Et voilà, je suis assis devant mon écran et je pense à toute cette aventure. Elle fut si bonne, si intense que je ne peux que la partager avec vous ! Commençons par le début…
Antoine, vétérinaire, bien en formes, mais pas trop, comme dirait certain « je suis pas gros, je suis enveloppé ». Cheveux courts, j’ai maintenant pour fierté une musculature assurée rendue possible par mon métier (oui, essayez de porter toute la journée des chiens de 50 kilos) et un tatouage couvrant mon épaule droite et mon torse, visible qu’en été sur la plage ou dans l’intimité. Doté d’un charme, que je sais certain maintenant, bien que je ne connus pour tout compliment dans la vie qu’un simple: « oh, tu sais que tu as une peau superbe ». Croyez-le ou non, mais venant de la superbe « copine » radieuse de classe du lycée, vous le prenez pour le plus beau compliment au monde ! À ce jour, j’ignore toujours si c’était sincère, une invitation à la charmer ou une technique d’évitement. Ou j’étais très bête, ou elle était mauvaise en drague. Enfin, là n’est pas le sujet.
Tout a commencé un vendredi soir, ma divine sur aînée de 3 ans, Aurélie, fêtait ses 31 ans. Une très belle femme, apparemment, elle avait décidé de piquer toute la beauté de la famille et n’avait pas perdu en sagacité ! Comme tout homme, en période de révolution hormonale, j’avais fantasmé son corps parce que c’était une femme, et qu’à ce moment-là, tout ce qui avait un semblant de seins était bon à s’ériger ! Bref, une femme épanouie, châtain clair, cheveux mi-longs, regard pétillant, la bouche fine et les joues pleines complétaient son doux visage. D’une silhouette athlétique, elle arborait des formes harmonieuses qui charmaient nombre de personnes. Ce soir-là, elle nous accueille en robe échancrée col montant rouge, lui donnant l’air d’une sage petite catholique sulfureuse, et a invité la moitié de la France.
Notamment Élise, mon ex de 27 ans ! Elles avaient eu la bonne idée de devenir amies. Et cela après m’avoir largué :
« Tu vois, tu es un mec génial ! Non, tu vois, ce n’est pas toi, c’est moi, je ne me sens pas de rentrer dans une relation trop sérieuse. Tu es le mec idéal, mais je ne suis pas prête ! »
Je ne lui avais pas connu d’autres amants depuis, mais j’avais la nette impression que ma "génialitude" n’était pas la cause réelle. En bref, après deux ans de vie commune et trois mois de séparation, j’ai toujours envie d’être auprès de cette charmante lionne à la crinière rousse tombant en cascade sur ses épaules, sa poitrine voluptueuse, sa taille fine. J’avais passé des heures la tête sur ce cur à la peau sucrée, mes mains naviguant sur sa peau fine légèrement cuivrée. De longues minutes à savourer ses soupirs et ses rires, enivré par l’odeur suave de son cou et de ses cheveux. Huuuummm, je vous parlerais bien du fruit de sa passion… Mais je m’égare là ! Bref, Élise, en jupe midi et top tissé en dentelle blanc, un ange incendiaire.
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Arriva Max, et… je ne le connaissais pas encore, malheureusement. Une description s’impose : c’est le genre de personne « sympathique », mais seulement quelques minutes, donc envahissante et gênante… je ne sais pas si un jour, vous avez eu ou aurez l’occasion d’en rencontrer un. C’est la personne qui, lorsque vous discutez entre amis dans une soirée, vient se joindre à vous et se mêler à la conversation. Lorsque plus tard, vous demandez qui c’est, tout le monde à l’unanimité a cru que c’était le copain d’un autre. Le mec (ou la fille, ça arrive aussi) qui semble venir d’une autre planète. Il vous décrit les mille façons de construire une arme de siège, mais vous reproche dans la seconde qui suit d’avoir choisi de manger gras un vendredi, comme si nous nous connaissions depuis la maternelle. Le genre de personnalité qui, en regardant une personne du sexe opposé, arrive à lui faire croire qu’il va l’enfermer dans une cave et soit :
1) La violer sauvagement
2) La torturer sadiquement
3) Lui faire apprendre le manuel du four micro-ondes par cur
4) Pleurer toute la nuit dans ses bras pour se consoler.
