Putain mais quelle conne, fais chier, pourquoi d’un coup, au plus mauvais moment, je me mets à gerber ?!? Cette soirée a vraiment été top et je comptais bien la finir comme il se doit mais voilà que tout est tombé à l’eau ! Je vomis une fois tous les jamais et il a fallu que ça arrive ce soir…
Je vais prendre une douche pour me détendre et vais ensuite me coucher directement ; une fois enfouie sous mes draps, je me sens mieux même si je suis encore un peu barbouillée. Je repense à cette soirée que je viens de passer et j’ai l’impression que, depuis ce fameux voyage au Québec, Florian se comporte différemment avec moi. À plusieurs reprises, j’ai eu le sentiment qu’il attendait autre chose mais peut-être que je me fais des films après tout, surtout maintenant que je lui ai fait le coup de dire à mon frère qu’on était ensemble. Mon Dieu, ce jour-là, j’aurais voulu mourir tant je me suis sentie mal de sortir un truc comme ça, moi qui ne suis pas du genre à étaler ma vie privée, de faire ça, et surtout de mettre Florian au pied du mur, l’obligeant à me suivre, c’était horrible ! Heureusement pour moi, ou plutôt pour nous, il ne m’a pas laissé en galère, mais je l’ai quand même senti un peu déstabilisé. Je sors mon bras du cocon dans lequel je suis blottie pour attraper mon téléphone et regarder la photo de nous deux qu’il m’a envoyée lorsque l’on était à la chute de Montmorency.
On n’avait jamais fait de photo comme ça tous les deux et de nous voir ensemble, j’avoue que ça me plaît ; Florian est un mec super, on a partagé beaucoup de choses lui et moi et c’est vrai qu’à plusieurs reprises, je me suis surprise à l’envisager comme autre chose qu’un plan cul.
Mais ça, c’était avant qu’il ne se mette en couple avec Marion car on est si différent elle et moi, que ce soit physiquement ou même au niveau de la personnalité, que j’ai du mal à me dire qu’il puisse craquer pour deux femmes aux styles aussi opposés. Je comprends qu’on puisse s’amouracher d’un petit bout de femme comme Marion, et ce, même si ce n’est pas trop mon genre de nana physiquement parlant car, je la trouve bien trop menue à mon goût, mais je comprends ; il faut bien reconnaître qu’elle est mignonne, gentille, elle a l’air très doux et aussi très coquinsi j’en juge par le fait qu’elle se soit souvent amusée avec Denise, donc je trouve normal que Florian se soit attaché à elle.
Mais moi, à côté d’elle, qu’est-ce que j’ai à lui offrir si ce n’est les parties de jambes en l’air que l’on partage ? Ah de ce côté-là, c’est clair qu’on s’entend bien, il y a une vraie alchimie qui se crée entre nous quand on baise et je pourrais compter sur les doigts d’une demie main les hommes avec qui j’ai pu ressentir ce genre de choses au lit. J’ai eu beaucoup d’aventures avec énormément de partenaires différents que je ne considérais que comme des moyens de m’envoyer en l’air quand j’en avais envie, sans rien attendre de plus, mais avec Florian, étant donné qu’il bosse pour moi et qu’on est donc très souvent ensemble, j’ai appris à le connaître bien au-delà de l’aspect sexuel et au fil du temps, la vision que j’avais de lui a évolué. Le truc, c’est que je n’ai jamais été à l’aise avec ce genre de choses, ça fait une éternité que je n’ai pas eu de mec fixe et je m’y suis habituée, et ça fait bien plus longtemps que je n’ai plus éprouvé de sentiments plus sérieux.
Ai-je vraiment envie de me lancer là-dedans avec lui ? Je me sens parfois tiraillée car d’un côté, ça me tente, et de l’autre, ça me fait peur. On a vécu des bons moments mais aussi des périodes bien plus compliquées où j’ai été odieuse avec lui ; je suis impulsive comme nana, je le sais et je l’assume car c’est comme ça que j’ai toujours été, et j’ai du mal à me dire qu’il pourrait avoir envie d’une relation sérieuse avec une chieuse pareille. Et pourtant, il est encore là… Ça me fait peur aussi car si je me décide à répondre positivement à ce que j’imagine être des appels du pied de sa part et que je me goure, j’avoue que j’aurais du mal à le supporter. Pas forcément par fierté même si c’est vrai que ça ne fait jamais plaisir de se prendre un vent, mais parce que sinon, il y a un risque certain que notre relation change du tout au tout et qu’on n’ait plus la même proximité qu’avant, et je n’ai pas envie de perdre ça. Et puis, si un mec qui a les qualités et la personnalité de Florian ne veut pas de moi, je risque fortement de me convaincre à tout jamais que je suis strictement incompatible avec tout autre type de relation que celles uniquement basées sur le cul ; et même si je suis du genre solitaire et que je vis très bien le fait d’être célibataire, ben c’est perturbant parce que ça veut dire que les mecs ne me verront jamais que comme un vide-couille, et ça fait quand même mal de se retrouver réduite uniquement à ça.
