Histoires de sexe hétéro Histoires de sexe noir

III – À corps perdu – Chapitre 8

III - À corps perdu - Chapitre 8



Typhaine et Florian attendent Sarah.

Une jeune femme, plutôt grande et svelte, s’avance dans le hall de l’hôtel ; peut-être un peu plus vieille que Peter, elle a de longs cheveux châtains attachés en une queue de cheval. Son visage est fermé et son regard animé par une vive inquiétude ; elle a les deux mains agrippées à la lanière de son sac à main, comme si elle avait peur qu’on lui vole. Une femme bien plus âgée, elle aussi sur ses gardes, l’accompagne et scanne les alentours.

 Ça doit être elle, dit Typhaine.

La rouquine s’approche des deux femmes en arborant un beau sourire, suivi de près par Florian.

 Bonjour, vous êtes Sarah ? demande-t-elle d’une voix douce.

La plus jeune femme détaille Typhaine du regard.

 Typhaine ? chuchote-t-elle.

Cette dernière accentue encore son sourire.

 C’est moi ! Enchanté, Sarah, merci beaucoup d’avoir accepté de nous aider, dit-elle en lui tendant la main.

Après que tout le monde ait fait connaissance, ils vont s’installer dans un endroit discret pour discuter tranquillement.

 Votre frère nous a dit que vous aviez travaillé avec l’homme qui nous intéresse, commence Florian.

 Au départ, je ne suis entrée qu’à mi-temps dans sa société, mais rapidement, il m’a remarqué et m’a proposé de travailler à ses côtés.

 Il vous a dragué, je présume, demande Typhaine.

 En effet. J’avais entendu beaucoup de choses se dire sur lui, qu’il était méchant et qu’il fallait se méfier. Mais au final, il était vraiment adorable avec moi, très galant et très charmant, aux antipodes de ce que j’avais entendu. Je me suis alors dit que ces rumeurs devaient venir de personnes jalouses, donc je les ai oubliés.

 Et vous avez eu une aventure avec lui, devine Florian.

Sarah baisse la tête.

 Oui, admet-elle d’une petite voix.

 Il me semble avoir aperçu une alliance, il est marié ? l’interroge-t-il.

 Oui, c’est d’ailleurs pour cette raison que j’ai longtemps repoussé ses avances, mais il me disait que je ne devais pas m’inquiéter pour ça, qu’il comptait bientôt quitter sa femme. Il m’a aussi fait miroiter de belles opportunités professionnelles et une grande carrière si je restais avec lui, sans compter toutes les petites attentions adorables qu’il avait envers moi. J’ai finalement craqué et je suis tombée dans ses bras.

Sarah soupire, tout ça fait remonter beaucoup de choses difficiles. Typhaine pose délicatement sa main sur celle de la jeune femme.

 Ne vous inquiétez pas, Sarah, personne n’est là pour vous juger. Vous êtes jeune et il vous a manipulé, ce n’est pas votre faute, lui dit-elle pour la rassurer.

Sarah esquisse un sourire en regardant Typhaine.

 Et j’imagine que c’est juste après que ça a dérapé, ajoute-t-elle.

 C’est ça. Il est devenu bien moins attentionné et beaucoup plus dur envers moi, mais il était malin et savait trouver les bons mots pour me calmer. J’étais amoureuse et comme une idiote, je ne voyais pas son petit jeu, quand bien même beaucoup de mes amis me disaient qu’il me prenait pour une conne.

 Comment est-ce que vous avez ouvert les yeux ?

 Quand je me suis rendu compte qu’il voyait beaucoup d’autres femmes que moi. J’ai alors compris que je n’étais qu’une parmi d’autres.

Une idée traverse alors la tête de Florian.

 On pourrait le suivre et le prendre en photo quand il voit ses maîtresses ? On le menacerait ensuite de les envoyer à sa femme ! propose-t-il.

 Non, ça ne servirait à rien, objecte Sarah, sa femme est parfaitement au courant et elle s’en moque. Elle n’est avec lui que pour sa fortune et tant qu’elle aura accès à son argent, elle fermera les yeux.

Florian pousse un soupir de déception.

 Il n’y a rien qui pourrait le toucher ?

 Les seules choses qui comptent pour lui, c’est son argent, sa carrière et sa popularité, c’est tout.

 Et n’y a-t-il pas quelque chose à faire pour mettre en péril l’une ou l’autre de ces choses ?

 Je vous le déconseille vivement, si vous essayez, il sera sans pitié !

 Comment vous le savez ?

 Une personne a déjà tenté de s’attaquer à lui.

 Et comment elle s’y est prise ?

Elle baisse la tête, comme si elle ne voulait pas en dire plus.

 Sarah, si vous savez, il faut nous le dire ! insiste Florian.

Elle reste silencieuse une poignée de secondes.

 Oui, il y a peut-être quelque chose.

 Laquelle ? demande-t-il.