5) Juste pour rire.
Max est un gars sympa quand on évite de faire sa connaissance ou de le prendre en sympathie en l’écoutant ; collant, stressant, parfois ennuyeux. En résumé, après quinze minutes à parler avec lui, je trouve vite une excuse pour m’éloigner un peu, genre aller aux W.C. (non, prendre un verre aurait pu l’inciter à vous suivre).
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Une fois hors de sa vue, je me dirige vers le bar pour oublier mes malheurs. Et là, c’est le drame ! Julie ! Brune ! Superbe brune ! Renversante, merveilleuse Julie la brune (oui, je crois que j’ai un faible pour les brunes ou pour Julie). Ses cheveux soulignant les courbes de son visage avant de s’épuiser au creux de ses épaules. Un regard qui lui donne l’air épuisé, mais toujours prête à vous aider. Un beau nez droit que même Cléopâtre lui aurait envié, des joues légèrement creuses, des yeux noisette à ravir le cur d’un écureuil et de fines lèvres pâles, mais divinement dessinées. Sa taille aux proportions idéales (même si certains se seraient plu à lui trouver des rondeurs), une poitrine ferme et assurée, des jambes athlétiques et à croquer. Un caractère doux et patient pour apaiser le quotidien. Nous avions fait nos études ensemble, je ne lui avais jamais adressé plus 10 mots en soirée et pas plus de 10 soirées. Je lui avais suggéré, au cours d’une ou deux de ces soirées mon attirance pour elle, me masquant du spectre de l’alcool pour ne pas souffrir de son refus. Elle n’a jamais répondu… ce fût donc pour moi un éternel regret. Le poignard affûté de l’envie et du désir m’avait toujours ravivé la plaie douloureuse au cur lorsque je l’apercevais à des formations ou des colloques. Et là, ce soir devant moi:
— « HEYYYYYYYYYY ! Julie… » beaucoup trop long ce hey pensai-je.
— « Antoine ! Je pensais bien te croiser. » Ce sourire ! Elle voulait me voir ??
— « Ah bon ? Euh… tu es superbe encore ce soir.» Robe tube longue opaline à dos nu, c’est un plaisir des yeux.
— « Peut-être un peu trop habillée comparé aux filles de tes play-boys ou tes conquêtes de soirées estudiantines.
— Euh…
-…
— Oh c’est juste que je n’ai jamais eu le courage de repartir avec la seule que mon cur me conseillait… et je lis new-look, il y a trop d’articles littéraires dans play-boy.
Elle affiche un grand sourire complice et nous trinquons au bon vieux temps. Je n’ai pas le temps de lui demander comment elle est arrivée ici, qu’elle court rejoindre une amie qu’elle n’a pas vue depuis longtemps en s’excusant de m’abandonner.
Elle fuit ? Parce que l’on est chez ma sur, elle savait que j’y serais ? Elle voulait me voir ? Elle… aaaah MAX !! Et merde, il croit qu’on est amis. Nous voilà repartis sur un intéressant débat sur les sous-vêtements que les femmes de nos jours portent et doivent porter. La culotte longue de coton devrait être de mise que nos chères amies ne passent point pour des gourgandines. (Je suis à peu près sûr que ce sont les mots qui furent prononcés). Après une demi-heure de discussions, je décide d’utiliser la technique de Julie.
-« Tu m’excuses ! Je viens de voir un ami que je n’ai pas vu depuis longtemps ! »
Et je me faufile, emporté par la foule qui me traîne et m’entraîne… et qui à l’instar de la chanson m’emporte au loin, dans ce cas : heureusement.