Peut-être devrais-je essayer de m’ouvrir un peu plus quand on est tous les deux ensemble en lui envoyant des signes pour lui faire comprendre qu’il n’y a pas que lorsqu’on couche ensemble que je me sens bien avec lui, histoire de voir un peu comment il les accueille. Allez, je vais arrêter de me prendre la tête avec ça pour le moment et je vais déjà faire en sorte de passer une bonne nuit ; on se voit tous les jours donc des occasions, je vais en avoir, peut-être même dès demain, car je le connais bien et si mon envie de sexe a été pas mal douchée par ma sortie de route gastrique, la sienne doit être intacte, donc il ne manquera pas de revenir à la charge pour assouvir ses désirs.
Le lendemain matin, je me sens mieux même si je ressens encore quelques tensions sûrement dues à mes vomissements de la veille ; malgré tout, je crève de faim et j’engloutis deux grands bols de céréales pour arriver à me rassasier, puis je vais ensuite m’habiller. Je décide de porter une tenue dont je sais que Florian est friand : un joli tailleur assez cintré qui met bien mes courbes en valeur, dessous, un bel ensemble soutif’/string et pour finir, j’enfile une paire de bas. Après avoir chaussé mes talons hauts, je me regarde dans la glace ; parfait, c’est sexy sans être vulgaire, je compte sur cette tenue pour raviver son excitation d’hier et le préparer pour la séance de rattrapage que je compte organiser chez moi dès ce soir.
Mais si, à première vue, ça avait l’air d’aller mieux, sur la route, je me sens de nouveau un peu nauséeuse, mais pas au point de vomir, simplement une sensation bizarre. Une fois arrivée dans mon bureau, Florian vient me saluer.
— Salut Jenny, alors, ça va mieux ?
— Plus ou moins oui.
— T’as encore été malade après que tu es rentrée chez toi ?
— Non, j’ai pris une douche et ça a été après, je me suis rapidement endormie.
— T’as l’air un peu fatiguée en tout cas, ça serait peut-être mieux que tu ailles voir un toubib, non ?
— Mais non, pas besoin, c’est juste ce foutu sandwich qui m’a retourné l’estomac.
— Encore avec ça !
— Ben oui parce que ça vient de là ! Je te préviens, la prochaine fois, c’est moi qui choisis où on bouffe.
— Voilà, comme ça au moins, si tu tombes encore malade, on verra quelle raison tu trouveras pour me mettre ça sur le dos !
— Exactement ! Qu’est-ce que tu veux, t’es le coupable idéal en toutes circonstances ! Dis-je avant de rigoler.
Il rigole à son tour puis part dans son bureau. Je me mets au boulot et au fur et à mesure que la matinée se passe, cette sensation désagréable que je me traîne depuis que je me suis levée ne me lâche pas ; ça monte, ça descend, ça monte, ça descend et j’ai beaucoup de mal à me concentrer sur ce que je fais. Le midi, je décide de ne pas sortir pour aller manger et me contente de me faire livrer une salade dans laquelle je ne fais que picorer des tomates cerises ainsi que quelques croûtons ; rapidement, plus rien ne passe et cette salade finit bien vite dans la corbeille tant sa vue me dégoûte.
J’incline mon siège autant que je peux et ferme les yeux en respirant profondément pour essayer de faire passer cet état ; j’arrive à me calmer au point de commencer à m’assoupir, mais pas pour longtemps…
— Jenny, j’ai besoin de toi pour un truc dont on a parlé l’autre jour ! Lance Shama en rentrant dans mon bureau d’un pas décidé, me faisant sortir brusquement de ma torpeur.
— Putain de merde Shama, tu peux pas frapper avant d’entrer ! m’écriai-je en sursautant.
