeux pour savourer ma joie et ne vis pas arriver la suite. Louis murmurait des « merci mon amie, merci Corine ». Son souffle chaud s’approcha de mon visage, ses lèvres s’unirent aux miennes. Je reçus avec bonheur encore ce témoignage de reconnaissance et de retour à lenvie de vivre. Mais le baiser devint torride, un baiser d’amant plus que d’ami. Soudain j’étais prisonnière de ses bras solides, corps contre corps, lèvres unies. Le goût de vivre lemportait et se manifestait tout à coup avec force dans létreinte, dans le baiser et par cette bosse significative au niveau de mon bas-ventre. Moribond peu avant, Louis bandait, dur, ferme et me le faisait sentir. J’aurais dû le repousser violemment, lui rappeler que j’étais mariée, que j’étais et voulais demeurer fidèle à son copain Jean. Chaque jour je m’adresse le même reproche, j’ai été faible. Sa langue franchit le rempart de mes lèvres, ses mains semparèrent de mes seins et de mes hanches, il me pressa contre sa chaleur. Et je le laissai faire !

« J’aurais dû », mais je ne l’ai pas fait. Une réaction brutale et cétait la rechute. Elle aurait pu le replonger dans son désarroi, le pousser à ces extrémités funestes énoncées auparavant. Du moins est-ce sous ce prétexte que j’acceptai des gestes de tendresse, persuadée qu’après avoir évacué un trop plein d’émotion il allait retrouver sa raison. Or mon attitude devait être équivoque et il redoubla d’ardeur. Sa langue envahissait ma bouche, semait la pagaille dans mes sens, le massage de mon sein ajoutait à mon trouble et lorsqu’il me plaqua au mur, glissa une main sous ma jupe et força le passage entre mes cuisses jusqu’à toucher mon sexe à travers ma culotte, je n’eus plus la force d’arrêter son assaut. Je m’étais montrée compatissante, caressante, je l’avais laissé prendre l’initiative, il en conclut sans doute que j’étais disposée à compenser sa perte de Nicole. Je devins Nicole II, la femme dont je venais de lui annoncer la venue, sa probable future épouse.

L’angoisse de le renvoyer à ses projets de mort si je me débattais, me paralysa à l’instant précis où j’aurais dû le ramener à la réalité. Je n’ai pas crié, j’ai reçu ses baisers fous, j’ai desserré les cuisses, j’ai remonté ma jambe sous l’effort de son avant-bras, j’ai senti le tâtonnement de son gland contre ma vulve. Pourquoi donc étais-je si mouillée, là en bas ? Il cherchait lentrée, la trouva enfin. D’un coup énergique le malheureux cassé que j’avais accueilli me pénétra de bas en haut avec une vigueur retrouvée et se mit à me pistonner. Il me prenait, allait et venait en moi, soufflait sur ma figure puis m’embrassait encore. Et il me couvrait de "merci" et de "je t’aime". Depuis quand n’avait-il pas eu de rapports sexuels avec Nicole ? Il se rattrapait en moi. Il éjacula finalement, debout, à longs jets brûlants, avant de laisser retomber ma jambe. Sa tension retombait

Il continuait à me déclarer son amour et son infinie reconnaissance. J’eus enfin le réflexe de lui crier:

-Louis, pardon, tu te trompes, je ne suis pas ta femme. Nous n’aurions pas dû nous laisser emporter. J’ai eu tort. Redescends sur terre. Ceci est un accident, il ne se reproduira plus. Tu connais notre situation, nous n’avons pas le droit de tromper la confiance de mon mari. J’aime Jean. Restons amis, mais maintenant tu vas oublier cet instant d’égarement, nous n’en parlerons à personne, tu rentres chez toi, tu remets de l’ordre dans tes idées et tu commences une nouvelle vie.

-Oh ! Non, je ne pourrai jamais t’oublier. C’est toi que j’aurais dû épouser il y a dix ans.

-Va, il faut m’oublier. Va et console-toi. Ne t’enferme pas. Fais ton deuil. Courage.

Il partit, souriant. Je venais de vivre un drôle d’événement. Cette verge étrangère venait de me posséder et m’avait excitée. Je m’étais sentie au bord de l’orgasme, prête à exploser. Par quel miracle n’avais-je pas offert à Louis le spectacle de ma jouissance. Par bonheur j’avais mordu mes lèvres et j’avais étouffé le plaisir envahissant, à la limite de mes forces. La débâcle eût été complète si j’avais donné l’impression d’avoir été comblée après avoir attendu pendant de nombreuses années cette relation sexuelle. Mes doigts complétèrent lacte interrompu par léjaculation de lhomme, la jouissance couronna ma masturbation inhabituelle. Il me fallait un orgasme pour retrouver la paix avant le retour de Jean. Et au coucher Jean dut se demander doù me venait cette folie qui le laissa épuisé. Mais il fut appliqué et vaillant et justifia amplement son statut dépoux aimé et aimant. Nous formions un couple merveilleux, je mendormis lâme en paix, la conscience tranquille. Javais accompli une bonne action avec Louis, Jean navait pas besoin dêtre troublé par le récit de ce service vital pour son ami. Ce serait mon secret.

À suivre

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