CHAPITRE V
FAMILIER
– Donne-moi tes mains !
Encore étourdie, je lui tends mes poignets liés par mes énormes menottes. De ses larges mains un peu tremblantes, il passe sa clé dans une petite serrure sous la chaîne liée à mon poignet droit. J’entends un petit cliquettement métallique en même temps que la pression sur mes poignets disparaît. Il m’enlève les menottes pour les jeter dans un coin de la pièce avant d’aboyer :
– À quatre pattes salope !
J’obéis instinctivement, profitant de mes mains libérées pour m’installer de façon bien stable sur le lit. Il écrase le matelas de ses genoux alors qu’il se positionne derrière moi et remonte ma jupe de ses énormes doigts. Il n’a quand même pas l’intention de me prendre en levrette comme ça, sans aucun préliminaire ?
Et pourtant si. Il m’attrape si fort les hanches que je ressens une sensation pesante d’écrasement, et me pénètre profondément et violemment, sans aucun ménagement. C’est la première fois que je me fais pénétrer sans avoir abondamment mouillé avant, et c’est bien plus douloureux que je l’imaginais.
Sans considération pour ma part, il commence des va-et-vient amples, rapides et réguliers, raclant mes parois vaginales et m’arrachant des petits gémissements mêlés de plaisir et de douleur.
– Vas-y, couine salope ! Couine !
La situation m’excitant néanmoins, je sens que ses mouvements sont de moins en moins douloureux pour moi, mon sexe doit sûrement se lubrifier tout seul. Alors que je commence à éprouver plus de plaisir que de gêne, je reçois une grande claque sur une fesse pour me faire pousser un cri de surprise.
– Je t’ai dit de couiner salope !
Je me force à gémir, un peu déroutée par la monotonie de son langage. Au moins je me fais à nouveau baiser, mais hélas, à la vitesse où il va, et attentionné comme il est à mon plaisir, il va probablement finir bien avant moi.
Sans raison apparente, il se retire brutalement, et me donne une autre fessée, plus douce, avant d’aboyer :
– T’aimes la sodomie salope ?
– Hein ?
– Tant mieux !
Il se baisse pour cracher directement entre mes fesses. Il s’imagine vraiment que ça sert à quelque chose ? Je ne suis ni lubrifiée ni échauffée !
Entre la panique et l’excitation, je sens mes bras et mes jambes trembler, sans être capable de les bouger.
– Penche-toi salope !
"Salope" doit être une forme de ponctuation pour lui. Obéissante, je me penche autant que possible, jusqu’à poser ma tête sur le lit et relâcher mes bras, exposant au maximum mes fesses, et je tente de les relâcher. Alors que je sens son gland se poser sur ma rondelle, je serre les dents, consciente de ce que je vais devoir endurer.
En s’aidant de ses mains sur mes hanches pour me tirer vers lui, il me transperce lentement et douloureusement le ventre. Une fois entièrement rentré, il recommence ses mouvements, de façon plus lente mais toujours aussi ample.
Je n’ai plus du tout besoin de me forcer pour couiner comme il l’espère, poussant un petit cri à chaque fois qu’il pénètre mes intestins. J’aime la sodomie, mais je l’ai toujours préparée. Et ce monde virtuel semble être totalement intangible au niveau de la transmission de la douleur.
Pourtant, la situation ne me semble pas désagréable. Je ne me laisse pas faire seulement parce que je suis une esclave, ou parce qu’il me menace : je me laisse faire parce que je suis en train d’aimer ça. Mécaniquement, l’une de mes mains glisse sous mon ventre pour poser ses doigts sur ma vulve et la masser tendrement, pendant qu’à quelques centimètres de là, un guerrier est en train de lâcher toute la violence dont il est capable entre mes fesses.
Son vocabulaire semble s’être encore plus réduit, car les seules choses qui sortent à présent de sa bouche sont des beuglements bovins saccadés.
Pour ma part, mes gémissements se transforment peu à peu de la douleur vers le plaisir, mes doigts simulant mon clitoris trempé juste sous la plus violente sodomie de ma vie.
Je pensais qu’il finirait vite, mais ce joueur semble beaucoup plus endurant que les soldats que j’ai rencontré : il me pilonne ainsi pendant de longues minutes, à un rythme accélérant lentement et toujours aussi régulier.