— Oups, désolé mais je croyais que tu travaillais.
— Ben évidemment que je travaillais !
— T’avais plutôt l’air en train de dormir.
— Oui ben ça va, je me reposais un peu !
— T’as une sale tête, t’es sûre que ça va ?
— Oui ça va, qu’est-ce que tu veux ?
— Euh, oui, donc c’est par rapport au dossier dont on a parlé l’autre fois, tu sais, celui du client de Lyon.
— Ouais, et alors ?
— Et bien j’ai quasiment fini et je voulais voir avec toi si ça te convient, histoire que je puisse finaliser le tout.
— Euh, OK, ben assieds-toi alors.
— Tu veux pas venir avec moi plutôt ? Y a tout le dossier étalé sur mon bureau, tout bien classé, et j’ai pas envie de tout déranger vu qu’en plus, y a plein de documents.
— Bordel, t’es vraiment chiante ! Bon, vas-y, je range ce que j’étais en train de faire et je te rejoins.
— Ça roule. En attendant, je vais me prendre un café, t’en veux un ?
— Non merci, ça ira.
Je range rapidement le fatras de feuilles sur mon bureau puis je prends la direction de celui de Shama. Sur le chemin, j’ai beaucoup de mal à rester sereine, je ne me sens vraiment pas très bien, et une fois dans le bureau, je m’assois rapidement sur la chaise en me mettant à respirer profondément ; j’arrive à faire passer ces sensations nauséeuses quand Shama finit par arriver.
— Désolé Jenny, JP avait besoin d’un renseignement ; me dit-elle en allant s’asseoir en face de moi.
Elle pose son gobelet fumant sur le bureau puis on commence à travailler. Le fait de focaliser mon attention sur ce qu’on est en train de faire me permet d’atténuer mon malaise en pensant à autre chose, mais très vite, la légère odeur du café de Shama parvient à mes narines ; de nouveau, je ne me sens pas très bien et commence à me tortiller sur ma chaise en toussant un peu.
— Ça va Jenny ? Me demande Shama en me voyant faire.
— Oui oui, ça va, roule.
Elle continue son exposé tout en prenant en même temps son gobelet qu’elle porte à sa bouche et avant de boire, elle souffle pour refroidir le liquide, m’envoyant en plein dans le nez une forte effluve de café. Instantanément, j’ai l’impression que tout le contenu de mon estomac remonte à grande vitesse et je bondis alors de ma chaise sous le regard incrédule de Shama.
Arrivée aux toilettes, j’ai à peine le temps de me précipiter au-dessus de la cuvette que je me mets à vomir ; tout mon corps est tendu et j’ai les mains agrippées à la cuvette, j’attends que la tempête se calme quand je sens qu’on m’attrape les cheveux pour les ramener vers l’arrière.
— Je me disais bien que t’avais une sale tête ; me dit Shama en me tenant les cheveux.
Une fois que plus rien ne sort, je m’assoies contre la cloison et Shama me tend un morceau de papier toilette que j’attrape pour m’essuyer la bouche.
— Qu’est-ce qui t’arrive à vomir comme ça ?
— J’en sais rien. Déjà hier, j’ai gerbé chez Florian, c’est sûr que c’est le sandwich qu’il m’a fait bouffer, il devait être avarié.
— Si t’as vomi hier soir, il est évacué le sandwich. T’as mangé aujourd’hui ?
— Ce matin oui, et j’ai juste un peu grignoté ce midi.
— Et ça t’a pris d’un coup comme ça ?
— Oui. Je sentais que ça tournait et je crois que l’odeur de ton café m’a dégoûté aussi.
Shama ne relève pas ma dernière phrase et de mon côté, je respire profondément tout en tirant la chasse d’eau pour essayer de faire un peu passer la sale odeur qui plane autour de moi.
— T’as tes règles ? Me demande soudain Shama.
— Quoi ? Mes règles ? Ben oui j’ai mes règles.
— T’es sûre ?
Maintenant qu’elle m’en parle, j’ai un doute ; avec le planning de fou que j’ai eu ces derniers temps, c’est vrai que je ne me suis pas vraiment occupée de ça, et en même temps, je n’ai pas été dérangée. Histoire de ne pas rentrer dans un débat avec Shama, je ne lui fais pas part de mes doutes.
— Je t’ai dit que oui ! Lui dis-je en essayant de mettre le plus de confiance possible dans ma réponse.