 Kenneth Stover a deux visages. Il y a celui qu’il montre à tout le monde en s’affichant au bras de belles femmes, juste pour son image.

 Et le second ?

 Pour le second il a il a des délires sexuels qui sont assez spéciaux.

 C’est-à-dire ?

 Ça va peut-être vous paraître bizarre, mais il aime être dominé et soumis. Dans le travail et dans la vie de tous les jours, il ne supporte pas qu’on lui résiste, mais en privé, il adore, ça l’excite beaucoup.

 Ça ne m’étonne pas vraiment, dit Typhaine, parfois, les hommes de pouvoir aiment être soumis dans l’intimité, c’est une grande source d’excitation pour eux. Et il l’est jusqu’à quel point ?

 Du peu que j’en sais, humiliations, sévices corporels, et j’en oublie sûrement.

 Qu’est-ce qu’il vous demandait lorsque vous couchiez ensemble ?

 À moi, rien du tout. Il ne fait pas ça avec n’importe qui.

 Comment êtes-vous au courant, alors ?

 Un jour, une femme que je ne connaissais pas est venue me voir. Elle savait que j’étais proche de lui et m’a tout raconté.

 Pourquoi ?

 Pour se venger, elle était en conflit avec lui pour je ne sais quelle raison. Du coup, elle s’était mise en tête de révéler tous les petits secrets de Stover.

 Où on pourrait la trouver, cette femme ?

 Nulle part, elle elle n’est plus de ce monde, dit Sarah d’une voix mal assurée.

Typhaine et Florian se regardent.

 Il l’a assassiné ? murmure la rouquine.

 Non, elle s’est suicidée, mais pour moi, c’est tout comme. Dès qu’il a appris qu’elle parlait trop, il a commencé à lui mettre la pression, mais jamais directement, toujours par l’intermédiaire d’autres personnes. Il a fait en sorte qu’elle perde son travail, qu’elle se fasse virer de l’appartement qu’elle louait, et quand il ne pouvait plus rien d’autre contre elle, il s’en est pris à ses proches. Son fils, toute sa famille, il ne leur laissait aucun répit, il leur a littéralement pourri la vie. Elle a craqué et s’est jetée sous les roues d’un camion. Du coup, il a pu argumenter qu’elle était folle à lier et que tout ce qu’elle avait pu raconter n’était que des conneries. Il n’a pas hésité à prendre une vie et détruire une famille entière pour se couvrir.

Typhaine et Florian restent silencieux et digèrent comme ils peuvent ce qu’ils viennent d’apprendre. Cet homme représente un danger bien plus important qu’ils n’auraient pu l’imaginer.

Sarah continue son histoire.

 Quand j’ai su ce qui était arrivé à cette femme, j’ai eu peur, pour moi et pour ma famille. J’ai voulu partir, mais il ne l’entendait pas de cette oreille et j’ai donc sabordé mon travail. Au bout d’un moment, il m’a foutu dehors, non sans avoir bien pris soin d’appeler toutes les autres sociétés où j’aurais pu aller bosser pour leur déconseiller de m’embaucher. Ça a parfaitement fonctionné car malgré mon expérience, aucune boite, dans toute la Californie, n’a accepté ma candidature. À partir de là, soit je partais très loin de chez moi, soit je changeais complètement de voie professionnelle, et c’est ce que j’ai choisi.

Florian se racle la gorge.

 Et sinon vous vous sauriez où trouver d’autres femmes qui pourraient nous en dire plus sur ses délires ? demande-t-il.

 Non, désolé. Depuis cette histoire, il choisit ses partenaires encore plus discrètement.

 Sur quels critères ?

 Je ne sais pas du tout.

 Comment était la pauvre femme qui est venue vous parler ?

 Physiquement, elle était un plus forte que moi. Pour le reste, du peu que je l’ai vu, elle avait un sacré franc-parler et m’a donné l’impression d’être une femme de caractère. Malgré tout, ça ne l’a pas empêché de péter un plomb, c’est vous dire à quel point il l’a poussé à bout, dit Sarah, dépitée.

 Où se passent ses parties fines ?

 Aucune idée. Il a des propriétés un peu partout, sans compter celles qu’il se fait prêter.

Sarah remarque que Typhaine et Florian sont en pleine réflexion.

 Vous ne comptez quand même pas vous attaquer à lui après ce que je viens de vous dire, quand même ?

 Faudrait déjà qu’on arrive à trouver un moyen de le piéger, répond Florian, pensif.

 Mais c’est de la folie, il a poussé une femme au suicide !

 Et ma femme dans le coma ! Je ne peux pas rester les bras croisés en le regardant démonter pièce par pièce tout ce qu’elle a construit.

 Je comprends, mais c’est très dangereux pour vous.

 Peu importe. En tout cas, merci beaucoup pour votre aide, Sarah, vous nous avez donné de précieuses informations.

 Je ne sais pas ce que vous allez faire, mais soyez très vigilants.