– Je vais jouir salope ! Tiens-toi prête !
Comme si il attendait un signal depuis tout ce temps, mon corps déclenche soudainement un intense orgasme tandis que je sens sa semence affluer en moi. Mon cri aigu de jouissance se mêle à son hurlement lourd pour résonner à travers la pièce, puis il se retire, me laissant m’écrouler sur le lit, et s’affalant à côté de moi, me passant un bras sur le dos pour rappeler mon appartenance.
Tous les deux à bout de souffle, nous passons une minute à haleter à plat ventre sur le lit.
– T’es… Trop bonne… Salope…
Je crois comprendre qu’il est satisfait. Alors que je n’ai rien fait d’autre que me laisser faire en silence. Il a vraiment des goûts étranges.
Une autre minute plus tard, il commence à ronfler. J’aurais espéré qu’il eut un minimum de compassion à mon égard en vue de la vive douleur qu’il vient de laisser dans mon corps. Dommage.
Je profite donc du calme s’installant enfin pour observer la pièce dans laquelle je suis – sans bouger, son bras m’en empêchant. Le lit est le meuble central, seules quelques armoires viennent occuper l’espace. En plus d’une porte à l’autre bout de la pièce, une unique fenêtre est présente comme orifice sur un des murs, laissant la lumière de ce qui semble être un crépuscule affluer dans la pièce. Cette fenêtre donne sur une ruelle vide de monde, et il me semble reconnaître au bout de celle-ci la place où je viens d’être vendue.
Sans vraiment d’autres options à ma portée, je m’endors tant bien que mal avec un bourdonnement dans les oreilles et un tiraillement dans les fesses.
– Debout petite salope.
J’ouvre un il. La première image qui me vient est celle de la fenêtre. Il semblerait que la ville soit maintenant plongée dans la nuit noire.
Je tourne la tête. Mon propriétaire a les yeux grands ouverts, et est installé sur le côté, les yeux à présent plongé dans les miens.
– Bien dormi, salope ?
J’ai bien envie de lui dire que j’ai un nom, mais je n’ai pas vraiment l’intention de le provoquer.
– Je n’ai pas vraiment pu t’expliquer ton rôle hier, mais tu m’avais trop excité. Alors puisque tu es sans doute une nouvelle joueuse, voilà un rapide résumé : tu es mon esclave, ce qui veut dire que je peux faire ce que je veux de toi. Tu vas donc être ma videuse de couilles personnelle, et ce quand et où je le voudrai.
Il sourit avant de se mettre à plat dos, les mains sur la nuque, et d’ajouter :
– Et là, par exemple, je le veux. Suce-moi.
Toujours à moitié endormie, et en ressentant encore les effets du pilonnage de la veille, je me relève pour me déplacer entre ses jambes, face à sa verge déjà raide. La vue du large cercle orange sur son ventre me rappelle qu’il a pourtant dû vivre des expériences plus intenses qu’une simple fellation dans ce jeu. Pourtant, il semble être aux anges lorsque je fais glisser son gland entre mes lèvres.
M’aidant de mes doigts pour branler doucement le bas de son membre, il ne lui faut pas plus d’une minute pour qu’il déclare :
– Bon, retourne-toi, je vais finir dans ton cul.
Comme un signal d’alarme de mon corps pour exprimer son refus, la douleur encore présente vient tout juste de se décupler, m’empêchant de ne serait-ce qu’envisager de recommencer l’expérience. Sans rien dire, je retire ma main pour plonger son sexe dans ma bouche aussi profondément que possible. Je me retire presque aussitôt pour tousser, secouée par un haut-le-cur.
– Oh putain… Trop bon… Recommence !
Un peu soulagée de l’avoir fait changer d’avis, j’aligne bien ma gorge avec sa verge pour la faire rentrer doucement dans ma gorge. Cette deuxième tentative est bien plus réussie. Je remue pour la faire glisser doucement le long de ma bouche, respirant par le nez à chaque remontée.
– Putain… Je vais te remplir la bouche salope…
À ces mots, et un peu rassurée qu’il ait prévenu, je ne laisse que son gland dans ma bouche et reprend le manche en main, le finissant en le masturbant rapidement. Quelques secondes plus tard, il jouit dans un râle grave, envoyant quelques jets de sperme chaud sur ma langue. J’avale rapidement, un peu surprise par le goût, bien moins amer que dans mes souvenirs.