— Et tu prends toujours la pilule ?
Je vois très bien où elle veut en venir.
— Oui ! Écoute, arrête de me prendre la tête, j’ai l’impression d’être chez mon gynéco là ! J’ai juste une gastro, rien de plus, pas la peine de chercher plus loin.
— Une gastro… dit Shama dans un souffle.
— Oui, une gastro. Bon, retourne dans ton bureau, je te rejoins dès que je me serais un peu rafraîchie ; lui lançai-je en me relevant.
— Ça va aller ? Me demande-t-elle en me voyant un peu chanceler.
— Oui, ça va aller, vas-y !
— OK.
Je me dirige vers les lavabos ; avant de sortir des cabinets, Shama s’arrête à la porte.
— Tu sais Jenny, fais gaffe parce qu’il y a des gastro qui durent longtemps et qui font grossir.
Elle sort alors que je me fixe dans le miroir, j’essaie de rassembler les pièces du puzzle dans ma tête mais je n’arrive pas à me concentrer ; je finis par me passer de l’eau sur le visage avant de rejoindre Shama.
J’ai beaucoup de mal à avoir la tête à ce qu’elle me raconte, d’autant qu’en plus de ça, je sens le poids des regards suspicieux qu’elle me lance de temps à autre même si elle ne me dit rien car elle sait sans doute que je l’enverrais chier si elle me relançait sur le sujet.
Une fois de retour dans mon bureau, j’affiche le calendrier sur mon ordinateur.
Alors, reprenons depuis le début : je me souviens avoir eu mes dernières règles un peu avant de partir au Québec, ça c’est certain vu que je me suis dit que comme ça, au moins, je serais tranquille pour le voyage. Je fais glisser mon doigt sur l’écran en comptant les jours à voix basse et je me mets alors à buguer ; le doigt figé sur l’écran, je me rends compte que je suis en retard de près d’une semaine. Comment est-ce que j’ai pu passer à côté de ça ? Je suis réglée comme une horloge, ça aurait dû m’alerter, mais sans doute trop occupée à cavaler de partout pour le boulot, je nai pas percuté. Je m’enfonce dans mon siège en réfléchissant, c’est impossible que je sois enceinte, je n’ai pas une seule fois oublié ma pilule, ce qui m’est confirmée quand je prends la plaquette dans mon sac.
Une vague de doutes m’envahit alors, et si Shama avait raison ? Non, c’est définitivement impossible, je ne peux pas le croire. Je reste immobile à fixer l’écran de mon ordinateur quand Florian entre dans mon bureau.
— Salut Jenny ! Me lance-t-il d’un air guilleret.
Je ferme brusquement mon pc portable tout en me redressant sur ma chaise.
— Oh, euh, salut !
— Qu’est-ce que t’étais en train de faire ? Me demande-t-il. Tu matais du porno, avoue !
— Tu confonds avec toi là !
— Ben tu me croiras ou pas mais j’ai jamais maté de films de boules au bureau !
— Tu m’en vois ravie.
— À propos de ça, ça te dit qu’on se voit ce soir, histoire de finir la soirée d’hier comme elle aurait dû se finir ? Dit-il en s’asseyant en face de moi tout en me regardant d’un air coquin.
— Euuuuh, ce soir, euh, je pense pas que ça va le faire.
— Pourquoi ?
— Ben je me sens pas très bien en fait, j’ai encore vomi tout à l’heure. Je pense que je dois avoir une gastro donc je vais aller chez le toubib après le boulot.
— Ah merde, t’as encore vomi ?
— Oui.
— Mince alors. Tu veux que je vienne avec toi si tu te sens pas bien ?
— Non non Flo, c’est gentil mais ça va aller.
— Comme tu veux.
— Vraiment désolé hein, mais là, je me sens vraiment pas d’attaque pour baiser.
— Ben je me doute. C’est pas grave hein, fais en sorte de te soigner, c’est le plus important.
— Oui. Je te tiendrais au courant de toute façon, t’inquiète pas.
— Ça roule. Bon ben j’y vais moi du coup, t’es sûre que t’as besoin de rien ?
— Non, ça va, merci Flo, à demain.
— À demain Jenny, bye.
— Bye.