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Je me pose à l’abri de son regard à l’entrée de la terrasse. Un couple dans le jardin s’attarde au frais. La jeune fille enlacée, le dos contre la poitrine de son amant, subit les assauts chastes, mais passionnés des lèvres de son compagnon dans la nuque. En échange, sa main s’égare sur les bras de celui-ci. Ils sont seuls au monde et heureux. J’aperçois alors Julie se levant à gauche de moi avec son verre, rangeant son téléphone. Au moment de passer la baie vitrée, elle fait un faux pas et perd l’équilibre. Juste le temps pour elle de poser sa main droite sur mon torse et moi de la retenir par le ventre, elle reprend sa course vers l’intérieur et s’excusant d’un souffle. Mes doigts ont le plaisir de caresser son avant-bras le temps que son parfum s’évanouisse à son passage. Encore une fois, je me retiens de lui attraper la main, de l’enlacer et de goûter ses lèvres… un frisson me parcourt à cette idée. Et je tourne la tête vers elle. Elle se tient au bar derrière les danseurs, son sourire ravissant aux lèvres. Elle me fixe, lève son verre et me fait un clin d’il complice. Je me décide à la rejoindre…
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On attrape ma main et me tire sur la piste. Le sourire éblouissant noyé dans sa crinière fauve me chante :
« Viens, c’est notre chanson ! »
Élise m’embarque dans un cha-cha langoureux. Nous avons toujours aimé danser tous les deux. Au-delà du jeu de la séduction, c’est la liberté et la joie qu’elle provoque en nous. En plus, Élise est toujours magnifique quand elle bouge sur la piste. Lové entre mes bras, son corps se meut au rythme de mes pas et nos corps se fondent. Elle passe sous mon bras gauche et vient se lover dos à moi, comme elle en a pris l’habitude lorsque nous dansons. Câline, enchantée, elle reprend innocemment ses habitudes sensuelles, caresses de son corps qui m’avaient envoûté la première fois que nous étions sortis ensemble. Puis s’enchaînent un rock endiablé et un slow pour reprendre notre souffle. Elle réfugie son visage au creux de mon épaule. Les dernières notes de la chanson surviennent :
« Tu me manques ! Ce n’est pas facile de revivre seule. Tu es dure à remplacer… »
Et elle s’envole rapidement, posant un petit baiser sur mes lèvres, sans que je puisse répondre.
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Vers vingt-deux heures, alors que je me ressers un verre, je constate qu’une jeune femme admire le tableau au-dessus de ma tête, depuis l’autre extrémité de la salle. En fait, à chaque fois que je la regarde, sa contemplation du chef-d’uvre semble s’évanouir. Au bout d’un moment, je percute tout de même que c’est moi et non le tableau qui l’intéresse. Je me prends donc au jeu. C’est une belle brune métisse vietnamienne de troisième ou quatrième génération sans doute. On devine l’ascendance asiatique avec un mélange prononcé méditerranéen et bourguignon. De beaux yeux ronds et marron, un petit nez fin, le visage un peu émacié et des lèvres bien fines. De longs cheveux raides descendent sur le creux de ses reins et guident le regard sur une silhouette svelte. Dans son petit débardeur fluide noir et sa jupe longue plissée sombre aux motifs floraux, elle a l’air d’une hippie ombrageuse. Sa poitrine semble petite jusqu’à ce qu’elle se tourne légèrement à sa gauche pour poser son gobelet, loupant la table d’un centimètre. Le ramassant, elle expose très fugacement le flanc de cette poitrine parfaitement galbé, laissant sournoisement entrevoir l’amorce d’une aréole pourpre. Trop court, trop beau, trop loin, elle capte mon regard et prend un air faussement outré. Elle me tire la langue et regarde, narquoise, le plafond. Au moment de me décider à la rejoindre, quelqu’un l’appelle : « Nath » et elle disparaît. Je me sens vivre une soirée des plus troublantes et des plus frustrantes.