 On peut vous recontacter si jamais nous avions d’autres questions ? demande Typhaine.

 Oui, bien sûr.

 Merci encore, Sarah.

 Faites attention à vous, répond-elle en lui souriant.

Sarah et son amie quittent ensuite l’hôtel.

                                                                               ***********

En ce début de journée, Shama arrive au boulot à huit heures du matin, comme d’habitude.

Elle remarque que Fred est déjà là, en compagnie de son père, elle décide donc d’attendre avant d’aller le saluer. Jean-Pierre Dutellier est particulièrement désagréable en ce moment et elle n’a pas envie de le voir. Elle file donc directement dans son bureau après être passé à la machine à café. Le petit coup de pression d’hier, à ses collègues, semble avoir porté ses fruits. Pendant tout le temps passé à attendre sa boisson, personne n’a moufté ; on aurait pu entendre une mouche péter !

Alors qu’elle se met tranquillement au travail, de puissants éclats de voix résonnent soudain dans tous les locaux. Ces cris proviennent du bureau de Fred et elle reconnaît les vociférations du patriarche. Elle sort dans le couloir.

 Pourquoi il gueule comme ça ? demande Shama à une de ses collègues.

 J’en sais rien du tout.

La porte du bureau s’ouvre alors brusquement et Jean-Pierre Dutellier en sort, le visage rougeoyant de colère.

 C’EST PAS POSSIBLE, C’EST PAS POSSIBLE, C’EST PAS POSSIBLE ! ne cesse-t-il de hurler.

Il prend la direction de la sortie sous le regard éberlué de tous les employés.

Voilà qui ne laisse rien augurer de bon. Shama va voir Fred pour connaître le fin mot de l’histoire. La porte est entrouverte et elle tapote à peine avant de rentrer sans attendre de réponse. Elle trouve son patron, les coudes posés sur son bureau et sa tête entre les mains.

 Fred ? Qu’est-ce qu’il y a ?

 Tout est fini, voilà ce qu’il y a, chuchote-t-il.

 Pourquoi ? Il s’est passé quoi ?

Il relève la tête, son visage affiche un air dévasté.

 Fermer la porte, s’il vous plaît, lui demande-t-il.

Elle s’exécute avant de venir s’asseoir en face de lui.

 L’avocat vient de nous recontacter, il veut nous réitérer l’offre qu’on avait refusée.

 C’est donc bien lui qui a envoyé ce fameux mail.

 Sans doute oui, mais je ne lui ai pas demandé, et de toute manière, ça n’a aucune importance. Si ce n’est pas lui et que je le mets au courant, ça lui donnera un avantage, et si c’est lui, l’avantage, il l’a déjà. Dans les deux cas, on est baisé.

 Et donc, c’est quoi le programme ?

Fred reste silencieux, les yeux perdus dans le néant.

 Fred ?

Il tourne son regard vide vers Shama.

 On fait quoi ?

 Il viendra ici dans quelques jours. En attendant son arrivée, il veut qu’on lui envoie certaines choses.

 C’est-à-dire ?

 Les comptes et tous les dossiers clients.

 Vous n’allez quand même pas lui offrir toutes ces infos sur un plateau !

 J’ai pas trop le choix, Shama. C’est soit on lui vend la société, soit on perd tous nos clients à cause de cette putain de vidéo et on met la clé sous la porte en quelques semaines.

 Rien ne dit que ça se passera de cette manière. Expliquez à nos clients ce qu’ils se passent, on en perdra peut-être quelques-uns, mais la majorité comprendront et je suis certaine qu’ils ne nous lâcheront pas !

Fred ricane.

 Vous êtes bien trop naïve, le monde des affaires, ce n’est pas celui des Bisounours.

 Justement, il faut se battre ! Si vraiment on doit couler, au moins que ces fils de pute n’obtiennent rien du tout, ça sera au moins une petite victoire pour vous !

 J’y ai pensé, mais mon père ne veut pas, il veut qu’on vende.

 Ce n’est pas sa boite, Fred, c’est la vôtre, et celle de votre sur ! C’est à vous de prendre cette décision ! Connaissant Jenny comme je la connais, elle n’aurait jamais abdiqué !

La mine toujours déconfite, Fred ne relève pas.

 Je vais faire une copie des comptes. Vous pouvez vous occuper des dossiers clients, s’il vous plaît ? demande-t-il à Shama.

L’Indienne est dégoûtée par la passivité de son patron, mais elle sait qu’il ne sert à rien d’insister. Depuis le jour de l’accident, il n’a plus la main sur rien, c’est son père qui mène la barque. Il a décidé de vendre la société et son fils n’a pas son mot à dire.

 Très bien, je m’en occupe, répond-elle.

 Merci, Shama.

Elle sort du bureau et retourne dans le sien. Elle décroche ensuite son téléphone et appelle Florian afin de le prévenir de la catastrophe sur le point de se produire.

A propos de l'auteur

HistoiresDeSexe

Laissez un commentaire