Sur la route de chez moi, je n’arrête pas de réfléchir, toute cette histoire ne cesse de tourner dans ma tête. Il faut à tout prix que j’en ai le cur net et dès que je vois une croix verte clignotante, je décide de m’arrêter ; je rentre dans l’officine et me dirige vers les tests de grossesse. J’en prends un puis me dirige vers la caisse ; j’évite de regarder la vendeuse, comme si ce que je faisais était honteux, et je rentre chez moi en quatrième vitesse.
Avant de passer aux choses sérieuses, je prends une bonne douche chaude pour me détendre. Dès que je sors de la douche, mon regard est attiré par le test posé sur le lavabo ; la pression monte, j’ai l’impression d’être sur le point de me jeter d’un avion pour un saut en parachute, ce qui, pour une personne sujette au vertige comme moi, donne une bonne idée du niveau de stress. Je me sèche rapidement et me dirige, nue, vers les toilettes ; je m’assois sur la cuvette, j’ouvre la boîte et lis avec attention, le mode d’emploi. Au niveau du résultat, au moins, ce nest pas compliqué : un + si je suis enceinte et un si ce n’est pas le cas. Je prépare le test, puis je place la petite tige sous le jet d’urine et une fois l’imprégnation de cette dernière terminée, je referme le petit capuchon et pose le test sur un petit tas de magazines posé au sol.
Voilà, il faut maintenant que j’attende deux minutes, deux minutes interminables. Je n’ose pas garder les yeux sur le test et je préfère fixer le mur en face de moi ; mon cur frappe dans ma poitrine, assez fort pour que je puisse l’entendre. Au bout d’un moment, je prends le test sans regarder et une fois que je l’ai attrapé, de nouveau, je souffle un grand coup puis je le place devant mes yeux.
Mon cur, qui frappait si fort dans ma poitrine juste quelques secondes auparavant, semble s’être arrêté et je me mets en apnée alors que mes yeux sont figés sur le test ; un +, bien clair et net, est affiché dans la petite fenêtre. Après quelques secondes sans bouger, je me mets soudain à respirer en étant essoufflée comme si je venais de faire un sprint, mon cur tambourine de plus belle et mes mains se mettent à trembler ; je tente de me lever mais c’est comme si mes jambes n’avaient plus la force de me porter et je m’assois lourdement au sol.
— Ce nest pas possible, ce nest pas possible, ce nest pas possible, ce nest pas possible… ne puis-je m’empêcher de répéter en boucle en fixant le test de mes yeux commençant à se remplir de larmes.
Je finis par me précipiter au-dessus de la cuvette des toilettes pour me mettre, encore, à vomir ; je n’ai pourtant pas grand-chose à rendre mais je ne peux m’en empêcher, j’ai l’impression que mon ventre va s’ouvrir en deux tant les spasmes qui me déchirent les entrailles sont violents. Je finis par me calmer puis je m’assois au sol, dos au mur, des larmes dégoulinant sur mes joues et en train d’essayer de maîtriser ma respiration. Dites moi que c’est un cauchemar et que je vais me réveiller dans un sursaut ; j’irais ensuite boire un verre pour me rafraîchir avant de repartir me coucher pour dormir tranquillement en me disant que je suis bien conne de m’imaginer ce genre de choses.
Après être restée de longues minutes figée en ayant donc la confirmation que ce n’est malheureusement pas un cauchemar, mon regard est attiré par la boîte du test où est inscrite la mention « Fiable à plus de 99 % » ; il n’y a pas marqué 100 %, donc il existe bel et bien une possibilité pour que ce soit un faux positif. Je tente de me persuader de ça en occultant volontairement la probabilité plus que minime que ce soit le cas et, mes jambes étant de nouveau opérationnelles, je finis par me lever ; je m’habille rapidement et je pars acheter d’autres tests dans plusieurs pharmacies différentes, histoire de ne pas passer pour une folle auprès des vendeuses.
Je rentre chez moi avec cinq nouveaux tests que je fais les uns après les autres après avoir pissé dans un petit bol histoire de faciliter la chose. Cette fois, je garde les yeux sur les tests, ils sont alignés sur la table et, les uns après les autres, ils finissent par afficher leurs résultats, tous positifs. Comme un zombie, je me dirige vers ma chambre et je m’allonge comme une masse sur mon lit avant de m’enrouler dans la couette, toute habillée.
Je n’arrive pas à y croire, je suis enceinte, et c’est bel et bien Florian qui a participé à l’arrivée de cet invité surprise.