Il relève la tête pour me regarder, une expression de béatitude sur le visage.
– Ohhh… Salope…
Je souris, fière de moi. Et heureuse d’avoir pu avaler sans culpabiliser, ce qui était pour moi impossible dans le monde réel : je craignais trop sur les risques de MST. Ici, aucun danger.
– Bonne petite salope… Tiens, voilà ta récompense : j’ai débloqué cinq hauts faits. Tu veux savoir comment ?
Sans vraiment le penser, mais en voulant encore moins le contrarier, je hoche la tête.
– L’un d’entre eux… C’était en me tapant la princesse d’Imilchi. Voilà. Tu m’y fais beaucoup penser en fait… Soit gentille et je te dirai les autres… Bon… Tu m’as redonné sommeil… On se rendort jusqu’au matin…
Constatant à quel point jouir lui donne sommeil, je me rappelle cette vieille légende urbaine que j’avais entendu comme quoi les hommes avaient soudainement envie de dormir lorsqu’ils jouissent… Et si c’était vrai ?
Sa verge ramollie entre mes mains, je me remets à en lécher le bout de parts et d’autres.
– T’en a jamais assez… Salope…
Je lui offre un sourire comme confirmation, et sens son sexe durcir entre mes doigts.
Il reste à présent silencieux, se contentant de me regarder faire. J’alterne sur sa verge de nouveau bien raide les léchouilles, les succions, les massages, et parfois une visite en profondeur de ma gorge. Il se contente d’observer en grognant de temps à autres.
Puis il se redresse un peu, s’appuyant sur ses bras, pour pouvoir observer la scène en hauteur. Il se remet à parler, ponctuant chaque phrase du "salope" habituel, m’encourageant, me complimentant.
J’ignore sil le fait exprès, mais ça dure. Je passe bien ainsi un long quart d’heure, alimentée par ses compliments.
– Bonne petite salope… J’ai bien fait de t’acheter… Tu suces divinement bien… Ouhhh… Salope… Quelle pute… On sent que tu adores ma bite… Ouhhh… Putain… Je vais jouir…
Exactement de la même façon, je positionne son gland face à ma langue et le branle énergiquement de ma main droite. Sa prédiction s’accomplit : il crache quelques gouttes de sperme dans ma bouche dans un autre râle, avant de s’effondrer sur le dos, totalement inerte.
Je me demande sil s’est vraiment endormi sur le coup. Comme réponse, un puissant ronflement résonne dans la pièce.
Un peu tremblante, je sais que c’est ma seule chance d’évasion. Avec mes chaînes me serrant toujours les chevilles, je pose mes pieds hors du lit, sur le plancher. Les bruits métalliques que je fais en bougeant les jambes sont plus bas que les grognements qu’il pousse dans son sommeil, j’ai donc toutes mes chances. Du moins c’est ce dont j’essaie de me convaincre.
Une fois debout, je rebaisse ma jupe pour retrouver un semblant de pudeur, mais surtout pour découvrir avec stupéfaction un fin cercle de peinture dorée autour de mon nombril. Les paroles de Lilith me reviennent en tête pour me rassurer : ce cercle représentait le nombre de hauts faits débloqués, et je venais d’accomplir le premier, celui par lequel tout le monde commençait : donner un orgasme à un autre joueur !
Je suis un peu déçue. Le cercle est plutôt joli, mais il fait un peu tâche sur mon joli ventre lisse. Mais bon, je m’y ferai. Enfin j’espère.
Alors que je mets la main sur la poignée de la porte, mon regard s’attarde sur le pagne qu’il avait laissé tomber à côté du lit. De celui-ci dépasse une grosse bourse en cuir. J’hésite un peu. Mais après tout, vu ce qu’il m’avait fait subir, c’est bien la moindre des choses.
Délicatement, je décroche la bourse de la ceinture posée par terre, peinant presque à la soulever tant celle-ci est lourde. Ce qu’il y a à l’intérieur cliquette, mais ce n’est rien comparé au bruit de tracteur produit par les ronflements de mon futur-ex-propriétaire.
Je compterai plus tard. Pour l’heure, je passe la porte, la fermant avec précaution derrière moi, et me retrouve seule dans cette ruelle déserte, tandis que les premiers rayons de l’aube se montrent.